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Manuel Valls se propose d'imposer au pays une politique économique qui vient tout juste d’être… censurée !


 Communiqué 


Sans surprise, la confiance que Valls a demandée à l’Assemblée nationale est fondée sur la poursuite d’une politique faite de cadeaux au patronat, de destruction de la protection sociale, de coupes claires dans les dépenses publiques, c’est-à-dire dans les budgets sociaux. Il prétend avoir entendu les exigences des Français, mais a surtout entendu les exigences patronales.
 
Mediapart

Suite du communiqué du NPA : La baisse des cotisations sociales avec notamment la suppression complète des cotisations patronales pour un salarié payé au SMIC, la baisse des impôts sur les sociétés, viendront s’ajouter aux 20 milliards de cadeaux déjà accordés avec le Crédit d’Impôt Compétitivité Emploi. Et toujours pas la moindre contrepartie exigée. Pour compenser la baisse des cotisations sociales et des impôts c’est toujours la même recette : économiser sur les dépenses de l’Etat en matière de protection sociale, réduire les capacités des collectivités locales.

Le premier ministre prétend augmenter de 500 euros par an les salariés payés au Smic sans que cela coûte un centime au patronat. Ce manque à gagner dans les caisses de sécurité sociale devra être compensé. Mais qui va combler le trou ?

Après plusieurs promesses sans contenu envers les écologistes, les syndicats d’enseignants, sur le logement et l’annonce de nouveaux reniements sur la réforme pénale, la famille, l’immigration, le droit d’asile et la fin de vie, Valls a assumé la politique coloniale au Mali, en Centrafrique et dénié toute implication de la France dans le génocide au Rwanda avec une morgue insultante pour la population rwandaise. Pour conclure, l’ex-ministre de la répression des immigrés et des Roms n’a laissé planer aucune ambiguïté sur la poursuite de sa politique répressive.

Rien donc pour répondre aux aspirations sociales de la majorité de la population exprimées lors des municipales. Rien pour combattre la droite et la montée de l’extrême droite.

Beaucoup de raisons donc de combattre ce gouvernement, de construire une opposition de gauche et de manifester samedi 12 avril pour dire « maintenant, ça suffit ! ».

 Montreuil, le 8 avril 2014


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[…] Avec l’aval de François Hollande, Manuel Valls a balayé, dans son discours de politique générale, les demandes de « plus de gauche et de plus d’écologie », relayées par des socialistes sonnés par la défaite, l’idée de « rééquilibrer » la politique gouvernementale. […]

Il y a quinze ans, Tony Blair et Gerhard Schröder signaient le manifeste de la « troisième voie » et ils écrivaient dès le deuxième paragraphe : « La plupart des gens ont depuis longtemps abandonné toute vision du monde fondée sur le clivage entre les dogmes de la gauche et de la droite. » Avant de remplacer la conception de la société divisée en classes sociales aux intérêts divergents par « les gagnants et les perdants ». Comme eux à l’époque, Manuel Valls a promis mardi une diminution de l’impôt sur les sociétés. 

En échange, la majorité mettra évidemment en avant les phrases un peu plus offensives qu’à l’ordinaire sur l’austérité voulue par Bruxelles et sur « l’euro fort », l’ambitieuse réduction du millefeuille territorial promise, et surtout les mesures annoncées pour les ménages les plus modestes.

Leur chiffrage (5 milliards d’euros pour l’instant) est cependant très loin d’atteindre celui des aides aux entreprises, avec 30 milliards d’euros d’allègements du coût du travail, auxquels s’ajoutent les baisses d’impôts (6 milliards pour la suppression de la C3S, la contribution sociale de solidarité des sociétés, et la baisse de l’impôt sur les sociétés non-chiffrée par M. Valls mardi). Surtout, elles risquent de faire pâle figure à côté des 50 milliards d’euros d’économies sur trois ans, confirmés par le premier ministre.



Avec le « pacte de responsabilité » et le plan d'austérité de 50 milliards d'euros, Manuel Valls accélère la politique économique néolibérale de son prédécesseur. Mais il s'expose à de nouvelles polémiques : sur la « trappe à bas salaires » que pourraient engendrer les allègements de cotisations sociales, ainsi que sur le tour de passe-passe concernant le pouvoir d'achat. […]

Effets d’aubaine pour les entreprises qui vont empocher les 30 milliards d’euros sans être astreintes à de véritables contreparties ; effets récessifs sur une économie anémiée d’un plan violent d’austérité : comme la politique économique et sociale de Manuel Valls n’a pas le charme de la nouveauté et n’est que la mise en œuvre d’une stratégie ancienne arrêtée à l’Élysée, les mêmes controverses vont reprendre.

En certains domaines, Manuel Valls a apporté des précisions sur des modalités du plan d’austérité ou sur celles du pacte de responsabilité. Et il a aussi annoncé quelques cadeaux en plus, toujours en faveur des entreprises. D’autres controverses vont s’ouvrir : parce que les mesures en faveur des ménages sont encore trop floues pour que l’on soit assuré de leur effet réel sur le pouvoir d’achat ; parce que les mesures annoncées d’exonération des charges sociales sur les salaires au niveau du Smic risquent d’avoir un effet pervers gravissime, en créant ce que les experts appellent une « trappe à bas salaires » ; ou encore parce Manuel Valls s’est bien gardé d’apporter des précisions sur le détail des 50 milliards d’économies…

* Les mesures en faveur des entreprises

 

[…] Ce qui va faire polémique – La première polémique sera celle que nous avons déjà évoquée : beaucoup observeront que François Hollande n’a tenu aucun compte de la sanction des municipales. Pis que cela ! On pourra lui faire grief au contraire d’aggraver cette politique, puisque les cadeaux aux entreprises vont dépasser les 30 milliards d’euros annoncés, pour atteindre plus de 36 milliards d’euros.

La deuxième critique est récurrente : il a beaucoup été reproché au gouvernement précédent d’offrir ces allègements aux entreprises, sans exiger d’elles des contreparties en termes d’emploi ou d’investissement. Et l’Insee a récemment confirmé que du même coup le pacte de responsabilité risquait surtout de gonfler… les profits (lire Le choc de compétitivité stimulera d’abord… les profits !).

Or, Manuel Valls n’a rien dit qui vienne apaiser ces craintes. La controverse sur les effets d’aubaine de ce plan va donc reprendre de plus belle : le nouveau gouvernement ne va-t-il pas ruiner les finances publiques seulement pour consolider les marges des entreprises ? En somme pour consolider ce capitalisme d’actionnaires ?

Une troisième critique coule de source. Pour la mesure d’allègement de 4,5 milliards d’euros qui concerne les cotisations familiales employeurs, Manuel Valls a fait une pirouette, en évoquant son financement : « Cela ne pénalisera en rien le financement de la politique familiale, qui se verra affecter d’autres recettes pérennes. » Ah bon ! Lesquelles ?... La formule est évidemment inquiétante. Car ces 4,5 milliards d’euros, il faudra bien les trouver. Alors, le gouvernement sera-t-il tenté de les trouver… dans la poche des familles, via par exemple un relèvement de la CSG ? Ou alors les prestations familiales seront-elles réduites ?

Mais à toutes ces polémiques qui vont repartir, il faut encore en ajouter une autre. Elle a trait à l’annonce de la suppression totale de toute cotisation sociale au niveau du Smic. Une telle disposition incitera très fortement les employeurs à n’embaucher qu’au niveau du Smic, et le moins possible au-dessus. Ces effets sont très connus des économistes, qui ont un vocable très précis pour définir ce processus vicieux : on parle d’une « trappe à bas salaires ».

Or, ce qu’il y a de particulièrement important, c’est que la France est bien placée pour connaître les effets pernicieux de cette trappe, car tout au long des années 1990, la gauche comme la droite, ont multiplié au gré des alternances ces politiques d’allègements des charges sociales pour le travail non qualifié. C’est Martine Aubry, à l’époque ministre du travail, qui en a donné le coup d’envoi en 1992 en ciblant ces allègements sur le travail féminin ; et ses successeurs de droite ont suivi son exemple. Et, en France sans doute plus qu’ailleurs, la fameuse « trappe » a montré ses effets pervers : les petits boulots ou en tout cas ceux au niveau du Smic ont prospéré, contribuant à un écrasement des hiérarchies salariales.

Cette politique est d’ailleurs en ligne avec la doctrine néolibérale. Dans le prolongement de la « politique de l’offre », ses zélateurs recommandent d’alléger le coût du travail, surtout pour les basses qualifications. Et le résultat de cette politique est celle que l’on a pu enregistrer en France depuis vingt ans : une explosion du nombre des « working poors » – des travailleurs pauvres.

* Les mesures en faveur des ménages

 

[…] Ce qui va faire polémique – La première mesure [la diminution des cotisations salariales] a une faille que l’on devine facilement : Manuel Valls n’a pas évoqué son financement. Mais c’est peut-être... plus qu’une faille : il se pourrait que ce soit un pur et simple tour de bonneteau. En clair, cette disposition présentée comme une mesure en faveur des salariés modestes pourrait être financée… par les salariés modestes eux-mêmes.

Avant même les élections municipales, l’Élysée et Bercy travaillaient en effet à une mesure de financement qui pouvait prendre la forme d’une suppression, au moins partielle, de la Prime pour l’emploi (PPE) qui avait été créée sous Lionel Jospin pour veiller à ce qu’un chômeur puisse reprendre une activité sans que son nouveau salaire soit… inférieur à ses indemnités chômage. Il s’agissait en somme d’une prime pour inciter les salariés modestes à revenir sur le marché du travail.

Il serait donc stupéfiant que Manuel Valls ose présenter comme une aide au pouvoir d’achat des salariés modestes une mesure qui serait… à leur charge ! Conscient que la pilule serait difficile à faire passer, les « technos » de Bercy ont, semble-t-il, amendé en dernière minute le dispositif, pour que le financement de la mesure ne pèse pas tout de suite, ou pas totalement, sur les salariés les plus modestes, et que ce financement n’intervienne que progressivement.

Il n’empêche ! Le simple fait que Manuel Valls n’ait pas précisé le financement de la mesure en dit long : il s’agit d’une mesure en forme de bout de ficelle. Juste pour faire semblant ; juste pour faire croire que la politique économique du gouvernement n'est pas au bénéfice exclusif des entreprises et surtout de leurs actionnaires…

La seconde disposition sur la fiscalité [baisse pour les ménages modestes] appelle les mêmes réserves. Car, faute de précision de Manuel Valls, deux cas de figure sont possibles. 

Premier cas de figure : comme Mediapart l’avait révélé en début d’année, des décisions fiscales prises ces derniers mois vont conduire à de violentes hausses d’impôt à l’automne prochain, dont l’opinion n’a pas encore pris la mesure (lire Vers un nouveau choc fiscal pour les ménages). Le gouvernement pourrait avoir l’ambition de seulement freiner ou annuler des hausses, dont les contribuables n’ont pas encore pris la mesure. En quelque sorte, il n’y aurait donc pas de baisses d’impôt mais seulement… une annulation des hausses prévisibles ! Dans cette hypothèse, il s’agirait donc aussi d’un tour de bonneteau.

Seconde hypothèse : le gouvernement pourrait envisager une baisse de l’impôt, en la présentant comme une mesure pour les foyers modestes. Au début de son discours, d’une formule, Manuel Valls a fait cette allusion : « Il y aussi cette exaspération quand, à la feuille de paie déjà trop faible, s’ajoute la feuille d’impôt trop lourde. »

Mais là encore, cette orientation pourrait susciter la polémique, en tout cas à gauche. Car les socialistes avaient promis non pas de conduire une politique néolibérale de baisse des impôts, mais de refonder un impôt citoyen et progressif, ce qui n’a rien à voir. En somme, ils avaient promis non pas de démanteler encore un peu plus l’impôt sur le revenu mais de le refonder, en le fusionnant avec la CSG. De surcroît, on sait l’hypocrisie d’une baisse des tranches basses de l’impôt sur le revenu. Comme il s’agit d’un prélèvement progressif, toute mesure de ce type profite aussi… aux plus hauts revenus.

* Le plan d’austérité

 

[…] Ce qui va faire polémique – Le grief essentiel auquel Manuel Valls va devoir faire face au cours des prochains jours est celui de ne pas avoir joué cartes sur table et de n’avoir pas dit la gravité des mesures d’austérité qui sont déjà dans les tuyaux.

On sait en effet que François Hollande a lui-même organisé à l’Élysée ces derniers mois des réunions de travail pour préparer des coupes claires violentes (lire Et revoici la RGPP !). Et c’est ce plan d’austérité, qu’il n’a pas élaboré, que Manuel Valls va devoir appliquer. Bercy a même bien fait les choses. Comme pour forcer la décision, les principales pistes ont fait l’objet de fuites savamment calculées, notamment, lundi, à destination des Échos.

On a ainsi appris que l’Élysée réfléchissait à une véritable purge. Pour parvenir aux 19 milliards d’économies sur l’État et les principaux opérateurs publics, des pistes explosives seraient à l’étude comme le maintien du gel des salaires des fonctionnaires jusqu’en 2016 (il est déjà en vigueur depuis 2011) ; la remise en cause de 10 000 à 15 000 des 60 000 créations de postes dans l’éducation nationale, qui étaient pourtant la promesse phare du candidat Hollande ; la réduction d’au moins 3 milliards des dotations aux opérateurs publics ; la réduction des contrats aidés et le durcissement des critères de l'allocation de solidarité spécifique pour les chômeurs en fin de droits ; la limitation drastique des dépenses de santé ; la limitation de certaines prestations familiales…

En résumé, les cadeaux aux entreprises ont même été renforcés tandis que la violence du plan d’austérité s’est précisée. Voilà donc la tâche qui attend Manuel Valls : il va devoir imposer au pays une politique économique qui vient tout juste d’être… censurée, sinon par le Parlement, du moins par les électeurs lors des municipales.


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NPA 34, NPA

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