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Coup de gueule. Mobilisation à la SNCF et embrouilles politico-syndicales


 Point de vue

Et mon Canard dit "Pan sur le bec des dirigeants de la CGT... et du PC "!

On lira ci-dessous ce que nous révèle la dernière livraison du Canard Enchaîné et que l'on pourrait résumer par ces mots : les salariés de la SNCF, en entrant massivement en lutte contre la réforme gouvernementale, ont fait sauter le couvercle du travail en contrebande mené (depuis un an et demi !) par la direction de la CGT et le gouvernement pour faire passer en douceur...ladite réforme. Où il apparaît, de façon au demeurant fort réjouissante, que ces petites combines totalement en contradiction avec un affichage syndical sur l'indépendance vis-à-vis des gouvernants et sur la défense intransigeante des revendications, ont la résistance d'un fétu de paille quand se lève la fronde venue de la base. Au moins le temps que celle-ci redécouvre qu'elle a un puissant potentiel de déverrouillage des obstacles placés devant elle, potentiel à faire fructifier ultérieurement au cas où l'appareil des conciliateurs avec le gouvernement reprendrait momentanément le dessus.

Cette information du Canard est à méditer sur ce qui fait que le syndicalisme, un certain syndicalisme, le syndicalisme d'accompagnement est un facteur de discrédit de l'organisation de masse qu'il est censé incarner. Comme il est apparu dans les échanges du Café Motivées d'hier soir, il en va, non seulement de l'avenir du syndicalisme mais aussi et surtout de ce qu'il peut apporter à un mouvement social qui est appelé à être l'arme fatale contre cette gauche gouvernementale qui se vautre à droite ! Le syndicat ne peut être un outil de tractations et de manoeuvres favorisant nos ennemis. Il nous faut travailler à la construction d'un syndicalisme de lutte tel qu'il s'exprime dans ces milliers de syndiqués et, paradoxalement, de non-syndiqués, cheminots ou intermittents parmi tant d'autres, qui savent aujourd'hui que c'est sur les lieux de travail et dans la rue, non dans les couloirs de l'Elysée et de Matignon, que se mène la seule action syndicale digne de ce nom, capable de créer le rapport de force permettant d'obtenir le recul de ceux d'en face !

Il est un autre point qui mérite notre attention en ce temps où ce qui se joue est la capacité du mouvement social à retrouver ses repères et à dépasser le syndrome de la défaite du grand mouvement des retraites de 2010 : le rôle joué dans ce scénario, dévoilé par le Canard, de neutralisation, par déminage anticipé, dudit mouvement social, par les parlementaires communistes dans un jeu de rôles qui se voulait "piloté au millimètre près [par le gouvernement] avec la CGT". Et donc aussi avec le PC dont les députés devaient mouliner la machine à amendements "sociaux" juste ce qu'il faut pour faire passer la pilule de la réforme, cette réforme préludant à la privatisation du rail ! Là également nous avons devant nous une véritable leçon de choses sur les pratiques d'une certaine gauche se réclamant de la radicalité d'opposition à la politique du PS et qui, en catimini, participe des grandes manoeuvres antipopulaires de ce parti et du gouvernement qu'il soutient. C'est en fait l'ensemble du Front de Gauche qui doit s'interroger sur ce qui se confirme de jour en jour, après les rapprochements électoralistes de sa principale composante avec les socialistes, comme un double jeu ajoutant du discrédit politique au discrédit syndical pointé plus haut. Ce scénario qui vient de dérailler s'apparenterait à un scénario catastrophe s'il n'était pas contré ouvertement et vigoureusement par l'affirmation, chez ceux qui sincèrement veulent casser la politique du gouvernement, que l'alternative à la gauche de droite doit commencer par se défaire de tout ce qui l'affaiblit de l'intérieur et l'invalide de fait comme porteuse d'espoir (les récents résultats électoraux du FdG l'ont encore attesté). Tout autre positionnement que cette clarification, aussi douloureuse soit-elle, contribue à faire basculer la gauche se réclamant d'une autre politique dans le rejet populaire que subissent les partisans de "gauche" de la même politique que Sarkozy, rejet dont cherche à profiter un FN n'hésitant pas à se payer le luxe d'affirmer que, lui, est avec les grévistes du rail et les intermittents mobilisés, à quelques petites réserves près (lire ici)! Vous avez dit irresponsabilité de gauche ?

Mais, après tout, rien ne dit qu'il ne faille pas faire pan sur le bec à un vilain Canard Enchaîné ayant cédé à la plus invraisembable affabulation. Comme on serait alors rassuré à l'idée que la nave va et suit son cours limpide où le syndicat fait joliment son syndicalisme, les parlementaires communistes brandissent haut et fort qu'il faut écouter les grévistes pour que le gouvernement revienne à gauche...! Et comme la lutte saurait qu'elle peut compter sans aucune réserve sur l'appui de la gauche qui, c'est prouvé, ne transige pas...! 

A moins que nous ayons affaire, par le truchement du méchant volatile, au machiavélisme pervers de ces salauds de socialos qui n'ont qu'une idée, affaiblir par la pire des calomnies (être pour la collaboration de classe) le syndicat ... de classe, de la classe; et accessoirement accentuer les contradictions du supplétif communiste de ses sales besognes pour finir de dynamiter un Front de Gauche empêtré dans ses divisions d'appareil !

Embarquement pour Disneyland ?

Antoine

Le Canard Enchaîné du 18 juin 2014

Le "scénario" parviendra-t-il finalement à se remettre sur les rails ? Lepaon, en tout cas,  y travaille...


 […] Ouvert au dialogue, le maire de Boulogne-sur-Mer avait topé avec les gars de la CGT. A l’Assemblée, les amendements clés devaient être adoptés sans coup férir. Et au Sénat, une partie de la dette - 10 milliards d’euros imputables à l’Etat - serait retirée du fardeau qui écrase le réseau ferré et inscrite dans une structure de défaisance spéciale… Parole d’hommes ! En contrepartie, la journée d’action du 11 juin ne devait être qu’une gesticulation symbolique avant que le débat parlementaire ne scelle le deal. La CGT - dure dehors, fondante dedans - devait grimper en passager clandestin dans le train de la réforme… François Hollande s’en frottait les mains par avance. […]  

Accusé de trahison [par le gouvernement], Thierry Lepaon est placé devant ses contradictions. "T’occupes, je m’en occupe", répond le secrétaire général de la centrale débordé par sa base. […] "Lepaon nous a trahis", considère la base radicalisée de la fédération CGT-cheminots. Pris entre deux feux, le secrétaire général est la principale victime de la crise. Installé à la tête de la confédération au terme d'une guerre de succession qui a laissé l'organisation profondément divisée, Lepaon n'est pas parvenu à clarifier la ligne. Son tempérament et son parcours d'ex-salarié de Moulinex l'inclinaient sans doute à une certaine modération qui ne paraît plus du tout de saison... Lire l'ensemble de l'article

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Est-ce bien la place des syndicalistes ?



NPA 34, NPA

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