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Se débarrasser du PS pour en finir avec les politiques de droite...


 ... et contrer l'extrême droite !

[Lire ci-dessous A notre avis]

  

CHRONIQUE
«Il n’y a pas de tabou», déclare le Premier ministre, interrogé le 3 juin sur le recours à la déchéance de nationalité. Il est vrai qu’il ne préjuge pas des conditions de son application éventuelle au «coupable présumé» de la tuerie de Bruxelles ; mais il ne relève pas non plus que la question n’aurait pas été évoquée si celui-ci avait porté un nom «de souche». Pour Manuel Valls, Français naturalisé, il est donc des Français moins français que d’autres : la nationalité n’effacerait jamais l’origine.

En 2010, il jugeait pourtant ce débat, lancé par Nicolas Sarkozy, «nauséabond» et «absurde». Mais avec la chasse aux Roms qui s’aggrave depuis 2012, c’est l’ensemble du discours de Grenoble que le Premier ministre reprend à son compte. 


A notre avis

Eric Fassin poursuit dans ce billet, à la lumière en particulier des dernières déclarations socialistes sur la déchéance de nationalité du présumé coupable de la tuerie du Musée juif de Bruxelles, son travail de déconstruction du PS, de son image de parti de gauche. Travail bienvenu que, pour notre part, nous estimons devoir être rattaché explicitement, ce que ne fait pas Eric Fassin, à une démarche de rupture anticapitaliste. Celle-ci doit certainement être modulée en procédures transitoires qui neutralisent les procès en simplisme que lui intente un air du temps formaté à la pensée unique. Le NPA s'attache à rendre crédible cette démarche malgré les difficultés inhérentes à un positionnement qui vise à contester radicalement, à la racine du "système", ce que d'aucuns, y compris dans un courant représenté parfois à tort comme "extrémiste", le Front de Gauche, s'obstinent à traiter à divers endroits du tronc, voire du feuillage. Tel est le cas de ces Socialistes affligés, avec, à leur tête, Liêm Hoang-Ngoc et Philippe Marlière, qu'évoque Eric Fassin et dont au demeurant la revendication d'affliction socialiste pourrait résumer l'impasse politique qui les guette. Il n'y a en effet rien, dans ce "sentiment" affiché par ceux qui se réclament d'un socialisme toujours attaché, quoi qu'ils en aient, à un PS posé comme incontournable, rien à voir avec la mélancolie chère à Daniel Bensaïd. Cette mélancolie qui, nous rappelle Philippe Corcuff, prend appui sur "les voix et les voies recouvertes, oubliées, des vaincus d’hier [dont il est parié qu'elles] peuvent resurgir au cœur du présent afin de nous aider à débloquer un avenir que les conservateurs de droite et de gauche croient fermé à jamais (« la fin de l’Histoire », « le capitalisme, horizon indépassable de notre temps », le « oui à l’économie de marché, non à la société de marché » de Lionel Jospin, etc.) Lire ici. Croire que le parti des Hollande, Valls, Ayrault, Rebsamen ou encore Lamy-OMC, DSK-FMI, etc. puisse passer à gauche depuis une affliction dont ils s'accommodent sans peine, puisqu'elle n'est assise sur rien qui ressemble, de près ou de loin, à la rupture radicale benjamienne qui inspire Daniel Bensaïd, participe d'une insondable ingénuité politique. C'est d'ailleurs ce qu'à sa façon pointe Eric Fassin, lucide sur "l'hégémonie droitière" que signe le supposé pragmatisme du PS et que la naïve bonne volonté des affligés ne pourrait au mieux qu'égratigner.

Reste cette "hypothèse" Syriza qu'Eric Fassin reprend à son compte contre l'empressement de ceux-ci à la relativiser : elle lui semble incarner en Grèce ce qui fait défaut ici, en France, à savoir la capacité, à la gauche du PS, d'assumer que désormais "le Parti socialiste, en tant que tel, fait obstacle, non seulement à la gauche radicale, mais aussi à la social-démocratie dont le président de la République usurpe le nom". Remarque juste dont on voit ce qu'il en coûte à un regroupement comme le Front de Gauche d'avoir joué à l'esquiver pour ménager ses divers appareils jamais émancipés totalement de ... l'hypothèse PS (1) ! Mais nous ne suivrons pas Eric Fassin sur ce qui, en creux dans la phrase sus-mentionnée et dans une sorte de balancement avec l'hypothèse "gauche radicale", nous semble signifier la tentation de jouer de l'autre hypothèse, social-démocrate, une hypothèse à délivrer de l'hypothèque que ferait peser sur elle l'usurpateur de l'Elysée. Une telle option finalement ne s'éloignerait de celle, critiquée, des "affligés", que par la croyance qu'a contrario de ceux-ci, on pourrait ressusciter la social-démocratie, de l'extérieur cette fois, contre le PS (en créant un "vrai" parti social-démocrate ?), et non plus en cherchant à le redresser de l'intérieur ! Se positionner ainsi serait rester prisonnier de la même illusion que celle de Liêm Hoang-Ngoc et Philippe Marlière sur les possibilités que la social-démocratie soit l'horizon indépassable de notre temps, du temps d'une mondialisation qui a, selon nous, "liquidé" elle-même cette hypothèse qu'il y aurait du grain à moudre que des sociaux-démocrates pourraient se remettre à distribuer au bon populo, comme au bon vieux temps des Trente Glorieuses, pour peu que celui-ci veuille bien laisser en l'état la machine capitaliste à faire du profit ! Or justement les conditions actuelles de réalisation du profit ne sont pas près d'autoriser que la roue de l'histoire reparte dans l'autre sens. Il y aurait dans une relance du choix social-démocrate un pari dont on nous permettra de douter qu'il ait une grande crédibilité.

Encore cette observation, sur Syriza : le grand atout de ce parti est d'avoir su, à temps, prendre la mesure de la faute politique des socialistes du Pasok d'aller jusqu'au bout de leur servilité procapitaliste et antipopulaire. Mais il est important de relever ce qui, dans cette gauche radicale, hésite encore à assumer pleinement une démarche de rupture comme en témoigne le chaud et froid dont se fait une spécialité son dirigeant Tsipras et qui l'a amené tout récemment à ...soutenir que la droite européeenne avait toute légitimité (le droit pour elle) à prendre la présidence de la Commission (2). Qu'il soit dit que, même dans ce cas si avancé de concrétisation d'une option de rupture à gauche qu'est Syriza, rien n'est joué : le danger des chemins de traverse et des impasses est toujours présent qui ouvre sur un "réalisme" et un "pragmatisme" ... fermant, plus vite qu'on ne croit, les voies de l'espoir. Alors se proposer en France d'aller, après ce qu'ont dessiné les dernières élections,
labourer, à l'affliction ou sans elle, la jachère social-démocrate... non, merci. Ce n'est pas ainsi que l'on dissoudra le PS comme le réclame Robert Guédiguian ou, comme y invitait Eric Fassin lui-même dans un autre billet, que l'on se débarrassera de lui.

Antoine

(1) Il est significatif que Pierre Laurent, pour le PC, et Eric Coquerel, pour le PG, aient participé à la première réunion des Affligés (lire ici) : malgré, pour le PG, sa présence à la grande manifestation du 12 avril affirmant une volonté d'opposition au gouvernement, les voilà qui, dans leur sempiternel jeu de balancier, maintiennent le contact avec ceux qui veulent "redresser" Hollande et sa bande; comme le PCF s'obstine à faire, sans avoir jamais rien redressé, en intégrant des listes du PS aux élections municipales et contre quoi s'est pourtant insurgé le PG. De l'art de la navigation à vue qui fait la force du pourtant bien affaibli, mais sans cesse plus nuisible, capitaine de pédalo...

(2) Question à Tsipras. Vous avez été candidat à cette présidence et un opposant acharné à Jean-Claude Junker, mais aujourd'hui, vous soutenez sa nomination…
 Réponse. J'ai déjà déclaré que, bien qu'opposant farouche à sa politique, je reconnaissais son droit à être le premier parmi les cinq candidats à la présidence la Commission pour conduire les négociations afin de former une majorité, car son parti a remporté le plus de sièges aux élections. Si cela ne se produit pas, alors l'Europe n'a pas d'avenir. A lire ici

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