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Daniel Bensaïd. "En tant que juif" défaire l'équation juifs = Israël...


... en soutien à la Palestine !







Extraits : La compréhension du sionisme doit partir d’une analyse matérialiste et historique : il s’agit de la théorie du peuple-classe élaborée par Otto Bauer puis Abraham Léon, défendue par Weinstock, Rosdolsky, Deutscher, Mandel…

L’identité du peuple juif pendant les siècles de diaspora ne s’est pas maintenue en vertu d’une mission ou d’une essence métaphysique, mais d’une fonction sociale : celle d’un peuple-classe remplissant globalement une fonction marchande dans des sociétés principalement productrices de valeurs d’usage. 

En vertu de quoi, les juifs ont constitué une sorte de caste, jouant le rôle « d’intermédiaires indispensables d’une économie naturelle [1] ». Qui dit « caste » dans une société précapitaliste, ne dit pas simple agrégat d’individus à fonction similaire. Ceux qui ne voient pas de culture commune à ces communautés disséminées aux quatre vents ferment les yeux sur le lien culturel le plus voyant : la religion. Non pas la religion d’une société capitaliste développée, devenue une question privée de croyance ou de foi, une sorte de morale domestique, mais la religion dans la fonction qu’elle accomplit dans toute société précapitaliste : ciment directement politique, idéologique, et juridique d’une société. Plus que toute autre, la loi mosaïque est une politique autant qu’une morale. […]

L’État d’Israël n’est pas un État comme un autre, mais un État à structure coloniale, fondé d’emblée sur les campagnes pour le « travail juif » sur les kibboutz qui refoulent le fellah, sur l’apartheid économique et sur un syndicalisme réservé aux juifs (au moins de 1920 à 1967) [21]. Ce n’est pas par hasard que cet État a été proclamé à sa fondation « État juif dans le pays d’Israël », et qu’il garde un caractère confessionnel ; pas par hasard, si la discrimination raciale est codifiée par la loi du retour de 1950 et la loi de nationalité de 1952. Cet État est l’aboutissement logique du projet sioniste de Moise Hess qui, dès l’origine du sionisme, concevait le retour des juifs en Palestine dans les fourgons des expéditions colonialistes françaises. Il naît de l’expropriation du peuple palestinien et au prix de la formation d’une nouvelle « nation sans territoire » : les Palestiniens. Ce n’est pas le moindre paradoxe.

 La nationalité hébraïque en Palestine est aujourd’hui en situation d’oppresseur, aux dépens des Palestiniens. Le nationalisme de l’opprimé et de l’oppresseur ne peut être mis sur un même plan, pas plus que la violence des uns et des autres. Le terrorisme sioniste est un terrorisme d’État, qui dispose d’une armée régulière, d’une police, des services secrets d’un État bourgeois soutenu par l’impérialisme. Cliquer ici

  
Dossier Daniel Bensaïd et Israël-Palestine 

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 Matzpen. Repère : entretien avec Michel Warschawski (2008)


Éric Hazan : Tu es né à Strasbourg en 1949 et tu es arrivé en Israël en 1965. Tu as été, me semble-t-il, un membre fondateur du mouvement Matzpen…
 
Michel Warschawski : Non, pas fondateur : Matzpen [la Boussole] a été créé en 1962 et j’y suis entré en 1968. C’était un mouvement qu’il faut replacer dans le grand processus de rupture avec les partis communistes au début des années 1960, rupture qui a donné naissance dans de nombreux pays à des partis maoïstes, trotskistes, etc. Chez nous, la rupture de 1962 s’est faite autour de trois axes. Le premier était le conflit sino-soviétique – il ne s’agissait pas de prendre parti, mais nous voulions savoir ce qui se passait là-bas, ce qui débouchait sur la liberté d’expression dans le parti. 

Le second, c’était la révolution cubaine, qui offrait une perspective socialiste différente a la fois de l’URSS et de la Chine populaire. Et le troisième, le plus important, était une relecture de la guerre de 1948.Pour le parti communiste israélien, c’était une guerre de libération nationale. L’Union soviétique et ses satellites avaient soutenu Israël dans cette guerre, l’avaient armé. Matzpen, lui, se repositionnait sur cette question avec la notion de colonisation, d’Israël comme État colonial.

Quand j’ai rejoint Matzpen, il était avant tout identifié à la lutte contre l’occupation. Ce groupuscule a été à la une de tous les journaux pendant deux ans. On ne parlait que de Matzpen, car c’était la seule dissonance dans le discours complètement consensuel de l’époque : Israël a été attaqué, le monde arabe veut nous jeter à la mer, etc. Nous étions les seuls à parler de la question palestinienne. Nous faisions preuve d’un activisme débridé, au point qu’en 1970, l’ambassadeur d’Israël en Allemagne de l’Ouest, face aux étudiants qui refusaient de le laisser parler si la discussion n’était pas équilibrée par quelqu’un de Matzpen, a dit : « Mais c’est quoi, Matzpen, 10 000 personnes tout au plus ! » On était quarante… L'entrevue intégrale


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