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De l'urgence de faire tomber la barrière artificielle dressée entre l’écologie et les luttes sociales...


 Nous ne connaissons pas de militant anti-OGM qui rejette la création de l’OGM appelé « pomate » !


Extrait :   L’écologie scientifique fait appel à de nombreuses sciences connexes (biologie, zoologie, botanique, géologie, agronomie, etc.). Elle est la science la plus ouverte en interaction avec de nombreuses spécialités. C’est un caractère original de l’écologie et aussi la cause de grandes difficultés à partir du moment où des militants se réfèrent à une science qu’ils méconnaissent. C’est pourquoi un « écologiste militant » est d’abord un naturaliste ouvert aux sciences de la Vie et de la Terre.
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Avertissement liminaire : nous avions pensé initialement publier le texte de notre camarade Yves Dachy en plusieurs articles pour neutraliser ce qui nous apparaissait pouvoir en rebuter la lecture : sa longueur. Après nous être entretenus avec Yves et avoir relu son article à la lumière de ses réticences à le voir "éclaté" en "feuilleton scientifico-politique" de l'été, nous avons été convaincus de la nécessité de le laisser en l'état, en renvoyant donc à sa version intégrale sur le site d'Europe Solidaire Sans Frontières. 

Nous nous permettons seulement d'inviter nos lecteurs à entrer sans crainte dans ce texte, certes long mais dont la longueur est précisément la qualité : celle de proposer, avec force précisions et arguments, un panorama passionnant des défis qui se posent à l'homme sur le terrain de l'écologie au sens le plus large du terme; celle aussi de ne pas se leurrer politiquement sur cette généralité "humaine" du sujet traité et de poser les bases argumentées pour que l'écologie soit comprise comme combat anticapitaliste nécessaire, incontournable. Il y a ici donc un défi lancé aux anticapitalistes pour que leur écologie, indéniable mais très lacunaire, se donne les moyens politiques mais aussi scientifiques, de se constituer en option de rupture crédible avec ce que le capitalisme fait de la  Terre, voire de l'univers. Précisons que l'écriture d'Yves Dachy, sous une impressionnante quantité de références documentées, est une invitation à réfléchir collectivement, avec un esprit critique aiguisé, à la meilleure façon de construire cette écologie anticapitaliste qu'il appelle de ses voeux.

Antoine pour le blog NPA 34

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« Il faut d’emblée poser la question : que voulons-nous ? Un capitalisme qui s’accommode des contraintes écologiques ou une révolution économique, sociale et culturelle qui abolit les contraintes du capitalisme et instaure un nouveau rapport des hommes à la collectivité, à leur environnement et à la nature ? Il vaut mieux tenter de définir, dès le départ, pour quoi on lutte et pas seulement contre quoi. »
André Gorz, Leur écologie et la nôtre, mars 1974. [1]
 


1. Des violences de la nature et de la chance


Limités par des caractères élaborés en coévolution avec les autres espèces, l’environnement solide, les eaux et l’atmosphère, et confrontés à des cataclysmes bouleversant la biosphère à de nombreuses reprises, les mammifères occupent aujourd’hui la seule planète habitable du système solaire [2]. Vulnérables mais chanceux, nos ancêtres ont résisté à de nombreuses convulsions de la nature depuis la fin du Cambrien (il y a 545-500 millions d’années), période marquée par l’apparition des Chordés, ancêtres des Vertébrés d’où se sont dégagés les mammifères. Depuis lors, cinq crises environnementales graves se sont déroulées, avec des événements paroxystiques où notre lignée a frôlé la disparition à au moins deux reprises : il y a 245 et 66 millions d’années.

L’installation de l’homme sur Terre ne fut pas un jeu d’enfant !

Dans les huit derniers millions d’années, une crise climatique transforma l’Est africain en savane à la suite d’une modification du régime des moussons. Ce changement climatique local réduisit numériquement la population pré-humaine. En plus de la perte d’un couvert arboré, ils étaient confrontés à un mode de vie dangereusement précaire. La recherche d’une nourriture suffisante et la défense contre les prédateurs appelaient de nouvelles adaptations. Étalée sur des milliers d’années, la réponse fut un développement du cerveau, une bipédie adaptée à la marche et à la course, unique chez les Primates et remarquablement économe en énergie, une disposition du système veineux dans les pieds facilitant à chaque pas le reflux du sang vers le cœur, une denture omnivore et une position du buste et du trou occipital favorisant l’observation de l’environnement et le repos des muscles du buste et des cuisses en position debout. Nous, Primates, étions devenus définitivement bipèdes en libérant nos bras pour de nouvelles activités.

À ces transformations biologiques et morphologiques se sont ajoutés l’apprentissage d’armes et d’outils nouveaux ainsi que l’invention d’un langage support de culture, de mémoire et de diffusion des connaissances. Ces événements, où une pression de sélection agissait au quotidien, ont permis de nouveaux progrès qui allaient se diversifier. Citons sommairement : découverte de nouvelles ressources alimentaires et de techniques pour y accéder comme le bâton à fouir pour la recherche des tubercules, invention de techniques de pêche, fabrication de paniers et de sacs, usages techniques et plus seulement alimentaires de matières d’origine animale (peaux, tendons, os), chasse et défense collectives, divers usages du feu qui fut une grande découverte technologique de l’humanité, organisation tribale, et peut-être, déjà, les premières constructions défensives contre les prédateurs et les intempéries. Dans le dernier million d’années, nos ancêtres procédaient à des actions symboliques ou économiques comme enterrer leurs morts, porter des bijoux et se farder, échanger des marchandises.

Au bout de cette évolution sociale, notre espèce avait opéré une rupture majeure avec la prééminence de l’inné sur l’acquis, en accroissant nos capacités cognitives et nos facultés d’apprentissage. Désormais, les grands prédateurs, cauchemars de nos ancêtres, avaient des raisons de se détourner de nous. Mais surtout, nous avons évité le piège de la spécialisation dans une niche écologique. Cette démarche aurait été une impasse, comme c’est le cas pour les autres hominidés récemment disparus ou actuellement vivants : chimpanzés, bonobos et gorilles, réfugiés dans des forêts qui rétrécissent sous l’action de cet autre hominidé : l’homme !

Il s’ensuivit un nouveau choc évolutif qui conduisit à des comportements sociaux annonçant les civilisations à venir. Pour la première fois, des hommes se rassemblaient au-delà des familles et formaient des groupes organisés et armés, occupaient des sites annonçant l’apparition des villes, fabriquaient des armes de jet plus efficaces, inventaient des pièges, disposaient de spécialistes fabricants d’outils et d’une hiérarchie organisant les activités sociales. Ces progrès, qui ont joué sur des milliers d’années, ne sont pas tous clairement datés par les archéologues, mais présentent l’enchaînement des événements qui se sont succédé sur deux millions d’années, avec une nette accélération dans les 100.000 dernières années. Notre espèce est d’apparition très récente. Connue depuis près de 120.000 ans en Afrique (35.000 ans en Europe), Homo sapiens a émergé d’un buissonnement de variétés (les Néanthropiens) dont certaines ont subsisté jusqu’à nos jours, possibles surgeons pour de nouvelles espèces si sapiens ne s’était pas étalé sur les continents en commençant un brassage des populations dans les derniers millénaires.

Avec désormais des capacités cognitives comparables à celles de l’homme contemporain, nous étions prêts pour une aventure sociale décisive : la conquête de la planète !


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