À la Une...

Montpellier. Impressions personnelles de la réunion publique d'Ensemble


 Une volonté d'engager le débat sur l'opposition au gouvernement mais des questions en suspens...

 250 personnes environ, selon le chiffre donné par Ensemble 34, se sont retrouvées hier soir à la réunion publique organisée autour de la venue de Clémentine Autain, porte-parole nationale de ce courant du Front de Gauche. La parole a été donnée en ouverture aux Sanofi, à Sortir du Nucléaire, à Osez le féminisme, à BDS, au collectif antiTafta ou encore au collectif contre la métropole. On trouvera ici le compte rendu que fait Ensemble de cette soirée.

Le NPA avait été invité à intervenir après les orateurs du Front de Gauche, ce qui fut fait par Thomas Balenghien qui avait conduit la liste Montpellier, sociale, écologique et solidaire aux dernières élections municipales.

On trouvera ci-dessous le texte de son intervention ainsi que le tract diffusé à cette occasion par les militants du NPA. On notera ici le fait positif qu'Ensemble ait manifesté le souhait que nous contribuions par notre présence au débat qui, cela a été dit au cours de la réunion, n'apparaît plus autocentré sur le Front de Gauche comme cela était le cas encore récemment. Il n'est pas loin en effet le temps où Jean-Luc Mélenchon ne voyait, pour notre parti, d'autre possibilité de participer aux discussions d'orientation que d'intégrer le Front de Gauche. Mais on conviendra que l'invitation montpelliéraine procède d'Ensemble, non de ... l'ensemble du Front de Gauche. Cependant la mobilisation commune, avec d'autres forces, le 12 avril dernier (cliquer ici, ici et ici) et la perspective de prolonger cette démarche le 15 novembre à travers le collectif AAA (Alternative à l'Austérité) montrent qu'il y a, dans le Front de Gauche, par-delà le seul Ensemble, des gestes d'ouverture, une volonté moins hégémonique qu'avant, le désir de dépasser l'idée d'une polarisation du maximum de l'éventail politique et social autour du seul Front de Gauche.

Ceci expliquant un peu cela, les camarades de Ensemble le reconnaissent, Clémentine Autain l'a dit hier soir, le Front de Gauche ne va pas bien (les autres forces radicales sont aussi à la peine). Personne ne prononce le mot de crise mais chacun comprend que le moment n'est plus à l'autoproclamation conquérante : les dernières élections municipales et européennes ont rendu un verdict sans appel sur la décrédibilisation accélérée d'un regroupement politique qui, après avoir longtemps mis le couvercle sur la question de fond du rapport au PS, a vu ses principales composantes entrer dans des polémiques sans fin et une division ouverte entre les partisans de l'unité avec le PS au premier tour et ceux qui, comme Montpellier l'a porté à incandescence, ont tergiversé et rendu illisible leur positionnement de second tour envers ledit PS, voire un de ses dissidents. Le tout après avoir fini par envoyer une fin de non-recevoir aux propositions unitaires du NPA.

On a d'ailleurs pu être frappé hier soir par le souci des organisateurs et des intervenants de la salle, de ne pas reprendre les termes d'un débat interne qui visiblement, par les profondes divisions induites mais aussi par la réaffirmation qu'il faut continuer un mariage devenu de raison, ne laisse aucune chance d'amener de prochaines clarifications politiques sur les litiges en cours. Les mots du blog de Ensemble rendant compte de la réunion en disent long et peu sur l'état des lieux : "Le Front de Gauche est le seul à être identifié à une échelle de masse comme une opposition de gauche à la politique du PS, mais cette image a été hélas brouillée au moment des municipales". C'est en effet prendre des libertés avec la réalité d'affirmer que le brouillage sur l'opposition de gauche ne date que des municipales : les votes des députés du Front de Gauche en faveur des interventions impériales de la France en Afrique démentent, pour ne prendre que cet exemple, que l'avant des municipales aurait été placé sous le signe d'une claire opposition de gauche que le NPA a longtemps été le seul à porter après l'élection présidentielle. Mais il est vrai cependant que l'ambivalence originelle du Front de Gauche entre la gestion par certains des collectivités locales avec le PS et les grandes déclarations de refus, sans passage à l'acte d'opposition, de la politique de celui-ci, a explosé littéralement aux municipales. La présence à la tribune de la réunion d'hier, aux côtés d'une Clémentine Autain réaffirmant que le PS menait une politique de droite, de deux responsables locaux du Front de Gauche ayant fini par s'opposer avec virulence sur la question de savoir s'il fallait s'allier (1) ou pas avec le dissident du PS, devenu maire de la ville, frêchiste notoire et soutien avéré et continué de Hollande et Valls, dit bien que les comptes politiques ne sont pas près d'être soldés dans un Front de Gauche qui ne voit pas d'autre solution que de retrouver les logiques premières d'évitement des divergences. Jusqu'au prochain conflit ouvert...

Cette situation difficile que vit le Front de Gauche a, vu la place que celui-ci a réussi à occuper à un moment donné et occupe encore, des conséquences négatives sur la situation à la gauche du PS. C'est la raison pour laquelle le NPA, comme il l'a fait, en vain, lors de la municipale de Montpellier, est venu redire qu'il en appelle à l'unité mais incontournablement hors de ces façons d'alterner des non-dits et des affrontements brouillons et brouillés. Ceux-ci profitent au PS et donnent une image déplorable de ce qui se dit et se fait sur l'opposition nécessaire au gouvernement. C'était là le sens de l'essentiel de l'intervention de notre camarade.

La réponse que lui a faite Clémentine Autain mêle des choses que nous partageons sur la nécessité de construire cette opposition au PS à des flous et des ambiguïtés sur deux points au moins qu'il nous faut pointer si l'on veut faire avancer le débat : sur, malgré tout ce qui a été dit précédemment, le sempiternel rapport au PS et sur les luttes. Nous y reviendrons dans un prochain article.

Antoine

(1) L'un des deux, membre du PG, finira par faire alliance, mais après le second tour, à l'Agglo, avec ce dissident par une vertigineuse volte-face (lire ici) au grand dam de l'autre, du PC, qui, avec Ensemble, il faut bien le dire, avait souhaité faire ce rapprochement à ce second tour. Rapprochement auquel ledit pégiste s'était... violemment opposé (tout le monde a suivi ? Sinon, se reporter au lien de cette note) ! Difficile de faire plus confusionniste et, pour tout dire, lamentable.

Remarque : un intervenant dans la discussion avec la salle a réfuté que, comme l'indiquait le NPA dans son tract, le Front de Gauche ait pu jamais revendiquer d'appartenir à la majorité présidentielle : pourtant le communiste francilien Patrice Bessac n'hésita pas en juin 2012, au lendemain donc de la victoire de Hollande, à déclarer "Notre but n’est pas de taper sur le PS. Sans être des béni-oui-oui, nous ferons partie d’une majorité de gauche qui n’a pas le droit de décevoir". Au même moment Eric Coquerel du PG déclarait, lui, "Nous ne sommes pas d’accord avec le terme d’opposition [utilisé par le NPA] " (lire ici). Chassaigne, au nom des députés du Front de gauche, déclara, pour sa part, en juillet de cette même année 2012 : "Notre objectif n'est pas de sortir d'une majorité de gauche mais de faire des propositions précises qui soient au cœur de la gauche." (lire ici) Mélenchon enfin a, quant à lui, utilisé l'argument que le Front de Gauche était un ayant-droit de la victoire de Hollande, ce qui lui faisait refuser d'être un opposant à celui-ci (lire ici).

Nous avons emprunté les photos de la réunion publique de Ensemble à leur article du blog.

3ème photo : Thomas Balenghien lors de la dernière Gay Pride de Montpellier



 Tract diffusé à la réunion d'hier



A lire aussi





NPA 34, NPA

Consultez les articles par rubrique


CORONAVIRUS

LUTTES SOCIALES
FÉMINISME
ANTIRACISME ANTIFASCISME
>


SOLIDARITÉ MIGRANTS
ÉCOLOGIE
JEUNESSE ENSEIGNEMENT


POLITIQUE LOCALE
DÉBATS
POLITIQUE NATIONALE


INTERNATIONAL
RÉPRESSION
NPA