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Aéroport de Toulouse. Macron privatise au profit de financiers soumis à enquête pour corruption et dont l'un s'est volatilisé !


Ce pays où le Macron est roi...
"Un parfum de prévarication flotte sur ce dossier, entachant par là-même l’État français de soupçon"

2 juillet

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LETTRE OUVERTE À M. MACRON

ministre de l’Économie de l’Industrie et du Numérique

Toulouse, le 24 juin 2015

Monsieur le Ministre,

Le 4 décembre 2014, vous avez annoncé votre choix du repreneur pour les 49,99 % du capital de la Société Anonyme Aéroport Toulouse Blagnac (ATB) détenus par l’État.
 

Contrairement à certaines affirmations dans les médias, le fait que la nationalité de l'acquéreur, le groupe Symbiose (rebaptisé Casil Europe depuis), soit chinoise n’est pas la cause de la mobilisation de tout un territoire dans sa complexité et dans sa diversité.

Il faut chercher ailleurs les raisons de cette mobilisation qui résident dans le sentiment de mépris ressenti par les citoyens en général et les riverains en particulier, car, à aucun moment, vous n’avez jugé opportun d’ouvrir le dialogue. 

Si nous avons rencontré le 28 mai dernier des membres de votre cabinet, nous sommes sortis de cette entrevue sans aucune réponse concrète ni aucun document nous permettant de vérifier des éléments essentiels de ce dossier. À notre demande citoyenne, votre ministère a opposé le secret des affaires, confirmant ainsi qu'il s'agit bien d'une privatisation. Cliquer ici

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Toulouse : la privatisation de l'aéroport éclaboussée par un scandale
|  Par Laurent Mauduit

Poon Ho Man, le principal dirigeant de la société bénéficiaire de la privatisation de la gestion de l'aéroport de Toulouse-Blagnac, a disparu depuis un mois. Son nom serait cité dans une affaire de corruption. Le ministre français de l'économie, Emmanuel Macron, risque d'être éclaboussé par l'affaire, lui qui a jugé naturel qu'un bien public soit cédé à un groupe aux ramifications innombrables dans les paradis fiscaux, des îles Caïmans aux îles Vierges britanniques.

Malgré les critiques qu’elle a suscitées, c’est une privatisation à laquelle tenait tout particulièrement le ministre de l’économie, Emmanuel Macron. La voilà qui tourne maintenant au scandale : le principal dirigeant chinois auquel a été cédé par l’État français la gestion de l’aéroport de Toulouse-Blagnac a disparu depuis plus d’un mois, et son nom aurait été cité dans une enquête pour corruption

C’est une dépêche Reuters, passée totalement inaperçue en France, qui a levé le lièvre. Diffusée par le bureau de Hong Kong de l’agence de presse, lundi 22 juin à 11 h 14, la dépêche (qui peut être consultée ici) est de prime abord peu digne d’intérêt pour le lecteur français. On y apprend ce qui suit : « Le titre China Aircraft Leasing Group Holding Ltd (CALC) pourrait connaître de nouvelles turbulences cette semaine, après avoir plongé de 20 % vendredi, le groupe s'étant déclaré incapable de joindre son directeur général après l'annonce inattendue de sa démission. Après son plus bas record de vendredi, le titre CALC – seul loueur d'avions asiatique coté en Bourse – a progressé de 1,97 % lundi sur des achats à bon compte, surperformant légèrement l'indice principal de la Bourse de Hong Kong, en hausse de 1,20 %. Le loueur basé à Hong Kong avait annoncé vendredi que son directeur général Poon Ho Man avait démissionné mercredi 17 juin sans explication et avec effet immédiat, alors qu'il était en congé. La démission du directeur financier Yu Tai Tei, soumise fin mai pour des motifs personnels, est par ailleurs entrée en vigueur jeudi 18 juin» 

Et la dépêche ajoute des détails, qui pourraient toujours apparaître sans grand intérêt, vu de France : « Selon le quotidien South China Morning Post, qui cite des sources proches connaissant bien le groupe, Poon Ho Man a disparu il y a plus d'un mois. Son nom aurait été cité dans une enquête pour corruption menée par les autorités auprès de l'une des compagnies clientes de CALC, China Southern Airlines. Le loueur avait déclaré vendredi qu'il n'avait pas été avisé d'une quelconque enquête concernant Poon Ho Man et que l'examen des dossiers concernant les échanges avec China Southern n'avait révélé aucune irrégularité. Un porte-parole a refusé de faire de nouveaux commentaires après les informations diffusées vendredi. » 

Et Reuters conclut : « Le conglomérat financier China Everbright Group, contrôlé par Pékin, ainsi que Friedmann Pacific Investment Group, basé à Hong Kong, qui contrôlent à eux deux 67 % de CALC, ont dit lundi à Reuters qu'ils ne comptaient pas réduire leur participation dans le loueur chinois, tout en précisant que d'autres actionnaires se montraient circonspects. Le groupe basé à Hong Kong, qui compte au moins tripler sa flotte de 50 appareils d'ici 2022, a passé en janvier une commande d'un montant de 10,2 milliards de dollars auprès d'Airbus. Les transporteurs chinois comme Air Macau et Shenzhen Airlines ont recours à ses services. » 

L’agence Bloomberg a aussi publié une dépêche sur le sujet, qui rapporte à peu près les mêmes informations et que l’on peut consulter ici.
Bref, à lire cette dépêche, on comprend qu’elle n’ait bénéficié d’aucune reprise dans la presse quotidienne française. Et pourtant c’est un tort ! Car le principal dirigeant de cette société, qui a disparu depuis un mois et dont le nom serait donc cité dans un scandale de corruption, Poon Ho Man, est aussi le principal dirigeant de la société Casil Europe, à laquelle le ministre de l’économie a confié la gestion de l’aéroport de Toulouse-Blagnac.

Or, on s’en souvient, les conditions d’attribution à la société Casil Europe avaient déjà fait l’objet de controverses, notamment à cause des pratiques financières de la société chinoise. Mediapart avait à l’époque publié de nombreuses révélations qui avaient mis au jour le caractère très sulfureux de cette privatisation.

Publiée au Journal officiel le 17 avril dernier, la cession pour 308 millions d’euros des 49,9 % du capital de l’Aéroport Toulouse-Blagnac (ATB) s’est en effet effectuée au profit de cette société Casil Europe, dont Poon Ho Man est le directeur général. Immatriculée en France, cette société Casil Europe détenue par Shandong High Speed Group et le fonds d'investissement Friedman Pacific Asset Management.

Or, dans l’une de nos premières enquêtes (lire La scandaleuse privatisation de l’aéroport de Toulouse-Blagnac), nous révélions que cette dernière société s’imbriquait dans un groupe très opaque, détenu par cet oligarque chinois dénommé Poon Ho Man et son épouse Christina, et dont la holding de tête se dénomme Capella Capital Limited, une holding immatriculée aux îles Vierges britanniques. Cette holding de tête a pour filiale à 100 % une société dénommée Friedmann Pacific Investiment Holdings Limited, dont le pays d’immatriculation est inconnu : cette dernière société aurait elle-même une filiale dénommée Friedmann Pacific Asset Management Limited, immatriculée également aux îles Vierges britanniques. Nous racontions dans cette même enquête que cette société avait elle-même une autre filiale dénommée China Aircraft Leasing Groups Holdings Limited, implantée aux îles Caïmans. C’est donc cette dernière structure qui est au centre de la dépêche Reuters que nous venons de citer.

Emmanuel Macron avait donc été très vivement critiqué dès cette époque pour avoir donné les clefs de cet aéroport à un oligarque implanté dans cette cascade de paradis fiscaux. De surcroît, Mediapart avait aussi révélé que pour cette acquisition, le groupe chinois s’était allié à un groupe canadien, SNC-Lavalin Inc, dont on a tôt fait de savoir ce qu’il faut en penser. Il suffit d’aller sur le site internet de la Banque mondiale (c’est ici) pour y apprendre que la banque lui a imposé la plus grave sanction jamais prononcée dans l’histoire de l’institution pour des faits graves de corruption.

Sous le titre « La Banque mondiale radie SNC-Lavalin Inc. et ses filiales pour dix ans » et le sous-titre « la plus longue période d'exclusion jamais fixée dans un règlement de la Banque mondiale », voici ce que l’on peut lire dans un communiqué en date du 17 avril 2013 : « Le Groupe de la Banque mondiale annonce ce jour la radiation de SNC-Lavalin Inc. – en plus de ses 100 filiales – pour une période de 10 ans, suite à une faute professionnelle commise par cette société dans le cadre du Projet de construction du pont multifonctionnel du fleuve Padma et d'un autre projet financé par la Banque. SNC-Lavalin Inc. est une filiale du Groupe SNC-Lavalin, une société canadienne dont elle représente plus de 60 % des opérations. Cette radiation s’inscrit dans le cadre d’un Accord de règlement négocié entre la Banque mondiale et le Groupe SNC-Lavalin, à l'issue d'une enquête menée par la Banque mondiale sur des allégations de complot de corruption impliquant SNC-Lavalin Inc. et des fonctionnaires au Bangladesh. » 

Mais la polémique ne s’était toujours pas arrêtée là, car Mediapart avait aussi révélé qu’Emmanuel Macron avait menti, en présentant les modalités de la cession (lire Privatisation de l’aéroport de Toulouse : Emmanuel Macron a menti). Lors de l’officialisation du projet de cession, le ministre de l'économie avait en effet assuré à de nombreuses reprises qu’il ne s’agissait « pas d’une privatisation », faisant valoir que l’État gardait 10 % du capital de l’aéroport et que, en alliance avec les collectivités publiques (Région, département et ville de Toulouse), les actionnaires publics garderaient le contrôle de 51 % du capital. Or, nous avions révélé que le ministre de l’économie avait, en secret, donné son accord pour que l’État signe avec l’investisseur chinois un pacte d’actionnaires offrant à ce dernier tous pouvoirs au sein de l’entreprise et lui assurant un contrôle majoritaire.

Voilà donc aujourd’hui Emmanuel Macron éclaboussé par un scandale, dont il avait été prévenu depuis longtemps. De très nombreuses voix s’étaient élevées, notamment de syndicats de Toulouse, d’associations démocratiques, d’associations de riverains, pour mettre en garde le ministre de l’économie contre une opération concoctée dans le secret avec un groupe aux si nombreuses ramifications dans les paradis fiscaux (lire Privatisation de l'aéroport de Toulouse: le Conseil d'État rejette le recours pour excès de pouvoir). Parmi d'innombrables initiatives, dont une pétition, des manifestations multiples, le collectif contre la privatisation (ici sa page sur Facebook, là le blog sur Mediapart de l'un des animateurs, Stéphane Borras), a organisé un débat public le 26 janvier à Toulouse, avec le soutien de Mediapart (voir photo ci-dessus).

Dans un communiqué rendu public mardi en début d’après-midi sous le titre « Quand l'odeur de la corruption rattrape la vente de l'aéroport de Toulouse-Blagnac » (et que l’on peut télécharger ici dans sa version intégrale), le Collectif contre la gestion de l’aéroport a donc dit sa vive inquiétude : « La vente de l'aéroport était déjà sulfureuse avec la présence du groupe Lavallin, interdit de marché public pendant 10 ans par la banque mondiale et aux prises avec des accusations de corruption et de fraude en lien avec la Libye déposées par la Gendarmerie Royale du Canada. Mais la nouvelle de la démission du PDG de ce groupe ne fait que renforcer les doutes sur la probité des intervenants de cette opération qui, rappelons-le, a vu les parts de l'État vendues à hauteur de 308 millions d'euros alors que le prix de vente était de 150 millions. Et nous ne pouvons qu'être inquiets sur l'influence de ce groupe dans notre ville avec les annonces de possibles participations dans les infrastructures publiques toulousaines, dont le futur parc des expositions. Cette nouvelle, si elle est avérée, doit faire réfléchir le gouvernement qui ne nous a toujours pas communiqué le pacte d'actionnaire qui lie l'État avec Casil Europe, ni le projet industriel pour l'aéroport. Les suspicions de corruption doivent amener le gouvernement à les publier et à renoncer à la vente, sans attendre le recours au conseil d'État que nous avons déposé. » 

Mais sans jamais souhaiter organiser une consultation citoyenne, agissant dans le secret, Emmanuel Macron a voulu faire acte d’autorité. À ce titre, vu de France, le scandale chinois, c’est aussi le scandale Emmanuel Macron…


LA GESTION DE L'AÉROPORT N'EST PAS À VENDRE

Non à la privatisation !


Nous, organisations et citoyens de l'agglomération toulousaine, réunis dans le  Collectif contre la privatisation de la gestion de l’aéroport de Toulouse-Blagnac,  avons appris par la presse sa privatisation et sa reprise par un consortium sino-canadien du nom de Symbiose. 
Nous dénonçons :

  • la création d’un hub, qui - avec Francazal - ferait de l’aéroport une plate-forme de niveau équivalent à celui d’Orly, où se développeraient le transit passagers, le fret et les vols de nuit avec des risques sanitaires majeurs encourus par plus de 100 000 riverains situés sous le couloir aérien, en raison de nuisances sonores et de pollutions atmosphériques maximales. Cliquer ici
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