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Paris-Athènes-Berlin, le mélenchonisme en son triangle des Bermudes ...


« un fil rouge court l’histoire en Europe depuis plus de 2000 ans. Il parcourt la France et l’Allemagne. Il se fixe le long de la frontière de l’Empire romain. Son limes a installé deux mondes de part et d’autre.  En-deçà : la cité et le citoyen. Au-delà : la tribu et l’ethnie. » (Jean-Luc Mélenchon)

[A lire ci-dessous
A notre  avis : Mélenchon ou la dialectique de la quadrature du cercle]

En lisant Le hareng de Bismarck (le poison allemand), on apprend peu sur l’Allemagne, rien sur l’Europe, beaucoup sur Jean-Luc Mélenchon. Disons-le tout net : en dénonçant le « poison allemand » il distille malheureusement le poison du nationalisme. […]

Pour lui, l’Allemagne, bien plus qu’un « nom »,EST le capitalisme d’aujourd’hui, financiarisé, productiviste, antisocial, antidémocratique. On saura donc tout sur les banques allemandes qui ont pillé la Grèce (rien sur les françaises), sur l’agro-alimentaire allemand qui empoisonne (rien sur le cochon breton), sur le militarisme allemand (rien sur les expéditions néocoloniales de la France). L’Allemagne est l’unique centre de commandement de ce capitalisme prédateur imposé à l’Europe. Et son bénéficiaire ? « Sa majesté le Retraité allemand » ! […]

Accabler l’Allemagne, blanchir la France 

Notre « patrie républicaine » comme il dit… C’est une distinction incroyable entre la France et l’Allemagne, leurs capitalismes et leurs institutions, on est tenté de dire leurs essences, qui est au coeur de sa vision de l’UE. « L’Europe est allemande ». C’est l’Allemagne qui assassine le peuple grec et impose sa politique à toute l’Europe. « Je vois un consternant contraste entre l’arrogance injurieuse des dirigeants allemands actuels et la peur panique de leurs homologues français (…) Les moutons français bêlent pitoyablement dans leur enclos quand claque le fouet des faces de pierre qui gouvernent outre-Rhin. » A Berlin les maîtres. A Paris… les collabos. Cliquer ici

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Et aujourd'hui... en soutien à... Tsipras ... mais ...

Sur le blog de Jean-Luc Mélenchon

[C'est nous qui soulignons]

S’il est bien normal que bon nombre de nos amis ne soient pas heureux de ces propositions [de Tsipras à l'Eurogroupe], il est bien normal que nous disions de notre côté pourquoi c’est un devoir de soutenir Tsipras à cette heure sans faiblir. […] [Il faut] d’abord résister, comme à chaque étape, à l’utilisation qui est faite de toute proposition de Tsipras pour la convertir en « capitulation », « trahison » et ainsi de suite, dans le but de démoraliser et dissuader toute confiance dans l’esprit de résistance. […] 

Je partage l’avis de mon camarde Guillaume Etievant lorsqu’il écrit : « J'irais même plus loin en affirmant que les choses vont dans le bon sens si on reprend l'historique des négociations depuis le début : on est maintenant proche d'un accord sur trois ans avec rééchelonnement de la dette, sans aucune attaque contre le droit du travail (bien au contraire, il sera amélioré sur la base des recommandation de l'OIT), aucune attaque contre les salaires ni les pensions de retraites, ni la protection sociale. Et toute la progression de l'excédent budgétaire vient de nouvelles recettes fiscales et non pas d'une baisse des dépenses ! Rappelons-nous d’où on est partis ! Au départ, les créanciers voulaient tout décider et imposer toutes leurs réformes structurelles. Certes, on est loin du programme de Syriza, mais vu la situation d'étranglements financiers, et la faiblesse d'un petit pays comme la Grèce dans les négociations, et du fait que, contrairement à ce qu'on pensait, l'Allemagne souhaite la sortie de la Grèce de l'euro, le rapport de force mené par Tsipras est considérable. » Cliquer ici

Remarques : nous rappelons que ces lignes ont été écrites le 11 juillet. Il faudra attendre deux jours pour que tout devienne enfin clair : Grèce : un accord contraint qu’il ne faut pas soutenir

Le rétablissement est cependant extraordinairement emberlificoté : on reste solidaire d'un Tsipras qui aura, nous dit-on, résisté magnifiquement, mais on ne soutient pas ce qu'il a signé : " Il faut soutenir Alexis Tsipras et ne pas s’ajouter à la meute de ceux qui veulent le déchirer et se rendent complice du coup d’état tenté contre lui et les Grecs. Mais il ne faut pas soutenir l’accord pour ne pas cautionner la violence dont il est issu et qu’il prolonge. "

A notre  avis : Mélenchon ou la dialectique de la quadrature du cercle

On savait Jean-Luc en délicatesse avec la dialectique mais là avouons qu'il en surprendra encore plus d'un-e. Malgré les classiques rodomontades du type "Mobilisés en équipe et avec traducteurs, mes amis et moi nous n’avons pas lâché les devoirs de la froide analyse et de la « solidarité raisonnée » qui est notre règle éthique et politique." Froide analyse ? Solidarité raisonnée ? La preuve par le soutien "schizo" à Tsipras contre ce qu'il a signé avec les eurocrates ? Et quid de la question politique test : si le peuple grec, comme on peut l'espérer, se lève contre l'accord austéritaire qui n'a d'autre but que de le "casser" socialement et politiquement, faudra-t-il le soutenir contre celui qui appliquera (avec ce qu'il faut pour que force reste à la loi ?) ledit accord ? Un Tsipras désormais forcément en rupture avec sa gauche et mécaniquement en convergence avec la droite ND et Pasok (+ Potami), hier honnie et toujours inféodée à Merkel-Hollande... mais un Tsipras que l'on soutient ! (1) 

Parions qu'il y a là quelque chose d'une quadrature de cercle d'autant plus inconfortable politiquement que les référents de la 6eR, du PG ou du FdG sont explosés (2). En particulier sur la Grèce. Reconnaissons que, malgré tout, le laborieux rétablissement de Mélenchon, désapprouvant les décisions prises par les chefs d'Etat de l'UE, lui permet d'échapper aux honteux alignement du PCF sur la politique de capitulation de Tsipras. Réflexe de survie politique in extremis qui ne change rien sur le fond d'un syndrome germanophobe aggravé et directement indexé sur un républicanisme cocardier qui évacue ce qui est pourtant au coeur de l'actualité grecque : la lutte des classes dont l'UE démontre de façon exacerbée qu'elle est dans son ADN politique et qu'elle s'applique à mener jusqu'à sa plus totale cohérence capitaliste. A l'inverse des pathétiques et dramatiques acrobaties ou rétropédalages par lesquelles les antilibéraux comme Mélenchon ou Tsipras lui laissent le champ libre... Tout ceci lance un défi aux anticapitalistes qui doivent prouver qu'ils peuvent sortir de leur impuissance souvent incantatoire, qu'ils peuvent élaborer une réponse au désarroi que les populations matraquées vivent et que, par là-même, ils sont la seule chance de neutraliser le développement d'une extrême droite qui pourrait s'alimenter des démissions politiques et autres confusionnismes antérieurement évoqués.

Antoine 

Dernière minute ce 15 juillet : André Chassaigne annonce que les députés du Front de gauche voteront, à l'unanimité, contre le projet d'accord avec la Grèce. Il a dénoncé, lors de son point presse hebdomadaire, le "sort ignoble réservé au peuple grec" et "les méthodes de gangster des dirigeants européens.

Commentaire : c'est ce qui s'appelle se rattraper aux branches ! Mais soyons prudents, est-ce que, malgré ce vote "contre", nos camarades communistes députés ne sont pas "pour", toujours "pour", Tsipras ? Chez eux aussi sévit, depuis tellement longtemps, une dialectique qui ne s'essaie guère à casser les briques capitalistes ...

Réponse à la question ci-dessus : Chassaigne est décidément impayable... Morceaux choisis du jour : "Ma première réaction, lundi matin, dès que j’ai appris qu’un accord avait été signé, a effectivement été de me réjouir. […] Une réaction de soutien évidemment à Alexis Tsipras, soutien qu’il conserve d’ailleurs encore aujourd’hui. […] Puis, dans le courant de la journée, j’ai eu le texte entre les mains et mon analyse a évolué… […] Tsipras était totalement coincé. J’ai beaucoup d’admiration pour lui et je pense qu’il ne pouvait pas faire autrement. Je me suis demandé d’ailleurs si voter à l’Assemblée nationale contre ce texte, ne revenait pas à lui tirer une balle dans le dos. […] Après en avoir discuté avec les autres députés du groupe communiste, notre analyse collective est de dire qu’en votant contre ce texte, nettement, sans ambiguïté, c’est un service qu’on lui rend. Nous contestons ce que lui, à cause du rapport de force, n’est pas en mesure de faire." Cliquer ici 

Chassaigne aussi fort que Mélenchon : voter contre le texte signé par Tsipras, c'est soutenir celui-ci ! Quant à Ensemble, autre composante du FdG, sa députée Jacqueline Fraysse a voté contre mais a tenu à saluer "le courage, la détermination et la sincérité avec lesquels le Premier Ministre grec a, pendant des mois, mené un combat à armes inégales contre la Troïka." Cliquer ici

Ensemble en fait rejette radicalement l'accord austéritaire mais se garde bien de mettre en cause la stratégie suicidaire du gouvernement grec. Ce courant du FdG se borne à reprendre les propositions, au demeurant très intéressantes, d'Eric Toussaint permettant d'enclencher en Grèce un cycle d'alternative aux mesures de l'Eurogroupe sans avoir à sortir de la zone euro. En cela on peut dire que, sur le rapport au gouvernement Tsipras les trois principales composantes du FdG sont, à quelques nuances près, à l'unisson. Le débat politique de fond, dont Tsipras ne constitue que la métaphore, est, comme il est courant dans cette coalition, escamoté... La leçon grecque sur les impasses de l'antilibéralisme et les palinodies qu'elles induisent n'est sûrement pas en voie d'être tirée de ce côté-là de l'échiquier politique. Etonnant ?

(1)  Le "pour mais contre" de Jean-Luc Mélenchon est en miroir du "J'ai signé un accord auquel je ne crois pas mais j'assumerai mes responsabilités" (Tsipras) qui pourrait être l'emblème des antilibéraux qui rusent avec la lutte des classes pour le plus grand bonheur des adeptes conséquents de celle-ci, les capitalistes et leurs serviteurs politiques !

(2) On relèvera dans la dernière livraison de son blog cet aveu de Jean-Luc Mélenchon qui renvoie à ce qu'il a mis en oeuvre dès l'après-présidentielle et a à voir avec une progressive décrédibilisation que le retour vibrionnant du "parler vrai, parler dru" n'a plus pu rattraper  : "Nous avons mis en veilleuse nos critiques de François Hollande, même si nos encouragements à bien faire ont comme d’habitude été utilisés sans scrupule pour faire croire à notre adhésion." (lire ici). On pourra se reporter à ce qu'à ce propos nous écrivions de la "gauche édredon" en juin 2012 : cliquer ici. 

Et aussi

Grèce : entre épopée, comédie et tragédie

Grèce moderne (2015 après JC). Pièce en cinq actes

Acte I : Pεφορμισμός (Réformisme)

Tsipras entre scène.

Discours radicaux. « On ne paiera pas !» sur fond d’accents de fierté du peuple grec et d’un gros zeste de germanophobie. Puis corrompre les nectars de Dyonisius avec une eau frelatée : « renégociation », « dette illégitime », etc.

Puis, concrètement, faire le tour diplomatique des capitales européennes pour quémander des aménagements.

Il y a plus de quinze jours (donc avant l’avènement de Syriza), j’écrivais ceci à une camarade :

Au-delà des spécificités de la situation grecque, on voit se dessiner un scénario assez classique

(en cas de victoire de Syriza) :

Syriza et ses alliés (car Syriza fera certainement des alliances sur sa droite) vont mener les gens en bateau avec l’histoire de la renégociation de la dette et invoquer le manque de rapport de force à l’échelle européenne, pour justifier le fait qu’ils ne quitteront pas les instances européennes, ne sortiront probablement pas de L’Euro et ne prendront aucune mesure d’expropriation.

La seule « arme » qu’ils auront c’est la crainte d’une instabilité ou d’un chaos monétaire généralisé, qui amènera peut-être les institutions européennes (BCE, etc.) à une certaine prudence.

Si, pour des raisons diverses, le gouvernement Syriza s’enhardissait, il serait soumis à toutes sortes de sanctions qui auraient des conséquences immédiates. Tout ça sur fond de présence d’une extrême-droite déjà très forte. *

A ce jour, on en en est assez exactement là.

L’hypothèse d’un desserrement relatif et temporaire de l’étau actuel est plausible. Elle ne changera rien sur le fond de la souffrance du peuple grec.

Acte II : Pseudo-Radicalisme

Dans le même temps, on entend une autre musique aux accents de Sirènes : Victoire ! Espoir !

Victoire pour le peuple grec, mais aussi pour tous les peuples d’Europe, qui veulent en finir avec l’austérité.

La séduction, l’ivresse ou la sédation, premières phases de la trahison et du naufrage.

On a gagné !

On a gagné quoi ? Un référendum. Une élection.

Sûr que c’est mieux qu’un triomphe d’extrême-droite.

Mais, les banques, le patronat, les institutions, la police, l’armée  la bureaucratie syndicale, l’extrême-droite sont toujours là. Les sentiments de victoire nous bercent, nous endorment et nous font oublier tout ça. On a rien gagné.

La solidarité avec le peuple grec n’est déclinée que sous le mode platonique.

Hors d’un gymnase parisien ou de studios de télé, aucune action concrète.

Postures plurielles. Echarpes rouges, blousons de cuir. Bla-bla au service d’un projet fumeux de VI° République, de sombres calculs d’un appareil en mal d’élus, ou de velléitaires concupiscents.

Aumône, récupération ou solidarité en actes?

Acte III : Sectarisme

Cassandres que personne ni aucun peuple n’écoutera jamais.

Se contenter d’énumérer abstraitement les lacunes d’un gouvernement réformiste, de rappeler de funestes expériences historiques, de appeler le CV de tel ou tel ministre, etc. D’alerter sur le danger de trahison. Etc.

Abstraitement juste. Pratiquement et concrètement faux.

Chaque peuple, chaque génération a besoin de faire sa propre expérience, quitte à réinventer la roue.

Mais l’intérêt d’un vrai parti révolutionnaire, c’est d’avoir conservé quelques modes d’emploi et d’avoir une vision du projet final.

Encore faut-il que ce parti existe ou veuille bien exister…

L’expérience historique, c’est aussi de constater ce fait.

Dans la mythologie, Cassandre aurait prédit la destruction de Troie (par les Grecs…). Personne ne l’écouta. Troie fut défaite et elle finit d’abord violée puis, plus tard, assassinée…

Acte IV : Fascisme, bonapartisme

La menace fasciste, la réaction sous diverses formes (coup d’état militaire, bonapartisme, voir démocratie aux hormones de telle ou telle institution internationale) est en quelque sorte l’alter ego de tout processus révolutionnaire ou de changement radical.

La Grèce ne déroge pas à cette règle.

Un crépuscule de Syriza pourrait très bien précéder une Aube Dorée.

Cette organisation d’extrême-droite a réalisé un score non négligeable (pas loin de 7%) aux dernières élections, malgré l’emprisonnement de certains de ses dirigeants.

Certains discours aux accents chauvins en vigueur dans la gauche grecque sont tout à fait compatibles avec la xénophobie attisée par l’extrême-droite.

Et surtout, on sait que la déception peut engendrer des rancœurs terribles.

Par ailleurs, rien ne dit que les institutions européennes ou autres puissances internationales ne s’accommoderaient pas d’une remise en ordre militaire temporaire en cas de crise majeure ou de menace révolutionnaire.

Acte V : Επανάσταση

Ce qui va être déterminant, c’est la capacité ou non des travailleurs grecs, sous l’impulsion de militants révolutionnaires, de commencer à prendre en main les leviers réels d’un changement radical.

La question clé, réside dans la constitution d’organes autonomes (pas forcément, en tout cas au départ, explicitement hostiles ou défiants vis-à-vis du gouvernement Syriza) de contrôle sur la production, le commerce, les finances, l’administration, la police, etc.

La question de la solidarité internationale est également un élément stratégique. La Grèce est un petit pays en termes de population et de poids économique. Toute action révolutionnaire portant sérieusement atteinte au capital se heurtera au sabotage sournois ou direct des gouvernements bourgeois européens, américains ou chinois.

La solidarité internationale des travailleurs doit s’organiser dès maintenant.

Pas en termes de vagues proclamations.

Il faut inviter les dockers du Pirée à Marseille, Le Havre ou Saint-Nazaire. Faire parler les chômeurs, les femmes, les travailleurs grecs dans les quartiers, lieux de travail, partout en Europe.

Conjuguer le refus de l’austérité, de la pauvreté et du capitalisme dans toutes les langues au travers d’échanges vivants, directs, by-passant les appareils bureaucratiques.

Un échec dans cette voie nous ramènerait aux langueurs de l’acte 1 ou aux douleurs de l’acte IV.

Mohamed (NPA 34) NDLR: le texte en question date du 4 février.

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 NPA 34, NPA

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