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Montpellier nord. Pinceaux en folie douce mais déterminée contre Oxylane !


 Réussite d'une belle initiative de popularisation de l'action pour préserver un beau site paysager et agricole ! D'autres initiatives sont à suivre. La lutte continue... 

Ci-après des notes sur les paysages de l'Hérault et leurs enjeux. Utiles pour renforcer notre argumentaire contre le projet d'Oxylane...


A lire


Extraits

L'espace agricole couvre le tiers du département : 206 300 ha sur les 622 000 que compte l’Hérault. L’élevage occupe et gère 63 000 ha, les céréales et oléagineux 18 000 ha, les productions légumières 3 500 ha, les productions fruitières 2 500 ha.

[…]  La vigne domine encore largement le paysage agricole, occupant encore près de la moitié des surfaces avec 106 200 ha. Elle contribue pour 70% à l’économie agricole héraultaise, avec une production de plus de 7 millions d’hectolitres par an. L’Hérault représente ainsi 38 % de la production viticole régionale du Languedoc-Roussillon, le plus grand vignoble du monde. Cette culture -voire civilisation- du vin est le fruit d’une longue histoire qui s’est singulièrement accélérée à partir du XIXe siècle et le passage à la viticulture « industrielle ».

[…] Depuis les années 1960, le vignoble poursuit sa reconversion progressive en vins de meilleure qualité, arrachant des cépages pour en replanter de nouveaux : 87 000 ha arrachés entre 1984 et 2000 pour 46 000 plantés ou replantés.  

[…] L’arrachage de la vigne, bien que primé à 6 000 euros/ha, reste pour autant un phénomène limité qui semble peu affecter le paysage ; d’après la Chambre d’agriculture, il concerne essentiellement les vignerons qui partent à la retraite, et il s’opère principalement sur les terres dont la vocation viticole n’est pas forcément première : dans la plaine de Mauguio plutôt que dans le Saint-Chiniannais, le Faugérois ou le Picpoul-Pinet…

[…] Une évolution problématique du paysage contemporain : simplification excessive par disparition des structures paysagères (arbres isolés, bosquets, murets, mazets, …) ; passage des grandes infrastructures et de leur cortège d’urbanisation commerciale médiocre ; grignotage intensif par l’urbanisation ; grossissement des villages vignerons en bourgs voire en banlieues, sans espaces de transitions ménagés avec la vigne ; constructions agricoles et viticoles isolées sans qualité architecturale, … […]

La diversité des productions, qui se traduisait jusqu’alors par des paysages vraisemblablement jardinés, avec des parcelles petites, où se côtoyaient voire se mêlaient les emblavures, les pieds de vigne et les arbres d’oliviers, disparaît ainsi au XIXe siècle au profit de la vigne toute puissante.

Dans l'espace intermédiaire entre plaines littorales et piémonts du Massif Central, l’occupation humaine maille de façon remarquablement régulière les garrigues, plaines et collines principalement viticoles qui s’étendent de la vallée de l’Hérault à la vallée de l’Aude (Biterrois et Piscénois, unités n° 7, 8, 11, 12) et de Montpellier au Vidourle (unités de paysage n° 5 et 14) : les villages y forment une trame régulière, espacés de deux à trois kilomètres, offrant l’image d’un paysage de campagne profondément humanisée. Ils s’implantent toujours de façon précise dans l’espace, souvent à la faveur d’une élévation de terrain, formant des sites bâtis d’intérêt qui gagnent à être bien analysés pour nourrir les choix contemporains de développement. Leur forme urbaine est parfois remarquable, notamment les villages développés en cercle, ou circulades, formés aux alentours de l’an mille : le noyau historique de Montpellier, Mauguio et Fabrègues ; Frontignan et Balaruc-le-Vieux sur le littoral ; Saint-Pons-de-Mauchiens et Paulhan dans la vallée de l’Hérault ; et une multitude de villages entre Béziers et Pézenas : Nézignan-l’Evêque, Boujan-sur-Libron, Puimisson Abeilhan, Alignan-du-Vent, Puissalicon, … Il n’y a qu’autour de Montpellier que les villages perdent leur personnalité en étant noyés dans la conurbation de l’agglomération en marche, jusqu’à Saint-Gély-du-Fesc au nord, et à Castries à l’est.   

[…] La croissance actuelle de l’agglomération Montpelliéraine, exceptionnelle dans le contexte Français, s’opère à une dizaine de kilomètres seulement du littoral : la population a triplé en 20 ans, avec 228 000 habitants dans la ville-centre et à peu près autant dans la périphérie. L’agglomération pourrait atteindre 760 000 habitants en 2030. L’urbanisation digère progressivement les espaces qui la séparent du bord de mer vers Carnon et Palavas-les-Flots, s’allonge dans la plaine à la faveur des grandes voies de communication (RN 113, A9), et gagne les reliefs mouvementés des garrigues au nord. Ce dynamisme met en péril ce que bien des habitants viennent rechercher à Montpellier : la qualité du cadre de vie. Un fort volontarisme politique sera nécessaire pour contrecarrer le modèle spontané de la conurbation tentaculaire, et y substituer celui d’un archipel de centralités complémentaires à la ville-centre. 

A l’échelle du département, un nouveau déséquilibre pourrait s’instaurer, cette fois entre la partie est, soumise à la pression du développement de Montpellier, et la partie ouest Biterroise, « aspirée » par l’aire d’attraction Montpelliéraine sans moyen de constituer un pôle fort de rééquilibrage.

[…] Montpellier souhaite devenir une ville littorale – ce qu’elle n’est pas-, en « digérant » les espaces qui la séparent de la Méditerranée. Aujourd’hui, cela se traduit par une urbanisation linéaire autour des axes routiers reliant la ville à la mer (routes de Palavas et de Carnon), et par l’aménagement portuaire et urbain de Lattes et Pérols. Dans cette conquête progressive, la reconnaissance de l’étang du Méjean comme centralité de nature pour le développement de l’agglomération Montpelliéraine mérite d’être affirmée : préservation et mise en valeur des espaces autour de l’étendue d’eau (dont 198 ha acquis par le Conservatoire du Littoral depuis 1981), requalification des arrières de Palavas et de Carnon, réorganisation ambitieuse des accès, circulations et stationnements du littoral et requalification des espaces publics, etc.

[…] La présence de grandes infrastructures de communication, qui garantissent une bonne desserte, et la proximité attractive de la mer et de l’agglomération Montpelliéraine, conduisent à une forte pression d’urbanisation sur ces plaines, pour l’habitat comme pour les activités. Cette pression ne se traduit pas par du mitage d’urbanisation diffuse ; elle se concrétise plutôt par un grossissement des villages, qui par endroits tendent à se rabouter entre eux, affaiblissant leur personnalité et développant progressivement un continuum de banlieue. L’urbanisation rapide des plaines a aussi pour conséquence la dégradation des limites des bourgs : on le lit en particulier aux entrées/sorties autour des routes, mais aussi plus globalement en circulant dans les espaces ouverts cultivés alentours : fonds de lotissements ou de zones d’activités, sans maîtrise paysagère de l’architecture, des espaces publics, des clôtures, des plantations et des dessertes. L’image des espaces agri-viticoles s’en trouvent affectée, tout comme celle des bourgs eux-mêmes.

La valorisation paysagère des grandes plaines de l’Hérault passe par : 

- une politique d’encouragement à la plantation et à la gestion de structures végétales. 

[…] Il s’agit d’agrémenter les ambiances et d’enrichir les milieux des vastes horizons ouverts et aplanis des plaines : arbres isolés « signaux », bosquets et bois, haies, alignements d’arbres autour des voies, ripisylves autour des cours d’eau, … 

La valeur de ces structures végétales peut être à la fois esthétique (repérage, profondeur de vues, accompagnement de patrimoine culturel construit, …), sociale (ombrage, lieux de promenade, …), écologique et cynégétique (diversification des milieux et des habitats), techniques et économiques (protection des sols et des cultures contre l’érosion et le vent, valorisation des produits issus des plantations – bois, fruits, …-, valorisation touristique des espaces aménagés en complément du littoral tout proche, …) ;

- une politique urbaine et paysagère pour le « tour des villages »

[…] Le concept d’entrée de ville est insuffisant pour résoudre le problème de banalisation du paysage des grandes plaines à l’œuvre actuellement. La dégradation des abords des bourgs concerne en effet tout l’espace de contact entre « le bâti » et « le non bâti » ; elle ne se réduit pas aux seuls linéaires des voies d’entrées/sorties. C’est le concept du « tour de ville », ou de « lisière agro-urbaine », qu’il faut aujourd’hui développer : l’aménagement et la gestion, dans l’espace et dans le temps, d’une zone de contact entre les espaces urbains ou à vocation urbaine, et les espaces à vocation naturelle et agricole.
Ces espaces peuvent prendre des formes très diverses : bande plantée de bois, bosquets, vergers, voie plantée et accompagnée de circulations douces, jardins familiaux, etc. Leur création doit être prévue dans les documents d’urbanisme et dans les opérations d’aménagement : emprises réservées des PLU, cahiers des charges des lotissements, plans d’aménagement des zones d’activités, plans d’aménagement des remembrements, … L’aménagement de ces espaces de transition doit intégrer la maîtrise urbaine, architecturale et paysagère des opérations de constructions, jusqu’aux clôtures et aux plantations des fonds de parcelles, dans les PLU et dans les permis de construire ou d’aménager.  

- une politique de protection et de valorisation des abords des routes

[…] Les routes et autoroutes constituent les premiers vecteurs d’accès et de découverte du territoire : à ce titre elles doivent faire l’objet d’attention pour éviter l’accumulation progressive de « points noirs » dévalorisants. Les enjeux concernent les emprises, par les soins d’aménagement et de gestion que l’on saura y porter, mais aussi et surtout les 300 m de part et d’autre de ces grandes voies qui traversent les plaines. C’est là que se joue la qualité de la vitrine du territoire, en concurrence avec les intérêts particuliers des vitrines commerciales d’entreprises désireuses de se faire voir, et des opportunités foncières pour réaliser des opérations d’urbanisation. Car l’image d’un territoire ne se réduit pas à la présence visible de zones d’activités, somme toute banalisantes à l’échelle nationale puisque quasiment toutes fondées sur les mêmes modèles (voire les mêmes enseignes). Après tout, l’agriculture perceptible depuis les grandes infrastructures participe aussi de l’image d’activité de la région ; et quelle meilleure valorisation globale du plus grand vignoble du monde que de montrer la vigne sous son meilleur jour, c’est-à-dire amoureusement soignée comme un jardin ?
La maîtrise qualitative de l’urbanisation des villages dans les garrigues et les collines viticoles

[…]  

- l’urbanisme des villages [est] créateur de paysages remarquables;
- [il y a ] un problème d'urbanisation diffuse sur coteau avec un positionnement juste dans le paysage (bâti accroché au relief), mais avec des formes urbaines consommatrices d’espaces et génératrices de mitage;
- [l'autre problème est] l’urbanisation en nappe dans les plaines [Qui implique] la consommation des meilleures terres agricoles [et] pas de limite tangible au tartinage de l’urbanisation, générateur de conurbation sans espaces de respiration (coupures);

- […] problème aussi, celui du paysage urbain récent  [avec une] faillite de l’espace public, réduit à la seule fonction de circulation.


[…] La pression de l’urbanisation dans l’Hérault ne se fait pas ressentir seulement sur Montpellier, le littoral ou les abords des grandes infrastructures. Les facilités de déplacements offertes par la voiture rendent attractifs les villages pour une population qui travaille en ville mais recherche un cadre de vie rural et de qualité. Les villages des garrigues et des collines viticoles subissent de ce fait une forte pression : ils sont à la fois de qualité, dans une aire d’influence urbaine (de Montpellier ou de Béziers notamment) et ils restent proches du littoral. 

Cette pression se lit dans le paysage de façon parfois négative. Plusieurs problèmes peuvent être évoqués de manière synthétique :

  • mitage des coteaux par une urbanisation diffuse d’habitations individuelles, qui contraste avec le site bâti originel du village, à l’inverse concentré, économe en espace, développant des espaces publics communs et partagés ;
  • développement d’urbanisation en nappe dans les plaines agricoles, sous forme de lotissements ou de zones d’activités, qui consomme les meilleures terres agricoles et vient en contradiction avec les sites bâtis originels des villages, le plus souvent accrochés aux reliefs ou en piémont ;
  • banalité des paysages urbanisés récents, pauvres en architecture contemporaine intéressante, pauvres en espaces publics de qualité, qui se réduisent le plus souvent à des voies de dessertes sans âme bordées de clôtures hétéroclites et peu avenantes ;
  • affaiblissement économique et social des centres villages constitués : on habite un lotissement et non plus un village, avec des services éclatés dans l’espace aggravant la dictature du déplacement individuel par la voiture : écoles, collèges, lycées, équipements sportifs et culturels sont placés au barycentre des intercommunalités, parfois en pleine campagne ; super et hypermarchés se développent au détriment du commerce de proximité ;
  • coût élevé des réseaux et des services (ramassage scolaire, collecte des ordures ménagères, …).
L’affaiblissement qualitatif de l’urbanisme des villages apparaît finalement très contradictoire avec la qualité générale des paysages de garrigues et de collines viticoles, et avec leur valeur culturelle et économique viticole, agricole et touristique. Face à la pression, le seul opportunisme foncier n’est pas une réponse à la hauteur des enjeux. Une politique plus volontariste en terme d’ambition qualitative doit émerger, qui développe davantage de réflexion de conception, et s’appuie sur des outils fonciers permettant d’anticiper et de maîtriser les processus :
  • Elaboration de chartes intercommunales pour l’urbanisme des villages, identifiant les typologies bâties, développant les principes d’urbanisation/protection adaptées, posant les bases d’une politique foncière éclairée ;
  • Soutien à la réalisation d’études paysagères pour chaque site de village, déterminant : la capacité d’accueil du site, les maîtrises foncières à opérer, les conditions paysagères, urbaines et architecturales de constructibilité en terme de volumes, couleurs, circulations et liaisons aux centres bourgs, plantations ;
  • Appel systématique à des concepteurs pour l’opérationnel (architectes et paysagistes-urbanistes) ;
  • Développement de la mise à disposition de conseillers, notamment paysagistes-conseils et architectes-conseils, par/pour les communes et intercommunalités.
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