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Préfet contre BDS 34 : la France est toujours plus un "état d'exception"... dans le monde...


... Alignée sur un régime de terreur imposé à la population palestinienne, elle institue en son sein un régime de "terreur judiciaire" contre les défenseurs du droit international à vivre libre de toute oppression !

Appel à rassemblement à Montpellier ce samedi

Manifestation le samedi 7 novembre en acceptant le compromis suivant : rassemblement près du bassin à l'entrée de l'Esplanade (départ du petit train), traversée de la Comédie, remontée rue de la Loge jusqu'à la Place de la Résistance devant la Préfecture.
"Appel à la liberté d'expression" -" Solidarité avec la résistance palestinienne".
T.S., banderoles, habituels...slogans préparés par quelques-uns pour éviter toute provocation (lire l'intégralité des propositions d'action ci-dessous)
 

A lire ci-après A notre avis : déconstruction d'une politique liberticide au service d'Israël...

"La France est l’un des rares pays du monde, et la seule démocratie, où l’appel au boycott par un mouvement associatif ou citoyen pour critiquer la politique d’un Etat tiers est interdit !"

Il n’y a plus aucun doute possible : le simple appel à boycotter des produits israéliens est totalement illégal en France. Et sévèrement puni. Deux arrêts de la Cour de cassation du 20 octobre, passés inaperçus en dehors des réseaux militants et des juristes spécialisés, font de la France l’un des rares pays du monde, et la seule démocratie, où l’appel au boycott par un mouvement associatif ou citoyen pour critiquer la politique d’un Etat tiers est interdit. [...]

«  C’est une grande régression  », s’offusque Antoine Comte, l’avocat de BDS, qui se dit « déterminé à porter l’affaire devant la Cour européenne des droits de l’homme  ». Il compte invoquer l’article 10 de la Convention européenne des droits de l’homme sur la liberté d’expression. La Cour de Strasbourg ne devrait pas trancher avant deux ou trois ans. M. Comte insiste sur le fait que la loi de 1972 introduisant ce délit de provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence «  était destinée à protéger les individus contre le racisme  ».
[...]

Cette «  défense de l’ordre et de la protection des droits d’autrui  » invoquée par la Cour de cassation fait craindre à M. Poissonnier «  des conséquences en chaîne pour la liberté d’expression ». Et d’interroger  : «  Les droits de producteurs étrangers doivent-ils prédominer sur une liberté politique ? Où est la limite ?  » Cliquer ici

Illustration : cliquer ici


Montpellier. Réunion d'organisation du soutien à BDS 34 (5 novembre)



 A notre avis : déconstruction d'une politique liberticide au service d'Israël...

La promptitude avec laquelle la Préfecture de l'Hérault s'est saisie des deux arrêts de la Cour de Cassation déclarant illégale toute campagne de boycott des produits israéliens pour interdire le rassemblement de BDS 34 prévu à Montpellier le 31 octobre dernier ne doit pas empêcher de comprendre une donnée essentielle. Avant même le prononcé des arrêts de la haute cour, la préfecture, visiblement sur consigne expresse du gouvernement, était décidée à entraver l'action que BDS 34 mène depuis des années sans que pourtant il n'y ait jamais eu matière à saisine de justice ni ... de préfecture ! 

De fait l'on peut dire que les actuelles deux démarches, judiciaire et préfectorale/gouvernementale, participent d'un cours nouveau, d'un tournant qu'il convient de bien cerner : les circulaires Alliot-Marie aux procureurs (2010) et Mercier (2012) avaient bien tenté, dans la logique au long cours de l'appui gouvernemental à Israël, de criminaliser-judiciariser les actions BDS mais l'efficacité de celles-ci et le large soutien dont elles pouvaient se prévaloir avaient fini par "troubler" les tribunaux et les cours d'appels et par les amener à hésiter, comme le rappelle Le Monde, "entre annulations de poursuites, relaxes au nom de la «  liberté d’expression  » et condamnations au titre de la «provocation à la discrimination »". Or c'est précisément ce que cette situation de tergiversation judiciaire traduit comme rapport de force conquis par BDS qu'il s'agit désormais de neutraliser radicalement.


 Tel Aviv-Paris-Montpellier-etc. : cibler la solidarité avec la Palestine...

Cet objectif de neutralisation a une origine aisément repérable : en juin 2014 le premier ministre israélien déclare BDS « menace stratégique » pour Israël et confie la responsabilité totale de la lutte contre lui à son Ministre des Affaires Stratégiques (lire ici). La décision de la Cour d'appel et les arrêtés liberticides du Préfet de l'Hérault contre BDS 34 participent de cette mobilisation générale pour affaiblir ce qui, à l'heure actuelle, est le plus puissant facteur de délégitimation de l'Etat colonial et terroriste d'Israël. Non pas que les  tribunaux français et le Préfet en question soient directement aux ordres de Netanyahu. Les choses sont beaucoup plus complexes : ils répondent seulement, dans leur logique autonome, à la double pression-injonction, s'exerçant aussi envers la classe politique et le gouvernement français, des officines pro-israéliennes (Licra et Crif principalement) qui ont pris place en première ligne dans ce dispositif d'offensive de l'Etat d'Israël. Avec le maître argument, absolument spécieux, que toute mise en cause de cet Etat relèverait de l'antisémitisme. 

Cette instrumentalisation de l'antisémitisme, lequel reste une menace à combattre sans hésitation, bien qu'elle affaiblisse précisément ce combat en tentant de l'enrôler dans la défense d'une politique d'Etat, celle d'Israël, attentatoire aux droits de l'homme, régulièrement condamnée par l'ONU et les associations de défense des droits humains, est pourtant assumée sans hésitation par les autorités françaises. Ce dont témoigne l'arrêté d'interdiction préfectorale opposé à BDS 34 (texte à lire ici).

Ce texte mérite que l'on s'y arrête tellement il laisse apparaître, dans un à peu près tout de même assez étonnant pour une instance prétendant s'adosser au droit et à la loi, des biais, voire des contrevérités qui, au fond attestent qu'il s'agit là d'un document exclusivement à charge. Au service d'une "décharge" dont nous avons évoqué plus haut le(s) bénéficiaire(s). Ce qui, sans que les anticapitalistes que nous sommes n'aient à faire rien d'autre que donner à lire, déconstruit de lui-même la prétention de l'autorité de l'Etat, en la figure emblématique du Préfet, à la neutralité ! Regardons d'un peu près ce méchant document et apportons tout de même notre grain de sel déconstructif.


Ce considérant, à lui seul, condense "l'esprit" du document : se positionnant en aval de la décision de faire intervenir la police, il cherche à en faire oublier l'amont. Dans une logique assez grotesquement contorsionnée, ces lignes tentent d'accréditer qu'il y eut "troubles importants à l'ordre public" qui auraient amené les "forces de l'ordre" à intervenir pour, logiquement, y remédier. Or, lisons bien la curieuse tournure argumentative adoptée dont la clé est dans le "en effet" : manifestation ->troubles->[en effet]->désobéissance des manifestants aux ordres de la police. Prenons un modèle de phrase plus anecdotique pour comprendre le tour de passe-passe qui est opéré ici : il pleuvait -> je me suis retrouvé trempé jusqu'aux os -> [en effet] -> j'avais oublié mon imperméable.

La chaîne linéaire de causalité, que le "en effet" rattrape de façon oblique, est en fait celle-ci : il pleuvait (cause 1)->j'avais oublié mon imperméable (cause 2) -> je me suis retrouvé trempé jusqu'aux os (effet). Soit dans notre phrase préfectorale : manifestation -> ordres de la police (cause) -> désobéissance des manifestants (effet 1) -> troubles (effet 2). Le "en effet" qui cherchait à... troubler l'ordre des causes et des effets doit être décodé en faisant apparaître 1/ qu'il y a eu une intervention de la police dont on se garde bien de dire qu'elle n'a été motivée (l'amont causal) par aucun trouble à l'ordre public des manifestants; 2/ que cette intervention a été légitimement perçue comme relevant d'un arbitraire, lequel arbitraire, comme tout arbitraire, ne peut qu'être contesté par un-e "citoyen-ne" digne de ce nom. Etant entendu que l'argument d'autorité, non légitimé, appelle nécessairement sa contestation (le Préfet ne doit plus avoir en tête certains bons auteurs de philosophie politique argumentant sur le droit à la contestation d'une autorité incapable de se fonder en légitimité). 3/ qu'enfin c'est cette intervention, sans cause de désordre du côté des manifestants, qui en fait a été la cause elle-même des troubles : les personnes rassemblées autour du stand de BDS ne visaient qu'à rendre effectif l'exercice de la liberté d'expression, ce qui en soi ne devrait évidemment pas être assimilé à un désordre. En revanche, contrevenant à cet exercice de liberté, de façon paradoxale car l'on pourrait s'attendre que les défenseurs de la loi défendent une liberté, les forces de police et celui qui commanditait leur intervention, le Préfet, ont porté atteinte non seulement à ladite liberté mais aussi à l'ordre public qui rend celle-ci réalisable.

D'où il ressort 1/ que les lignes que nous avons extraites de l'arrêté préfectoral sont une entrave à l'accès à la vérité des faits évoqués et qu'elles obéissent à une volonté de justifier l'injustifiable : la convocation à manifester par BDS le 31 octobre ne pouvait en aucune façon se voir imputer un trouble à l'ordre public le 17 octobre ni donc se voir opposer un arrêté d'interdiction ! et 2/ que la décision arbitraire d'empêcher la tenue du stand par BDS ce 17 octobre n'était que l'expression de ce qui a été mis en exergue dans la première partie de ce billet : le choix politique d'empêcher la dénonciation pacifique de la politique criminelle de l'Etat d'Israël menée à l'encontre du peuple palestinien !


Persévérant dans une démarche délibérée d'opacité sur les tenants et aboutissants de la situation visée, ces lignes n'apportent pas le début d'une preuve de ce qu'elles allèguent. Pas plus qu'elles ne fondent en quoi la manifestation convoquée par BDS, dont, là aussi, jamais la preuve n'a été apportée qu'il tolère dans ses manifestations l'expression de la haine, doive être comptable des propos haineux supposés être tenus à ce sujet sur des réseaux sociaux. Réseaux que l'on ne saurait confondre avec les medias ou pages réseaux propres à ladite organisation. A ce régime d'amalgame, c'est la liberté d'expression ou de manifestation qui n'aurait plus de raison d'être au prétexte du moindre propos haineux qu'elle susciterait ! Nous avons ici une argumentation préfectorale des plus attentatoires à ces libertés.


Ces lignes accordent une prime aux contre-manifestants de la part d'une autorité préfectorale à qui ne vient aucunement l'idée qu'il conviendrait de veiller à ce que lesdits contre-manifestants ne soient pas eux-mêmes une entrave à la liberté d'expression et de manifestation d'autres qu'eux-mêmes, en l'occurrence BDS. Un nouveau mécanisme d'inversion des données est ici à l'oeuvre : ceux qui exercent une liberté voient cet exercice subordonné à ce qu'impose l'expression de leurs opposants ! Il n'est curieusement pas envisagé que les affrontements invoqués, sans que la preuve soit apportée qu'ils aient bien eu lieu (et pour cause !), aient pu être le fait des contre-manifestants et que donc leur responsabilité puisse s'en trouver pénalement engagée ! La loufoquerie est à son comble quand il est indiqué que la LDH ait pu être de la contre-manifestation : cette organisation connaît certes une dérive plus que malheureuse qui l'amène à déposer une aberrante plainte pour antisémitisme contre deux militants de BDS 34, mais il n'est pas besoin de charger une barque qui prend déjà suffisamment l'eau. Le fait est que la préfecture ne sait visiblement pas de quoi elle parle ! Il y a, dans son document officiel contre BDS 34, à la fois trouble inadmissible, chez une instance dépositaire de l'autorité de l'Etat, dans l'exposé des faits et, sur cette base, affirmation d'une conception orientée (à charge de certains/à décharge d'autres) et limitative du droit de manifester qui vide de sens la liberté qui le fonde.


Outre que, comme nous venons de le dire, il n'y a aucune preuve apportée de la réalité de ces affrontements (ni donc des insultes racistes et antisémites qui y auraient été proférées) et qu'en l'occurrence il est, pour le moins, aventuré, voire choquant, de prendre pour argent comptant, sans jugement établi de la chose, ce qu'une des parties en dispute dépose être la réalité, il est proprement scandaleux de suggérer, par rapprochement abusif, que les "jugements" attendus le 12 novembre aient quelque chose à voir avec ce qui aurait pu se produire le 17 octobre. La procédure engagée par la LDH contre deux militants de BDS 34 (lire ici) et donnant lieu à la convocation du 12 novembre au tribunal remonte en effet au ... 4 octobre 2014, date du dépôt de plainte ! 

Nous ne nous attarderons pas sur d'autres aspects aussi contestables de ce texte aberrant à plus d'un titre, dont le moindre n'est pas qu'il est une machine de guerre contre des libertés fondamentales. Sourions seulement devant la découverte, après tant d'années ... "d'impunité", que BDS 34 aurait, par l'installation régulière de son stand sur la place de la Comédie, gêné la "circulation des personnes" ! Bel aveu involontaire d'une carence préfectorale à remédier au problème, carence promise elle-même à l'impunité ?

Terminons sur la mention que le Préfet de l'Hérault, si diligent à brider l'expression du soutien pacifique à la Palestine, tolère la tenue annuelle d'une journée de Jérusalem à Montpellier qui pourrait relever de la catégorie du trouble à l'ordre public par la proclamation, que ses promoteurs font illégalement, que Jérusalem est la capitale d'Israël. Trouble à l'ordre public aggravé par l'appui actif (y compris financier) que tant de responsables politiques, souvent élus à des charges publiques, apportent, parfois par leur présence, à cette manifestation.

Enfin, au niveau national, personne parmi les autorités de l'Etat ne s'avise d'interdire les activités avérées violentes d'un groupe comme La Ligue de Défense Juive (LDJ) qui s'est encore récemment distinguée par l'agression d'un journaliste (lire ici). Comme personne ne s'avise d'engager des procédures judiciaires à l'encontre du hacker Ulcan, protégé par Israël où il vit et responsable d'une série impressionnante de délits, ayant entraîné un décès, à l'encontre de personnalités solidaires de la Palestine (lire ici).

Ainsi va la "démocratie" française, véritable exception d'un Etat qui s'affranchit des règles élémentaires de droit dans son traitement ici de la situation qui prévaut en Israël et dans les territoires que celui-ci occupe ! Tant il est vrai qu'à soutenir un Etat  terroriste, on s'en trouve éclaboussé d'indignité !

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NPA 34, NPA

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