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Bien sûr, on ne peut réduire la complexité du terrorisme à une cause unique ...


... mais ne reléguons pas au statut de détail que la presque totalité des assassins de 2015 soient issus des quartiers de la politique de la ville.

De Mohamed Merah à Amedy Coulibaly en passant par les frères Abdeslam, ces jihadistes viennent de communes pauvres et surtout de zones urbaines sensibles.

De l’«apartheid social» après les attentats de janvier, au «aucune excuse sociale, sociologique et culturelle» après ceux de novembre, le Premier ministre a balayé le champ des questions posées à la nation par les attentats de 2015. Mais, s’il ne faut pas pardonner, il reste à expliquer et là, le désarroi est grand. Fin novembre, le président du CNRS, Alain Fuchs, a adressé à tous les chercheurs de France un appel à propositions pour mieux comprendre. Les propositions de recherches complémentaires, qui remonteront de cette consultation, porteront sans doute sur le rôle du wahhabisme dans l’émergence de l’islamisme, sur le suivisme géostratégique européen à l’égard des Etats-Unis et notre complaisance à l’égard de l’Arabie Saoudite, ou encore sur l’européanisation nécessaire des services de sécurité.

Mais, il y a un domaine dans lequel on dispose déjà de toutes les connaissances nécessaires pour mesurer son rôle dans ce terrorisme contemporain : les insuffisances de la cohésion sociale française et les échecs de l’action publique en direction des couches populaires. Cela fait trente ans que les chercheurs ont montré les erreurs de deux de nos politiques publiques : 1) une éducation nationale dont le but stratégique reste de sélectionner l’hyper-élite, celle des grandes écoles, au lieu de se consacrer, prioritairement, aux enfants déclassés- et qui se trouvent être souvent issus de familles musulmanes ; 2) un urbanisme qui concentre des populations de bas niveau social dans des territoires désormais trop vastes pour pouvoir être améliorés par les seuls élus locaux. Les interactions de ces deux erreurs rajoutent à la difficulté : les collèges, qui concentrent l’échec scolaire, réduisent d’autant l’attractivité des quartiers populaires. Cliquer ici

 A voir et à écouter et puis à lire...

« Il n’y a que les martyrs pour être sans pitié ni crainte, et croyez-moi, le jour du triomphe des martyrs, c’est l’incendie universel. » Cette phrase de Jacques Lacan résonne bien étrangement aujourd’hui. C’est le point de départ du livre d’Alain Bertho, Les Enfants du chaos, qui sort le 21 janvier à la Découverte.

Les États n’ont plus de compte à rendre au peuple, ils sont au service exclusif du marché. Les espaces politiques que nous avons connus sont aujourd’hui fermés, plus d’issue. La mondialisation n’a aucune boussole politique. Pour l’anthropologue Alain Bertho, « toutes les conditions sont réunies pour que des quêtes individuelles de sens de la vie et du monde rencontrent l’offre politique très contemporaine que constitue aujourd’hui le djihad. » Cliquer ici

Sur le rôle de la police dans les "quartiers" :  Violences policières à Pantin (Quartiers XXI 29/12)
  
Alain Bertho : éléments d'analyse du cours du monde énoncés en 2014...à revisiter à la lumière de l'émergence du djihadisme qu'aborde Les Enfants du chaos

Nous vivons assurément le temps des ruptures. Il en est une, majeure, qui nous affecte tous, c’est le basculement que nous vivons depuis une bonne vingtaine d’années, de l’âge moderne à un « autre chose » que nous ne parvenons ni à bien identifier ni, a fortiori, à bien nommer, le « post moderne » le disputant au « mondialisé »… Cette difficulté n’a rien qui puisse nous étonner. Agamben (2008) nous a montré en quelques pages la difficulté inhérente à la posture exigeante du contemporain qui identifie « le faisceau de ténèbres qui monte de son époque ». Cette difficulté est d’autant plus grande pour nous que l’épistémè qui se met en place sous nos yeux et dans les têtes a deux caractéristiques majeures, d’ailleurs assez étroitement liées : la fin de la politique au sens moderne du terme et le repositionnement nécessaire de la posture du savant, de ses paradigmes, de ses régimes de vérité.

Le premier constat mérite démonstration. L’hypothèse d’une « crise de la politique » est posée depuis près de trente ans (Bertho, 1996). La montée du phénomène émeutier dans le monde est observable depuis au moins 8 ans (Bertho, 2009). La rupture vécue subjectivement de la façon la plus violente est sans doute l’effondrement des dispositifs de représentation et d’identité collective sur lesquelles l’action publique s’est articulée dans la période moderne. Les disjonctions des logiques de pouvoir et des Nations comme peuples, des groupes sociaux et des formes d’organisation collective, des discours d’État et de l’intellectualité populaire laissent les « multitudes » (Negri-Hardt, 2004) ou les « singularités quelconques » (Agamben, 1990) en face à face direct avec l’État.

La péremption des modes subjectifs et institutionnalisés de représentation ne met pas seulement la « vie nue » (Agamben, 2003) face au pouvoir, elle met les gens les uns en face des autres dans des processus d’affrontements civils qui peuvent aller jusqu’au massacre pur et simple et qui justifient et renforcent l’intervention en extériorité du pouvoir au nom du rétablissement de l’ordre et de la paix civile. La péremption des identités sociales collectives qui, à l’instar des classes, permettaient de penser ensemble le multiple (même conflictuel) et l’ensemble (la Nation comme peuple), laisse le champ libre à des identités collectives non pas seulement diverses mais hétérogènes et qui peuvent s’affirmer de façon intolérante et exclusive (Bertho, 2007  ; Agier, 2013b). Bref l’épuisement de la figure moderne de la politique fragilise la notion même de société, pensée comme un tout diversifié et dynamique.

2005 : un consensus paradoxal  

Décider de donner à ces ruptures diverses le nom unique de « fin de la politique » mérite quelques explications. C’est l’analyse des situations réelles qui conduit à un tel choix, notamment l’analyse du consensus paradoxal observable au moment des événements français d’octobre-novembre 2005.

Les trois semaines de troubles qui ont suivi la mort de deux jeunes, Zyed et Bouna, à Clichy-sous-Bois le 27 octobre 2005, ont frappé le monde entier. Il y avait dans cet événement, son déclenchement, son ampleur, son arrêt même, un noyau résistant à toute tentative d’analyse politique ou savante mobilisant les paradigmes habituels. Ces événements (que nous appellerons émeutes) alimenteront longtemps les débats. La difficulté à nommer l’événement signale une difficulté tant savante qu’institutionnelle à le localiser dans un dispositif catégoriel social et politique. Inclassable, l’événement n’est pas nommable de l’extérieur et les mots de ses acteurs restent volontairement inaudibles (Merklen, 2006). Sans banderole, sans slogan, sans programme, sans porte-parole car profondément sans parole, ce soulèvement furtif de trois semaines demeure sans suite. Il ne génère ni grand récit, ni émules revendiqués, ni dispositif symbolique durable. Des événements similaires ont pu ensuite se produire en France ou ailleurs (Montréal 2008, Athènes 2008, Londres 2011,…) sans sembler construire une continuité subjective et référentielle. Contrairement aux révolutions passées, victorieuses comme vaincues, ces nuits de feu semblent ne rien fonder. Telles les émeutes anglaises d’août 2011 qui sont restées une sorte de parenthèse dans l’année du printemps arabe, des Indignés et d’Occupy Wall-Street.

L’affaire semblait bien entendue pour tous ceux qui observaient et commentaient l’événement depuis l’espace institutionnel ou médiatique : les actes aussi visibles que mystérieux que sont les incendies de voitures, de gymnases, de bibliothèques ou d’école pouvaient difficilement entrer dans le champ de ce qu’il est convenu d’appeler la politique. Ils étaient indexés à des faits en marge de la société nationale symbolisée par la République : immigration, islam, « quartiers difficiles », quand on ne convoquait pas la polygamie ou les gangs. La politique institutionnalisée et légitime a rejeté cette colère comme inassimilable à ses codes, ses conflits et ses enjeux.

La politique congédiée ?  

Un tel congédiement, une telle « disqualification politique » (Mauger, 2006) n’a pas été sans effet sur une partie de la communauté universitaire qui s’est mobilisée pour tenter d’identifier « le » politique dans ce désordre silencieux. L’auteur de ses lignes y a pris un temps sa part. L’exercice ne manquait pas de difficulté. Ainsi Gérard Mauger, s’adossant à Michel Offerlé (2006), préféra diagnostiquer un répertoire « protopolitique » de mobilisation collective, laissant à la séquence qui suit la révolte le soin de l’intégrer dans le périmètre politique, plutôt que d’en « politiser » le sens. Sur le terrain, des initiatives n’ont pas manqué d’émerger pour œuvrer à cette intégration comme la campagne en faveur de l’inscription sur les listes électorales de « jeunes de banlieues » en décembre, relayée par quelques figures du Showbiz, ou le Tour de France organisé pour la nouvelle association ACLEFEU [1].  

Mais dans le travail académique comme dans le débat public la dite intégration pouvait prendre deux colorations très différentes l’une de l’autre. D’un côté des auteurs comme Yann Moulier-Boutang (2005) revendiquaient le caractère politique en soi de cette révolte dont l’invisibilité auprès des acteurs institutionnels démontrerait les limites de la clairvoyance de ces derniers. Cette thèse n’est pas éloignée de la « policité » des quartiers populaires analysés par Denis Merklen (2009) à propos de ses enquêtes sur le Brésil : la politique populaire existerait indépendamment de sa lisibilité institutionnelle. 

Ce n’est pas tout à fait la position d’un autre analyste averti de 2005, Michel Kokoreff, pour lequel la politique s’identifie d’abord par ses pratiques de participation au débat public, par le militantisme et l’engagement de la génération précédente, par exemple (Kokoreff, 2003). Force est alors de constater que la politique sous cette forme a pris sa distance avec ces quartiers (Kokoreff, Lapeyronnie, 2013), et inversement. S’il y a de la politique latente dans « l’économie morale des quartiers », il lui faut « réintégrer l’espace commun » [2] et notamment la participation électorale qui en serait l’un des indicateurs. Nous ne sommes pas loin de la problématique de la nécessaire « traduction politique » qui est celle des acteurs institutionnels, des partis et des élus. La recherche d’une telle « traduction » butte sans cesse sur le constat de la crise de la représentation et des limites de la réponse qu’on lui a inventée il y a déjà trois décennies, la démocratie participative. 

Les éléments d’enquête dont nous disposons [3] nous conduisent à trancher de façon inattendue. Les intéressés eux-mêmes (les émeutiers), quand on peut les interroger dans les mois qui suivent, assignent sans appel « la politique » à l’exercice du pouvoir d’État et au débat sur ce pouvoir, comme une réalité qui leur est extérieure et destinée à le rester. Quand un jeune, interrogé sur sa participation à 2005 quelques mois plus tard, nous dit « non ce n’était pas de la politique, on voulait juste dire quelque chose à l’État », il faut prendre l’énoncé au sérieux de bout en bout. Il nous est dit clairement que ses actes étaient bien des paroles. Mais exit la « traduction politique » comme la « policité ». Le sens populaire du mot politique est aujourd’hui enfermé dans l’État et stigmatisé. Il ferme toute voie d’accès à son espace. Et lorsqu’on s’adresse à l’État, ce mot ne convient plus. C’est ce « mot manquant » qu’il convient d’identifier et d’analyser.  

[…] Cette figure moderne de la puissance subjective dont le nom propre fut durant deux siècles la politique est inséparable de l’idée de Révolution. Ce sont des projets révolutionnaires qui en ont décliné ses figures : République, Socialisme, Communisme, Libération Nationale. Ce sont des épisodes révolutionnaires internationaux qui en ont renouvelé l’idée au cours de ces deux siècles modernes : le « printemps des peuples » de 1848, la révolution russe et ses émules, les luttes de libération nationale qui ont conduit à la décolonisation. C’est cette figure qui s’épuise en 1968 dans ce qui ressemble à la clôture d’un cycle et dont nous cherchons aujourd’hui désespérément la présence dans les soubresauts du monde contemporain.  

 
C’est ainsi que « la politique », ce nom propre d’un élément clef de l’épistémè moderne, avait l’invisibilité de l’évidence partagée. Son sens s’imposait sans débat. Son épuisement historique et donc son absence dans les processus contemporains nous la rend paradoxalement visible. « Un seul fait social nous manque et tout est dépeuplé »…

C’est sur cette hypothèse que conduit le constat du phénomène croissant des émeutes et affrontements liés aux mobilisations dans le monde depuis plusieurs années. Elle a déjà fait l’objet de plusieurs publications et d’un film documentaire (Bertho, 2009, 2010a et 2010b, 2011, 2012b, 2013b). Pour une part cette séquence émeutière qui marque la clôture de la modernité politique nous renvoie aux émotions populaires qui l’avaient précédée (Nicolas, 2002). Pour autant, l’analyse du phénomène ne peut nous conduire à les lire comme un retour aux révoltes primitives (Hobsbawm, 1959).[…]

Dans ce nouveau cycle, l’année 2011 restera sans doute comme une référence fondatrice. Pourtant la révolte tunisienne, le soulèvement égyptien, les émeutes algériennes, le mouvement des Indignés espagnols, la mobilisation grecque contre l’austérité, les manifestations des étudiants chiliens contre les droits d’inscription universitaires, Occupy Wall Street, l’émeute du 23 juin à Dakar contre le projet de réforme constitutionnelle sont des événements assez hétérogènes, intervenant dans des contextes sociaux, nationaux, historiques différents. Chacune de ces « protestations » s’est confrontée à un pouvoir singulier dans des conditions historiques singulières dans des chronologies distinctes. Ce bouillonnement et cette diversité ne sont pas sans rappeler une autre année célèbre. Quoi de commun en effet, en cette fameuse année 1968 entre le « printemps de Prague », les grèves italiennes et françaises, les émeutes qui ont suivi l’assassinat de Martin Luther King aux USA, celles qui ont suivi l’attentat contre Rudi Dutschke en Allemagne de l’Ouest, le mouvement étudiant américain contre la guerre du Vietnam, les émeutes étudiantes à Tokyo, et le massacre de Tlatelolco dix jours avant l’ouverture des Jeux Olympiques de Mexico ? L’âge des protagonistes sans doute. Comme en 2011.

Mais l’empreinte commune laissée par ce surgissement générationnel a marqué les décennies suivantes. Il y avait entre ces acteurs de « 1968 » des éléments de subjectivité en partage qui, au delà de l’évidente diversité objective des situations, faisaient sens au cœur de l’événement, constituaient la nature même de cet événement. En 2011, il ne manque pas de traces d’un tel partage subjectif. Le site du mouvement Occupy Wall Street fait référence au printemps arabe [4]. Au lendemain des émeutes de Dakar du 23 juin contre la tentative de réforme constitutionnelle proposée par le président Wade, le journal Le Populaire titre : « de jeunes manifestants transforment la place Soweto [5] en Place Tahrir ». Si le symbole de ralliement est presque toujours le drapeau national, c’est le masque de Guy Fawkes, popularisé par V comme Vendetta [6] et devenu l’emblème des Anonymus, qui sert de fil rouge intercontinental. […] 

En envahissant la place Tahrir et en s’y installant jusqu’à la victoire, les Egyptiens dépassent tout à la fois la crise profonde de la représentation politique et l’immatérialité des « réseaux sociaux » qui facilitent leur mobilisation. Ce « nous sommes le peuple et nous sommes là » est sans doute la grande invention collective de l’année. Elle aussi connaîtra des répliques : le 5 mai à la Puerta del Sol à Madrid, à partir du 25 mai en Grèce, le 17 septembre à New-York, puis dans des centaines de villes dans le monde.

Révolutions ? Dès janvier 2011, ce mot ressurgit des souvenirs des siècles passés. Gardons-nous des ressemblances hâtives. « Ce n’est pas parce que les hommes changent de mœurs qu’ils changent de vocabulaire » prévenait Marc Bloch (1941). Les mots ont leur histoire propre, lourde de sens et chargée de pièges. Quelles est donc le sens contemporain de ces révolutions dans lesquelles des soulèvements populaires d’une ampleur et d’une détermination exceptionnelle débouchent sur ce qui ressemble plus à des coups d’État militaires salués par une surprenante standing ovation ? 2011 n’est ni 1789, ni 1792, ni 1848, ni 1917. Il n’y a ni prise des Tuileries, ni prise du Palais d’hiver. Ces peuples insurgés ne réclament pas le pouvoir. Ils ne réclament pas non plus l’abolition de tous les pouvoirs, ni une improbable « extinction de l’État ». Ils réclament le droit à un pouvoir qui les considère et qui les écoute. On n’en est même pas au mandar obedeciendo (gouvernement obéissant) souhaité par les Zapatistes du Chiapas.

Les soulèvements tunisien et égyptien ont germé dans le terreau émeutier. Les acteurs des soulèvements populaires ne sont pas ceux qui, dans l’espace de l’État, vont tenter d’en tirer toutes les conséquences. Cette disjonction qui marque depuis des années le phénomène émeutier n’est pas abolie par ces émeutes qui gagnent. Au milieu d’un phénomène statistiquement toujours croissant, les années qui suivent sont marquées par de grandes mobilisations qui, d’un continent à l’autre, s’inscrivent de façon similaire sur plusieurs points : la confrontation avec le pouvoir, l’absence de stratégie de pouvoir, l’émergence d’un « nous populaire » régional ou national. On retiendra la révolte de la région d’Aysen au Chili, le Printemps Erable au Québec en 2012, les soulèvements de la jeunesse urbaine en Turquie et au Brésil en 2013… partout se marque une rupture entre les peuples et les pouvoirs. Partout la « politique » devient pour des millions de gens le nom de la corruption, du mépris des peuples, de l’autisme gouvernemental. 

Il y a bien cette puissance subjective dont nous parlions au début. Les pouvoirs sont ébranlés d’une façon ou d’une autre. Mais cette puissance subjective populaire ne porte pas une figure d’alternative au pouvoir en place. La question de l’État y est posée en extériorité. La « traduction politique » de la mobilisation est impensée et impensable. En fait ces mobilisations collectives contemporaines buttent sur deux autres incertitudes articulées l’une à l’autre : l’avenir et le possible.

 

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