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Message du NPA 34 aux Kurdes de Montpellier...


 ... pour leur invitation à la soirée organisée par le centre kurde à Saint-Jean-de-Vedas (34) en commémoration du 37e anniversaire de la fondation du PKK (Parti des Travailleurs du Kurdistan)


Chers amis, chères ami-es kurdes,


Il y a de terribles coïncidences dans les attentats qui ont endeuillé vos camarades à Ankara et ceux de Paris. Ils ont eu lieu, quasiment le même jour, à un mois près, et ils ont provoqué chacun un effroyable bilan de 128-130 morts.
Dans les deux cas, la pensée des militant-es du NPA, va aux victimes, aux familles en deuil comme aux blessé-es et à leur famille. Et dans votre cas, à vos organisations. Notre émotion est grande et nous en faisons le coeur de notre solidarité avec le peuple kurde comme avec notre peuple. Mais, si l'on ne veut pas permettre aux assassins de gagner la partie, il nous faut adosser à cette émotion des analyses et des réponses politiques. Car ce que ceux-ci veulent abolir, en même temps qu'ils ont tué et massacré des gens, c'est la politique.
 

Nous ne reviendrons pas, dans ce message à vous adressé, ami-es kurdes, sur notre opposition à l'état d'urgence proclamé ici, en France, totalement inefficace contre le terrorisme mais tentant de museler les oppositions aux politiques anti-écologiques et antisociales du gouvernement de Manuel Valls.

Ami-es kurdes, concernant l'attentat d'Ankara, qui n'est que le dernier d'une série vous visant, nous dénonçons avec vous la responsabilité politique, à défaut de responsabilité directe dans l'attentat lui-même, du gouvernement Erdogan. Ses services de renseignement et sa police si efficaces pour traquer les opposants politiques au régime, sont devenus étonnamment impuissants à arrêter le bras des criminels qui...ciblaient, il n'y a pas de hasard, ceux et celles que précisément le gouvernement cherche par tous les moyens à briser, les opposant-es kurdes ! Cette convergence d'objectifs en Turquie ne fait que mettre en évidence l'engagement logistique, financier et militaire de Erdogan en Syrie auprès d'organisations djihadistes combattant le régime d'Assad mais aussi, à travers Daech, entravant, par une agression militaire de grande ampleur, la consolidation d’une région autonome kurde (sous la direction du PKK-PYD). 

En Syrie comme à l'intérieur de la Turquie c'est à une politique de terreur contre le peuple kurde et ses organisations, ses associations, sa presse que s'adonne le régime. L'assassinat du président du Collège des Avocats deDiyarbakir, Tahir Elçi (voir ici aussi), est la preuve la plus récente de cette politique criminelle qui n'hésite pas à recourir à certaines forces de l’extrême droite fasciste (voir le soutien du mafieux-fasciste Sedat Peker à Erdogan contre le "terrorisme", c'est-à-dire contre les Kurdes). 


Tout ceci signe une stratégie de guerre civile, bombardant les positions du PKK en Irak, emprisonnant des centaines de militants et d'élus HDP, terrorisant des villes entières dans la province à majorité kurde du sud-est de la Turquie.

Malgré la dérive despotique de Erdogan, ses liens avec les djihadistes, les meurtres de militants, les emprisonnements massifs, Hollande et le gouvernement français continuent à le soutenir obstinément. Pour protéger quels intérêts ? Des contrats juteux pour quelles entreprises ?

Comme pour toutes les guerres menées par gouvernement français en Afrique et au Moyen-Orient, nous réaffirmons que le soutien aux dictateurs comme Erdogan ne doit pas se faire en notre nom ! Les peuples et les travailleurs de Turquie comme ceux de Syrie ont tout notre soutien dans leur lutte contre tous leurs oppresseurs. 

Solidarité avec le HDP !

Retrait du PKK de la liste des organisations terroristes !

Arrêt du soutien du gouvernement français à Erdogan !

Ouverture de nos frontières aux réfugiés pour un accueil digne !

Fourniture d'armes par les gouvernements de l'UE aux combattants kurdes de Syrie engagés à la fois contre Assad et contre Daech !

NPA 34, le 4 décembre 2015

Photos : les représentants kurdes au meeting de notre parti hier soir, vendredi 4 décembre (voir ici).

Sur la lutte des Kurdes

En préambule

Le Kurdistan s'étend dans le sud-est de la Turquie (210 000 km2), dans le nord-est de l'Irak (83 000 km2), dans le nord-ouest de l'Iran (195 000 km2) et sur deux petites régions au nord-est et au nord-ouest de la Syrie (15 000 km2). Sur ces quatre pays, seuls deux reconnaissent officiellement une région sous la dénomination de « Kurdistan » : l'Iran avec sa province du Kurdistan et l'Irak avec sa région autonome du Kurdistan (note Wikipedia).

... en Turquie

 
Partis et organisations

Parti de la Justice et du Développement (AKP). Parti de Erdogan. Dirigé par Davutoglu, premier ministre. Parti conservateur islamiste au pouvoir qui cherche à combiner l'héritage musulman et une modernité bourgeoise autoritaire. Au pouvoir depuis 2002. De plus en plus autoritaire et antidémocratique. L'AKP se pose en rupture avec l'ancienne élite de l'establishment laïque kémaliste. Il dispose d'une importante base populaire dans les campagnes et les petites villes, même s'il défend un programme bourgeois.

Parti démocratique des peuples Barış ve Demokrasi Partisi (HDP). Parti pro-kurde légal. A obtenu la majorité aux élections municipales dans la région kurde. Défend la parité hommes-femmes. Dirigé par Selahettin Demirtas.
Élections 06/15 : 13% (80 députés). 11/15 10 % (56 députés)

Demokratik Toplum Partisi DTP. Parti de la Société Démocratique. Principal parti kurde. Interdit en 2010. 

Parti démocratique des régions (DBP). Prokurde.

Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Mouvement clandestin et armé. Interdit en Turquie. Organisation politico-militaire "marxiste-léniniste" fondée en 1978 par Abdullah Öcalan, en prison depuis 1999 sans droit de visite sur l'île d'Imrali, en mer de Maramara.
Le PKK mène depuis 1984 une lutte armée contre l'Etat turc pour obtenir une autonomie politique ainsi que des droits culturels et linguistiques pour le Kurdistan de Turquie.

YDG-H Mouvement de la jeunesse patriote révolutionnaire. Lié au PKK. Mène des actions d'autodéfense dans les villes.

Democratic Union Party (PYD). Branche du PKK basée dans la nord de la Syrie. 

Union des communautés kurdes (KCK). Branche civile et clandestine du PKK. Nébuleuse semi-clandestine qui constitue une administration parallèle. Subit des vagues d'arrestations dans tout le pays.

Chronologie

2011  
En juin, élections largement remportées par l'AKP d'Erdogan La candidature de plusieurs dirigeants Kurdes a été invalidée. Le 28 décembre, les forces aériennes de l’armée turque tuent 34 citoyens kurdes de Turquie dans le village de Uludere, à la frontière avec le Nord de l’Irak. La plupart d’entre eux sont des adolescents. 79 journalistes kurdes sont arrêtés. 

2012 
En novembre, 10.000 prisonniers kurdes font la grève de la faim pour le droit d'utiliser leur langue, leurs conditions de détention, la libération d'Abdullah Ocalan. Cessez-le-feu avec le PKK.

2013  
En janvier, la sociologue et féministe turque, connue pour ses travaux sur les minorités comme les Kurdes, Pinar Selek, est condamnée sans preuves à la prison à vie. Elle est réfugiée politique en France. 

2014  
En août, élection présidentielle au suffrage universel. Victoire de Erdogan (52 %). Le représentant du parti pro-kurde, Selahettin Demirtas, obtient presque 10% des suffrages.

2015 
En juin, élections législatives. L’AKP (41 %, - 10%) perd la majorité absolue. Le parti kurde HDP obtient 13% (80 députés).
En juillet, rupture de la trêve avec le PKK. Le gouvernement relance la guerre contre le PKK.
Le 10 octobre, un attentat à Ankara contre des manifestants pacifistes, dont beaucoup de manifestants du HDP, fait 102 morts (le chiffre a été revu à la hausse).
En novembre, élections législatives remportées par l’AKP (49,5 %) qui regagne une majorité parlementaire.

... en Syrie

 
Kurdistan syrien (Rojava). Trois millions de Kurdes. Le Kurdistan syrien est appelé Kurdistan occidental (en kurde : Kurdistana Rojava).

Partis et organisations 

Parti de l'Union démocratique (PYD). Principal parti kurde de Syrie. Le PYD nie tout lien organisationnel avec le PKK turc, mais il a été fondé par des membres syriens du PKK et proclame la même ligne idéologique. Chef : Mohammed Salh Muslim. 

Unités de protection du peuple kurde (YPG).   

Conseil national kurde. Abdulbaset Sieda. Dans l'opposition.
 
Chronologie

2011  
Le 17 février, un jeune se fait tabasser dans la rue par des policiers pour une probable simple contravention de circulation en plein centre de Damas. Aussitôt une manifestation d'environ 3.000 citoyens proteste, les manifestants crient pour la première fois « le peuple Syrien refuse d'être humilié ».
Mars. Début du soulèvement anti-Assad. 

6. Les services de sécurité arrêtent à Daraa, près de la Jordanie, une quinzaine de garçons de moins de 15 ans. Influencés par les révolutions égyptienne et tunisienne, ils ont tagué sur le mur de leur école « le peuple veut renverser le régime ». Ils appartiennent à la majorité sunnite du pays. Ils sont torturés sauvagement par le chef de sécurité Atef Najib, le neveu du président.
15. Une trentaine de jeunes manifestent à la mosquée d'Omayyad dans la vielle ville de Damas, réclamant la liberté et la dignité. Tous sont arrêtés. 

18. Déclenchement du processus révolutionnaire mais toujours pacifique. Dans la ville de Daraa, une manifestation pacifique de masse envahit les rues réclamant la libération des enfants, le châtiment de ceux qui les ont torturés, la destitution du gouverneur et la levée de l'état d'urgence. La riposte des forces de sécurité est d'utiliser les armes à feu contre les manifestants pacifiques. Des centaines des morts et des blessés, des détentions. 

Au printemps, la révolte entre dans une deuxième phase, celle de la militarisation. Des “officier libres” désertent. Une Armée de la Syrie Libre est constitués (ASL). Cette évolution donne prétexte à Assad pour libérer plus de violence encore : chars, aviation, mortiers lourds.

Bachar Al-Assad fait libérer 700 islamistes. Parmi eux trois dirigeants vont exercer un hold-up sur la révolution syrienne pacifique en vue de la militariser et de l’islamiser.

En octobre, assassinat de l'opposant kurde Mechaal Tamo.

2012  
Le PYD (Kurde, lié au PKK) prend le contrôle des régions kurdes de Syrie et y établit des institutions autonomes.

2013
Au printemps, attaqués frontalement, le PYD et le PKK mènent une lutte acharnée contre les islamistes du Front el-Nosra au nord de la Syrie.

2014 
Début juin, l’EI (Daech) lance une vaste offensive en Irak, s'emparant en quelques dizaines de jours de vastes pans du territoire, face à une armée fédérale incapable de stopper sa progression.
En septembre, les Kurdes sont attaqués frontalement par le groupe EI qui encercle Kobané. Début août, une coalition internationale menée par les Etats-Unis est mise en place et commence bombarder des positions djihadistes à Kobané.

2015  
En janvier, les forces kurdes, soutenues par les frappes aériennes de la coalition, reprennent après une résistance acharnée le contrôle de Kobané et en chassent les djihadistes du groupe EI.

  ... en Irak


Population : 35,1 millions d'habitants.
5 millions de Kurdes (15-20%) dont un million à Bagdad.
Religions : 97% de musulmans dont 60 à 65% de chiites, 32 à 37% de sunnites. Chrétiens et autres : 3%. Les Yézidis, dans la région de Sinjar, sont des Kurdes adeptes d’un monothéisme hérité du zoroastrisme.

Partis et organisations 

Parti démocratique du Kurdistan. Dirigé par Masssoud Barzani, héritier de Mustapha Barzani. Dirige la région d'Erbil. Ses services secrets s'appellent Parastin et sont dirigés par Masrour, le fils de Massoud Barzani.

Union patriotique du Kurdistan (UPK). Dirigée par Jalal Talabani (président de l'Irak). Dirige la région de Souleimaniyé.

Goran ("Changement"). Parti kurde créé en 2009 et dirigé par Nawshirwan Mustafa. Lutte contre la corruption.

Chronologie
 
2003 
 Invasion militaire américaine des Etats-Unis. Elle est entreprise en prenant pour prétexte de gros mensonges (armes de destruction massive, nécessité de détruire Al-Qaïda – bien qu’il n’y a aucun lien entre Al-Qaeda et l’Irak).
Le 9 avril, l'armée américaine prend possession de Bagdad. Chute du dictateur Saddam Hussein. Grand pillage de Bagdad. 

Le pouvoir sunnite est renversé au profit de la majorité chiite. Destruction de l’Etat et destructuration de la société. L’impérialisme américain met en place un régime politique faible et corrompu reposant sur les quotas confessionnels. Les politiques « d’éradication du Baath » contribuent à exclure des centaines de milliers de fonctionnaires, les militaires irakiens de l’ancien régime, ce qui exacerbe chez eux une hostilité illimitée envers le régime mis en place par l’occupation américaine. Le djihadisme profite de cette situation.

2004  
Massacre de Falloujah. En novembre, l'armée américaine d'occupation, avec les forces armées du gouvernement irakien mis en place, lance l'opération Phantom Fury, une offensive contre Falloujah (300 000 habitants), la seconde ville de la province irakienne d'Al-Anbar, qui échappe au contrôle de l'occupant. Les États-Unis engagent 10 000 à 15 000 hommes du IIIe corps américain ainsi que 2 000 supplétifs irakiens. Diverses sources humanitaires parlent de 4 000 à 6 000 civils tués.
Des sunnites se tournent alors vers Al-Qaeda.

2005
En décembre, élections législatives. Victoire de Nouri al Maliki, intégriste chiite proche de l'Iran. La mise en place d’un système politique basé sur le confessionnalisme politique provoque une guerre confessionnelle terrible opposant groupes extrémistes chiites et sunnites entre 2005 et 2008, provoquant une moyenne mensuelle de 3 000 morts.

2011
En décembre, les troupes états-uniennes quittent l'Irak après huit années d'occupation : 100 000 morts irakiens, 4 500 soldats américains tués, 3 000 milliards de dollars dépensés par Washington, 4 millions d'Irakiens exilés, 1,75 millions d'Irakiens déplacés dans le pays.

2012  
Un mouvement pacifique sunnite se développe, en reprenant les slogans du Printemps arabe. L'armée irakienne bombarde les manifestants à Mossul, Tikrit, Falloujah, provoquant un basculement de la communauté sunnite vers Daech.

2014   
En janvier, prise de Ramadi et Fallouja (60 km à l'ouest de Bagdad) par Daech.
Aux élections législatives d’avril, le bloc de Al- Maliki arrive en tête. Il fait le choix autoritaire de marginaliser les minorités sunnites et kurdes.

Le 6 juin, prise de Mossul, deuxième ville d’Irak, par Daech qui y récupère des stocks d’armes. Mossul  tombe grâce à une alliance tribale, le chef de Mossul ralliant Daech. Destructions au musée de Mossoul.
En juillet, proclamation d’un Etat islamique sunnite par Daech.
En août, les combattants de Daech déferlent vers le nord. Fuite des chrétiens et des yézidis.

2015 
En mai, prise par Daech de Ramadi, capitale de la province de l'Anbar, dans l'ouest du pays.
En novembre, la ville de Sinjar est reprise par les Kurdes.

 ... en Iran


Le pays compte 6,5 millions (9%) de Kurdes dont les deux-tiers sont sunnites. 

Partis kurdes, tous d'opposition :

Front kurde uni.

Parti démocratique kurde iranien (PDKI). Son leader, Abdul Rahman Ghassemlou, a été assassiné à Vienne.

PJAK. Branche iranienne du Parti des travailleurs du Kurdistan. Après avoir mené une importante offensive contre les rebelles kurdes (été 2011), le pouvoir à Téhéran a signé une trêve avec le PJAK.

Chronologie


2005  
Élection à la présidence de Mahmoud Ahmadinejad. Cuisante défaite de Rafsandjani.

2009  
A partir de juin, vague de manifestations du "Mouvement vert" après la réélection frauduleuse d'Ahmadinejad à l'élection présidentielle. Des millions d'Iraniens protestent dans la rue. Pour le guide suprême Khamenei, la victoire est"indéniable et divine". Il est conspué par la foule. Répression sanglante des mouvements menée par les pasdarans et leurs bassidjis. Durant l'été, plusieurs centaines de protestataires tués. Des milliers d’opposants internés et torturés. Les pasdarans sauvent le régime.

2010  
En mai, 16 prisonniers politiques kurdes sont pendus. Cela provoque des émeutes dans les régions kurdes.

2012  
Les 2 mars et 4 mai, élections législatives. Les partis réformateurs décident de ne pas y participer. La candidature de plusieurs dirigeants Kurdes est interdite. Au premier tour, les partisans d'Ahmadinejad sont battus à plate couture.

 Infos tirées du site d'Inprecor : http://www.inprecor.fr/home

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 NPA 34, NPA

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