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Manifs de flics. Montpellier en bleu-kaki : mini-laboratoire hypersécuritaire pour démocrature avancée ?


"Policiarisation" et militarisation de la société, criminalisation des déviants ? Le Front National débordé sur sa droite ?


26 Octobre 2016, Montpellier, une vingtaine de personnes manifestent contre les violences policières et en hommage à Remi Fraysse assassiné par la police le 26 octobre 2014. Surprise les militaires sont de la partie (voir photos).

26 Octobre 2016, Montpellier, une vingtaine de personnes manifestent [sur la place de la Comédie] contre les violences policières et en hommage à Remi Fraysse assassiné par la police le 26 octobre 2014. La BAC, puis les gardes mobiles.

Ces manifestants, s’ils crient avec force des slogans tels que "pas de justice, pas de paix", ne manifestent aucune violence, ne sont armés que de pancartes sur lesquelles sont inscrits le noms des personnes abattues, en toute impunité, par la police.
Au même moment, à l’autre bout de la place se tient une manifestation de policiers dont nous bloquons le parcours. Nous sommes une vingtaine. A 13h30, quatre véhicules militaires pénètrent sur la place. Cliquer ici




  
Sous la menace liberticide bleu-kaki, le rose socialaud 



Quand certains tracts, laissés sur les murs des tribunaux, proclament « Policiers agressés – République en danger », il est utile de rappeler que si les agressions de policiers mettent en danger les policiers, et affectent le maintien de l’ordre, ce sont les manifestations illégales de policiers et leur tentative d’intimidation de toute l’institution judiciaire qui mettent, elles, en danger la Démocratie et l’Etat de droit. Cliquer ici

Note : sur la notion d'Etat de droit lire le billet de Flic Flac "Cagoule avec tête de mort, poing américain et drapeau tricolore, la rue livrée aux sauvages de l'hypersécuritaire ! (Point de vue)" dans la page Policiers hors la loi ? Le législateur dit OK, on vous couvre ! 

Précisons ici que la formule employée par le SAF ("la Démocratie et l’Etat de droit") permet de cadrer relativement la notion et de contrecarrer la dérive que la seule référence à "l'Etat de droit" induit comme le souligne Flic Flac : cependant plutôt que d'en référer en dernière instance, à l'Etat dont tant de choses démentent qu'il soit (ou puisse "redevenir") un Etat de droit démocratique, il serait probablement plus approprié de lever le seul drapeau des "droits démocratiques" contre l'Etat tel qu'il est, dans son actuel ... état de déliquescence liberticide que révèlent, d'une part, les agressions policières de haute intensité menées, depuis longtemps, contre les "quartiers" et, récemment, contre les manifestant-es opposé-es à la loi "travail" et, d'autre part, les manifestations de flics aujourd'hui  !

Militaires interventionnistes dans une manifestation : le précédent de Strasbourg en avril dernier


Commentaire sur cet article : ne nous laissons pas leurrer par les réserves du ministre de la défense quant à l'implication de militaires dans le cas de Strasbourg et le refus implicite que cela se reproduise. On comprendra la tactique de ce ministre visant à désamorcer au plus fort des actions contre la loi "travail" toute fixation sur cette implication, contre les manifestant-es anti-loi "travail", de miiitaires mobilisés dans le cadre de l'état d'urgence contre le terrorisme ! La notion d'antiterrorisme reste très élastique et sert à justifier l'accroissement des mesures répressives jusque là exclusivement policières contre le mouvement social. Le fait qu'à Montpellier des militaires aient pu, sans se faire aucunement "recadrer", intégrer une opération de "maintien de l'ordre" traditionnellement dévolue à la police, créé un précédent politiquement en phase avec l'instauration progressive d'un Etat de plus en plus policier. Et cela, à l'heure où cette police tend de plus en plus à se militariser (et à demander que cette logique s'accentue) et où donc il n'y aurait, sous quelques conditions politiques favorables, que quelques pas supplémentaires à franchir pour que cette militarisation rampante soit assumée ouvertement par ses acteurs "naturels" ! Ce qui s'est passé à Montpellier pourrait à ce titre, par-delà ce qui se donne à voir comme "accidentel" et anecdotique sans plus de conséquence (mais rien n'est anecdotique et sans conséquence quand la police et/où l'armée occupe(nt) la rue !), être considéré comme un test à méditer dans les bureaux feutrés de certains ministères : quand la police manifeste et que le gouvernement leur reconnaît ce droit en toute illégalité, qui, au fond, mieux que l'armée peut protéger ces manifestant-es, indisponibles pour leurs tâches habituelles de "maintien de l'ordre", venu-es "de l'autre côté du miroir" et intimider les manifestant-es ordinaires exerçant leur légitime et légale liberté d'expression ? A méditer surtout par ceux qu'alertent tant de signaux convergents de réduction des libertés démocratiques comme moyen de réduire les droits sociaux dans un contexte d'extrême-droitisation de l'échiquier politique institutionnel !


L'idéologie FN chez les flics


Plus de ​50% des policiers et militaires ont voté FN en 2015 - Libération

Présidentielle 2017 : policiers et gendarmes prêts à voter pour Marine Le Pen

 

Pour débattre

Troupes de choc !

Mieux comprendre la police avec « Engrenages » 

 

C'est un ex-flic qui le dit...   

 

"Peut-on admettre que ces manifestants, policiers ou pas (car à l’évidence, certains ne le sont pas), marchent, masqués et armés vers le Palais présidentiel… cela ressemble tellement à un putsch qu’il y a de quoi avoir des sueurs froides. Cela n’a rien à voir avec une réaction émotionnelle liée à l’agression ou à la mort d’un collègue."

"Il faut relativiser l’importance du mouvement : 100 manifestants représentent moins de 0,1 % des corps actifs de la police."

[Note : Notre "bon policier" sous-estime l'impact politique de cette minorité de bleus qui déploie dans l'espace public des revendications que lui-même critique car "provocatrices". Il oublie ces lourds déterminants politiques que sont le massif déplacement électoral de la corporation policière et gendarmesque vers l'extrême droite (lire ci-dessus) et l'absence de réaction de la majorité qui ne "collerait" pas à l'action de la minorité agissante. Minorité qui bénéficie de l'écoute attentionnée d'un gouvernement qui a couvert toutes les exactions de sa police lors de la récente mobilisation contre la loi "travail" comme il avait couvert les gendarmes impliqués dans la mort de Rémi Fraysse!]

"La justice est de plus en plus répressive – et d’ailleurs nos prisons débordent. Les procureurs sont devenus de superflics et souvent couvrent les bévues, voire les bavures, de leurs « subordonnés »."

"Quant à la présomption de légitime défense, c’est un « marronnier » politique. Déjà en 2012, certains policiers ont réclamé un changement de la législation. Et plus loin encore, si j’ai bonne mémoire. Mais comment écrire dans le Code que si un policier tire et tue, il ne sera pas poursuivi ! C’est impossible. Car, lorsqu’un homme meurt, même si c’est la pire des crapules, il est normal qu’il y ait une enquête. Et c’est celle-ci qui va déterminer une éventuelle responsabilité du fonctionnaire ou de l’administration.

D’ailleurs, contrairement à ce qui se raconte, la présomption de légitime défense des forces de l’ordre est prise en compte par les magistrats, dans le cadre de leur enquête. Aussi, lorsque j’entends un député dire qu’il serait illégal pour un policier de tirer sur un terroriste armé d’une kalachnikov, à moins qu’il ne soit directement menacé, je tombe sur le cul. On lui colle une balle entre les deux yeux, point barre ! Et l’enquête se limitera à quelques lignes."" Cliquer ici

 Mélenchon "avec la police" !

 

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A Montpellier encore !

 

Cliquer ici

 

 Dernière minute : à Montpellier nous avons eu une convergence de la police et de l'armée. Il se vérifie (il se confirme en fait) qu'il existe une autre convergence créant ainsi un triangle des Bermudes des droits humains et des libertés... Avec cette fois très significativement des migrants comme victimes... (témoignage reçu par mail ce jour. De légères modifications ont été faites, en particulier d'anonymisation des personnes)

SCANDALEUX !!! Ici, à Montpellier, voici comment la MILICE de la TAM (le tram de la ville) assure l'Ordre et la Sécurité, en toute impunité et avec le soutien de nos forces-de-police-tellement-mal-aimées-les-pauvres. 
 Voici les faits, rien que les faits, rapportés par la personne qui héberge ces deux demandeurs d'asile. Un appel à témoins a été lancé, faites-vous connaître si vous avez assisté à cette honte, et surtout PARTAGEZ pour soutenir la plainte déposée ce matin, et que quelqu'un, peut-être, enfin, fasse cesser ces agissements terroristes au sein de notre belle République.
Jeudi 3 novembre 2016
CONTEXTE M Y et A G A sont deux jeunes demandeurs d’asile soudanais arrivés en France le 10 septembre 2016. M parle assez bien l’anglais et parle l’arabe. A G ne parle que l’arabe soudanais.
Pour fuir le génocide des tribus d’origine africaine au Darfour, où ils ont vécu torture, attaques multiples, enlèvements, viols et assassinats de membres de leurs familles respectives, ils sont partis vers le Tchad et la Lybie où ils ont connu esclavage et torture avant d’arriver à passer la Méditerranée.
Un réseau de familles d’accueil se relaie depuis leur arrivée pour les héberger et les soutenir. Ils ne possèdent rien, à part leur papier de demande d’asile et leur téléphone portable que leur ont offert l’une ou l’autre famille.
Ils ont tellement peur de perdre leurs papiers qu’ils les cachent en-dessous de leur matelas, même quand ils dorment en famille.
LES FAITS
Jeudi 3 novembre, M et AG prennent le tram 1 direction Mosson à l'arrêt Corum. Ils vont à l'arrêt Occitanie. Il y a du monde, M ne trouve pas sa carte tout de suite. La carte est validée pour eux deux à 15h32 et à 15h33. Au moment où la carte est poinçonnée, le tram n'est pas encore arrivé à la station suivante, Louis Blanc. Pour information, leurs cartes de transport sont payées par les familles qui les accueillent, ils savent que c’est important de les valider, et vérification faite sur les autres cartes, ils les valident ponctuellement à chaque déplacement.
Pour mémoire, et vérification faite, il y a entre Corum et Louis Blanc, entre le moment où les portes se ferment à Corum, et le moment où elles se rouvrent à Louis Blanc, entre 54 et 56 secondes.
A l’arrêt Louis Blanc, des contrôleurs de la TAM montent dans le tram.
Les contrôleurs leur disent que leur titre de transport n'est pas valable parce que validé "trop tard". Ils les font descendre tous les deux du tram à Louis Blanc et leur demandent leurs papiers. M, qui parle anglais, leur dit qu’il ne comprend pas pourquoi on leur dit qu’ils ne sont pas en règle. Il se dit prêt à montrer ses papiers, mais demande ce qu’ils vont en faire parce qu’il a peur qu’on les lui prenne. Il propose d’aller faire une déclaration à leur bureau, ça lui semble plus officiel et plus rassurant que de se faire prendre ses papiers dans la rue. Ils ont tous les deux peur qu’on leur prenne leurs documents et qu’on ne les leur rende pas, et ne veulent pas les donner dans la rue. Les contrôleurs appellent la police. Vérification faite par téléphone auprès de la police, ils sont appelés par la TAM « pour appréhender deux individus sans titre de transport et qui refusent de décliner leur identité ».
Deux policiers arrivent très rapidement, environ deux minutes plus tard. AG et M sont séparés et placés chacun dans un coin, un peu à l’abri des regards. A G, protégé des regards par un rideau de contrôleurs de la TAM, est appuyé contre une paroi. Il ne comprend pas un mot de français. Il sort son téléphone portable pour essayer d’appeler une famille amie. Un policier le lui arrache des mains en lui ouvrant complètement la main et en lui retournant les doigts. Il ne reverra plus son téléphone. Ce téléphone contenait le peu qu’il a, notamment le contact de l’unique témoin qu’il a au Soudan des mauvais traitements subis au Darfour, et l’unique photo de son fils. Un policier lui maintient les mains derrière le dos, en enfonçant ses ongles dans la chair du bras pour le maintenir, un autre lui donne un coup de poing avec une main gantée sur le côté droit du visage, un « coup de boule » de la tête en plein milieu du visage, et l’étrangle en pinçant très fort la trachée entre le pouce et l’index. AG s’évanouit et tombe par terre. Personne de l’équipe ne parlait arabe, AG n’a pas compris ce qui lui arrivait. M pendant ce temps, montre ses papiers de demandeur d’asile à la police. Il parle anglais et arrive à communiquer avec une des personnes, policier ou contrôleur. Il voit de loin AG par terre, les membres agités de tremblements violents.
A 16h08 M essaie d’appeler une famille amie, puis de nouveau à 16h17, 16h23, et arrive à parler à I à 16h46. Il lui demande de l’aide. A ce moment AG est blessé sur le sol.
I lui demande de lui passer un agent de la TAM. Elle a en ligne un interlocuteur surexcité qui vocifère et lui dit qu'il "connaissait la chanson avec ces gens-là", que Y n'avait pas composté son titre mais se serait précipité pour le faire en voyant les contrôleurs monter à bord.
I donne leur identité, explique leur situation, qu’ils sont encore traumatisés par ce qu’ils ont vécu et que AG avait eu peur en voyant le groupe de contrôleurs lui parler, qu'il ne lisait ni ne parlait français.
Elle insiste pour donner ses coordonnées en tant que famille d’accueil, ce dont l'agent se moque ("ah ah famille d'accueil" et "j’en ai rien à faire de votre métier").
L'agent, qui n'a pas donné son nom, a ensuite refusé de l'écouter, n'a pas noté ses coordonnées, a tenu des propos déplacés lorsqu’elle a tenté de le calmer et de faire l'interprète entre lui et Y ("ben voyons, ils comprennent pas le français et ils ont peur des uniformes, ouais ouais....) et a refusé malgré son insistance de lui passer un policier.
A un moment donné, les policiers disent à M de partir et d’emmener AG, qui est toujours couché par terre. M refuse et dit qu'il ne sait pas ce qu'a son ami, qu'il faut un docteur.
En tout, AG restera allongé par terre environ 30 minutes. Les policiers tournent autour en attendant.
Finalement les pompiers sont appelés. L’ambulance arrive à l’hôpital vers 16h42. Le document délivré par les pompiers à l’arrivée aux urgences à l’hôpital Lapeyronnie stipule « malaise et pleurs suite au contrôle tram ».
AG sort de l’hôpital à 1 h du matin, avec un certificat médical stipulant qu’il dit avoir été victime d’une agression par les forces de l’ordre : coup porté au zygomatique droit, compression trachéale/carotidienne, traumatisme crânien frontal. Examen clinique : œdème zygomatique droit, douleur à la palpation zygomatico-maxillaire droit, douleur à la palpation nasale, douleur à la palpation de l’os frontal AG est en état de choc et ne comprend pas pourquoi les policiers l’ont agressé de cette façon. Il se plaint de violentes douleurs à la tête et au cou.
C appelle la police la nuit du 2 novembre. Le policier en ligne lui dit que l'« histoire est déjà archivée ». Aucune mention du téléphone portable qui a disparu. Il lui dit qu’elle n’était pas là, lui demande d’un ton sarcastique si elle a des témoins.
C diffuse un appel à témoins dans le tram le 3 novembre. Elle se fait menacer de poursuites par des agents de la TAM pour diffusion d’informations mensongères, qui lui disent qu’il n’y a pas eu de violence policière en présence des contrôleurs et que ce n’était pas une bonne idée pour des demandeurs d’asile de porter plainte contre la police, « qu’on ferait ce qu’il faut pour que leur demande n’aboutisse pas ». Il lui est précisé que tout est enregistré en vidéo, dans le tram et aux abords des arrêts. A suivre.

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A propos du titre de cette page

 

La "démocrature" est une notion utilisée par l'écrivain uruguayen Eduardo Galeano pour analyser l'imbrication de la démocratie et de la dictature dans des pays d'Amérique Latine. Malgré les différences existant entre ces situations et ce que nous vivons ici en ce moment, nous pouvons réfléchir à la portée d'une telle phrase de cet auteur : "el proceso de creciente y enloquecida militarización no requiere necesariamente Gobiernos militares. Sean dictaduras o democraduras. los Gobiernos que custodian un orden social criminal están obligados al insomnio armado. Con toda razón se sienten amenazados, porque, al fin y al cabo, las multitudes pueden perder la paciencia cualquier día de estos, y pueden descubrir que más les vale hacer la historia desde abajo y desde dentro que seguir sufriendo la historia hecha, por otros, desde arriba y desde fuera." (Le processus croissant et démentiel de militarisation ne requiert pas nécessairement des Gouvernements militaires. Qu'ils soient des dictatures ou des democratures, les Gouvernements qui protègent un ordre social criminel se vouent à l'insomnie armée. Ils se sentent à juste titre menacés car, tout compte fait, les foules peuvent, de façon impromptue, perdre patience et découvrir qu'elles ont avantage à faire l'histoire depuis le bas et depuis l'intérieur que continuer à subir l'histoire faite, par d'autres, depuis le haut et depuis l'extérieur" (Fuerzas Armadas y democracia "travestida" en América Latina, 1992)

 

La même année qu'Eduardo Galeano publiait son texte, l'essayiste guinéen Max Liniger-Goumaz publiait La démocrature, dictature camouflée, démocratie truquée (L'Harmattan).

 

Précision : la traduction nécessaire de democradura par démocrature perd la résonance que crée la désinence -dura en espagnol. Laquelle fait qu'une dictadura est immédiatement connotée, dans la forme même du mot, comme dure. Même effet pour le néologisme democradura qui, pour un-e hispanophone, dit, dans l'immédiateté de son énoncé, que cette democracia est dura ! Toutes choses que la désinence française -ture ne peut pas rendre. Mais *dictadure et *démocradure brouilleraient le sens des mots. On n'y échappe pas, jusqu'à un certain point traduttore, traditore.

 

 

Autodafé policier (bientôt militaire)  des libertés ?

 


NPA 34, NPA


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