À la Une...

Catalunya. Elections : une gifle pour le PP qui termine bon dernier avec 4,2% des voix !



21 décembre

Une seule solution pour la droite espagnoliste, un 155 contre les

 élections ? Comment il appellerait ça Franco ?

Résultats avec 93,9 % de bulletins dépouillés
(la majorité absolue au Parlament est à 68 député-es : à cette heure elle est indépendantiste avec 70 député-es) 

1. Ciudadanos - 36 député-es
2. Junts per Catalunya - 34
député-es
3. ERC - 32 député-es
4. PSC - 17 député-es
5. Catalunya en Comú-Podem - 8 député-es
6. CUP - 4 député-es
7. PP - 3 député-es

 Ciudadanos gagne en voix, par transfert de celles du PP qui s'écroule (de 11 à 3 député-es) mais la majorité absolue des député-es va au "bloc indépendantiste" : il ne reste qu'une solution à Rajoy pour que force de loi reste à la démocratie...

Une solution pour la Catalogne


Rajoy : ah, ah, Malin, n'est-ce pas ?!

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Les deux listes à la gauche de l'ERC

La CUP recule (elle perd la moitié de ses député-es) : l'effet vote utile, avec forte charge émotive, a joué en faveur de l'ERC (dirigeant en prison) et de Puigdemont (en exil). Celui-ci a opéré un gros coup en passant devant l'ERC que tout le monde (sic) voyait gagnante. Puigdemont a joué, d'une part, de son équation personnelle, y compris en mettant en veilleuse son parti le PDeCAT, pas spécialement séduisant dans certaines couches de la société catalane qui n'oublient pas qu'il est l'héritier d'un parti de droite, austéritaire et impliqué dans nombre de cas de corruption, et, d'autre part, de la légitimité politique que paradoxalement le putsch de Rajoy contre la Généralité lui aura permis de fixer avant de l'augmenter.

Les Communs et Podemos, comme prévu, font pire que le très mauvais score de Catalunya Sí que es Pot de 2015 :

Catalunya Sí que es Pot : 367 613 voix/8,93%/11 député-es. Cela avait été considéré un échec monumental. Aujourd'hui la liste Communs+Podem fait 322 220 voix/7,44%/8 député-es.

Voir ci-dessous l'analyse que nous avons reproduite à propos d'un courant politique prometteur mais vite happé par "la vieille politique" des partisans  de redresser ce qui n'est pas redressable... Le conflit en Catalogne aura été impitoyable avec ceux et celles qui ont joué avec le feu du nini équidistant !

Le dessin du jour

La myopie politique de Juan Carlos Monedero (Podemos)

Le 155

Sur le panneau des lettres que le docteur ophtalmo Rajoy désigne, de sa règle, à son patient Juan Carlos Monedero : L'application du 155. Elle a peut-être été nécessaire bien qu'elle ait ouvert une porte par laquelle je vais venir vous caresser les côtes chaque fois que je voudrai.

Monedero : L'a...pplication...du 155... a... peut-être... été nécessaire... et...et....
...Bon, pas plus. Plus bas de ce que vous me montrez, je ne vois plus rien ! Cliquer ici

Extrait du billet ci-dessous sur Podemos : "Nous lisons chez Monedero, qui dit souvent tout haut ce que Iglesias tait,  "qu'il fallait sûrement que le 155 s'applique, parce qu'ils [les indépendantistes] étaient devenus fous, le problème étant seulement la façon de l'appliquer" ! La piteuse réponse à la polémique qui s'en est suivie, sur l'inconstitutionnalité de la décision d'indépendance, a au moins le mérite de la clarté : à Podemos, la Constitution, issue d'une Transition totalement maîtrisée par les franquistes "modernistes", reste, à quelques nuances près, comme pour la droite et la gauche de régime, la vache sacrée espagnoliste du moment et relègue aux oubliettes tout rappel, dans ces circonstances exceptionnelles (comme on dit Etat d'exception), sur la nécessité d'une constituante permettant de faire, mais pour de bon, du changement vers la plurinationalité revendiquée ! Lire ici"

Des Indigné-es resté-es fidèles à leurs objectifs...

"Pourquoi voter indépendantiste alors qu'on ne l'est pas"

Nous le ferons par instinct de conservation. Les brutales coupes opérées dans les droits que nous vivons, en prenant pour excuse les "Catalans", sont terribles.

La possibilité que le bloc du 155 gagne ces élections du 21 fait franchement peur. (...)

Nous avons toujours considéré que le fait de voter était seulement  un mouvement stratégique à l'intérieur d'une lutte quotidienne beaucoup plus complexe. Il ne peut rien y avoir de moins démocratique que réduire la politique à la lutte électorale entre partis. Le choix de voter que l'on fait ne nous représente pratiquement jamais vraiment ou ne coïncide pratiquement jamais avec nos idées à 100%.

Mais nos votes dessinent l'échiquier sur lequel nous devrons lutter pendant les prochaines années. Si, en Catalogne, c'est le "bloc du 155" qui gagne, il est clair qu'il accentuera la répression et les attaques contre les droits les plus fondamentaux comme celui d'avoir ses propres opinions et le pouvoir de les exprimer. Il y aura non seulement plus de gens en prison ou poursuivis en justice mais aussi des lois adoptées en Catalogne qui sont paralysées pour que nous ne puissions pas aller de l'avant. Il y en a 47, en majorité sans rapport avec l'indépendance et, pour certaines, socialement urgentes. Ils veulent nous appauvrir - en Catalogne et dans toute l'Espagne - pour que nous n'ayons plus de force et pour que nous soyons obéissants et complètement dépendants.

Si le "bloc du 155" a une seule voix d'avance sur le "bloc indépendantiste", ses dirigeants se comporteront en vainqueurs dans un pays occupé.

Dans le cas contraire, nous serons dans un contexte où il y aura la légitimité pour le dialogue, pour que la Catalogne soit écoutée et ne soit pas une simple colonie.

On n'arrivera pas à donner une solution à l'actuelle situation grâce à ceux qui ont adopté une attitude équidistante en répétant des slogans irréalisables du type "référendum négocié", mais grâce aux gens, quel que soit leur camp, qui n'acceptent pas la brutalité d'un gouvernement qui se refuse à toute négociation. (...)

Voilà pourquoi un vote en faveur de Catalunya en Comú n'aide pas à sortir de la boucle narrative de "procés oui"ou "procés non". Cela ne sert qu'à permettre au bloc du 155 de s'affirmer gagnant et d'accroître son arrogance. Ceux qui se sentent proche de Catalunya en Comú ne doivent se faire du souci : par pure mathématique électorale, il est plus que probable que Catalunya en Comú détiendra la clé du futur gouvernement, et cela indépendamment qu'il ait beaucoup ou peu de voix.

Mais nous aurons un situation très différente si Catalunya en Comú agit aux côtés d'un "bloc du 155" déchaîné ou si c'est la dignité d'un "bloc indépendantiste" qui gagne malgré la discrimination, la persécution et les représailles qu'il subit.

 Note: Simona Levi est une artiste à multiples facettes et une militante des  mouvements sociaux, en particulier, dans celui des Indigné-es de 2011. Elle a publié cette année, avec Pedro Salgado, le cosignataire de cette tribune, un livre au titre qui résume bien ses positions : "Voter et s'en mettre plein les poches. L'impunité comme forme de gouverner". Les auteurs y racontent leur action, à travers leur collectif Xnet, contre les banquiers et politiciens corrompus qui ont escroqué des millions d'Espagnols.  


Podemos, une fuite en avant qui n'en finit pas de fuir...


La crise catalane accélère la dérive institutionnaliste de ce qui est né de l'anti-institutionnalisme indigné...(par Antoine)
Incapable de répondre à une situation de polarisation extrême comme est celle de l'affrontement sans merci de l'Etat espagnol avec le mouvement national catalan, Pablo Iglesias et la direction de Podemos mais aussi, héritier-es, comme eux/elles, du 15M, les acteurs du changement dans les municipalités de Catalunya en Comú, se prennent les pieds dans des positionnements confus, contradictoires, aléatoires : vitupérant l'usage d'un 155 intronisant un putsch contre la Généralité, ils/elles accusent celle-ci et l'ensemble du mouvement indépendantiste d'avoir fait le jeu irresponsable de Rajoy et même de l'extrême droite; tout en demandant la libération des prisonniers politiques catalanistes, aucun-e d'eux/elles n'a pensé à aller rendre une visite élémentaire de soutien à ces prisonniers; englué-es dans un ninisme renvoyant dos-à-dos les parties en conflit (voir ci-dessous, en date du 19 décembre, le dessin acéré sur l'Equidistance), ils/elles se mettent à dos ceux et celles qui ne comprennent pas que, dans de telles situations, on ne soit pas du côté de la mobilisation populaire, d'autant qu'elle se revendique du droit démocratique élémentaire d'autodétermination... 

Le plus grave étant que jamais ni Podemos ni Catalunya en Comú, et pour cause, n'ont jeté leurs forces dans ladite mobilisation pour lui apporter le plus qui faisait l'ADN (il faut en parler au passé) de ce courant politique, à savoir une volonté farouche de faire du social, dans sa dynamique la plus contestatrice, une force de percussion contre le régime qui aurait pu aider à ancrer la bataille nationale catalane sur un socle de revendications sur les salaires, l'emploi, le logement, la dette ... sans négliger les libertés démocratiques à défendre. Par où la base sociale  du nationalisme indépendantiste s'en serait trouvée, peut-on supposer, élargie, sa puissance politique démultipliée, la solidarité des autres peuples de l'Etat espagnol améliorée et le rapport de force avec ledit Etat renforcé... Au lieu de quoi, il a été préféré, le mot est lourd de lâcheté politique, un abstentionnisme quant à la tenue du référendum du 1er octobre, précurseur d'un ninisme, qui est une totale hypocrisie car il repose sur le primat, au demeurant irréaliste, que toute autodétermination doive être négociée. Tant pis si l'Etat négociateur est une lubie intellectuelle qui au fond cache, mal, que d'autodétermination, et pas seulement d'indépendance, ni Iglesias, ni Colau, ni Domènech, n'ont trop rien que faire. 


Leur seule stratégie passe, de fait, par une polarisation sur la conquête du gouvernement central avec seulement le triste constat, là aussi, qu'elle est irréaliste : puisque le partenaire aux basques duquel il est reconnu qu'il faut que ces "contestataires" doivent s'accrocher pour gouverner, le PSOE, n'a rien à faire avec eux, tout pris qu'il est, dans son atavisme de deuxième pilier du régime, à mener l'attaque contre l'indépendantisme catalan, lui-même étant accroché, à cette fin, aux basques du Grand Parti des Corrompu-es, le PP de Rajoy... L'autre politique que prétendait incarner Podemos prend ainsi eau de toutes parts et le coup de force, type 155 organisationnel, lancé, par Iglesias, contre la direction de Podem Catalogne finit de convaincre qu'une histoire - celle de l'espoir fou, née d'une brève mais intense séquence électorale européenne de 2014, que l'indignation bouscule les tables de la loi monarchico-capitalistes - est probablement en train de se clore dans la grisaille de gagne-petits politiciens mimant les tares de leurs adversaires et se contentant d'être le petit parti à la Borgen* de Catalogne... Mais attendons de voir si un miracle, à quoi on en est réduit à espérer dans ce milieu, se produit en ce jour d'élections à forte charge politique...

Dans l'immédiat nous lisons chez Monedero, qui dit souvent tout haut ce que Iglesias tait,  "qu'il fallait sûrement que le 155 s'applique, parce qu'ils [les indépendantistes] étaient devenus fous, le problème étant seulement la façon de l'appliquer" ! La piteuse réponse à la polémique qui s'en est suivie, sur l'inconstitutionnalité de la décision d'indépendance, a au moins le mérite de la clarté : à Podemos, la Constitution, issue d'une Transition totalement maîtrisée par les franquistes "modernistes", reste, à quelques nuances près, comme pour la droite et la gauche de régime, la vache sacrée espagnoliste du moment et relègue aux oubliettes tout rappel, dans ces circonstances exceptionnelles (comme on dit Etat d'exception), sur la nécessité d'une constituante permettant de faire, mais pour de bon, du changement vers la plurinationalité revendiquée ! Lire ici

Sentant l'arnaque politique, des alliés galiciens (de Marea) de Podemos, à commencer par l'historique dirigeant nationaliste Xosé Manuel Beiras (soutien déclaré de la CUP), appellent aujourd'hui à voter indépendantiste car la liste soutenue par Iglesias et compagnie représente "un projet éloigné de la rupture avec le régime de 78 et ne manifeste aucune volonté de construction nationale face à l'Etat espagnol". Plus cruel, tu meurs... Si le présent électoral catalan risque d'être problématique, que dire de l'avenir du système d'alliances municipales et régionales, à l'échelle de l'Etat, passé au crin catalaniste ? Pour les électoralistes invétérés que sont devenus Podemos et leurs alliés régionaux, le coup (et le coût) risque d'être rude ! (1)  Lire ici

* Du nom de la série de fiction télévisée danoise, Borgen, qui raconte la vie de la femme politique Birgitte Nyborg, devenue la première femme Premier Ministre du Danemark, alors qu'elle appartient à un parti minoritaire, grâce aux vetos croisés par lesquels les représentants des grands partis se neutralisent mutuellement. Revendiquant le premier, pour lui, d'être le candidat Borgen, Miquel Iceta, du PSC, s'est vu vite disputer le label, au profit de Xavier Domènech, par un Iglesias revenu définitivement de sa prétentieuse volonté initiale de "prendre d'assaut le ciel" !



Qui a vu la série ne saurait oublier à quels casse-têtes politiciens, eux-mêmes inscrits dans un système politique maintenu foncièrement intouché, ladite Birgitte Nyborg se voit confrontée. Personne parmi les utilisateurs de cette référence, qui fait florès dans cette campagne électorale catalane, ne s'attarde à porter une attention au nom Borgen, qui désigne, et cela en dit long, le "Château" (!), qui "est, selon la note Wikipedia, le surnom que les Danois donnent au siège du Parlement et aux bureaux du Premier ministre, situés au château de Christiansborg à Copenhague)". 

Se revendiquer d'une culture politique de minoritaire se gagnant l'accès à un Château, soit à un Parlement et à un bureau ministériel... Si loin des "places" des Indigné-es... d'où fusaient les rejets d'un palais, celui de la Moncloa, le Matignon espagnol !  La qualité, au demeurant indéniable, de la série, ne devrait pas faire oublier ses implicites politiques qui donnent la mesure des ambitions revues à la baisse, c'est le moins que l'on puisse dire, de la  direction iglésiste de Podemos.

(1)  L'arrivée, par des primaires, à la tête de Podemos Madrid (capitale), de l'ancien Chef d'Etat Major de la Défense, détaché auprès du Ministre de la Défense socialiste de l'ère Zapatero, José Julio Rodríguez, dans un contexte de crise ouverte à la mairie dirigée par une coalition soutenue par Podemos, n'arrange pas les choses de ce courant politique toujours plus tenté de s'éloigner de ses ressorts militants, au profit, par exemple, et ce n'est pas que par un mauvais jeu de mots, d'un militaire au langage modéré et passe-muraille. Cette crise (lire ici) tient à l'acceptation par la maire, Manuela Carmena, présentée comme personnage modèle de ce que Podemos entend comme gestionnaire du pouvoir, des conditions budgétaires imposées par le 155 financier du gouvernement de l'Etat...dans la foulée du 155 anticatalaniste ! 

La maire de Madrid et le ministre PP des Finances

Cet alignement, qui confirme une orientation glorifiant, depuis le début, que l'on rembourse rubis sur l'ongle la dette (accumulée par la droite), et la mesure de destitution du responsable d'Izquierda Unida  en charge des finances mais en désaccord avec la docilité affichée devant le coup de force du Ministre des Finances, sont deux indicateurs clé de la fuite en avant que nous évoquons en titre de cette page. L'idée que la conquête de municipalités puisse fournir des bases d'appui pour mener des luttes coordonnées, y compris dans la rue, entre "villes du changement", contre les mesures capitalistes-austéritaires du gouvernement central, y compris par la désobéissance civile et la dénonciation de la dette, est étrangère à la culture politique de Podemos et de ceux et celles qui l'appuient. D'où la facilité avec laquelle se fait le passage sous les fourches caudines du PP, au prix d'une crise interne d'envergure... Il semblerait pourtant qu'une réaction, enfin de refus des coups de force financiers de la droite, par les villes en question,  commence à prendre forme. A suivre. En attendant au Casino du légalisme, il y en a qui, à Madrid, perdent déjà beaucoup de leur mise... et de leur crédit... Déjà qu'à Barcelone...

 La photo navarro-castillano-galiciano-catalano-andalouse qui est un défi au niniste Iglesias

De gauche à droite, la nationaliste navarraise de Sortu Miren Zabaleta, notre camarade anticapitaliste Jaime Pastor, de Podemos Madrid, Xosé Manuel Beiras le galicien, Anna Gabriel de la CUP catalane, Sánchez Gordillo, maire de l'andalouse rebelle Marinaleda et Mireia Boya, aussi de la CUP.

Antoine

Nous aurons le plaisir d'accueillir Mireia Boya, avec d'autres grands invités, pour un soutien au mouvement national catalan à Montpellier le 9 janvier (voir ci-dessous). Précision : Carles Puigdemont sera avec nous par vidéoconférence ! Pour les raisons que l'on imagine.


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Les derniers sondages interdits mais publiés sous la forme de panneaux de marchand-es des quatre-saisons ("fruterías)

Pour ceux et celles qui sont "aficionad@s" à ces promos de fruits parfois en dessous des attentes !


Pour décoder, dans l'ordre (identifiables aux couleurs qui leur sont attribuées) :

Ciudadanos
ERC
Junts per Cat
PSC
CUP
Cataluña en Comú Podem
PP

Plus d'offres de prix de "fruterías" en cliquant ici 

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Le dessin du jour 

Le mot à la mode 

... C'est un mot qui s'utilise pour définir un mouvement, un accord ou une coalition où les partis de gauche vont main dans la main avec les partis de droite pour atteindre un objectif commun qui nous apportera le bien-être à tous.
En fait, c'est quelque chose de difficile à avaler. Cliquer ici

20 décembre

Voir ci-dessous l'image du jour : Ne tournons pas le dos à la liberté. République catalane !

La CUP toujours en pointe pour la République indépendante

Campagne électorale des anticapitalistes de la CUP
"La Révolution des Sourires doit commencer à montrer ses dents" !

Nous vivons les derniers jours de la campagne électorale et nous entrons dans la semaine des élections imposées par le gouvernement espagnol depuis son coup d’État. La répression a été forte, et le mouvement républicain se doit de se préparer rapidement à la résistance pacifique et à la désobéissance civile. Qui de mieux pour parler de tout cela qu’un disciple de Lluís Maria Xirinacs (1), membre fondateur de la Crida a la Solidaritat [« l’Appel à la Solidarité pour la défense de la langue, la culture et la nation catalanes », dit la Crida, l'Appel, où Carles Riera a milité avec Jordi Sànchez durant la décennie 80. NdT] et actuellement numéro 1 de la liste électorale de la CUP sur la circonscription de Barcelone ? Le candidat de la CUP souligne que la transition « de la loi [espagnole] à la loi [catalane] » n’a pas pu se faire, comme certains l’avaient pronostiqué, qu’avec le sourire cela ne suffit pas, que le nouveau gouvernement devra négocier en parlant du point de départ et pas du point d’arrivée, que plusieurs structures de l’État catalan n’ont pas été préparées avec réalisme, que la position des Comuns relève plus du cynisme que de l’ignorance, et qu’il faudra faire des pas en avant et des pas en arrière dans cette nouvelle phase vers la consolidation de la République. Cliquer ici 

Mariano Rajoy aime les exécutifs européens qui appuient ses mesures répressives... Mariano Rajoy déteste les parlementaires européens qui viennent voir ses prisonniers politiques !


"Nous sommes venus pour faire respecter le droit fondamental européen qui dit que l'ensemble des députés européens peuvent aller dans les prisons des différents pays pour rencontrer les prisonniers et discuter des conditions d'incarcération", a affirmé le député français José Bové (Verts) à la presse.

"On vient de voir qu'en Espagne aujourd'hui ce n'est pas possible. Le gouvernement espagnol est donc en infraction avec les droits fondamentaux européens", a-t-il accusé. Cliquer ici

Voir aussi sur le site en catalan Vilaweb, l'entrevue avec José Bové : « Il semble que l'Espagne soit revenu soixante-dix ans en arrière » https://www.vilaweb.cat/noticies/jose-bove-sembla-que-a-espanya-hagin-anat-setanta-anys-enrere/.

L'image du jour


Le CDR Paris s’est retrouvé, aujourd’hui 20 décembre 2017, auprès de la statue de la Liberté à Paris, en soutien aux élections qui se dérouleront demain 21 décembre en Catalogne. Cliquer ici

19 décembre

Une grève générale en pleine mobilisation nationale ?

Une réponse indépendante des travailleurs à la répression du mouvement pour l'indépendance !
 


En préambule.

Affinités révolutionnaires obligent, un grand merci à nos camarades anarcho-syndicalistes de la CGT de Catalogne, qui n'en démordent pas. C'est bien une grève générale ouvrière qui a eu lieu le 3 octobre dernier en Catalogne, à son appel avec quatre autres organisations syndicales de lutte de classe, qu'elles se revendiquent de l'indépendantisme ou pas. Se fondant sur les données statistiques de l’IDESCAT (l’INSEE catalane) comptabilisant les heures de grève du mois d'octobre 2017, qui sont tombées début décembre, la CGT de Catalogne, dans un communiqué daté du 3 décembre, fait la démonstration limpide que, nonobstant l'appel à l'« arrêt du pays » initié par les syndicats de collaboration de classe, les CCOO et l'UGT, et relayé par le gouvernement catalan et l'ANC et Òmnium, pour faire contre-feu à la grève générale, le 3-Octobre en Catalogne a été le plus puissant mouvement gréviste de travailleurs de ces 25 dernières années dans tout l'Etat espagnol… De quoi faire réfléchir, espérons-nous, tous les sceptiques de la gauche radicale et de l'extrême-gauche en Europe qui ne veulent pas voir que mobilisation sociale ouvrière et mobilisation indépendantiste marchent à l'amble. 

Pierre G., Toulouse. Cliquer ici
 
Le dessin du jour

Equidistance

 Nationalismes célèbres : équidistance

L'équidistant, au milieu (EM) : Le nationalisme, le séparatisme... Tout ça c'est une erreur ! Vous devriez tous être dans l'équidistance !
L'indépendantiste catalan, à droite : L'équidistance est un point où l'on pourrait tous être bien ?
EM : S'il te plaît... L'équidistance c'est le point où je suis, moi ! Le lieu exact ! La juste mesure ! Le nationalisme ne peut rien devant une telle perfection dont je doute que vous puissiez l'assimiler...

Le lecteur espagnol connaisseur de l'actualité politique décode immédiatement ce dont il s'agit : Iglesias (Podemos) et la liste Catalunya en Comú-Podem, à laquelle il participe pour ces élections catalanes, sont les défenseurs de l'équidistance "ni indépendance, ni 155". En somme "ni nationalisme espagnoliste de l'Etat, ni nationalisme indépendantiste de la Généralité". Le dessin est en fait construit sur la réfutation implicite de l'équidistance ... par l'équidistant lui-même : on voit en effet immédiatement que l'équidistant ne s'adresse qu'à l'indépendantiste catalan. L' espagnoliste, à gauche, n'a pas à intervenir. Ce discours ne s'adresse pas à lui. Le deuxième élément de signification est le côté donneur de leçons intello (de gauche ... par la barbe de plusieurs jours?) qui se lit dans les yeux fermés et le doigt pointé vers le bas de l'équidistant. Le tout enrobé dans le narcissisme politique : seul ce qui est moi est juste. Sauf que ce moi n'est pas là où il dit être, à égale distance, des deux options en confrontation... Pour parodier Rimbaud : Moi est un autre ! Un des deux en présence... Leçon de choses sur l'impossibilité du juste milieu quand une situation politique vire à la confrontation paroxystique comme c'est le cas en Catalogne !  Cliquer ici

Détail : le carré dans lequel est enfermé l'équidistant rappelle la représentation au sol du km 0 de l'Espagne qui, bien sûr, unionisme centraliste oblige, se trouve à Madrid, plus précisément à la Puerta del Sol  :


 A noter cependant qu'ici il s'agit d'un demi cercle dont l'effet de fermeture est bien moindre que celui produit par le carré "équidistant" dont on pourrait dire, en développant l'analogie, qu'il est le km zéro de l'équidistance ... depuis Madrid !

18 décembre

Lire ci-dessous aussi le communiqué d'Anticapitalistes

Jeudi, une seule solution, l'élection ?
Plutôt casse-tête en vue !
 

Extrait : La possibilité de rendre à nouveau crédible un horizon de changement politique démocratique dépend de deux dynamiques distinctes mais en partie liées : la capacité de l’indépendantisme à se redéfinir et à se réorienter vers un tournant « constituant » et « contre l’austérité », et la capacité de la gauche, indépendantiste et non-indépendantiste, à jouer un rôle important dans cette nouvelle conjoncture, en provoquant un déplacement du centre de gravité de la politique catalane. Même si les bilans collectifs brillent actuellement par leur absence, les défis sont bien là. Du côté du mouvement indépendantiste, deux questions anciennes sont aujourd’hui incontournables : élargir son influence en Catalogne et conclure des alliances dans le reste de l’État espagnol. Cela n’est réalisable qu’en combinant deux processus, ce qui impliquerait d’enterrer le paradigme fondateur du mouvement « d’abord l’indépendance et ensuite tout le reste », de reformuler ses objectifs stratégiques et de disputer au PDCAT (et à la nouvelle liste de Puigdemont,  Junts x Catalunya) sa place centrale dans le gouvernement de la Généralité : ce double processus consiste à lier l’agenda indépendantiste aux politiques contre l’austérité et à défendre un processus constituant compatible avec un destin indépendantiste et un destin confédéral.  Catalunya En Comú-Podem, de son côté, fait face à l’impérieuse nécessité de retrouver son impulsion constituante et de rupture, de proposer un agenda catalan qui ne soit  pas subordonné aux vicissitudes à l’échelle de l’État, et de se transformer en une force enracinée socialement, avec une culture militante, ce qui supposerait de revenir sur une grande partie du chemin parcouru lors de la course rapide et fulgurante vers l’institutionnalisation que les Comunes ont menée au cours de leur brève existence. Cliquer ici
En espagnol : 21D: zozobras pre (y post) electorales. Josep Maria Antentas  


Communiqué d’Anticapitalistes (courant de Podem) sur les élections du 21 décembre

 

1. L'automne catalan a été un défi au régime de 78 sans précédent depuis la transition. L'auto-organisation du 1er octobre et la grève générale du 3 octobre ont été les deux grands moments de débordement des forces institutionnelles, élargissant la base de l'indépendantisme, et facilitant, au moins temporairement, une alliance entre indépendantistes et non-indépendantistes, dans un scénario où la mobilisation populaire a occupé le devant de la politique. C'est sur cette base que nous devons, avec autocritique et audace, aborder les défis qui sont devant nous. La réponse répressive du Régime avec l'application de l’article 155, les emprisonnements et l'imposition des élections du 21 décembre qui en ont découlé, a généré une situation d'impasse aggravée par le fait de ne pas avoir profité du soulèvement populaire pour développer une stratégie de rupture constituante qui aurait maintenu, articulé, le bloc créé les 1er  et 3 octobre. Deux mois après le 1er-Octobre, nous croyons qu'il faut un réarmement stratégique du souverainisme qui, malgré le contexte électoral, est indispensable pour faire face à la situation difficile que nous traversons.

2. Nous considérons que ce réarmement doit être fondamentalement populaire, social, souverainiste et de rupture. Le processus a généré un rapport des forces défavorable aux gauches au cours des dernières années. Le rôle surdimensionné du PDeCat a systématiquement empêché la jonction de la volonté indépendantiste avec la volonté du changement social face à l'austérité et à la précarité. Nous avons toujours considéré qu'une transformation sociale en Catalogne devait rassembler les deux volontés exprimées massivement depuis 2011, le 12M [le 12 mai 2012, la gigantesque manifestation des Indigné-e-s à Barcelone. NdT] et son héritage et le processus indépendantiste. Les rassembler implique nécessairement un changement dans la politique des alliances de ces dernières années en Catalogne, ainsi qu'un saut dans le rapport des forces de gauche. Cela, d'ailleurs, sera décisif pour enrayer la menace du fascisme et de l'extrême droite qu’a générée le tournant autoritaire du régime et qui n'échappe pas à la tendance que nous voyons à l’échelle européenne.

3. Anticapitalistes apporte son soutien et participe à [la liste électorale. NdT] Catalunya en Comú Podem. Une force politique que nous avons construite à partir de différents espaces, défendant qu’elle se profile comme un projet « rupturiste » et majoritaire, populaire, souverainiste et engagée dans la proposition d'une République catalane, de profonde transformation sociale et radicalement démocratique. Catalunya en Comú Podem a été capable de prendre la tête de la ville de Barcelone, ainsi que d'autres municipalités de Catalogne, et peut être un barrage de retenue pour que n’y pénètre pas l’autoritarisme, pour barrer la route à Ciutadans et éviter que ne se reconstruise le PSC. Mais nous considérons aussi qu'elle [Catalunya en Comú Podem] exprime politiquement les secteurs sociaux des travailleurs décisifs pour générer un changement dans le rapport des forces de la politique catalane.

4. Pour que ce changement se produise, il faudra faire preuve de générosité politique entre les gauches indépendantistes et souverainistes défenseuses du droit à décider. Cette perspective suppose un changement dans la politique des alliances et la construction d’une majorité constituante des gauches en Catalogne, à l’opposé des partis qui ont permis le 155 (PP, Cs et PSC), mais aussi de la droite catalane qui a systématiquement rendu impossible le développement d’un plan d'urgence sociale. Dans cette perspective, de manière complémentaire à notre soutien et participation à la candidature de Catalunya en Comú Podem, nous souhaitons une bonne campagne et de bons résultats pour la CUP, avec laquelle, en plus de nous rejoindre dans différents espaces sociaux et municipaux, nous croyons qu'il faudra jeter des ponts politiques après le 21 décembre en Catalogne.

5. Toutefois, le 21 décembre lui-même ne résoudra pas les problèmes de fond que nous traversons. Les difficultés rencontrées par le gouvernement catalan continueront après. Depuis le 1er-Octobre – et nous le réaffirmons pour les mois à venir – nous avons plaidé pour l'ouverture d'un processus constituant. Une ouverture, fondée sur la mobilisation et les espaces sociaux à la base tels les CDR, qui garantisse l’hégémonisme populaire. Il est essentiel de lier la défense de la souveraineté de la Catalogne à la lutte contre l'austérité et la précarité, le seul moyen d'élargir les majorités et d'avancer dans une véritable transformation sociale. Une ouverture qui, en outre, ne ferme pas la porte à une possible relation (con)fédérale avec l'Etat pour faire basculer les secteurs de la classe ouvrière qui ne se sentent pas interpellés par le processus indépendantiste mais qui seraient susceptibles d’être « contaminés » par le défi contre le régime partout dans l’État. Les défis à venir sont là, la construction d'alliances internes et externes et l'approfondissement de l'auto-organisation populaire seront décisifs dans cette phase.

décembre 2017



 17 décembre 

L'hommage aux urnes des anticapitalistes ! 

Poings levés pour l'urne du défi démocratique catalan !


Le clou du meeting central de la CUP à Girona : l'urne du référendum du 1er octobre portée à l'épaule par des dirigeant-es du parti jusqu'à la tribune où elle a été mise sur un piédestal à résister debout avec la CUP ! Cérémonial accueilli par une ovation des présent-es, essentiellement des jeunes de 20 à 30 ans, très différent-es de ceux/celles, très majoritairement blanchi-es sous le harnais, qu'on voit aux meetings de Junts per Catalunya (de Carles Puigdemont). Tiré de El Confidencial

 Invité étoile de ce meeting, Albano Dante Fachín (voir vidéo ci-dessous), désormais membre du parti Som Alternativa (Nous sommes l'Alternative), qu'il vient de fonder, a, à nouveau, développé un discours très dur contre la direction de son ancien parti, Podemos, ainsi que contre la liste de Catalunya en Comú que celui-ci soutient.  

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Une quinzaine de villes européennes se sont réveillées ce matin avec des rubans jaunes et des messages d'appui à la République Catalane et aux prisonniers (action coordonnée par les Comités de Défense de la République, CDR, espagnols et internationaux)

Paris


Montpellier 

 La statue de Louis XIV du Peyrou

Toulouse


Bordeaux


Lire ici (en espagnol)  
 
16 décembre

Point de vue 
 
Vidéo. Pourquoi un non-indépendantiste catalan appelle-t-il à voter pour des indépendantistes... (Albano Dante Fachín*)



... parce que c'est le seul moyen, dans la lignée de ce que fut le mouvement  des Indigné-es du 15M, de combattre Rajoy et son PP et un PSOE, comme lui, inféodé à l'Ibex 35 (le Cac 40 espagnol). Parce que c'est aussi le moyen de rester fidèle à la mobilisation pour le référendum d'autodétermination du 1er octobre qui, malgré les violences policières, a été un pari réussi pour la démocratie. Pari fait que l'on soit indépendantiste ou non-indépendantiste. Toute voix qui se porterait le 21 décembre sur toute autre liste que celles des indépendantistes, sera une voix que les partisans de ce régime corrompu, violent, antidémocratique et antipopulaire, compteront comme appui à leur politique. Cliquer ici

* Albano Dante Fachín était le secrétaire général de Podem, le Podemos catalan. Ayant défendu la nécessité qu'à l'élection du 21 décembre, son parti cherche une alliance avec l'indépendantisme catalan, il a été démis de ses fonctions, de façon antistatutaire, depuis Madrid, par le secrétaire général de Podemos, Pablo Iglesias. Celui-ci a constitué une liste d'unité avec les Communs, le parti de la maire de Barcelone, Ada Colau, qui, sur la situation prévalant en Catalogne, adopte une position d'équidistance, celle du "ni indépendance, ni 155" en faveur d'un référendum d'autodétermination négocié avec Madrid. Référendum négocié dont Albano Dante Fachín souligne que, dans les conditions politiques imposées par le gouvernement de Madrid, il est une revendication totalement irréaliste et qu'il affaiblit la lutte qui se mène en Catalogne contre le régime monarchiste issu du franquisme. Entre autres raisons car il repose sur la nécessité de parvenir à un accord parlementaire avec les socialistes qui ont soutenu, et soutiennent toujours, la démarche du gouvernement de l'Etat espagnol de destitution des dirigeants de la Généralité catalane.

La démocratie... bras tendu ?

Ou comment reetrouver la démocratie en se débarrassant des gêneurs ?

Le dessin du jour

Les coupables


Personnage de gauche (PG) : C'est la faute des Catalans ! Moi, avant, je n'étais pas comme ça, je te le jure !
Personnage de droite (PD) : La faute des Catalans et de la gauche radicale! 
PG : Et des féministes ! Et des lesbiennes!
PD :  Et des réfugiés [migrants]
PG : Bon Dieu ! Qu'on en finisse avec tous ces gens pour que nous puissions récupérer, une fois pour toute, notre démocratie ! Cliquer ici

14 décembre

Devinez qui est venu dîner avec elle !



Introduction


Depuis le début des événements de Catalogne sur la question de son indépendance, une bonne partie de l'opinion publique française et, particulièrement, certains secteurs de la gauche, s'obstinent à les voir "manipulés" par une bourgeoisie catalane exprimant le fond "égoïste d'une région riche qui ne voudrait plus payer pour les autres régions pauvres de l'Espagne..." Vieux cliché réactualisé, vieille manoeuvre de division du peuple, encouragée depuis un gouvernement central pris dans une gigantesque affaire de corruption et trouvant l'occasion, en poussant les feux du "conflit catalan", de faire diversion et faire oublier ses turpitudes dans le paradoxe que l'obsédé de l'argent, l'organisateur "systémique" de son détournement crapuleux au détriment des pauvres d'Espagne, c'est lui ! La résurgence aujourd'hui de l'anticatalanisme a là l'une de ses clés d'explication... Cliquer ici

13 décembre

 Les "Communs" et Iglesias sur le grill catalan...

Iglesias (Podemos) et le fascisme...méprisable !




Interview d'Antonio Baños, journaliste et membre de Sumate et de l'ANC, à Vilaweb : 

« La chose la plus triste à propos du 155 est que les Communs blâment la victime », dit-il en réponse à une question sur ce qui lui paraît « la pire chose du 155 ».
Sur Iglesias et sa critique aux indépendantistes d'avoir « réveillé le fascisme », il n'y va pas par quatre chemins, retournant l'accusation : 
« – Baños, n’avez-vous pas la très grande honte d'avoir éveillé le fascisme [voir le dessin ci-dessous] ? 
— [Rire] Le fantasme du fascisme. On ne peut répondre à la déclaration de Pablo Iglesias que par l'indignation. Chaque fois qu'Iglesias est venu en Catalogne, il a été maladroit, pour ne pas dire insultant ou mauvais. Et cette fois-ci, c'est particulièrement hard. Dans la lutte antifasciste, les gens ont laissé leur peau. Littéralement. Et pas seulement les indépendantistes. Les collectifs LGBT, les migrants, les femmes, les travailleurs. Beaucoup de gens ont été victimes du fascisme, alors ce pàkharu (gugusse) vient nous dire qu’on l’a réveillé. Occupe-toi de le tuer à Madrid ! Cinq millions de voix [de Podemos aux dernières élections législatives] étaient censées servir à combattre le fascisme existant, il existe toujours. Et cela est intégré dans les mécanismes du pouvoir espagnol. Je me sens insulté par cette doctrine qui, loin d'être une mauvaise blague, est une stratégie centrale. Ce n'est pas dit comme ça en passant. C'est une ligne stratégique. Ce que je trouve méprisable. Franchement. »


Traduction de Pierre Granet

(1) Catalunya en Comú (Catalogne en Commun), coalition au-départ municipaliste (elle conquis la mairie de Barcelone), héritière du 15M indigné mais, comme Podemos, avec qui elle fait liste commune pour l'élection du 21 décembre, très déportée institutionnaliste et électoraliste.

 En lien avec cette entrevue de Baños, ce dessin que nous avions posté le 10 décembre...

Le dessin du jour

 Iglesias : la ferme la rue, les fachos dorment  !

Manifestant-es : Liberté pour les prisonniers politiques !
Pablo Iglesias (Podemos) : Eh, faites un peu de silence, vous me réveillez le fascisme...

12 septembre

Humour noir... 
La malédiction catalane ! Et de 3, enfin, presque, il bouge encore...
 (Hospitalisation du juge du "procès" [le processus indépendantiste], Juan Antonio Ramírez Sunyer)

Un virus Catalunya 155 serait-il à l'oeuvre dans la sphère judiciaire ?

Après la mort, en moins d'un mois, du Procureur Général de Catalogne et du Procureur Général de l'Etat menant tous deux avec zèle la chasse judiciaire aux indépendantistes, voilà que le juge d'instruction en charge du dossier du référendum du 1er octobre vient d'être admis à l'hôpital "pour maladie" ! On n'en sait pas plus... Qui lui souhaite un prompt rétablissement ?


Le fait est que cela ne devrait pas arranger les choses des Catalan-es... Il est à craindre en effet que, dans la logique échevelée du fan club de la très espagnole, que dis-je, la très castillane, Reine Isabelle la Catholique, emmené par le Grand Administrateur de Castille Mar-y-Ano-(Asno ?) te Rajo-hoy (1), ne soit lâchée la bride à la très Sainte Inquisition felipistico-bourbonatre pour briser ce qui s'apparente à un maléfice hérético-catalaniste visant à affaiblir la défense de la divine, royale et immaculée Constitution du peuple élu (qui a dit "par qui ?) ! Lire ici

(1) Enigmatique salade de mots mais vous pouvez toujours demander à un hispanophone...

Pour mémoire, nous avions écrit récemment sur le même sujet des défaillances justiciaires espagnolistes

Cliquer ici et aller au 27 novembre

Une priorité, virer le 155...  

C'est démocratie ou 155, pas les deux !
 
L’idée qu’il serait possible de revenir à une situation d’autonomie, telle qu’elle était avant la mise en œuvre de l’article 155, semble tout à fait illusoire. Le gouvernement de l’Etat est prêt à assumer son intervention et à ne pas permettre des velléités républicaines. Mettre en œuvre des mesures sociales, assurer le soutien aux municipalités, prendre de nouvelles mesures contre le chômage ou l’insécurité, ou commencer un processus constituant dans la perspective d’une république n’est pas possible tant que l’article 155 est en vigueur. Par conséquent, un front démocratique contre le 155 est nécessaire, un front non seulement catalan, mais de tous et toutes les démocrates de l’Etat espagnol, un front qui va au-delà des élections. 

L’abrogation du 155 est un besoin pour restaurer les droits en Catalogne et aussi pour affaiblir Rajoy et la droite. Nous savons comment on est entré dans un état d’exception, mais nous ne savons pas comment ni quand nous en sortirons. Il est nécessaire de joindre nos forces de gauche pour sortir de cette situation, en empruntant la voie pour les droits sociaux et nationaux. Le contraire aboutit à maintenir ou à aggraver l’anomalie d’une situation antidémocratique et antisociale propre aux politiques du PP ou C’s. Cliquer ici

Infos solidarité Lyon

 


Le dessin du jour

Dans "la prison Centre de Rétention de migrants"

Journée des droits humains à la prison de Archidona (1)

- Alors, si, quand on t'emprisonne pour tes idées politiques, tu es un prisonnier politique, nous, qu'est-ce qu'on est ?
- Je ne sais pas, des prisonniers coloristiques ? Cliquer ici

(1) L'ancienne prison de Archidona (Andalousie) a été transformée en centre de rétention (CIE) où sont enfermés plus de 500 migrants en contravention (jurisprudence du Tribunal Suprême) avec la loi, par ailleurs inacceptable, sur les Etrangers. Il n'y a pas d'eau potable, pas de sanitaires dignes de ce nom, pas de soutien psychologique... Les droits humains sont bafoués. Ce CIE ne fait pas exception à la règle : ces établissements sont dénoncés par les associations de défense des droits humains pour être, sous couvert de centres d'accueil, des prisons racistes. Lire ici 
Telle est la politique de la "démocratie" espagnole envers des migrants plongés dans une terrible détresse. A comparer avec la conception catalane de l'accueil de ces mêmes personnes : Barcelone ... championne de la solidarité avec les migrant-es : ils/elles ont défilé à 500 000 ! (traduction de l'article en espagnol tiré du site d'information eldiario.es)
Cliquer ici

Vous avez dit leçon d'humanité et de... démocratie ?

Catalunya Infos en continu. Etre de gauche et chercher à s'y retrouver dans la question catalane...

11 décembre

 Cliquer ici

10 décembre

Le dessin du jour

 Iglesias : la ferme la rue, les fachos dorment  !

Manifestant-es : Liberté pour les prisonniers politiques !
Pablo Iglesias (Podemos) : Eh, faites un peu de silence, vous me réveillez le fascisme...

L'échec du nationalisme espagnol

Préambule : l'article ci-dessous écrit avant le référendum du 1er octobre, mérite cependant notre attention car il met en perspective historique le rapport de l'Etat espagnol à ses nations qu'il appelle régions autonomes. Le titre de cet article peut dérouter face à ce qui semble une victoire du gouvernement de Madrid suite à son utilisation du 155 dont on connaît les conséquences. Mais nous devons avoir en tête ce qui est arrivé à Pyrrhus et l'idée qu'il y a des défaites qui préparent des victoires. Vieilles leçons de l'histoire qui ne sauraient cependant rien faire oublier des difficultés du moment à élaborer une stratégie politique du mouvement national catalan permettant de vérifier l'actualité de ces leçons du passé ! (Le site du NPA 34)

Il faut un nouveau pacte entre des peuples libres, égaux et solidaires, fondé sur l’exercice préalable du droit à l’autodétermination, y compris à la séparation.

Le conflit ouvert autour de l’annonce du référendum du 1er octobre en Catalogne a mis à nu non seulement l’épuisement du modèle de l’État autonome mais également les profondes faiblesses du processus de construction d’une nation, hégémonisé par les élites économiques et politiques espagnoles, et qui s’est développé à travers notre histoire commune. [...]

[À partir de différentes expériences avortées pour redéfinir la place du Pays Basque et de la Catalogne dans leur rapport avec l'Etat espagnol], des scènes différentes se sont cependant ouvertes dans l’un et l’autre cas : alors qu’en Catalogne à partir du 10 juillet 2010 (la manifestation « Nous sommes une nation ») une mobilisation citoyenne a commencé un processus de consultations locales promues par la Plateforme pour le droit de décider (Plataforma per el Dret a Decidir), qui a rapidement ouvert la voie à l’Assemblée nationale catalane, au Pays basque le parti hégémonique, le PNV, s’est réorienté vers une stratégie gradualiste. Une orientation qui n’exclut pas, comme nous l’avons vu récemment, des pactes de gouvernance avec le Parti populaire (PP) en attendant des temps meilleurs pour proposer une réforme statutaire qui suppose un pas en avant dans l’autonomie.

De plus, au fil de ces dernières années, nous avons vu comment la réalité plurinationale et pluriculturelle s’est manifestée plus ou moins fortement dans d’autres communautés autonomes : non seulement en Galice, mais aussi en Andalousie, dans le Pays valencien, dans les Asturies, les Baléares… L’incapacité du nationalisme espagnol dominant de reconnaître cette diversité avec toutes ses conséquences a confirmé son échec historique. Cliquer ici

Elections : ici la résistance, la CUP parle aux Catalan-es... 

9 décembre 

 Le "dialogue avec l'Etat", c'est zéro ! Il n'y a pas le choix, il faut se battre pour "l'unilatéralité" !

  (La CUP espère retrouver l'ERC dans "l'unilatéralité" le 22 décembre)

L'ex députée et conseillère municipale de la CUP à Barcelone Eulàlia Reguant avertit l'ERC [Gauche Républicaine de Catalogne] que "le dialogue en soi ne mène nulle part " et elle espère que les républicains [ERC] reprendront "le chemin parcouru par nous tous", à partir du 22 décembre [le lendemain de l'élection]. Reguant a remis sur le tapis la question de "l'unilatéralité" nécessaire à la construction de la République. "Agissons ainsi sinon personne ne nous fera cadeau de nos droits". Les "cupaires" ont également reproché aux "communs" [Catalunya en Comú de la maire de Barcelone, Ada Colau, qui dirige la liste En Comú-Podem, lequel Podem a été normalisé par Iglesias à cette fin unitaire] de rester calés sur "l'autonomisme" [l'autonomie ou indépendance, alias le ni-ni, vis-à-vis des belligérants, les indépendantistes et les unionistes] et ils rappellent au candidat de Catalunya en Comú-Podem, Xavier Domènech, que les coupes sombres qu'ils dénoncent aujourd'hui avaient déjà commencé "avec le Triparti" de ses "camarades de Iniciativa" [Iniciativa per Catalunya Verds-Esquerra Unida i Alternativa, aujourd'hui partie prenante de Catalunya en Comú, avait  gouverné la Catalogne entre 2003-2006, puis 2006-2010 en coalition avec le PSC et l'ERC].

La CUP accentue la pression sur l'ERC pour qu'elle abandonne le pari qu'elle fait sur le dialogue avec l'Etat espagnol alors que l'heure est à faire que la République soit une réalité. Pour la CUP, le dialogue avec l'Etat est un "dialogue de sourds" car "il ne veut ni ne sait écouter" et "il ne nous donnera jamais ce qui est à nous".

Eulàlia Reguant rappelle que l'Etat espagnol nie le droit d'autodétermination "que ce soit par le Congrès des députés, la monarchie, le pouvoir judiciaire ou les élites économiques". "Ce n'est qu'en créant des situations d'unilatéralité que nous provoquerons des changements et que nous avancerons dans la construction de la République", a-t-elle assuré. La candidate de la CUP sur Girona, Natàlia Sànchez, a aussi porté une attaque contre "l'alliance du 155" et a déclaré que "la démocratie dans l'Etat espagnol est et restera introuvable". Sànchez demande que l'on fasse de l'élection du 21 décembre "un boomerang républicain" contre "ceux qui dénient, en lui portant des coups, le droit au libre choix de notre peuple". 

Un avertissement à l'adresse des "communs"

Sànchez poursuit en faisant reproche aux "communs" d'assimiler les indépendantistes et les unionistes : "Que personne ne se méprenne. N'essayez pas de mettre sur le même plan le mouvement républicain et les partis de la matraque". La tête de liste de la CUP sur Girona précise "qu'aucune force se réclamant de la gauche du changement ne saurait tourner le dos au pouvoir populaire". [...]

 Reguant a, par ailleurs, dit que la volonté de la CUP est "de recoudre le pays déchiré par les coupes budgétaires et les privatisations" en faisant des propositions "courageuses" visant à "conquérir des droits sociaux et politiques". "La Constitution, que Podemos aussi défend, a-t-elle ajouté, a démontré son incapacité à protéger les droits au logement ou au travail digne"

Concernant les propositions électorales que la CUP axe autour de ses "Décrets de la Dignité", Reguant rappelle aux "communs" que le "Triparti" avait l'occasion d'en finir avec les pactes éducatifs établis avec les écoles privées et qu'il n'en a rien fait. Pendant cette réunion publique de la CUP à Blanes, le conseiller de la CUP de cette municipalité, Joan Rota, est intervenu pour reprocher aux socialistes de refuser d'investir un président indépendantiste. Et d'interroger "Comment voulez-vous appliquer alors les politiques sociales ?". En ce sens, Rota rappelle aux socialistes que, comme dans d'autres municipalités, à Blanes, l'ancien maire, Miquel Lupiáñez, a fini par se décider à abandonner le PSC et à démissionner de son poste, en novembre dernier, pour montrer son désaccord avec l'entrée en vigueur de l'article 155 de la Constitution espagnole et avec le tournant politique opéré par son parti.


"Nous aimons qui ça nous chante"

  
Pendant ce meeting de Blanes, Eulàlia Reguant a répliqué aux déclarations du numéro 3 de la liste socialiste, Ramon Espadaler, qui, dans une entrevue accordée à la Cadena Cope [la radio de l'épiscopat espagnol, l'une des principales radios espagnoles], a dit que la CUP a fait danser les Catalans sur un air de "mambo pervers" [allusion à la vidéo de la CUP sur le référendum du 1er octobre, intitulé "C'est maintenant que commence le Mambo", autrement dit le mouvement populaire pour l'indépendance et la République, une fois débarrassé du vieux tacot de l'indépendantisme à pas de tortue à pousser à n'en plus finir. Voir la vidéo ici]. Elle lui a envoyé un "Nous dansons avec qui ça nous chante et nous aimons qui ça nous chante". 



Traduction NPA 34
8 décembre

Catalunya Infos. Constitution Franco d'export vers la Catalogne !

Merde, quarante ans déjà...


Le testament de Franco



 Note préliminaire du site NPA 34. La croix assise sur un rocher qui sert de fond à ce dessin est celle qui domine El Valle de los Caídos (La Vallée de ceux qui sont tombés, autrement dits les franquistes tombés au combat pendant la Guerre Civile), cette zone mausolée, à quelque 50 kilomètres au nord de Madrid abritant toujours, Loi de la Mémoire Historique ou pas, les tombes de Franco et de José Antonio Primo de Rivera, le fondateur de la Falange, le parti fasciste espagnol. Quant à la Constitution de 1978, elle s'accommode mieux que bien de cet état de fait mais pas de ce que décident les Catalan-es...

 .......................

Tandis qu'en Argentine le honteux héritage de la dictature militaire a été liquidé avec la condamnation à perpétuité des responsables de la violence institutionnelle, les tortionnaires, les responsables politiques et leurs collaborateurs directs, en Espagne on continue à respecter l'héritage du franquisme. Les tortionnaires et autres canailles sont toujours en liberté, jouissent de leur pension de retraite et le PP maintient vivant, depuis sa fondation par Fraga Iribarne, un ancien ministre de Franco, l'esprit de la dictature. On a vu à l'oeuvre, dans le récent épisode de Catalogne, comment il a renouvelé son idéologie et ses méthodes, à coups de responsables politiques emprisonnés ou exilés, de passages à tabac par les Corps de Sécurité de l'Etat, le 1er octobre, de citoyens sans défense. 

Ce sont les mêmes chiens avec d'autres colliers. L'alibi de la légalité en vigueur, qui était avancé aussi sous notre dictature, laquelle avait sa propre légalité et n'hésitait pas à l'appliquer en fusillant, en emprisonnant et en torturant qui se mettait sur son chemin, n'a pas de justification historique, car la Constitution de 1978 est, comme à l'époque quelqu'un l'avait qualifiée, le testament, Monarchie comprise, du général Franco. Testament auquel s'en tient le PP, ravi et sans remords, en reconduisant l'habitude de nommer les juges qu'il faut, selon son bon vouloir, comme cela est arrivé avec le procès de l'Affaire de Corruption Gürtel, en changeant certains autres, ou, comme au procès des Papiers de l'affaire Bárcenas [du nom de l'ancien trésorier du PP poursuivi pour avoir tenu la "caisse noire" du parti], en remplaçant quelques magistrats de la Audiencia Nacional. Toutes choses très habituelles dans l'Espagne franquiste comme dans l'Allemagne nazie. Et, pour couronner le tout, ils se servent des sentences prononcées comme preuves de leur honnêteté légale. Lire ici

 Ne pas toucher

 Le quotidien El País l'amnésique admirateur de l'Argentine et, par ailleurs, dur contempteur des "errements antidémocratiques" des catalanistes, pris à contre-pied... 

A propos des récentes condamnations des responsables de la dictature argentine...

Les "vols de la mort" (1) : ce que tait l'élogieux éditorial de El País  sur les jugements en Argentine

Synthèse par NPA 34 : El País, le grand quotidien du régime, s'est fendu d'un édito particulièrement élogieux envers la défense intransigeante des droits de l'homme qu'expriment ces sentences. Bravo donc l'Argentine... Ce pays montre la voie à toute démocratie digne de ce nom : l'impunité des crimes n'est pas tolérable ! L'imprescriptibilité des crimes contre l'Humanité et autres crimes de Guerre a rang constitutionnel en Argentine qui a ainsi mis à bas les lois du "Point Final" (des lois d'amnistie), dont, dans un premier temps, avaient bénéficié les membres de la dictature. Et l'éditorialiste de El País, ne tenant plus devant l'enthousiasme "droitdel'hommiste" que tout ceci suscite en lui, d'écrire que l'Argentine vient de délivrer un message au monde entier sur la nécessité de mettre un ...point final à l'impunité de ceux qui bafouent les droits humains. Mais voilà...

Comme l'écrit l'auteur d'une tribune mise en ligne sur eldiario.es, ces belles paroles ne doivent pas être lues, ou pas seulement, pour ce qu'elles disent mais pour ce qu'elles taisent. Extrait :

"Ce qui est tu dans ces lignes devient un cri qui troue tout le texte et finit par le décrédibiliser. Il y a l'absence de toute mention, même minime, des crimes commis par la dictature franquiste, de toute mention de l'inexistence [en Espagne] d'une politique d'Etat sur les droits humains, de toute évocation de ceux qui ont été fusillés sans jugement et qui, par centaines de milliers, sont toujours là, sans sépulture, dans des fosses. Rien sur les milliers d'enfants [de républicain-es emprisonné-es ou assassiné-es] volés, sur le non-jugement des responsables de la chose, sur la bien tiède loi de la Mémoire Historique qui s'exonère de procéder à la reconnaissance et à la réhabilitation de ceux qui ont subi la répression, qui ont été assassinés, sur le refus d'annuler les condamnations à mort imposées par les tribunaux de la dictature.

Les auteurs de cet éditorial de El País connaissent très bien toutes ces questions et pourtant ils se solidarisent avec la tentative des gouvernements successifs de l'Espagne pour taire et refouler, au sens freudien du terme, la mémoire et pour faire obstacle à une politique des droits humains comparable à celle de l'Argentine dont ils font l'éloge. 

Des occasions de mener une autre politique sur le sujet, il n'en a pas manqué mais pourtant il est aujourd'hui impossible en Espagne, non seulement de juger des crimes contre l'humanité commis ailleurs mais, aussi et surtout, ses propres crimes, ceux commis ici. Il est temps que cette admiration pour l'Argentine ouvre la voie par où l'Espagne puisse reconnaître son passé et mettre en oeuvre un acte de justice qui est toujours en attente d'être réalisé. Ne pas s'atteler à cette tâche et maintenir un positionnement de refus de savoir, ne pas vouloir reconnaître, rendra impossible la construction d'un pays où cette admiration portée au-delà de l'Atlantique rejaillisse sur chacun des Espagnols" Lire ici

(1) Ceux qui ont été condamnés, à cette occasion, en Argentine, ont été reconnus coupables, entre autres méfaits et crimes, d'avoir participé au largage en mer, depuis des avions, d'opposant-es politiques à la dictature, à qui avaient été préalablement administrés de puissants "calmants" pour que soient facilitées les opérations. 

Tout le monde par terre !
Ceci est un 155 ! 

Note : allusion humoristique à la tentative de coup d'Etat emmené par le lieutenant-colonel de la Garde Civile, Antonio Tejero. C'était le 23 février 1981 (voir ici). A la tête de 200 Gardes Civils, il s'était emparé du Congrès des députés réuni en séance plénière pour procéder au remplacement de Adolfo Suárez comme Président du gouvernement. La phrase qu'ils prononça "Todos al suelo" ("tout le monde au sol"), adressée aux député-es, restera célèbre. L'armée n'ayant pas répondu à l'appel du putschiste, ce que le roi avait entériné dans une allocution télévisée, le fiasco a scellé l'aventure. Les mutins se sont rendus. Les zones obscures, en particulier sur le rôle exact du roi dans cette opération, sont "secret défense". Ce dessin fait le lien avec ce que d'aucuns voient de "franquiste" dans l'utilisation de l'article 155 de la Constitution contre la mobilisation des Catalan-es.

Le dessin du jour

Sur la couverture : La Constitution espagnole. Ne pas toucher. (tiré de Si no es feminista no es nuestra constitución, Si elle n'est pas féministe, ce n'est pas notre constitution)


7 décembre

Aujourd'hui Bruxelles est la capitale de la Catalogne ! 


45 000 (chiffre de la police belge) !


Des dizaines de milliers d'indépendantistes remplissent Bruxelles de jaune pour réclamer la libération des prisonniers.

"Wake up Europa, democracy for Catalonia [Réveille-toi, Europe, démocratie pour Catalunya]" tel était le mot d'ordre de la manifestation.


Carles Puigdemont, dans son discours devant les manifestant-es, a interpellé le président de la Commission Européenne, Jean-Claude Juncker, en ces termes : "Ces manifestants n'apportent pas leur soutien à des criminels mais à des démocrates" !

Marta Rivera, numéro 2 sur liste des candidat-es de l'ERC aux prochaines élections, a lu un message de Oriol Junqueras, vice-président de la Généralité et tête de liste, toujours en prison, qui "appelle à voter le 21 décembre comme il a été voté le 1er octobre (au référendum d'autodétermination".

De son côté, Joan Coma, pour la CUP, a critiqué la "passivité" et la "complicité" des institutions européennes "avec la violence de l'Etat espagnol". Il a également exigé la "libération de tous les prisonniers politiques".

La réponse de Frans Timmermans, le vice-président de la Commission Européenne, aura été une claire fin de non-recevoir adressée aux demandes de l'ANC et de l'Omnium, organisateurs de la marche, que l'UE révise sa position et favorise un dialogue bilatéral entre le Gouvernement Central et la Généralité : "On peut s'opposer à la loi, a-t-il déclaré, on peut changer la loi mais on ne peut pas ignorer la loi"...

Les manifestant-es, qui ont donné des airs festifs à leurs revendications de libération des prisonniers politiques, ont chanté l'hymne national de la Catalogne, Els Segadors, mais aussi l'Estaca du chanteur Lluis Llach qui, à la fin du franquisme, avait acquis le statut d'hymne antidictatorial ! Splendide raccourci politique sur la dette maintenue de la démocratie espagnole avec un passé dont elle n'a pas, au sens strict du mot, rompu. Lire ici



 Cliquer ici

Mais bon sang, ce sont les pompiers catalans !



Les pompiers catalans présents à la manifestation de Bruxelles ont fait la queue devant l'hôpital de la Croix Rouge de la ville pour faire des dons de sang en remerciement pour l'accueil qu'a procuré la Belgique au Président et au gouvernement en exil catalans. Cliquer ici

Constitution. Ce que peut Podemos...


 Hier, Pablo Iglesias saluant Ana Pastor, la présidente (Parti Populaire) du Congrès des Député-es, lors de la séance d'hommage à la "Constitution 155" (1)...

... et ce qu'il ne peut pas : rendre visite aux prisonniers politiques catalans !

Hier 6 décembre était la fête d'anniversaire et d'hommage à la Constitution  (39 ans !) qui, comment l'oublier, compte, entre autres trésors démocratiques, un certain article 155 ...

Tous les partis politiques, hormis les partis nationalistes basques et catalans, s'étaient donné rendez-vous à la séance du Congrès consacrée à l'événement... Pablo Iglesias, pour Podemos, était donc de la fête. Voici ce qu'en dit une des plumes les plus avisées de La Vanguardia : 

"Cette fois-ci, Pablo Iglesias, le secrétaire général de Podemos, était là. Iglesias avait déjà participé à la cérémonie du 6 décembre 2015, quand il n'était pas encore député. Sa présence hier au Congrès indique que Podemos est aussi en train de revoir, d'urgence, son plan de navigation. Son adhésion à l'Espagne plurinationale et sa défense d'un référendum en Catalogne est en train de lui coûter cher. Sans renoncer à ses postulats, le leader de Podemos a voulu prendre place hier dans la photo constitutionnelle. Il y a un jour où les partis de combat éprouvent le besoin d'apparaître des partis d'ordre. Pablo Iglesias est peut-être en train de redécouvrir Santiago Carrillo, Jordi Solé Tura et et le sens  des compromis chers à l'eurocommunisme des années 70." Lire ici

(1) Pour avoir une vue complète du positionnement de Podemos, il convient d'avoir en tête qu'il est partisan d'une réforme constitutionnelle, en particulier de son article 155, qu'il demande la libération des dirigeants catalans emprisonnés... Reste que le geste "participatif" d'hier est révélateur d'une hiérarchie reléguant à un second plan le geste "contestataire" à moins qu'il ne mette plus que jamais au jour l'aporie podémite d'une participation systémique antisystème...

Le coup de la CUP à Girona...

 La CUP de Girona a rebaptisé la place de la Constitution place du 1er octobre en hommage aux milliers de personnes qui ont rendu possible le référendum du 1er octobre.

Les "cupaires" ont ainsi anticipé sur la séance du Conseil municipal du 18 décembre qui a mis à l'ordre du jour ce changement de nom. Lire ici

Sur l'air espagnol de "matraque je t'aime, matraque je t'adore, rouge sang est ma bannière..."


La liste alternative, promue par ERC au cas où sa propre liste électorale serait invalidée, a lancé sa campagne en mettant en ligne un montage vidéo des violences policières du 1er octobre contre les personnes qui voulaient voter. La bande son illustrant ces scènes est constituée par l'hymne espagnol et la vidéo se conclut par ces mots : "Si, pour l'Espagne, c'est cela le dialogue, votez républicain (= ERC)" Voir ici (vidéo prise sur le site de l'ultradroite Libertad Digital qui envisage qu'une plainte soit déposée pour "outrage aux symboles de la nation" !).  

L'image du jour

La politisation de la justice

Cliquer ici

Document. La CUP tire un bilan sans complaisance de l'action indépendantiste menée....

Intégralité de la résolution politique adoptée par son assemblée extraordinaire 

6 décembre




Note préliminaire des traducteurs

 Nous vous proposons, ci-dessous, en versions catalane et française (mais celle-ci, traduite par X. et moi-même, sans l'annexe, que nous traduirons après notre retour de Bruxelles), la résolution politique adoptée par l'assemblée nationale extraordinaire de la CUP-CC le 12 novembre dernier, à Granollers, rendue publique le 24 novembre sur son site Internet : http://cup.cat/ponencia-ane-2017.

Ce document est d'une grande richesse, par l'autocritique qu'il contient, celle d'une trop grande adaptation des élu-e-s de la CUP dans les municipalités et au Parlament, durant les deux ans de la législature 2015-2017, au « processisme » institutionnel porté par Junts pel Sí, le manque de détermination de la CUP à construire par en bas les « souverainetés » nationales et sociales, les collectifs et « entités assembléistes » comme contre-pouvoir sur les lieux de travail, les quartiers populaires, les villages et villes de Catalogne pour rendre irréversible le processus constituant d'une République catalane sociale satisfaisant les besoins de base de la classe ouvrière et des classes populaires de Catalogne.

Il est rare qu'une organisation se livre ainsi publiquement à ce genre d'autocritique. D'autant que, comme chacun-e le sait, et comme le rappelle la résolution, les militant-e-s de la CUP, avec les CDR, n'ont certainement pas à rougir de leurs engagements pour « l'indépendantisme unilatéral », non négociable avec Madrid. Ils et elles ont été aux avant-postes des mobilisations de rue les 1er et 3 octobre contre la répression de l'Etat monarchiste bourgeois d'Espagne, en première ligne de la paralysie des voies routières et ferroviaires de toute la Catalogne le 8 novembre dernier. Cliquer ici

5 décembre

Sur fond de guignolade judiciaire, l'indécrottable gauche inscrite dans le système pour, dit-elle, le modifier...

A/ Guignol est juge...

Le Tribunal Suprême (TS) espagnol manoeuvre sur la demande d'extradition de Carles Puigdemont et des autres exilé-es. 


Mardi 5 décembre, le Tribunal suprême espagnol retire le mandat d’arrêt européen qui pesait jusqu’alors sur l’ex-président de la Généralité catalane et 4 de ses proches conseillers, exilés en Belgique depuis le 30 octobre. Le mandat d’arrêt espagnol est, quant à lui maintenu.
La campagne électorale des élections en Catalogne du 21 décembre prochain s’ouvre dans un climat inédit, pour ne pas dire « bordélique »… Le scrutin va-t-il clarifier ce feuilleton? Cliquer ici

 Le TS, qui a pris en main le dossier d'extradition instruit par la Audiencia Nacional, renonce à demander cette extradition par crainte de se la voir refusée par la justice belge, du moins sur la base de son exposé des motifs : le probable refus de la Belgique de reprendre à son compte l'ensemble des chefs d'accusation avancés par la justice espagnole contre les "exilé-es" catalans mettrait, par ailleurs, celle-ci en porte-à-faux vis-à-vis des mis-es en examen resté-es dans l'Etat espagnol, dont quatre sont encore incarcéré-es, sous les chefs d'accusation qui auraient été rejetés par les Belges. L'égalité de traitement judiciaire pour des faits imputés identiques altèrerait la qualité (sic) de l'instruction ! 

 Jargon de prétoire qui ne change pas grand chose au fond d'une persécution judiciaire de tous et toutes ces personnes, élues ou responsables politiques catalanes, au service d'une politique de criminalisation d'une revendication démocratique d'auto-gouvernement : dès que ces exilé-es remettront le pied dans l'Etat espagnol, certain-es ayant annoncé que s'ils/elles étaient élu-es le 21 décembre, ils/elles rentreraient "au pays", ils/elles seront arrêté-es et une instruction judiciaire "adaptée" à la nécessité d'homogénéiser les chefs d'accusation leur sera signifiée ! Dans la guignolade judiciaire espagnole, Monsieur le Bailli (le Juge dans Guignol), derrière lequel s'agite le Gendarme en manque de bastonnade à donner, ne craint pas le grotesque ! Mais l'essentiel, le déni de démocratie, reste aussi sinistre qu'avant. Lire ici
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B/ Guignol est de gauche?

La gauche qui, au bord de l'abîme politique, veut, par des voies différentes, rompre avec toute radicalité antisystème...



Le débat de la gauche

Pedro Sánchez (PSOE), à gauche : Il faut prendre ses distances vis-à-vis de la radicalité pour ne pas effrayer l'électeur modéré qui est l'électeur traditionnel en Espagne.

Pablo Iglesias (Podemos), à droite : Mensonge ! Il faut prendre ses distances vis-à-vis de la radicalité pour ne pas réveiller le fantôme du fascisme. C'est ça qui serait indispensable ! (1) Voir ici


(1) La radicalité que cible Iglesias est celle de l'indépendantisme catalan. Lire ici  


Le refus, annoncé hier, de Marta Sibina, la numéro deux au Congrès des Députés pour En Comú Podem (qui regroupe les proches de la maire de Barcelone, Ada Colau, et ceux et celles de Iglesias), de soutenir le candidat de cette coalition aux élections catalanes à venir, repose, selon ses dires, entre autres raisons, sur son refus de considérer, comme fait Iglesias, que l'indépendantisme catalan, qu'elle soutient, fasse le lit du fascisme.

4 décembre

Les CDR, cet espoir d'une mobilisation...débordante ! 

Comités de Défense de la République, "ces citoyens auto-organisés qui ambitionnent de tout chambarder !."


A la mi-octobre, leur première rencontre nationale à Sabadell, les CDR étaient déjà presque une centaine. Et maintenant, ils dépassent les 300 ! Entre temps, les initiales des CDR sont restés les mêmes mais le R ne signifie plus “REFERENDUM” mais ‘REPUBLICA”. Désormais, les CDR s’étaient transformés en “Comités de Défense de la République”. Et il était évident qu’un développement si rapide et si impétueux indiquait qu’ on était devant un rare phénomène d’auto organisation populaire puisque les CDR avaient déjà eu l’occasion de démontrer leurs capacités et leur utilité.

Cette occasion leur a été offerte durant la grève générale du 8 Novembre 2017 quand les CDR ont mobilisé des dizaines de milliers de citoyens lesquels ont réussi à paralyser la Catalogne et ses villes en bloquant tous les grands axes routiers, les autoroutes, les avenues ainsi que les grandes lignes ferroviaires et les principales gares ! La démonstration de force des CDR était si impressionnante que la presse catalane et espagnole n’a pas omis de souligner qu’à coté ou même face aux partis et aux organisations indépendantistes existait désormais et se développait rapidement un autre pôle de résistance populaire ayant une structure, une composition sociale et un programme bien distincts et bien à lui . Cliquer ici

 Ceux qui restent en prison !


Paroles d'anticapitalistes sur la lutte nationale en Catalogne...
La discussion est ouverte dans le NPA


Position A  

"La question nationale combine des éléments d’histoire, de culture, de rapports de domination et d’opportunité politique. Nous faisons la différence entre des mobilisations réactionnaires, que nous combattons, et celles qui reposent sur des aspirations démocratiques et sociales. La (re)montée du sentiment indépendantiste en Catalogne contre la monarchie réactionnaire et corrompue se fait à l’inverse de la logique d’extrême droite de la Ligue du Nord ou du Vlaams Belang."

Position B

"Les deux principaux partis bourgeois indépendantistes (PDeCAT et ERC) ont cherché à utiliser les résultats du référendum pour négocier une autonomie accrue avec Madrid. Face au refus de Rajoy, ils ont déclaré symboliquement l’indépendance sans même essayer de la concrétiser. Quand la Catalogne a été mise sous tutelle, ils n’ont pris aucune initiative pour mobiliser la population et résister. Et pour les élections du 21 décembre convoquées par Rajoy, ils ont prévenu qu’ils ne prendraient aucune décision unilatérale ! "

Position C

 "Une mesure comme la réquisition des banques sous contrôle du monde du travail, [que proposeraient nos camarades d'Anticapitalistas], pourrait être reprise, et cela d’autant plus que les sièges sociaux des principales banques catalanes sont partis pour Madrid. Proposer l’application de ces mesures pour l’ensemble de l’État espagnol, favoriser toutes les formes d’auto-activité et défendre les moyens d’imposer ces mesures par la grève générale : voilà une politique qui s’émanciperait de la bourgeoisie catalane et de Madrid et qui pourrait unifier notre classe." 

Position D

"Les révolutionnaires doivent se battre à l’intérieur du mouvement indépendantiste pour une intervention indépendante du mouvement ouvrier, et dire haut et fort que la république catalane ne sera possible qu’en tant que république des travailleurs et du peuple, socialiste, dans une lutte commune avec les travailleurEs de tout l’État espagnol contre l’espèce de « nouvelle restauration bourbonienne » en cours et le régime de 1978 et dans le cadre d’une fédération socialiste ibérique."

Position E

"Nous défendons bien évidemment le droit au divorce. Et nous nous opposons à toute répression visant à étouffer l’expression de ce droit démocratique. Mais cela ne nous autorise pas pour autant à nous aligner derrière ceux qui ont cherché depuis le début à provoquer par tous les moyens ce divorce, comme la réponse la plus efficace destinée à canaliser et à détourner une révolte sociale." 

L'ensemble des textes est à lire ici
 
3 décembre

Paroles de bourgeois catalan sur le désastre indépendantiste (sic)...

 Ils le disent eux-mêmes...la faute (pour partie) à Rajoy ! Il a fait monter l'indépendantisme !


Ce n'est pas que ce soit parole d'évangile mais les ennemis du peuple ont, hélas souvent, la lucidité qui fait parfois défaut dans notre camp... Le fait est que le professeur catalan Antón Costas, au détour d'une phrase de l'entrevue que publie aujourd'hui le site El Confidencial, parle d'or. Ancien président du cercle de l'Economie, qui, comme en France, notre Cercle des Economistes, sent en effet son idéologue patronal néolibéral, il nous dit toute la détestation que la bourgeoisie catalane éprouve envers l'indépendantisme. De quoi, au passage, prendre à revers certaines analyses mécanistes et hors sol sur la bourgeoisie "catalaniste" (1), dont on a bien vu que son intérêt...ni catalan, ni catalaniste mais capitaliste, était de mettre les voiles, loin d'une Catalogne rebelle, pour faire jonction, ou plutôt maintenir la jonction avec l'espagnolisme ultrabourgeois et anticatalaniste. 

Mais passons, et venons-en au seul reproche que notre homme fait à Madrid dans la crise actuelle...en remontant quelques années en arrière. Lisons sa formule abrupte : quel reproche ? "La sentence du Tribunal Constitutionnel de 2010 qui annule une partie d'un Statut [celui, réactualisé, de l'Autonomie catalane] qui avait été voté par les Catalans, approuvé par le Parlement catalan et rectifié et approuvé par le Congrès des Députés [espagnol]. Ce qui n'arrive dans aucun endroit du monde c'est que, à la suite de ça, un tribunal annule le Statut"... Ce qui n'arrive dans aucun endroit du monde... Et dire qu'en France, certains pensent que la démocratie espagnole agit exemplairement dans le cas catalan ou, plus en veilleuse, comme il faut ! Mais, alors que, devant l'insistance du journaliste à lui faire préciser ce qu'il trouve peu convainquant, notre homme s'énerve, il ajoute : "Comme j'étais en train de vous le dire, l'anulation d'une partie de l'Estatut par le Tribunal Constitutionnel, à quoi s'ajoutent d'autres choses dont je vais vous parler, explique les 48% d'indépendantisme du moment. Il y a une loi en économie, le théorème de Thomas, qui explique que ce qui se perçoit comme réel a des conséquences réelles. La sentence du Tribunal Constitutionnel a créé un malaise diffus qui a rendu service à l'indépendantisme, même s'il n'avait pas voté le Statut, pour alimenter l'idée qu'il n'était pas possible de rien espérer du Gouvernement de l'Espagne. Ensuite il y a la crise [de 2008], les coupes sombres [l'austérité] et le malaise dans toute la société que l'Assemblée Nationale Catalane [ANC] utilise pour lever la bannière d'une utopie qui est l'indépendance." Et pour finir d'enfoncer le clou de façon assez agressive vis-à-vis de celui qu'il perçoit comme son contradicteur : "Je vous ai dit que ce qui n'a lieu dans aucun Etat démocratique c'est que le Tribunal Constitutionnel intervienne après que se soit exprimée la souveraineté populaire".  "Plus clair, tu meurs !

Alors, bien sûr, cette vérité de la nature antidémocratique du régime de 78, n'amène Antón Costas qu'à défendre implicitement qu'il fallait continuer à "piéger" le sentiment national catalan dans le système des Autonomies qui avait fait ses preuves pour désamorcer ce qu'il avait d'historiquement explosif. Quitte à faire les concessions qui conservaient l'essentiel, à savoir l'unité chère aux héritiers de Franco et, dans ce cadre centripète laissant de la bride à juste ce qu'il faut de dynamique centrifuge, permettre que les affaires (y compris de corruption mais, dans cette entrevue, on n'en dit mot) fonctionnent au grand bonheur des élites... convergentes, sur le mode capitaliste, du centre et de la périphérie ! Passant très vite sur l'importance de la crise de 2008 pour comprendre que les marges de manoeuvre politique s'en trouvent complètement déstabilisées, ce dont témoignera la crise indignée de 2011, notre homme développe un discours du regret : celui que le bras politique de la bourgeoisie espagnole et catalane, le PP, n'ait pas su être raisonnable et ait eu ce recours catastrophique à l'autre bras de la domination bourgeoise, le Tribunal Constitutionnel, contre le Statut catalan. 

Pour notre part, le regret est évidemment ailleurs, dans la rencontre manquée entre la question nationale et la question sociale pour que le peuple travailleur de la Catalogne puisse, à partir de la seconde qui porte ses revendications élémentaires, faire la jonction avec la première, vis-à-vis de laquelle il est partagé, voire a priori hostile, contre l'ennemi commun : le PP et ses alliés du PSOE et de Ciudadanos !  

Merci donc à Antón Costas d'avoir fait un rappel important sur l'origine de la situation que connaît actuellement la Catalogne et qui confirme bien des choses que nous défendons ici. Si ce genre de rappel n'épuise pas le sujet, il permet de le poser sur ses pieds. Pour essayer de repartir du bon (nous parlons bien de pied!). 

(1) Par rapport à la dimension bourgeoise qui serait celle de la revendication catalaniste, nous ne résistons pas à l'idée de reproduire ces lignes du professeur sur le président de la Catalogne, qui est, rappelons-le, le plus haut dirigeant de la droite catalaniste : [Carles Puigdemont] a perdu les pédales, il a perdu les pédales. J'ai eu de bons rapports avec lui, un rapport personnel, mais le jugement que j'émets aujourd'hui est politique : il a perdu le sens de l'orientation sur le terrain où il se meut. [...] Je crois que Carles Puigdemont a quelques phobies et l'une d'elles vise la bourgeoisie catalane. Il méprise les élites. Typique du populisme."

Si on comprend bien...la droite catalane, a priori donc bourgeoise, aurait porté à sa tête un phobique antibourgeois ? Moins convainquant que le reste dont nous avons parlé mais avec toujours, dans ce cas paradoxalement, un grain de vérité :  la question nationale catalane a un rapport à la bourgeoisie autochtone (mais est-ce bien le mot ?) mais aussi au peuple travailleur, complexe. Plus complexe que ce que l'on en lit par exemple chez certains marxistes ou marxologues se penchant sur la Catalogne...

Entrevue à lire ici
2 décembre

Montpellier, la Catalogne, on ne laisse pas tomber...

Quoi, bientôt Noël ?
Liberté pour les prisonniers politiques, droit d'autodétermination.
Rajoy, bas les pattes sur la Catalogne !


Ce samedi 2 décembre, une petite quarantaine de "solidaires" ont bravé le froid, l'indifférence consumériste galopante en cette pré-veille des fêtes de Noël et les divertissements goulus proposés par les stands des hivernales s'étalant à proximité de la place de la Comédie (je rappelle, on est à Montpellier)... 

Diffuser un tract demandant la libération des prisonniers politiques de Catalogne c'était, en ce jour, clairement se poser à contrecourant de ce qu'un samedi de début décembre commence à baliser en termes de dépolitisation ou de pause résignée, dans l'attente des jours meilleurs, des plus politisé-es (au demeurant pas tous/toutes des plus actifs sur la solidarité en question ! Et pas par indifférence, plutôt par un différend inconséquent sur l'indépendance)... Oui, les solidaires brandissant les senyeras rouges et or catalanistes, parfois étoilées/esteladas indépendantistes, faisaient quelque peu figure d'extraterrestres sur un espace dont les pulsations, pour être le coeur de ville, ne rythmaient pas grand chose du refus des mauvais coups qui agitent le monde. Même quand le monde des mauvais coups commence à moins de deux heures d'ici comme le disait le tract en question du Collectif montpelliérain pour la Liberté, la Démocratie et la Solidarité avec la Catalogne (lire ci-dessous)... 

Malgré tout, l'accueil fait à cette diffusion et l'attention portée par quelques "passant-es", les bien nommé-es, à la prise de parole, qui a conclu le rassemblement, auront suffi à réchauffer le coeur des présent-es... 

Allez, assumons que, s'il ne sert à rien de trop attendre de la disponibilité politique des gens en ces temps qui s'annoncent, malgré tout, festifs, s'il vaut mieux reconnaître qu'il est au fond, mais très au fond... acceptable (hum)-inévitable (mouais)  que "l'on se mette à penser à autre chose qu'à ses propres malheurs et à ceux du monde", il n'est pas exclu qu'à certains signes, certains regards, certaines remarques de ceux et celles qui prenaient nos papiers ou nous écoutaient, il nous ait été fait comprendre qu'il était bien qu'on ait été là, que le message était reçu mais que cela se verrait dans quelque temps-c'est comme ça et que, oui, le coup de force contre le peuple catalan mérite qu'on y pense... Il n'y a pas que ceux et celles qui pressaient le pas vers les sapins illuminés de mille couleurs qui peuvent rêver... Et comme le rêve est plus que souvent prémices de changement...


Alors, Joyeux Noël, Bon Nadal, à tous et toutes mais non, et puis quoi encore, pas à tous les Rajoy, Macron, Juncker et le reste de la bande... Mais joyeux Noël (solidaire) d'abord aux lutteurs et lutteuses pour la démocratie de Catalogne et, dans la mesure du possible, vu les circonstances plus que difficiles, à leurs embastillé-es et autres exilés... Il y a des priorités incontournables malgré toute la compréhension, ne valant certes  pas acceptation, que nous av..., que nous essayons d'avoir pour l'indifférence du moment !

PS : têtu, le Collectif Catalogne de Montpellier prépare une nouvelle initiative dont la date et la nature seront communiquées prochainement.

Antoine


Cliquez sur l'image pour l'agrandir



L'extrême droite


Le Ministre de l'Intérieur (à droite) au militant de gauche au sol : Eh bien, je vais vous dire quelque chose : les agressions de l'extrême droite sont quelques chose de ponctuel.
En revanche, les plaintes de la gauche sont quelque  chose de continu : na na na na na !
Cela ne m'étonne pas que vous ayez des problèmes ! ...On en aurait à moins ! Lire ici

Allusion aux déclarations de ce ministre en réponse aux interpellations de certains parlementaires à propos de la recrudescence des violences de l'extrême droite pendant la crise catalane, en particulier à Valence le 9 octobre (photo ci-contre), à Saragosse ou encore à Barcelone et dans d'autres villes... Pour lui ces agressions sont des faits ponctuels qui n'indiquent aucunement cette recrudescence sur laquelle il  est interpellé. Lire ici

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Le personnage chargé par la police est "étiqueté" "Politike, entrepreneur, patron" et s'exclame : "Eh, je suis Bankier !".
Le personnage de gauche : Pauvre, RICHE!
Le flic à l'adresse de celui qu'il charge : fils de pute ! Voleur ! Menteur !

La légende en bas d'image : le jour où je verrai ça...Je Kroirai vos mensonges. 

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