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Catalogne. Nouvelle escalade répressive...


 Nouvelles arrestations, nouvel exil...
L'Espagne, une démocratie des corrompus, des juges aux ordres et des délits d'opinion !

25 mars

Puigdemont arrêté en Allemagne ! 
(en fin d'article, le flux des dernières infos)

Manifestations de protestation à Barcelone contre l'arrestation de Puigdemont 


Carles Puigdemont, arrêté en Allemagne, est extradable dans l'Etat espagnol



La situation en Catalogne Sud a pris un tournant très grave car Carles Puigdemont a été arrêté en Allemagne, dans son voyage de retour de Finlande direction la Belgique. Ce pays a obtempéré à "l'euro-ordre" espagnol de détention de CP remis en route après avoir été suspendu. Les Ministères Publics allemands et espagnols sont en train de mettre en route l'extradition mais l'avocat de CP estime qu'il n'est pas acquis que celle-ci puisse avoir lieu car il faut que les codes pénaux des deux pays soient ajustés sur ce qui légitime la procédure. Or, dans le code pénal allemand, sur le chef d'accusation de rébellion, il faut nécessairement que ce soit lié à l'usage de la violence. Or dans les attendus du juge espagnol, la violence imputée l'est par une acrobatie qui rend responsable CP et d'autres de rébellion pour avoir obligé la police espagnole à utiliser sa violence. De nombreux juristes ont dénoncé le manque de sérieux juridique de la chose. Il n'en reste pas moins qu'il faut avoir à l'esprit que le judiciaire est fortement travaillé par le politique et si l'Espagne est un cas spécial de subordination du premier au second, on ne peut pas exclure que les Allemands trouvent le biais juridique pour rester dans la ligne de Merkel de soutenir Rajoy comme elle a fait depuis le début. Donc il y a un véritable danger d'extradition. 




Ce coup porté à l'indépendantisme catalan doit être interprété à sa juste mesure : venant après les dernières arrestations, c'est visiblement la preuve d'une volonté de porter un coup fatal à la direction du mouvement indépendantiste et de décourager totalement l'ensemble du mouvement, une volonté de le mettre en état de choc, de le démoraliser pour longtemps et assurer ainsi une impunité durable à la  bande du régime : c'est le projet de lui infliger une défaite sans appel qui est à l'oeuvre et qui a commencé avec le blocage par les juges de toute possibilité d'arriver à une investiture parlementaire du President. Il s'agit d'une agression caractérisée contre ce que les urnes le 21 décembre ont donné comme résultat. Nous sommes dans la logique poussée à l'extrême du putsch du 155. Rappelons au passage que l'euro-ordre en question vise aussi les autres exilé-es ! 

A l'heure qu'il est (17h30), CP est incarcéré en Allemagne et sera présenté demain devant un juge qui décidera s'il est extradable. La presse allemande souligne le rôle des services secrets espagnols dans cette arrestation. 

En Catalogne, les mobilisations sont en cours par des rassemblements de rue. Les CDR appellent à couper des routes. La presse internationale aussi réagit, mais sans toujours prendre parti, ainsi que des politiques dont des eurodéputés qui dénoncent l'Espagne autoritaire, voire fasciste. 



En ce moment a lieu, à Barcelone, une grande manifestation de protestation contre l'arrestation de CP à l'appel de la puissante Assemblée Nationale de Catalogne (ANC)  : le départ a eu lieu devant le siège de la Commission Européenne, sur le Paseo de Gràcia, et a pris la direction du Consulat d'Allemagne. La manifestation a reçu le soutien de Esquerra Republicana de Catalunya, Junts per Catalunya et la CUP. Le cortège des CDR, parti des Ramblas, a fait la jonction avec celui de l'ANC aux cris de "Liberté pour les prisonniers politiques", "Puigdemont est notre président", "Désobéissance civile" ou "Cette Europe est une honte" !

A lire aussi : ARRESTATION DE PUIGDEMONT EN ALLEMAGNE


Flux d'infos

20h : Le vice-président du Bundestag (Parlement allemand) estime que l'extradition pour rébellion n'est pas possible en Allemagne. Lire ici en espagnol
 


La police catalane a repoussé à coups de matraques et chargé les manifestant-es rassemblé-es devant le siège du Gouvernement espagnol. Voir vidéos ici

Plusieurs routes sont coupées dans toute la Catalogne. 

Toutes les Universités publiques de Catalogne  et tous leurs recteurs dénoncent les emprisonnements opérés. Cliquer ici

Vidéo : le Liceu (Opéra) de Barcelone se lâche aux cris de Liberté !  Cliquer ici

L'affiche diffusée en Allemagne par le groupe indépendantiste Empaparem

Libérez notre président, ne soyez pas complice 
 
24 mars

Rajoy ou la fusion des pouvoirs...
Montesquieu peut aller se rhabiller !

En Espagne

Rajoy, président du gouvernement : Et ils continuent à parler d'exils et de prisonniers politiques ! Quelle envie de tout déformer !
Rajoy juge : Dans tout pays d'Europe, on respecte la justice !
Rajoy policier : pas de poigne de fer, pas de démocratie !
Rajoy journaliste : Quel bon mot ! ça paraîtra en une ! Cliquer ici



  Au revoir familiaux au seuil de la prison

De nouveaux leaders politiques, dont le candidat à la présidence de la Generalitat Jordi Turull, sont placés en détention provisoire par le juge Pablo Llarena.  

Le juge du Tribunal suprême Pablo Llarena a ordonné ce vendredi la détention provisoire du candidat à la présidence de la Generalitat, Jordi Turull, des ex députés Josep Rull, Raül Romeva, Dolors Bassa, et de l'ancienne présidente du Parlement Carme Forcadell. Cliquer ici


La Catalogne en plein imbroglio politico-judiciaire (Libération)

La rue a réagi 

Le minute à minute de la mobilisation avec de nombreuses vidéos en cliquant ici

Barcelone






Portrait "enflammé" du juge



Manresa



Trains bloqués en gare de Lleida à l'appel du CDR local



Autoroute coupée au niveau de Tarragone


 Routes coupées ce soir



A Vilafranca del Penedés



Rassemblement sur la place de Tárrega



Les illusions sur la police catalane se sont dissipées : ce sont des ... "forces d'occupation" qui chargent les manifestant-es et exécutent docilement le 155





Cinq personnes ont été blessées légèrement vendredi à Barcelone dans des heurts entre policiers et indépendantistes catalans qui manifestaient contre la justice espagnole, a annoncé le service d'urgence de la ville dans un communiqué. Cliquer ici

Le Théâtre National de Catalogne a suspendu sa représentation ce soir pour protester contre les emprisonnements du jour. Les spectateurs ont applaudi et scandé des slogans en faveur de la libération des prisonniers politiques



Des associations de juges et d’avocat espagnols – dont nombre de non-indépendantistes catalans encore une fois – se sont exprimés publiquement pour indiquer que les motifs de rébellion et de sédition retenus contre les républicains catalans n’existaient pas et pour dénoncer les liens entre la justice et les tribunaux espagnols et le pouvoir.

Dans un pays présenté comme un des plus corrompus d’Europe et qui cultive et soigne encore un mausolée au dictateur Francisco Franco, on ne trouvera rien d’étonnant à cette évolution. Cliquer ici

 Le juge par qui opère le nettoyage politique en Catalogne : allo, señor Rajoy...


Le régime espagnol vire-t-il franquiste ?

La légitime émotion suscitée par la vague répressive qui s'abat contre toute personne cataloguée dissidente (lire ici) fait place à la révolte devant l'acharnement judiciaire actuel qui traque tout ce qui s'apparente à l'indépendantisme catalan. De plus en plus nombreux sont les juristes espagnols ou internationaux qui contestent la légitimité juridique des chefs d'inculpation retenus contre les emprisonné-es et/ou mises en examen, à savoir la rébellion et la sédition.
Les instances européennes, l'ONU, Amnesty International, la presse américaine et, de plus en plus, la presse européenne interroge la dérive autoritaire de plus en plus marquée d'un régime au demeurant décrédibilisé par les affaires de corruption (lire ici) touchant le parti au pouvoir ainsi que la famille royale.

La tentation est donc grande de considérer que l'Etat espagnol est en train d'opérer un retour aux sources franquistes : longtemps présentée comme un modèle de démocratie exemplaire, ayant su rompre sans douleur avec la dictature, l'Espagne a fait oublier ce que sa Transition à la démocratie a conservé du franquisme, héritage dont la question catalane finirait de dévoiler l'importance. Y aurait-il donc, sur la base de cette continuité refoulée jusqu'ici, un virage franquiste de la démocratie espagnole ? Voici ce que nous écrivions à ce sujet, en janvier dernier, dans un article consacré à la Constitution espagnole.

"La tenue du référendum d'autodétermination catalan du 1er octobre dernier a donc vérifié ce qu’était la violence structurelle de la démocratie espagnole, dont il faut repérer qu’elle n’est évidemment pas inscrite ouvertement dans la Constitution mais dans l’ordinaire des lois qui se déploient sous son parapluie, comme avec la récente loi scélérate dite « loi bâillon » qui criminalise arbitrairement tout dissensus politique, syndical, journalistique, etc., jugé dérangeant pour l’ordre corrompu établi. Dans ce cadre répressif de haute intensité, la dépendance politique de la Justice espagnole, en particulier de ses trois piliers que sont le Tribunal constitutionnel (1), le Tribunal suprême et, en vrai héritage quasi direct du Tribunal d’ordre Public franquiste, la Audiencia nacional, tient une place de premier plan : ces institutions judiciaires sont appelées à « mettre les mains dans le cambouis » d’un arbitraire sur lequel, dans une efficace répartition des tâches, la Constitution, texte sacré que personne du commun ne lit, a pour fonction de faire écran…démocratique.

On a pu lire que l’article 155 révèlerait la nature franquiste de l’Etat espagnol. Bien que, comme nous le faisons ici, il faille critiquer sans concession la démocratie espagnole, il est contreproductif politiquement d’écraser les différences entre régimes : l’établissement en 1978 des élections et la reconnaissance des libertés fondamentales, ainsi que des partis et syndicats est, osons le mot, une rupture avec le franquisme. Mais ce qui, principalement autour de la figure du Roi et du thème de l’unité de l’Espagne, a été constitutionnalisé dans cette démocratie, a construit le paradoxe que celle-ci recycle une hiérarchie des ordres du pouvoir qui est en clair héritage du franquisme. Le cours actuel des événements, avec en particulier la décisive intervention télévisée du Roi contre l’indépendantisme catalan, montre la portée de cette structure ; ordinairement en retrait institutionnel, le Roi sait se poster aux premiers rangs, en dernier ressort de légitimation politique du régime, pour réaffirmer ce qui a été un des axes constitutifs de l’idéologie franquiste : l’unité de la nation espagnole.

Si on considère la lettre de l’article 155, on finit de cerner l’habileté avec laquelle la Constitution pose la noblesse de ses postulats, détachée des modalités concrètes de leur application, en laissant aux politiques et à la « justice » le loisir de les interpréter à leur guise et en fonction des intérêts immédiats inscrits en continuité entre le franquisme et la démocratie : ceux du capital espagnol (et catalan), sur le mode d’un enrichissement par corruption atteignant des sommets inégalés en Europe. […]

Le 155 a permis d’installer « un état d’esprit gouvernemental » (Guillem Martínez) trouvant à s’exprimer ailleurs que sur la question des autonomies, par exemple lors du blocage des comptes d’une mairie, comme celle (excusez du peu) de la capitale, Madrid.  Tel est le fond de la question soulevée par la revendication nationale catalane dans ce qui, on le voit bien, fait apparaître une menace pour les autres Autonomies et, au-delà, pour tout ce qui a trait aux droits sociaux et aux libertés. […]

Cette Constitution est un des éléments de défense d’un Etat pour qui la démocratie est, avant tout, ce qui, sans plus avoir l’hégémonie politique d’antan mais dans la recherche d’une recentralisation autoritaire de temps de crise (2), permet d’asseoir le pouvoir économique et social de quelques-uns sur des millions d’autres. Avec encore la capacité de reconstruire du consensus unioniste anti-catalan et de bénéficier de l’appui d’une Union européenne qui signe une très significative régression : ayant favorisé hier une sortie espagnole de la dictature, la voilà aujourd’hui qui s’aligne sur ce que la Constitution espagnole a conservé de l’héritage franquiste. Par où l’Etat espagnol est un analyseur aussi du basculement de l’Europe vers des démocraties autoritaires, antisociales et liberticides qu’exige la sortie de crise capitaliste du capitalisme. 

  • (1) En 2015, écrit la professeure de droit M. Eugenia R. Palop, le PP, fort de sa majorité absolue, réforma le Tribunal constitutionnel (TC) pour le doter de « pouvoirs de sanction inouïs, sans en définir le contenu, sans limite de temps, dans le seul but de "discipliner" les Communautés autonomes qui ne se soumettraient pas à ses sentences ». Ce fut en fait une réforme taillée spécialement pour contrer le « procés »  catalan. Pour cette professeure les choses sont claires, cette réforme a transformé le TC en un Tribunal d’ordre public (rappelons que c’était le nom du tribunal d’exception du franquisme), « dépourvu de tout prestige, sans le moindre semblant d’impartialité et d’indépendance » (« El 155 y el estado de excepción permanente », eldiario.es, 13 décembre 2017, http ://www.eldiario.es/zonacritica/excepcion-pe...
  • (2) En prenant appui sur une « dérive centraliste » du Tribunal constitutionnel, « le gouvernement du PP a décidé de contester toute décision en provenance des différents territoires portant sur des questions comme la pauvreté énergétique, l’autoconsommation électrique, les corridas, l’urgence sociale en matière de logement, l’amélioration du droit de travail, la couverture santé des migrants ou le changement climatique. L’Etat, à cette heure, a lancé 17 recours en inconstitutionnalité avec, en point de mire, la Catalogne : durant l’actuelle législature, le Gouvernement a attaqué auprès du Tribunal constitutionnel (TC) dix lois catalanes, depuis celles ayant trait au "procés" jusqu’à celles sur le cinéma ou le sport. » A cette fin, le TC a appuyé ses décisions sur l’article 149 de la Constitution, qui définit les larges compétences qui sont du ressort exclusif de l’Etat central. Voir La deriva centralista del Tribunal constitucional limita los avances sociales, Público, 1er janvier 2018, http ://www.publico.es/espana/deriva-centralista...
Tiré de Lecture critique de la Constitution espagnole à la lumière de la Catalogne

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