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Syrie. On ne renvoie pas dos à dos un peuple et ses oppresseurs...



La complexité de la situation ? OK. Mais pas pour la jouer  gauche (faussement) Ponce Pilate !

A ceux et celles qui n'auraient pas le temps de consulter ce dossier que nous consacrons à la Syrie et dont nous recommandons de lire l'ensemble des articles car ils éclairent, sous divers angles, la polémique qu'une vidéo du site Le Média, proche de la France Insoumise, vient de susciter, nous sur-recommandons l'article remarquable de Lundi Matin "Le Média sur la Syrie : naufrage du « journalisme alternatif »". La réfutation de l'abjection politique visant un peuple en détresse est précise, documentée et, à notre avis, absolument nécessaire pour démonter les enfumages en cours. C'est accessible au bas de cette page "

Cerner la complexité...


Quels espoirs dans ce tableau si sombre ? 

La résilience du régime dans sa guerre contre toute forme de dissidence a coûté très cher, surtout en termes de vies humaines et de destruction, mais aussi pour lui politiquement. Outre sa dépendance croissante à l’égard d’Etats et acteurs étrangers, certaines caractéristiques du régime « patrimonial » de la dictature ont été renforcées, tandis que son autorité a diminué. Les hommes d’affaires et les milices ont considérablement accru leur pouvoir, tandis que les caractéristiques clientélistes, confessionnelles et tribales du régime ont été renforcées.


Pour autant, la poursuite de la guerre est la pire solution possible et ne profitera qu’aux forces – de Damas comme des mouvements fondamentalistes islamiques – opposées à un projet de société démocratique, socialement juste et inclusif. Du point de vue tant politique qu’humanitaire, la fin de la guerre en Syrie est une priorité absolue. Cela ne signifie pas pour autant accepter la continuation du régime Assad et sa relégitimation au niveau international, ni oublier les crimes de guerre, les dizaines de milliers de prisonniers politiques toujours dans les geôles du régime, etc. Il nous faut rappeler les objectifs originels du soulèvement populaire syrien pour la démocratie, la justice sociale et l’égalité, contre toutes les formes de racisme et de confessionnalisme religieux.

C’est pourquoi on ne doit pas oublier les origines du processus révolutionnaire syrien, mais sans l’idéaliser et en apprenant des échecs. Cette mémoire, ces expériences politiques doivent désormais être utilisées pour (re)construire les résistances, même s’il faudra les organiser encore une fois dans un environnement autoritaire, en attendant de voir émerger un futur mouvement démocratique, social et inclusif, dans lequel les nombreux activistes en exil auront également un rôle à jouer. Mais il faudra de la patience.

La question syrienne est donc loin d’être close, et la nécessité d’une solidarité internationaliste est toujours plus que nécessaire. Cliquer ici

Encore un peu de complexité ... pour mieux combattre les misérables "équidistances"... simplificatrices/simplistes d'une certaine gauche "radicale" !

Trump misait sur son rapprochement avec Moscou, et voulait développer une politique à partir de ce rapprochement. Il comptait sur la Russie pour bouter l’Iran hors de Syrie, mais cela n’a pas marché. Il a vu plein d’obstacles se dresser contre sa volonté de rapprochement avec Poutine. D’autre part, il y a le Pentagone qui a décidé, depuis 2014-2015, de s’appuyer sur les Kurdes syriens, sur les Unités de protection du peuple (YPG), et qui se félicite d’avoir fait ce choix : ce sont d’excellents combattants…  Washington les a poussés à créer une force comprenant des Arabes, les Forces démocratiques syriennes (FDS), pour ne plus apparaître comme une force exclusivement kurde. Les FDS ont remporté la bataille contre Daesh sur le territoire syrien.
On voit toute la complexité de cette situation, où un certain « anti-impérialisme » campiste (qui d’ailleurs est exclusivement anti-américain, et souvent même pro-russe), comme il s’est manifesté sur la Syrie ou la Libye, ne colle pas. Il y a en effet des cas, qui restent certes exceptionnels, où les Etats-Unis soutiennent, comme en Syrie aujourd’hui, une force progressiste dans sa lutte contre un ennemi réactionnaire. Les YPG sont indiscutablement la force la plus progressiste du pays en Syrie, sur la question clé de la condition des femmes en particulier, et ce quelles que soient leurs limites certaines et sans sombrer dans le délire qui consiste à croire que la Commune de Paris a été réinventée dans les zones kurdes syriennes.

Or il se trouve que ce sont ces gens-là que le Pentagone a décidé de soutenir, ce qui a semé le trouble dans les esprits campistes, qu’on n’a donc pas vus manifester contre l’intervention américaine en Syrie, puisqu’ils pouvaient difficilement condamner des forces liées au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), une organisation qu’ils soutiennent depuis de longues années. Il est évident qu’on ne saurait blâmer les forces kurdes d’avoir accepté le soutien des Etats-Unis, sans lequel ils auraient été écrasés par Daesh. La ville de Kobané n’aurait pu être sauvée sans le soutien aérien américain et l’armement parachuté par les Etats-Unis aux forces kurdes, au grand dam d’Ankara.
Mais en même temps les forces kurdes auraient grand tort de trop compter sur les Etats-Unis, qui tôt ou tard les laisseront tomber ; c’est inévitable. Il y a une sorte d’utilisation réciproque en ce moment, et bien malin celui qui au nom de « l’anti-impérialisme » irait leur reprocher cela, ce qui équivaudrait à leur recommander le suicide. Mais ce n’est évidemment pas un soutien fiable : Washington utilise les YPG pour le moment comme rempart non seulement contre Daesh, mais aussi contre l’Iran. Le Pentagone sait que s’il laissait tomber les Kurdes maintenant, les Iraniens parviendraient probablement à prendre le contrôle de la région à l’est de l’Euphrate. Cliquer ici

Récemment sur notre site du NPA 34


NPA 34
Déjà en février 2017, en guise de compte rendu d'une conférence de Julien Salingue à Montpellier sur la Syrie, nous écrivions... 


 Le tollé soulevé par le Media et sa position... médiane sur la Syrie !

1/ Le "Ni pour les uns ni pour les autres" qui laisse les mains libres au massacreur de son peuple 


 Abject : "La rhétorique du dictateur sanguinaire qui massacre son peuple" (Claude El Khal, écouter à partir de 0:50). Curieusement ce mot de rhétorique, appliqué au discours des puissances occidentales sur la Syrie, ne qualifie ni le discours des pro Assad, ni celui des pro Poutine, ni celui des pro Iraniens... Vous avez dit complexité et équidistance ou faux "poncepilatisme" ?

La position de l'un des défenseurs de cette position "niniste"... qui laisse feu vert au massacreur Assad...


... et l'article qu'il critique


La position de la direction du Média

Sophia Chikirou a été « directrice de la communication » de l'équipe de campagne de Jean-Luc Mélenchon lors de la dernière élection présidentielle. Elle est co-fondatrice de Le Média qui est proche de la FI tout en défendant l'idée de s'ouvrir largement à gauche.

Le soutien de Sophia Chikirou au journaliste Claude el Kall et sa prise de position, refusant de montrer des images de la bataille de la Ghouta orientale en Syrie, lui apporte diverses critiques pour cette « ligne éditoriale que de nombreux journalistes ont jugé insultante pour les reporters de guerre qui risquent leur vie pour obtenir des clichés sourcés », si bien que l'AFP a publié une tribune pour contredire l'affirmation selon laquelle les images ne pourraient pas être vérifiées (lire ici). Notes tirées de la fiche Wikipedia consacrée à Sophia Chikirou.
 
Cliquer ici

Claude El Khal revient sur le lynchage dont il se dit victime 

Claude El Khal : la nouvelle Inquisition et les moukhabarat parisianistes

Note du site NPA 34

Pour notre part, nous ne "lynchons" personne, nous donnons les pièces du débat tout en assumant de prendre parti contre ce que dit Claude El Khal sur la Syrie. Pour ce qu'il rapporte ici (lien ci-dessus), nous ne dirons rien, chacun-e jugera sur pièces. Notre angle de divergence totale apparaît clairement sur cette page : nous l'avons dénommé le "poncepilatisme" de ce journaliste et de ceux qui soutiennent sa position. Dans ce plaidoyer pro domo, Claude El Khal n'y revient pas. Volonté de taper sur les marges pour tirer le rideau sur ce qui nous semble l'essentiel ? A savoir une fausse neutralité dans un conflit où un dictateur sanguinaire a les mains libres pour massacrer une population civile qu'il cible délibérément comme il a toujours fait. Simplement avec plus de barbarie que jamais ! Nous maintenons : c'est abject, écoeurant, inadmissible. Plus grave : on retrouve en filigrane une position géopolitique, prévalant à la tête de la FI, "étatiste", où les peuples ne sont que donnée secondaire, et corrélativement, campiste prorusse-proAssad. Et cela au nom d'un antiaméricanisme incapable d'intégrer ce que Gilbert Achcar (voir entrevue plus haut) analyse parfaitement, une désorientation et même une division au plus haut niveau de l'administration américaine sur le Moyen-Orient !

2/ Inadmissible ! 

"Concernant la véracité des images, il suffit de recouper, d’analyser, d’user de logiciels dédiés, de faire un travail de journaliste en somme. Il existe des outils à la portée de tous pour cela. Google Image et le logiciel Tungstène. Nous sommes à la disposition de Le Media pour toute information complémentaire sur le sujet"

 
Cliquer ici

"Quoiqu’il en soit, contrairement à ce que Le Média avance, les « photos neutres » sur ce sujet n’existent pas et la partialité même de celui qui rapporte les images ne disqualifie pas d’emblée ces dernières. Sinon, comme le souligne l’historien Tal Bruttman, nous devrions immédiatement jeter aux orties les photographies du reporter de guerre hongrois pro-républicain et anti-nazi Robert Capa, sur la guerre d’Espagne et la deuxième guerre mondiale." (Lundi matin)

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Une tentative "camusienne", quelque peu dans un "entre-deux" forcé et peu convainquant, de comprendre le Média dans sa critique des médias mais en refusant son discours scandaleux sur la Syrie. Tout en passant à côté, malgré l'éloge de la complexité, de la problématique d'une révolution massacrée...



Il y a quelques jours, le journaliste de Le Media Claude El Khal, dans une séquence disponible ici, a parlé de la guerre en Syrie et plus précisément de ce qu’il se passe dans la Ghouta orientale, enclave que le régime de Bachar Al-Assad souhaite reprendre à tout prix en ne respectant pas la trêve humanitaire décidée à l’ONU. Cette séquence de Monsieur El Khal, à contre-courant du traitement de la guerre en Syrie dans les médias dits mainstream, a énormément fait réagir. Rien de surprenant affirment ses défenseurs, puisque se plaçant en opposition à la doxa journalistique dominante, le journaliste libanais a engendré une véritable cabale à son égard. Il y a de cela dans ce que subit Claude El Khal depuis la publication de cette séquence, il serait malhonnête de le nier tout comme il y a assurément une volonté chez un nombre conséquent de personnes de se faire Le Média.

En allant déterrer des tweets du journaliste – ce qui semble être la nouvelle mode de ce pays – et en se contentant presque uniquement d’attaques ad hominem sans entrer dans le fond du sujet abordé par la séquence, nombreux sont ceux à avoir démontré leur mauvaise foi. Néanmoins, il serait réducteur d’affirmer que seules des personnes mal intentionnées à l’égard de Claude El Khal ou de Le Média ont trouvé cette séquence dérangeante voire choquante. Personnellement, celle-ci m’a dérangé tout comme la chasse à l’homme qui s’en est suivie. Je crois qu’il nous faut, sur ce sujet comme sur bien d’autres, parvenir à ne pas sombrer dans le manichéisme ambiant tout en refusant le simplisme. Voilà quel est notre chemin de crête. Cliquer ici

Les retombées ...

  Une dizaine de soutiens du Média se désolidarisent de la webtélé ...

 

 


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