À la Une...

La Catalogne à Cannes... Merci Jean-Luc Godard...


12 mai

 

La citation exacte, brève mais disant l'essentiel, est "le cinéma tel que je le conçois est une petite Catalogne qui a du mal à exister."

Comme le rapporte elnacional.cat,  l'évocation par le cinéaste de la Catalogne vient de la présence, dans le film qu'il a proposé pour la compétition, “Livre d'Images”, d'une image de l'ouvrage célèbre de Georges Orwell Hommage à la Catalogne, écrit à partir de son expérience de la Guerre Civile espagnole (Orwell avait combattu dans les rangs du POUM). Il fut publié en 1938. Ce "mal à exister" qui rattache, selon Godard, la Catalogne au cinéma, à son cinéma, pointe leur point commun, contestataire, de se heurter à la logique de ce que l'on peut, à l'économie, désigner comme "le système", l'ordre en vigueur, en 1936-38, dans le cas d'Orwell, celui que l'on sait, et, aujourd'hui... pas la peine de faire un dessin. Un chiffre suffit : 155 !

Image en titre tirée de  La conférence de presse surréaliste de Jean-Luc Godard à Cannes (Les Inrockuptibles)

11 mai

 La CUP créditée d'une forte poussée des intentions de vote...
Sous l'attentisme du peuple catalan, la CUP est pleine !




Le sondage que vient de publier le Centre d'Estudis d'Opinió (CEO), juste avant que l'on n'apprenne la candidature de Quim Torra à l'investiture de la Présidence de la Généralité, fait état d'une remontée des intentions de vote en faveur des partis indépendantistes alors que le précédent sondage du CEO, réalisé entre octobre et décembre derniers, manifestait la tendance très nettement inverse : on passe ainsi d'un score, en faveur de l'indépendance, de 40,8% à 48%, contre un mouvement contre l'indépendance de 53,9% à 43,7%. L'indépendantisme retrouve ainsi les intentions de vote qu'il fixait au plus fort de la mobilisation pour le référendum d'autodétermination en octobre de l'an passé.



C'est à la CUP que revient le bénéfice principal de cette spectaculaire remontée puisqu'elle est créditée d'obtenir, si des élections avaient lieu maintenant, 11 député-es (9% des voix), son record, au lieu des 4 actuel-les. Résultat qui compense largement la baisse que subiraient les deux grandes formations indépendantistes : Junts per Cat, emmené par Carles Puigdemont, ne décrocherait plus que 30 à 32 député-es (19,8%), au lieu des 34 actuel-les, tandis que les républicains de gauche de l'ERC stagneraient à 32 ou reculeraient jusqu'à 29 (20,5%). L'ensemble indépendantiste consoliderait sa majorité parlementaire absolue en passant des 70 sièges actuels à 75.

Ces mouvements internes au bloc favorable à l'indépendance semblent montrer l'exaspération croissante de la population à l'encontre de la stratégie du "je t'aime, moi non plus" mise en (sur)place par les deux principales organisations de ce bloc autour de l'investiture à la présidence de la Généralité. La stérilité politicienne d'une stratégie à mille lieues de la logique de mobilisation initiée par le référendum du 1er octobre saute aux yeux de chacun-e. 

En revanche, l'intransigeance de la CUP, qui s'est refusée à avaliser, en faisant l'appoint des voix au parlement, les différentes propositions d'investiture car, dénonçait-elle, précisément elles n'étaient plus dans la stricte logique républicaine-indépendantiste, contredit tous les augures qui lui prédisaient d'avoir à payer le prix de la division ! Tout en restant prudents vis-à-vis du caractère incertain de tout sondage, retenons l'hypothèse qu'une bonne partie du peuple catalaniste, un temps déroutée par les manoeuvres de couloir de Junts per Cat et ERC, pourrait être en train de se ressaisir et de réagir, en termes "cupaires", sur le mode d'un radical "basta !". N'excluons cependant pas que la nomination enfin d'un président de la Généralité puisse redonner du lustre à ces grosses formations; encore faudrait-il qu'en dehors de la rhétorique battante de rigueur au moment de l'intronisation solennelle, ne s'affirme pas une orientation cherchant à composer avec les menaces de Madrid de remettre le couvert du 155 à la moindre incartade. Le fait est que seule la CUP a gardé le cap d'une stratégie, toute adaptée que l'on voudra à la nécessité de reconstruire le rapport de force perdu, mais travaillant ouvertement à organiser la désobéissance civile en faveur du mandat du 1er octobre et pour la libération des prisonniers politiques. Et cela en relançant une mobilisation de rue largement passée sous la table, malgré quelques belles initiatives, ces derniers mois. 

La quadrature du cercle est, au demeurant, que, sans l'unité politique autour de cette orientation, le défi devient redoutablement difficile à relever. Ce que suggère ce sondage est, en tout cas, une forte incitation à remettre la mobilisation populaire au centre du jeu qui pourrait s'ouvrir dans les prochaines semaines.

On ne conclura pas cette analyse sans oublier de mentionner ce qu'il en est de ce "centre extrême droitisé", macronisant disent, sérieux, certains politologues outre-pyrénéens, qu'est Ciudadanos. Il resterait la première force électorale mais, en perdant des positions, pour la première fois depuis sa percée : au minimum moins deux sièges des 36 actuels pour 24,5% des voix.

Quant aux socialistes du PSC, ils pourraient perdre entre 2 et 4 des 17 sièges (avec 11% des voix) qu'ils ont actuellement et qui, probablement, passeraient aux Communs, alliés à Podem, qui en gagneraient 3 pour atteindre les 11 (9,5%). Le PP stagnerait, lui, dans les profondeurs historiques où il est plongé, avec 4 député-es, peut-être 3 avec 4,1% des voix.

La bonne nouvelle est donc que l'objectif affiché par Madrid d'en finir avec l'indépendantisme à coup de 155, de répression policière et judiciaire et d'exil, n'est pas vraiment en passe d'être gagné. La mauvaise est que l'indépendantisme reste confronté à ses incertitudes stratégiques (cliquer ici) qui sont foncièrement ce qui fait la force d'un ennemi plus fragilisé qu'il n'y paraît !


Antoine 

Voulez-vous que la Catalogne devienne un Etat indépendant ?
Les "contre" sont en jaune, les "pour" en rouge, en vert clair les "ne se prononcent pas"


10 mai

Catalogne. Exit Puigdemont, voilà Quim Torra et quelques inquiétudes...
Un point de vue sans complaisance envers un certain indépendantisme

Cliquer ici

8 mai

Etat espagnol. Contrer la "politique de la cruauté"...

 Compter sur la persistance de "l'empathie indignée"...



Note préliminaire

Amador Fernández-Savater est l'un des penseurs les plus féconds de ce que le mouvement espagnol des Indigné-es a apporté sur les champs politique et social, malgré le reflux qu'a subi la dynamique de ce mouvement. Reflux provoqué, entre autres facteurs, comme le repère trop brièvement l'auteur, par l'institutionnalisation précoce et à courte vue de ce qui aurait pu être ses relais et ses catalyseurs politiques, Podemos et le "municipalisme pour le changement".

Fidèle cependant à l'idée que la fragilisation d'un tel processus ne signifie pas sa disparition, Amador Fernández-Savater pose son décrypteur sur la persistance des "effets de sensibilité", propres à l'indignation empathique des origines, par-delà le retour en force, visible en particulier dans la crise catalane, des politiques de la cruauté. Trois évènements récents ayant frappé les esprits, lui semblent signifier que, dans les profondeurs de la société, rien n'est perdu pour que soit obtenu qu'il n'y ait "plus de guerre de tous contre tous mais plus d’empathie (envers les autres)". 

Et, ajouterons-nous, pour que ladite empathie ouverte aux autres se donne les moyens politiques de bloquer ces "autres", enkystés dans les structures de pouvoir, qui, jusqu'au bout, feront le choix de la violence et des destructions pour préserver leurs privilèges. Disons-le, cette logique du négatif à corréler à la positivité de l'empathie solidaire, fait défaut dans la démarche analytique d'Amador Fernández-Savater et ce n'est pas faire injure à son acuité intellectuelle de pointer qu'il maintient là un point aveugle qui est à la racine de l'échec du 15-M à peser politiquement. Le développement d'une politique de la "sensibilité", si elle veut gagner les coeurs mais aussi nécessairement les esprits, ne saurait faire l'économie de penser les contre-effets violents d'une politique (au sens le plus large du mot) de "l'insensibilité", voire de la cruauté, qu'elle suscitera immanquablement.

Antoine

Photo : "Ce n'est pas une crise, c'est le système" (Indignados)

-----------------------------------------

On l’a souvent répété. Le mouvement du 15-M [« les indignés »] a fonctionné en Espagne comme un « coupe-feux » face à l'ascension du populisme de droite qui s’est étendu ces dernières années à un niveau micro et macro dans toute l'Europe: le Front National, le Brexit, Alternative pour l'Allemagne, Pegida, la Ligue du Nord, CasaPound, l'Aube Dorée…

Mais de quel type de « coupe-feux » s’agissait-il? Dans notre cas, nous avons insisté à penser et à décrire le 15-M comme un effet de sensibilité. Un phénomène de sensibilisation collective. À partir du mois de mai 2011, une sorte de « seconde peau » s'est déployée un peu partout dans la société grâce à laquelle ce qui arrivait à d’autres était ressenti et considéré comme une expérience propre et proche. [...]

Cette peau s'est désagrégée et fragilisée en grande partie à cause d’une « verticalisation » de l'attention et du désir, qui ont été délégués et placés dans la promesse électorale que constituait l'« assaut institutionnel » proposé par la nouvelle politique (Podemos, les confluences municipales, etc.). Alors qu'ils étaient captivés par les stimuli provenant du haut (TV, dirigeants, partis) et en proie à une perte d’attention à ce qui se passait autour de nous, cette « seconde peau » s’est déchirée petit à petit. [...]

Actuellement, c'est sans doute le parti Ciudadanos [allié à En Marche, ndlr] qui agite le plus habilement cette « passionnalité obscure » (Diego Sztulwark) afin d’en récolter les fruits au niveau électoral mais aussi de s'en servir comme base de son projet politique qui convertit la société en une entreprise totale. Où il n’y a de place que pour les gagnants et qui n'offre aucun espace aux adversaires (disqualifiés en tant qu’interlocuteurs à travers la répression, la censure et la criminalisation), ni aux « anomalies » (comme par exemples les espaces communs urbains ou les vendeurs de « top manta »[1]).

Sur fond de ce décor obscur et crispé apparaissent néanmoins d’autres voix ou des mouvements qui en appellent à d'autres sensibilités et qui activent d'autres perceptions, pour reployer une autre peau. Sans chercher à être exhaustif ni totalisant, je vais en présenter trois exemples (même s’il y en a d'autres) : les mobilisations du 8 mars 2018 et les mobilisations qui ont eu lieu autour de la mort de Gabriel Cruz et de celle de Mame Mbaye. Cliquer ici
 

 Sur les Indigné-es, Podemos... : 

Et l’indignation retentit dans l’Etat espagnol…

Podemos, ou l’art de « prendre d’assaut le ciel » par les élections
  
Catalogne, Madrid.... Podemos, les "convergences municipales", à la peine...

Podemos, une histoire qui file du mauvais coton...

Ce que peut Podemos ... et qu'il ne devrait pas faire... 


 7 mai

 Catalogne. Retourner l'Etat de droit contre l'Etat d'exception

... en mettant le régime espagnol en porte-à-faux avec l'Europe !


C’est à Barcelone, en raison du contexte d’exception juridique que connaît la Catalogne, que s’est tenu, ce week-end, le Premier Congrès pour la Défense de l’Etat de Droit. L’événement a réuni des magistrats, des professeurs de droit pénal ou international, des journalistes, des membres d’associations de défense des droits humains et des avocats. L’un des objectifs de la rencontre était de revendiquer l’Etat de droit comme outil de dénonciation et de résistance face aux atteintes systématiques aux règles démocratiques qui se sont produites ces dernières années en Espagne. L’exception juridique que nous connaissons est si importante que, plutôt que d’exiger la prise en compte d’une conception « alternative » ou « contre-hégémonique » du droit ou encore de la nécessité d’un approfondissement de la démocratie ou de la défense des droits sociaux, ce qui était réclamé était simplement que les pouvoirs publics soient cohérents avec eux-mêmes. Qu’ils ne bafouent pas les règles minimales dont ils se sont dotés quand ils ont approuvé des constitutions et ratifié des traités internationaux. Cliquer ici



Une vision sceptique sur la possibilité de retourner la Constitution espagnole contre elle-même mais tous les coups sont à tenter pour déstabiliser le régime


A lire aussi




Consultez les articles par rubrique


CORONAVIRUS

LUTTES SOCIALES
FÉMINISME
ANTIRACISME ANTIFASCISME
>


SOLIDARITÉ MIGRANTS
ÉCOLOGIE
JEUNESSE ENSEIGNEMENT


POLITIQUE LOCALE
DÉBATS
POLITIQUE NATIONALE


INTERNATIONAL
RÉPRESSION
NPA