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Etat espagnol. Gouvernement, PP... les corrompus condamnés (mais pas tous !)


A qui profite le cri... euh, la condamnation ?


 C’est l’un des plus importants procès de corruption politique en Europe qui a été tranché aujourd’hui par le parquet national espagnol. Cette première partie de l’affaire Gürtel qui couvre les exactions du Partido Popular (PP), celui du Premier ministre espagnol Mariano Rajoy, de 1999 à 2005, a conduit au prétoire près d’une quarantaine de personnes dont des responsables du PP, parmi lesquels une ancienne ministre, une ancienne présidente de la communauté de Madrid, l’ancien trésorier du PP, et des chefs d’entreprises. Le parquet a reconnu les faits d’ « association illégales, fraude à l’administration publique, corruption active et passive, faux documents commerciaux, détournement de biens publics, prévarication, blanchiment d’argent, délits contre le trésor publics, trafic d’influences, appropriations illégales, exactions, tentatives de fraude procédurale ». Il a condamné 29 des 37 accusés à 351 ans de prison au cumul et prononcé 165 peines. Cliquer ici

Enfin une justice espagnole indépendante ?

Cette lourde et réjouissante condamnation du "système PP" par la justice espagnole peut légitimement amener à  se poser la question : ainsi donc cette justice qui, dans le cas catalan, se donnait à voir comme une justice aux ordres, si caricaturalement aux ordres, qu'elle a été désavouée et ridiculisée par les tribunaux allemand et belge, serait capable de frapper le pouvoir en place ? La réponse à cette énigme déroutante pourrait se situer à plusieurs niveaux : d'abord il existe encore des juges "indépendants", décidés à instruire les cas de corruption et non destitués, comme ce fut le cas de Elpidio José Silva (lire ici et ici). 

Mais, ne nous leurrons pas, la règle d'or du "service de l'Etat" n'a pas permis que se dégage une magistrature résistant, pour ne prendre que cet exemple, à l'instrumentalisation de la justice contre la revendication catalane d'indépendance : à l'évidence, le consensus espagnoliste/constitutionnaliste est quasi total parmi les juges avec seulement une contradiction, somme toute secondaire puisque préservant le système politique en place, entre les tenants du nettoyage/ravalement anticorruption dudit système et ceux adeptes du nettoyage anti-opposants (catalans au premier chef) du même. Une contradiction se résolvant en fait en complémentarité.

On notera d'ailleurs ce détail qui va dans ce sens d'une magistrature espagnole politisée "à deux temps" mais hégémoniquement prosystème (héritage d'une Transition démocratique héritant elle-même beaucoup de travers antidémocratiques de la dictature) : le temps judiciaire bien long dans son instruction des affaires de corruption du PP, il est vrai très complexe, aura miraculeusement permis que du temps politique émerge enfin une alternative électorale de droite au PP, propre sur soi, celle de "l'ultradroite centriste" de Ciudadanos. A partir d'un méchant jeu de rebonds et d'entrecroisements de données politiques autour de la question catalane, la justice espagnole aura bénéficié d'un miraculeux coup double satisfaisant ses deux tendances précitées : pour la justice usant du PP pour casser la subversion, la neutralisation, au moins provisoire, de l'indépendantisme catalan et, pour la justice anticorruption, le feu vert pour finir d'enfoncer un PP irratrapable et imprésentable puisque, grâce à   Ciudadanos, il n'y a plus de risque de vide de pouvoir à droite. Les élites du capital et leurs juges, avec l'appui des quotidiens El País et El Mundo, pour ne citer que les principaux, peuvent souffler, la survie de leur domination leur paraît assurée.

Il n'y a donc pas à s'extasier sur l'audace de ces juges qui condamnent la corruption du PP : avec leurs collègues réprimant les défis à l'Etat, ils travaillent au même objectif, la perpétuation du pouvoir. Et Ciudadanos est désormais le point où se concrétise, sans nécessité de l'ébruiter, leur convergence politique autour du renforcement de l'Etat contre les dangers de délégitimation induits, en interne, par la corruption et, en extériorité, par l'indépendantisme. De tout ceci il ressort, face à la configuration de ce point de convergence travaillant à irradier une stabilisation du pouvoir, que les forces d'alternative sont placées devant le difficile défi de trouver vite le point d'ancrage, nécessairement au moins aussi social que politique, d'où puisse (re)naître une dynamique radicale de contestation de l'ordre des choses... Et si l'on comprend que la décision de justice du jour affaiblit le gouvernement, qu'un séisme politique est en cours, il ne faut pas oublier que le système est en train de sécréter, à un rythme soutenu, sa relève. Comme il avait fait, en France, il y a un an, en un temps record, en mettant sur orbite gagnante un Jupiter permettant de pallier le plantage programmé des Socialauds et, inattendu, celui du mari, autodéclaré thatchérien, de Pénélope. Albert Rivera, de Ciudadanos, est en pâmoison devant Macron...

Et puis, pour quelques personnalités du PP qui vont en prison, il y a tous ces élus et dirigeants d'associations catalans qui y restent, d'autres qui sont obligés à l'exil... et la constitution d'un gouvernement catalan, conforme aux élections de décembre dernier, est toujours bloqué à coup de 155... Et le juge Llarena qui, en pointe avancée de ces mauvais coups, continue, malgré les déconvenues belge et allemande, son sale boulot... Complémentaire, on vous le dit, de ses camarades anticorruption...

Antoine 

Vision aigre-douce de la "gauche radicale" espagnole

 Sept ans auparavant

L'intervenante dans ce qui est à la fois, dans un télescopage vertigineux des temps, une AG des Indigné-es (7 ans auparavant) et une assemblée de Podemos aujourd'hui : démocratie participative, transparence totale contre la corruption... Nous ne sommes pas des marchandises entre les mains des politiciens et des banquiers... Passons à la proposition du camarade Pablo : villa à la montagne, vastes jardins, piscine, barbecue, crédit de 1500€ par mois... Qui est pour ? Qui est contre ?

Commentaire 

Il s'agit évidemment de l'affaire de la villa de Pablo Iglesias et Irene Montero, deux figures importantes du cercle dirigeant de Podemos. L'émotion soulevée parmi les militant-es, des électeurs/-trices, son exploitation médiatique, politique/politicienne... ont amené Pablo Iglesias à proposer aux militant-es de s'exprimer ... sur son choix de vie et celui de sa compagne et de valider ou pas que ce choix est compatible avec les valeurs défendues par Podemos. S'ils venaient à être désavoué-es, les deux dirigeant-es ont annoncé qu'ils démissionneraient de leurs fonctions politiques.

Le dessinateur renvoie Podemos, dans une ironie amère, à ce que cette affaire signifie comme rupture avec l'esprit du 15M et, conséquemment, comme intégration aux discours langue de bois et aux pratiques en vigueur dans un espace politique qu'il s'agissait au départ, de contester radicalement. Le tout au moment où le PP vient de recevoir un coup de massue judiciaire qui appellerait une mobilisation de ladite gauche issue du 15 M. A lieu de quoi c'est le PSOE, collabo assidu du PP sur la Catalogne, qui, dans une tentative de rafler la mise, prend l'initiative d'une motion de censure au Congrès des député-es tandis que Ciudadanos prend son temps pour se déterminer...  Pablo Iglesias, sur la défensive, en est réduit au suivisme : il déclare appuyer la motion de censure du PSOE qui, en cas de succès, provoquerait des élections...que le PP a désormais toutes les chances de perdre mais Ciudadanos, dont on rappelle en passant qu'il est pour perpétuer indéfiniment le 155 contre la Catalogne, celles de gagner !  


Villas type des Indigné-es


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