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Violences du 1er mai... Ah! Les caaaaasseurs, le Black Bloc... Stop!



 En débat

Et si on arrêtait de débloquer ? 


[…] La principale violence, c’est celle du quotidien pour des millions de gens, c’est les personnes enfermées parce qu’elles sont étrangères, c’est les ouvrier/es qui se font licencier, c’est les femmes violées, c’est les personnes victimes de l’homophobie, c’est… l’ensemble de la violence systémique que distille le capitalisme. Aussi, malgré tout ce que l’on peut penser d’un MacDo brulé ou des vitrines cassées, il faut relativiser cette violence-là qui reste symbolique et ne met pas des vies en danger. […]

Nous devons souligner autre chose : il n’est pas possible de critiquer les logiques autonomes sans critiquer les stratégies des confédérations syndicales. Prenons l’exemple des cortèges de tête, qui rassemblent de plus en plus de monde. Il suffit d’y aller pour voir que ces cortèges (où se retrouvent notamment black-blocs et appellistes) rassemblent largement des jeunes, des syndicalistes, qui ne se retrouvent plus dans les structures traditionnelles sans pour autant être intégrées à un groupe autonome. […]

Si une critique des mouvances autonomes est essentielle pour déterminer une stratégie de lutte révolutionnaire efficace, il est d’autant plus essentiel d’organiser une auto-critique pour les organisations révolutionnaires qui ne répondent pas politiquement aux besoins des personnes en rupture avec les organisations réformistes et leurs stratégies. […]

Si une critique légitime du réformisme syndical et politique coule de source au regard des défaites sociales engrangées du fait de leurs stratégies de lutte désastreuses, il n’en demeure pas moins vrai que la même critique de la stratégie minoritaire est faisable. Au-delà de la question morale, nous pouvons poser la question : en quoi l’action des groupes autonomes fait avancer nos luttes ? Il n’y a certes pas trahison, mais il y a tromperie sur la marchandise. L’acte qui serait plus révolutionnaire que celui des syndicats s’avère-t-il réellement révolutionnaire ? Ce travail d’avant-garde, où des militant.e.s exemplaires, par leur exemplarité révolutionnaire, convaincraient les masses de devenir elles-mêmes révolutionnaires n’est-il pas une impasse supplémentaire pour les classes populaires ? Je le pense. Et je le pense d’autant plus que je ne crois pas en la violence minoritaire, et plus globalement en l’action révolutionnaire minoritaire, qu’il s’agit d’un parti (oui, ils sont bien un parti) autonome ou d’un parti communiste. […]

Je tiens à dire à celles et ceux qui, à gauche, voient dans les autonomes des fascistes ou des flics, se trompent. Les autonomes représentent un courant politique qui a toujours existé, et qui défend une ligne politique anticapitaliste. Cette ligne, comme j’ai tenté de l’expliquer, me semble erronée. Cela n’est pas une raison pour raconter n’importe quoi. Nous devons, avec des courants autonomes, débattre, mais aussi affirmer notre propre démarche politique. Rester indépendant politiquement tout en s’ouvrant à la discussion même si, je le sais, cela n’est pas toujours évident. Mais ça ne l’est pas forcément toujours, non plus, avec les réformistes. Pour moi, il ne doit pas y avoir d’exclusive dans l’unité à partir du moment où nous sommes en capacité d’imposer des cadres de délibérations démocratiques (ce que réformistes et autonomes rejettent). Si nous récoltons aujourd’hui les fruits de notre impuissance, cela ne doit pas pour autant nous empêcher de défendre notre politique. L'intégralité du billet

L'anticapitalisme se nourrit des colères incandescentes ou il (dé)périt...


 Poutou à contrecourant, y compris de certains anticapitalistes. Pour moi, c'est la bonne position. Même si le débat en interne, dans les lieux où l'on côtoie des jeunes (et moins jeunes) proches ou membres des "autonomes", doit être mené sur les effets et contre-effets sur la mobilisation de recourir à des affrontements avec la police... et les distributeurs de banque et les vitrines !

Je me demande parfois quand même, quand je lis certains camarades, où ils auraient été en 68 : sur les barricades ou avec les lambertistes qui appelaient à les quitter ! Et qu'on ne me dise pas que le lancer de pavé et les barricades (du 3 au 10 mai) discréditaient une mobilisation de masse en cours. Celle-ci s'est mise  en place, élargie aux lieux de travail après, avec la grève générale, le 13 mai et suivants avec le pic des 10 millions de grévistes le 22 mai !

La commémoration de 68 permet de resservir le débat. Pas pour faire des analogies mécaniques (les Trente Glorieuses, qui, d'ailleurs tiraient à leur fin, ne sont pas les Trente, et plus, piteuses que nous vivons) mais pour éviter des emballements mécaniques dans l'autre sens : sur le réflexe du rejet de l'usage de la violence alors qu'il convient de le prendre dans sa complexité et d'éviter le n'importe quoi type mélenchoniste qui est une concession à la pression politico-médiatique et dans la logique républicaniste la plus détestable du bonhomme. Sans certitude que "l'opinion publique" (concept en soi fumeux) se cale dessus ! Poutou, sur ce coup a été, à mon avis, excellent. Après, on peut poser le débat tout en compréhension (dans son double sens d'acceptation relative d'un phénomène dans sa légitimité à exister et d'approche analytique incluant une dimension critique vis-à-vis de lui).

Je demande qu'on ne soit pas pavloviennement antiviolence. La position de Poutou est un bon point de repère : on commence par prendre à contrepied l'intox sur la violence des casseurs (sic). Déjà on bannit ce vocabulaire du casseur. On se démarque de ce que la direction de la CGT, Mélenchon ou le PC disent sur le sujet et qui pue le remake des "gauchistes-Marcellin" des années 68-post68. 

Tout cela ne participe d'aucun rêve, seulement d'une méthode : on ne cède pas à la propagande de l'ennemi. Puis on essaie de débattre sur la base de l'intérêt du mouvement sans exclure a priori que l'usage de la violence pèse positivement sur lui. Lors de l'épisode de l'hôpital Necker (lire ici), pendant la bagarre contre la loi travail, les sondages qui ont suivi ont infligé un démenti à ceux qui prétendaient que la lapidation de ses vitrines (oeuvre de flics au demeurant) aurait retourné l'opinion contre le mouvement. C'était faux. Et là, cela l'est aussi. Peut-être et ce peut-être doit suffire à rengainer toute condamnation des "casseurs" qui est, vite fait bien fait, une invitation à casser du "casseur"... avec la collatéralité immanquable que cela cassera  du migrant, du syndicaliste, de l'étudiant, de l'écolo, etc. Il y a à essayer de faire des bilans mais entre nous, loin de BFM et Cie. En sortant de tous les stéréotypes tant de ceux du culte de la violence pour elle-même (mais était-ce le cas ce premier mai ?) que pour les antiviolences primaires. Je précise que je ne rêve pas exactement d'un nouveau 68, car ce superbe mouvement a échoué et il nous faut travailler à ... réussir ! Je parle de 68 pour illustrer une idée générale, celle de la rupture avec l'existant qui demande à être déclinée en temps actuel avec ses spécificités (nous n'avions pas alors un Macron et son monde contre nous !) ...mais ce n'est pas mon propos ici. 

Cela n'avait pas empêché la grève générale de 68, mieux, cela y avait contribué !

 
Antoine 

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Faut-il avoir peur de ces hommes et femmes vêtus de noirs? Tout dépend de votre rapport au «système» et à sa logique…



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