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ENEDIS, GRDF. Silence radio !

Et pourtant, la lutte s'amplifie.


D'ores et déjà, sur l'ensemble du territoire, pas loin de 170 sites sont occupés ou bloqués. Rien que dans l'Hérault, les sites ENEDIS de Montpellier, Lunel, Saint Pons, Frontignan et Béziers sont bloqués ou occupés, ainsi que le site GRDF de Montpellier.
Cette grève, qui prend de l'extension depuis 10 jours, a démarré dans les Bouches du Rhône il y a 6 semaines. Le feu a couvé pour s'enflammer rapidement, tout en restant curieusement absent dans la plupart des media, jusqu'à ce que les coupures de courant decidées par les grévistes viennent... le mettre en lumière ( voir ci-dessous l'article de Jacques Chastaing publié sur la page Facebook "Syndicats CGT").
Ce mouvement chez les deux distributeurs d’électricité et de gaz, est le plus massif depuis 10 ans. En 2009  déjà, une mobilisation contre l’externalisation des activités et la sous-traitance des astreintes dépannages avait eu lieu chez ENEDIS. La loi Pacte que vient de présenter le gouvernement vise à la privatisation totale de l’énergie, pour le livrer entièrement aux requins de la finance. Par exemple, le plan concocté par la direction d’ENEDIS pour 2018-2021 vise à transformer ENEDIS en véritable pompe à fric pour augmenter les dividendes versés aux actionnaires d’EDF, en imposant des gains de productivité de 2,5% à 3,5% par an. Avec des conséquences désastreuses pour les salarié(e)s et les usagers : 2500 suppressions d’emplois, quasi gel des salaires, fermeture de près de 200 sites, au détriment des territoires ruraux, laissés à l’abandon. Pour les USR (unités techniques), 9 sites sur 10 seront supprimés. C’est la même logique qui sévit à GRDF.
En Occitanie comme dans toutes les régions, les collectivités locales viennent de signer un nouveau cahier des charges des concessions et les contrats vont tous être renégociés. Les tarifs de distribution seront revus en 2019. Dans le cadre de la déréglementation européenne du marché de l’énergie, la voie de la casse du service public et de la privatisation est ouverte. Au bénéfice des opérateurs privés et autres requins qui comptent bien faire leur beurre sur le dos des usagers, transformés de fait en « clients » captifs. C’est l’anarchie capitaliste que le gouvernement Macron-Philippe prétend imposer pour tous les secteurs d’activité de la société. La distribution de l’énergie est essentielle pour les besoins de la population.
Les salariés d’ENEDIS et GRDF réagissent avec force et ils ont raison. Leur lutte pour un véritable service public de l’énergie est aussi la nôtre.
Correspondants NPA34

DERNIÈRE MINUTE

Les postiers du 92 aux côtés
des gaziers et des électriciens.

Ce matin une délégation de grévistes postiers du 92 étaient présents sur le piquet de grève du site de Serval à Gennevilliers en soutien aux électriciens et gaziers, en grève et en blocage sur plus de 200 sites en France.

Une grève boycottée par les médias mais déterminée... les grévistes ont même coupé le gaz à l’Elysée !

https://www.bfmtv.com/mediaplayer/video/annonce-de-la-mise-a-mort-d-edf-coupure-de-l-alimentation-en-gaz-du-palais-de-l-elysee-1084680.html
 Cliquez pour voir la vidéo

Cliquez sur les images ci-dessous pour consulter les articles.
http://www.midilibre.fr/2018/06/18/durcissement-du-conflit-enedis-dans-l-herault-des-coupures-a-craindre,1688199.php http://www.midilibre.fr/2018/06/21/montpellier-une-coupure-d-electricite-paralyse-le-centre-ville,1690166.php


https://www.francebleu.fr/infos/economie-social/deja-une-semaine-de-blocage-a-enedis-beziers-1529510207


La grève à Enedis et Grdf est extraordinaire.
Jacques Chastaing, le 19.06.2018

"Extraordinaire" au sens où elle sort de l'ordinaire et a un potentiel considérable dans la situation actuelle.
C'est une grève massive, dynamique qui a commencé il y a plus de six semaines du côté de Marseille en appui et coopération à la grève des cheminots lorsque la fédération CGT de l'énergie a appelé à accompagner la lutte qui démarrait à la SNCF par une lutte dans l'énergie sur des revendications propres à l'énergie mais sur des modalités semblables à celle des cheminots et dans un esprit convergent pour la défense du service public.
Déjà, cela a quelque chose d'extraordinaire.
Mais il y a beaucoup plus.
Cet appel de la fédération CGT de l'énergie a été peu suivi dans les faits sinon essentiellement par les électriciens et gaziers des Bouches du Rhône qui ont tenu leur lutte longtemps. On aurait pu croire que les choses allaient s'arrêter là.
Mais cela a généré de proche en proche une autre grève tout aussi importante que celle des cheminots, voire probablement encore plus.
La première caractéristique de ce mouvement c'est sa force, son importance, sa détermination et probablement sa durée.
En effet, depuis une dizaine de jours environ, surtout une semaine et encore plus ces derniers jours et certainement encore plus les jours à venir, les sites Enedis et GRDF de la distribution sont entrés dans la grève les uns derrière les autres, beaucoup de manière perlée, pour déboucher ensuite et de plus en plus rapidement aujourd'hui vers des grèves reconductibles ou illimitées avec blocage ou occupation, faisant de ce mouvement la plus grande grève dans l'énergie depuis dix ans.
Il est très difficile de chiffrer exactement le nombre de sites en mouvement, depuis ceux avec simple débrayage perlé ou ponctuel et ceux qui sont totalement bloqués voire occupés jour et nuit, parce que tout bouge très vite et change de jour en jour. Pour donner toutefois un ordre d'idée de l'importance du mouvement, j'ai compté pour ma part à ce jour près de 300 sites qui sont dans le mouvement général en cours et peut-être pas loin de 160 ou 170 qui sont bloqués ou occupés avec une extension très rapide de cette dernière forme de lutte dans les derniers moments.
Enfin, ce qui est remarquable c'est que ce sont le plus souvent des jeunes qui sont à l'initiative de cette grève dont la CGT se montre solidaire plus qu'elle ne dirige véritablement le mouvement même si elle se trouve à sa tête et s'en fait le porte parole à sa manière vu sa force dans ce secteur.

Les grévistes veulent pour l'essentiel une augmentation mensuelle de 200 euros et 4 NR, c'est-à-dire en gros une augmentation mensuelle de 400 euros, un mini de 1 800 euros, l'embauche des CDD et intérimaires, l'arrêt des suppressions de postes et emplois programmés pour les années à venir, la réinternalisation de tous les services externalisés ces derniers temps et enfin la nationalisation de tous les secteurs de l'énergie pour un véritable service public de l'énergie au service des usagers et pas des capitalistes.
Ce mouvement se cherche depuis un certain temps et ne sort pas d'une situation de calme plat, puisque les électriciens et gaziers ont mené pas mal de luttes bien suivies et de longue durée ces deux dernières années avec notamment ce qui a été appelé les "mardi de la colère" pendant plusieurs mois début 2017 mais sans pour autant atteindre la même ampleur et détermination qu'aujourd'hui.

Le deuxième élément très particulier de cette grosse grève, au delà de ses particularités intrinsèque, c'est la situation dans laquelle elle se déroule et le fait que malgré son importance, elle est très peu visible, très peu connue... En effet, sans même parler des médias qui font silence au niveau national sur ce mouvement, très peu de directions de syndicats ou de partis la font connaître, en tout cas au niveau où elle le mériterait.
Ce silence assourdissant est révélateur de la peur profonde qu'inspire cette grève aux dirigeants politiques et économiques du pays.
Et c'est ce qui est important à comprendre.
Car au delà de ses caractéristiques propres ; vaste, massive, dynamique avec des jeunes ouvriers à la pointe du combat, elle a des revendications offensives, hardies, audacieuses et pas simplement défensives qui correspondent à tout ce que peuvent vouloir également tous les salariés du public, cheminots, hospitaliers, postiers, enseignants, étudiants, lycéens... qui voient avec colère mais aussi une certaine impuissance que le gouvernement est en train de démanteler tous les services publics du pays. Ce mouvement peut devenir pour eux tous, un étendard de ce qu'il faudrait faire, un encouragement fantastique à rentrer à son tour dans la lutte.
Or, en plus, cette grande grève surgit non seulement quand il peut y avoir un accueil favorable des militants, salariés et usagers mais aussi et surtout au même moment où les cheminots connaissent la plus longue grève de leur histoire sans avoir pu pour leur part cristalliser la colère latente dans le pays contre la politique de Macron.

Or, deux grandes grèves, en même temps et qui défendent toutes deux le service public, c'est-à-dire avec une possibilité de convergence, c'est tout à fait autre chose qu'une seule.
C'est en effet un nouvel espoir pour de très nombreux salariés, usagers, citoyens qui commençaient à ne plus croire dans les possibilités de la grève des cheminots.
C'est pour ça que les médias font le silence le plus total sur ce mouvement.
Il ne faut surtout pas pour eux que les gens sachent que cette grève existe afin de ne pas susciter un nouvel espoir comme il y en a eu un au début de la grève des cheminots, voire plus important encore, d'une part parce que ce n'est pas un seul mouvement comme les cheminots auquel devait faire face Macron mais deux dans des secteurs importants qui peuvent bloquer l'économie et d'autre part parce que les électriciens et gaziers ne font pas une grève perlée qui rend difficile la "coagulation" mais une grève reconductible avec occupation.

Dans les circonstances particulières de cette grève, le silence sur ce mouvement pourrait pousser logiquement vers des solutions corporatistes, qui sont toujours perdantes face à un gouvernement qui veut tout détruire et dont la tactique et de démolir chaque mouvement l'un derrière l'autre. C'est le but du silence : isoler la grève pour qu'il n'y ait pas d’agrégation avec les cheminots ni avec les autres professions ni encore avec les usagers, faire que chaque site s'installe dans les joies et la convivialité de l'occupation, coupé des autres sites, coupé de l'ensemble, un peu comme l'avaient fait les étudiants en avril/mai qui occupaient les facultés, mettaient toute leur énergie là dedans et n'en avaient plus vraiment pour construire une coordination qui puisse entraîner, peser sur la situation actuelle et leur permettre de gagner.

Alors nous devons tout faire pour sortir cette grève du silence dans laquelle on essaie de l'enfermer, pour que les électriciens et gaziers en grève puissent aller jusqu'au bout de ce qu'ils veulent et gagner.
Aider les grévistes de l'énergie à faire connaître leur grève est un acte hautement politique, le plus politique du moment.



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