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Point de vue. Mélenchon et l'Amérique Latine des "révolutions citoyennes"...


... un aveuglement qui interroge sur l'insoumission promue ici ?

Jean-Luc Mélenchon a la science infuse, Jean-Luc Mélenchon sait que le Venezuela de Maduro est une démocratie progressiste exemplaire et que Rafael Correa est un héros innocent, parce que Jean-Luc Mélenchon est en communication directe avec la musique sublime des sphères intergalactiques où évolue le vaisseau-mère de son épopée messianique. Il n’a donc que faire de la vulgarité des faits empiriques ou de la souffrance des millions d’individus réels sacrifiés sur l’autel du caudillisme autoritaire et de la gestion mafieuse de ses « amis » latino-américains.

Reste une dernière question : si Jean-Luc Mélenchon nous ment aussi effrontément sur ces réalités lointaines, sur quoi est-il capable de nous mentir lorsqu’il parle de l’Europe, de la France, ou de son propre mouvement ? Cliquer ici

 Notre commentaire

Marc Saint-Upéry a très tôt tiré la sonnette d'alarme sur une réalité des révolutions bolivariennes qui est, selon lui, largement fantasmée en Europe, principalement à partir du mélenchonisme. Aujourd'hui, sa critique est toujours là, plus que jamais là, car la situation dans deux pays phare de ce processus, le Venezuela et l'Equateur (la Bolivie tire, pour l'instant, malgré des tensions politiques, son épingle du jeu), s'est aggravée au détriment des couches populaires qui, dans un premier temps, soutenaient largement des pouvoirs qu'elles ressentaient comme leurs. Mais Marc de Saint Upéry, voix hier relativement isolée, à bien des égards prémonitoire, se fait désormais l'écho de ces centaines, de ces milliers d'anciens partisans du chavisme ou du corréisme [courant constitué autour de l'équatorien Rafael Correa] qui ont les mots les plus durs pour dénoncer ce qu'ils désignent comme des régimes se retournant de plus en plus ouvertement contre leurs peuples.

Une réserve que l'on pourrait pourtant émettre sur l'analyse de l'auteur porterait sur le manque d'explicitation du sens qu'a la rupture dans le corréisme entre la majorité désormais alignée sur Lenin Moreno, le nouveau président de l'Equateur, et les partisans de Correa lui-même. La déconstruction implacable qu'il fait du positionnement de ces derniers et de leur orientation quand ils étaient au gouvernement ne gagnerait-elle pas en efficacité en rappelant que leurs détracteurs d'aujourd'hui, issus de leurs rangs et regroupés autour du nouveau président, sont les promoteurs d'une ligne néolibérale (lire, en espagnol, Las 10 críticas de los economistas de izquierda al programa económico) ? Et que, par là, ils ne rompent pas sur le fond avec ce que le corréisme a maintenu du pouvoir économique capitaliste et qui, baisse des cours du pétrole aidant, a fini de ruiner l'espoir de transformations radicales, entrouvert en 2008 par la retentissante dénonciation de la dette illégitime, comme le soulignent ces lignes : "Le mal de la dette a contre-attaqué. Dans les dernières années du corréisme, la dette publique est passée de 10 milliards de dollars en juin 2009 à 43 milliards en mars 2017 (la dette externe est passée dans le même temps de 7 milliards à 26 milliards) envoyant aux orties l'audit de la dette fait en 2008. Le corréisme a fini par s'endetter drastiquement, y compris en dépassant le seuil légal d'endettement fixé à 40% du PIB. [Avec, à la clé, l'accusation à l'encontre de Correa, portée devant les tribunaux] d'avoir trafiqué la comptabilité de la dette pour rester dans ladite limite légale." (Entre una crisis persistente y un nuevo neoliberalismo).

L'adresse sèchement ironique de Marc de Saint-Upéry à Mélenchon sur ce qu'il occulterait de ces situations ne saurait être rejetée d'un revers de la main, comme il est, hélas, de coutume dans les rangs de la France Insoumise pour désactiver la critique. Encore moins en renouant avec le vieux schéma stalinien de la "citadelle assiégée" par, nécessairement, l'ennemi, agent de la CIA, de la droite, du capitalisme... L'idée implicite d'une infaillibilité du chef et de la ligne qu'il a tendance à forger avec son premier cercle (lire ici) ne sont pas plus de mise. Sur le fond, la virulente défense mélenchonienne de Maduro et de Correa pourrait en effet dire trop de choses "désagréables" sur ce que signifierait l'avènement d'un de leur double, un caudillo à l'américaine, au gouvernement ici, en France. Au croisement donc de ce que disent Marc de Saint-Upéry et Jean-Luc Mélenchon sur l'Amérique Latine, il y aurait matière à débattre de ce qui les oppose et à réfléchir, à nouveaux frais, sur les conditions d'émergence, en France (et en Europe), d'une alternative politique sachant tirer les leçons de certains modèles étrangers valorisés. Qu'un tel débat ait lieu ou pas serait, au demeurant, déjà un signe ... parlant de ce qui est en jeu pour sortir de l'impasse politique que nous connaissons : par exemple la conception de la démocratie, la place que l'on donne ou pas aux voix dissonantes dans l'espace public, le verrouillage ou pas des positionnements de chacun... Sans parler évidemment des choix sociaux et économiques qui s'articuleraient à cette conception des libertés démocratiques.

Antoine    
  
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