La Dépakine restera comme le symbole (indissolublement lié au groupe SANOFI) des ravages causés par la mainmise de la logique du profit sur la recherche et la production pharmaceutiques.
Il y a d'abord eu le scandale du risque de malformations physiques et de troubles neuro-développementaux pour des fœtus exposés à ce produit. Risque connu depuis 1970 et qui n'a été révélé aux patient-es qu'en 2015 (voir à ce sujet notre précédent article : Sanofi nous empoisonne l'existence.).
Et voici que maintenant on découvre que l'usine de Mourenx qui produit ce médicament met en danger la vie des habitant-es et celle de ses salarié-es avec des rejets de polluants dépassant 7 000 fois les normes, et jusqu'à 190 000 pour le bromopropane !!!
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On ne peut même pas parler d'irresponsabilité... ça laisserait supposer une part d'inconscience. Alors que selon la CGT (voir ci-dessous) "... en recherche et développement, les synthèses sont décortiquées, afin de connaître tous les sous-produits de réaction Il est donc évident qu'au stade d'une production commerciale SANOFI devrait être en mesure de connaître l'ensemble des produits chimiques rejetés".
Le journal "La Tribune", qu'on n'irait pas taxer d'anticapitalisme primaire, résume ainsi la situation :
(cliquez sur l'image pour l'agrandir)
Face à un tel cynisme, et surtout face à une telle logique qui fait passer la santé publique bien après le bien-être des actionnaires, on ne peut faire autrement que de marteler une fois de plus :
LA RECHERCHE ET LA PRODUCTION PHARMACEUTIQUES
DOIVENT ÊTRE ARRACHÉES DES MAINS DES CAPITALISTES
ET PASSER SOUS LE CONTRÔLE DES TRAVAILLEURS ET DE LA POPULATION.
Lettre ouverte aux dirigeants de Sanofi
Monsieur le Directeur Général de Sanofi, Monsieur le Président de Sanofi, Monsieur le Directeur Général de SanofiFrance, Monsieur le Président de Sanofi Chimie, La coordination des syndicats CGT du Groupe Sanofi est consternée face à la négligence dont vous êtes coupable dans l’affaire de pollution du site Sanofi Chimie Mourenx, producteur de Dépakine. Le syndicat CGT vous accuse d’avoir manqué à vos obligations de protection de la santé des salariés et des riverains du bassin industriel de Mourenx. Le directeur du site de Mourenx affirme qu’il ignorait les rejets dans l’atmosphère d’un résidu chimique réactionnel, cancérigène et mutagène, le bromopropane. Comment peut-il tenir de tels propos, alors même que Sanofi est dans l’obligation de déterminer et d’analyser l’ensemble des sous-produits, résidus, réactifs, solvants, utilisés et/ou issus du process de production ? Celui-ci doit être maîtrisé et respecter les réglementations pour assurer la sécurité et la santé des salariés et des populations. Plaider l’ignorance ne fait que pointer le manque de maîtrise des procédés de production de Dépakine, et porte le doute sur la totalité des sites de production de médicaments dans le monde. Qui peut aujourd’hui affirmer que cette "ignorance" ne frappe pas d’autres sites de fabrication ? Le groupe Sanofi est en capacité de faire cadeau en 10 ans de plus de 50 milliards d’euros à la finance et ses actionnaires, comment croire alors qu’il ne soit pas en capacité d’analyser et de traiter ses rejets toxiques. Le syndicat CGT vous accuse de faire passer la santé des actionnaires avant celle des salariés et des populations. Vous êtes coupable de mise en danger d’autrui. Vous êtes coupable de faire porter le discrédit sur les femmes et les hommes qui travaillent pour ce groupe et de mettre en danger l’emploi. Vous êtes enfin coupable de faire courir un risque de rupture sur un médicament. Le syndicat CGT exige en urgence que Sanofi : - apporte toutes les transformations nécessaires pour que les rejets disparaissent et que les conditions d’un redémarrage de la production en toute sécurité sanitaire soient réunies ; - délivre une fiche d’exposition, à la totalité des personnes ayant travaillé sur le site et mette en place un suivi médical spécifique ; - et permette aux populations riveraines du site de production d’avoir un suivi médical financé par le groupe. D’ici la fin de l’année 2019, Sanofi doit mettre en place un plan de prévention et de remédiation des rejets toxiques sur la totalité du groupe Sanofi dans le monde, afin d’avoir la certitude que de telles situations ne se produisent pas dans les mois ou années à venir. Au vu de la confiance que nous pouvons accorder à Sanofi, ce plan devra être placé en France sous contrôle des CHSCT, des futurs CSE, des associations de protection de l’environnement et des services de l’Etat.
Pour les syndicats CGT du groupe Sanofi :
Thierry Bodin, coordonnateur CGT Sanofi et Jean Louis Peyren, coordonnateur adjoint CGT Sanofi. |