Ça a démarré avec une pétition en ligne lancée par une internaute (Priscillia Ludosky) intitulée "Pour une Baisse des Prix du Carburant à la Pompe !". Le texte de cette pétition, très long, demande un arrêt de l'augmentation des taxes sur les carburants. Il développe quelques pistes de réflexion pour trouver "des solutions pour circuler en polluant le moins possible notre environnement" :
Rien là qui puisse sauver la planète. Rien qui puisse remettre en cause la course aux profits dans l'industrie automobile. Rien non plus qui apporte une réponse à la baisse du pouvoir d'achat pour les salarié-es, pas même une remise en cause de la fiscalité indirecte (TVA et autres taxes diverses qui frappent particulièrement les plus bas revenus, en particulier la TICPE - taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques).
À partir de là s'est enclenchée une dynamique sur les réseaux sociaux à partir d'un appel à bloquer les routes et les rond-points le 17 novembre. Appel amplifié par le succès d'une vidéo de Franck Buhler proche de l'extrême-droite. Dans la foulée, Marine Le Pen et Nicolas Dupont-Aignan appellent leurs militants à s'investir dans ce mouvement.
On ne peut bien sûr pas encore connaître quelle va être la réalité effective de cette mobilisation, ni son ampleur.
Mais, évidemment, le problème se pose de quelle attitude adopter, entre l'expression d'une exaspération légitime contre la vie chère, avec son évidente dimension politique, et l'absence de tout lien avec les revendications des salarié-es, des chômeurs, les mettant à la remorque des positions du patronat routier. Sans lien avec la nécessité de miser sur le développement et la gratuité des transports collectifs. Avec l'extrême-droite bien présente... Le NPA, pour sa part, s'est clairement exprimé sur le sujet dès le 31 octobre :
Les organisations syndicales CGT et Solidaires avaient rapidement pris position :
La France Insoumise, pour sa part, a adopté une position emberlificotée, sans appeler, tout en laissant le libre choix. Mais surtout sans prendre la moindre distance avec l'indigence des "revendications" avancées dans le cadre de ce mouvement. Et en se contentant de critiquer l'extrême-droite sur le seul terrain de "la récupération politique".
Il faudra attendre cette journée du 17 pour en mesurer l'ampleur, au-delà du bouillonnement médiatique. Et pour en voir la dynamique (s'il y en a une...).
En attendant, nous savons qu'il n'y a pas de raccourci magique. Qu'il va falloir que les luttes dans les entreprises, sur le terrain de l'environnement, celui de la lutte féministe, contre le racisme, en soutien aux migrant-es... se développent et se rejoignent. Bloquer les routes et les rond-points, pourquoi pas. Mais bloquer l'économie, occuper les rues, il faudra sûrement en passer par là pour avoir une chance de mettre un terme à l'offensive qui vise à appauvrir la population pour enrichir une minorité d'exploiteurs.
COMMUNIQUÉ DU NPA
Justice sociale : ce n’est pas le 17 novembre que nous pourrons nous faire entendre !
Depuis une semaine, circulent largement des appels à « manifester » le samedi 17 novembre, à « bloquer des routes ou des ronds-points », ou à « mettre un gilet jaune sur son tableau de bord ». Ces appels ont été largement relayés par les médias et les réseaux sociaux, et trouvent un écho dans les milieux populaires. Le ras-le-bol que ces appels expriment est compréhensible. La hausse des prix des carburants, notamment celui du diesel, fait effectivement beaucoup râler dans les milieux populaires, car elle est perçue comme une mesure de racket à l'égard de toutes celles et ceux qui n'ont souvent pas d'autre choix que d'utiliser leur voiture pour aller travailler ou circuler pour les besoins de la vie quotidienne. Tout cela traduit pour partie un mécontentement social contre un pouvoir fort justement perçu comme un « gouvernement des riches ». Pour autant, cette mobilisation est problématique. D’abord parce qu’avant d’être l’expression d’un mécontentement populaire, cette mobilisation est surtout porteuse d’une vieille revendication du patronat routier, pour qui les profits se mesurent à l'aune des tonnes de carburant mises dans les cuves de ses camions qu'il répand en masse sur le réseau routier, en contradiction avec les mesures les plus élémentaires de préservation de l’environnement. De plus, à l’origine et en soutien à ces appels présentés comme « citoyens » et « apolitique », on retrouve la droite extrême et l’extrême droite à la manœuvre : vidéo virale d’un dénommé Franck Buhler, militant d’extrême droite (dont les vidéos ont totalisées des millions de vue sur internet), soutiens immédiats de Marine Le Pen et Nicolas Dupont-Aignan, rejoint ensuite par les (très à droite) Jeunes Républicains, relais dans la « fachosphère »… On ne s’y trompera donc pas. Tout comme les syndicats CGT et Solidaires, samedi 17 novembre, nous ne mêlerons pas nos colères aux manœuvres des patrons et aux récupérations de l’extrême droite qui n'est pas une alliée de circonstance mais reste notre ennemie mortelle. Oui, tout augmente sauf les salaires, et les classes populaires ont bien raison d’avoir ras-le-bol de l'augmentation du carburant et des prix en général, conséquence du décrochage de plus en plus important entre les salaires (ou les pensions) et l'inflation. Oui, Il faut prendre sur les profits des capitalistes pour augmenter nos salaires. Oui, nous avons besoin de transports en commun gratuits. Et oui, une nouvelle organisation sociale est nécessaire, où nous n'aurions pas à nous serrer la ceinture pour mettre 10 litres de plus dans le réservoir de notre véhicule pour aller bosser pour des salaires de misère… Tout cela, il faudrait pouvoir le dire, touTEs ensemble, dans la rue, par la grève, en bloquant le pays. Mais nous ne pourrons pas le dire le samedi 17 novembre dans des actions ou des rassemblements prétendument « citoyens » aux allures de foire poujadiste, dans lesquels nous nous retrouverions au côté des ennemis les plus farouches du mouvement ouvrier.
Montreuil, le 31 octobre 2018
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Les organisations syndicales CGT et Solidaires avaient rapidement pris position :
La France Insoumise, pour sa part, a adopté une position emberlificotée, sans appeler, tout en laissant le libre choix. Mais surtout sans prendre la moindre distance avec l'indigence des "revendications" avancées dans le cadre de ce mouvement. Et en se contentant de critiquer l'extrême-droite sur le seul terrain de "la récupération politique".
Il faudra attendre cette journée du 17 pour en mesurer l'ampleur, au-delà du bouillonnement médiatique. Et pour en voir la dynamique (s'il y en a une...).
En attendant, nous savons qu'il n'y a pas de raccourci magique. Qu'il va falloir que les luttes dans les entreprises, sur le terrain de l'environnement, celui de la lutte féministe, contre le racisme, en soutien aux migrant-es... se développent et se rejoignent. Bloquer les routes et les rond-points, pourquoi pas. Mais bloquer l'économie, occuper les rues, il faudra sûrement en passer par là pour avoir une chance de mettre un terme à l'offensive qui vise à appauvrir la population pour enrichir une minorité d'exploiteurs.
Claude NPA34