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Feu Notre-Dame...


... les pompiers pyromanes à la manoeuvre !


À entendre le président Macron « cette cathédrale, nous la rebâtirons tous ensemble ». Précisons au passage, d’une part, que ce n’est pas lui qui la rebâtira (pas plus qu’elle n’a été bâtie à l’époque par l’évêque Maurice de Sully mais par les milliers de travailleurEs, ouvrierEs et artisanEs, qui se sont succédé à travers les siècles). D’autre part que, pour cela, il faudrait que l’Etat investisse dans sa reconstruction… ce qui n’a visiblement pas l’air d’être l’idée. Macron a, au contraire, d’ores et déjà annoncé le lancement d’une « souscription nationale » ce mardi 16 avril pour financer les restaurations… Il avait déjà fallu, en 2017 qu’une fondation privée trouve le financement (privé) et sollicite le diocèse pour lancer les travaux de rénovation qui étaient en cours notamment sur la flèche et la toiture. Cette dernière n’avait jusque-là pas été restaurée depuis les années 1930... L’ensemble du patrimoine national est aujourd’hui victime de ce désintérêt par l’État. Mais à l’opposé de ces intérêts d’argent, la population, y compris dans ses composantes les plus populaires, est quant à elle souvent attachée au patrimoine public et aux monuments culturels et historiques... particulièrement Notre-Dame, rendue célèbre par Victor Hugo comme le cœur vivant le plus populaire de Paris. L’occasion parfaite pour le gouvernement de faire passer le financement de ses restaurations sur le dos d’une collecte nationale (!). La manœuvre est habile, elle permet de cacher sa propre responsabilité dans l’incendie, et les gens, sincèrement émus, se pressent déjà pour donner. Mais c’est à l’État de payer ! Nos impôts devraient déjà servir à financer les services publics, y compris celui de la culture et d’un patrimoine accessible à touTEs ! Au lieu de partir en crédits d’impôts pour les plus grandes entreprises…

Mais surtout ce drame est l’occasion de se rappeler que le financement de la culture et du patrimoine est de loin une des meilleures niches fiscales que les capitalistes puissent trouver. L'intégralité de l'article


  




 "Étrange époque où l’on pense pouvoir remplir une tâche que le président de la République a déclarée comme profondément liée au passé, au présent et à l’avenir du pays, par cette comédie des dépenses fiscales. Comédie dérisoire où de riches personnages vaniteux peuvent se redorer l’ego à bon marché en laissant effectivement l’essentiel du coût de la reconstruction de Notre-Dame à l’État.
 […]
L’État favorise des dons qui sont coûteux pour lui et l’obligeront à supporter la charge réelle de la reconstruction en cherchant des financements ailleurs : par exemple sur l’entretien des autres patrimoines. Ce qui fragilise le patrimoine.  
[…]
Le système des dons défiscalisés a concouru à la décrépitude du patrimoine français parce que les milliardaires ne font jamais de dons, même très défiscalisés, sans arrière-pensées. Ils préfèrent se construire des fondations à leur propre gloire ou dans leur propre intérêt : il suffit de penser à la Fondation Louis-Vuitton ou à la rénovation de la Bourse du commerce à Paris destinée à un musée Pinault. C’est d’autant plus parfait qu’avec cet argent pris à l’État, ils peuvent, grâce à ces musées, mettre en avant leurs œuvres contemporaines qui prennent rapidement de la valeur.
[…]  
Au-delà des larmes de crocodile des responsables de l’État et des riches mécènes, il y a des chiffres : voilà dix ans, le budget consacrait 440 millions d’euros au patrimoine architectural et aux monuments ; cette année, le projet de loi de finances 2019 a ouvert des crédits pour 332 millions d’euros.
[…] 
Aussi ces beaux dons spontanés du mardi matin sur les ruines fumantes de Notre-Dame ont-ils quelque chose d’indécent : donner 300 millions d’euros défiscalisés pour une cause qui est sous les projecteurs des télévisions alors que l’on vient d’économiser deux fois cette somme en ISF, par exemple.
 […]
Il y avait là un moyen de faire contribuer les plus riches : l’ISF, qui a privé le budget de l’État de près de 3,5 milliards d’euros. Belle somme, qui manque désormais cruellement à la République pour réaliser son « destin profond ». Si l’on ajoute à cette somme le milliard perdu par la défiscalisation des dons, on pourrait disposer d’une somme remarquable pour reconstruire la cathédrale. Si donc le président de la République souhaitait tenir son engagement, il ne s’empresserait pas de défiscaliser davantage les dons, autrement dit de réduire l’effort commun.  
[…]
Emmanuel Macron, dans ce simple discours devant Notre-Dame, révèle un élément central de son idéologie : le « faire ensemble » se fonde pour lui sur la maximisation de l’intérêt personnel, fiscal. L’État ne sert alors qu’à orienter l’intérêt personnel vers l’intérêt général. C’est un effort commun de pacotille. L’action de l’État est alors souvent réduite à l’impuissance, car ce qu’il construit d’un côté l’est au prix d’une destruction de l’autre. Plutôt que de refonder une vraie politique publique du patrimoine s’appuyant sur la solidarité nationale, Emmanuel Macron propose de poursuivre dans cette comédie des dons, signe d’une époque décidément troublante."

(Pour un «ISF Notre-Dame, par Romaric Godin, article accessible aux abonné-es de Mediapart)
 
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Stéphane Bern
Notre Drame de Paris : le retour de Quasi-Merdo (Jerc)


  

Pris sur FB



Des nouveaux noms circulent déjà pour la cathédrale : New-Notre-Dame, Vinci-ND, ou encore Notre-Dame Premium. Cliquer ici
  
On vous fait un dessin ?



Hugo du côté des Misérables, quant à Dieu... honni soit laïquement qui mal y pense !

« Je donne cinquante mille francs aux pauvres.
Je désire être porté au cimetière dans leur corbillard.
Je refuse l'oraison de toutes les églises ; je demande une prière à toutes les âmes.
Je crois en Dieu. » (Son testament) 

On ne croit pas aux dons mais on publie, cela dit autre chose !



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