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Débat public sur la réforme des retraites du 16 janvier 2020

Les représentants des organisations syndicales à la tribune


« On a besoin de parole politique »

C'est sur ces mots que Serge Ragazzacci, secrétaire général de l'union départementale CGT 34 a conclu la réunion publique sur la réforme des retraites, qui se tenait jeudi 16 janvier à Montpellier à la salle Tailhades, à laquelle ont participé 150 personnes. 

Les quatre organisations syndicales organisatrices, CGT, FO, Solidaires et FSU avaient invité des organisations politiques à participer au débat depuis la salle (présence de la députée Muriel Ressiguier pour la FI, d'une représentante du PC et de Christian Assaf pour le PS ), ainsi que des députés de LREM, qui ont décliné l'invitation. Le NPA34 avait répondu présent.

À la tribune, outre les représentants des quatre organisations, (Stéphane Audebeau pour la FSU, le secrétaire départemental FO, Richard Abauzit pour Solidaires, Serge Ragazzacci pour la CGT), un représentant de la CGT cheminots de Montpellier et Régine Barthelemy, avocate, adhérente du syndicat des avocats de France, et membre du bureau du conseil national des barreaux, ont été invitéEs à prendre la parole.

L'enfumage : derrière l'annonce du retrait de l'âge pivot, un projet de loi inchangé

Des éléments techniques et chiffrés ont été donnés par les intervenants sur le projet de réforme des retraites, et en particulier l'incapacité du gouvernement à répondre aux questions simples que chacun se pose : qu'est-ce qu'une carrière complète ? Comment vont s'articuler points et durée de cotisation ? Pourquoi ne pas avoir déjà mis en place un simulateur ?

 
Dans l'Education Nationale les plus touchés seront les professeurs des écoles (80% de femmes), qui pourront voir leur retraite diminuer jusqu'à 40%, et ce n'est pas l'annonce des 50€ mensuels supplémentaires (10 milliards entre 2021 et 2037) qui va rassurer les enseignants. 

Pour les avocats, qui ont un régime spécifique bénéficiaire, l'intégration dans un régime universel ferait doubler le montant de la cotisation (de 14 à 28%).

Les partis politiques présents, tous unis contre la réforme, oui mais... 

Dans un moment de très forte mobilisation comme celui que nous connaissons, beaucoup se posent la question du débouché politique des luttes. La représentante du PC a appelé les autres forces « de gauche » à discuter. Débattre de projets de société pourquoi pas ? Mais tout le monde a bien intégré que c'est le gouvernement Hollande qui a généré un Macron, roi de la finance et de plus en plus de personnes disent qu'on ne les y reprendra pas à se faire piéger par un vote de deuxième tour « pour battre l’extrême droite ». L'assistance, composée de nombre de personnes proches du PC, a écouté poliment l'intervention de Christian Assaf, du PS. L'heure était au regroupement des forces contre la réforme. 

Élever le rapport de force : une priorité

Une représentante de la liste candidate aux municipales de Montpellier « Nous Sommes » a interpellé organisations syndicales et politiques en demandant « comment vous pensez vous y prendre pour élever le rapport de force ? ». C'est effectivement la question prioritaire du moment exprimée par le NPA34 lors de son intervention. 

Il y a un seuil à franchir pour gagner. Le pouvoir recule quand il a face à lui un pouvoir plus fort que le sien. Remporter ou pas cette bataille aura des conséquences dans la vie politique pour plusieurs années, y compris pour les élections municipales. La grève par procuration ne suffit pas, même s'il est primordial de soutenir massivement les caisses de grèves. Il est de la responsabilité de tous et toutes de convaincre autour de soi, sur son lieu de travail, d'étude ou de vie, de participer à la grève, même si c'est difficile pour les petits salaires, et aux manifestations : soyons deux millions vendredi 24 janvier dans la rue !



La politisation de la population : un point d'appui

Pour le NPA, il n'est pas nécessaire d'attendre une période électorale, la politisation est déjà à l’œuvre dans ce mouvement. Elle avait largement été portée par le mouvement des Gilets Jaunes depuis un an, et des milliers de personnes se sont politisées très rapidement. Tout le monde a très bien compris que le véritable objectif de la réforme était d'offrir aux fonds de pensions, Black-Rock, Axa et autres assureurs privés, le magot tant convoité de la protection sociale qui leur échappe, ce qui n'est plus le cas dans d'autres pays.

C'est un véritable projet de société qui est annoncé dans cette réforme : calcul individuel versus solidarité. Et le refus de la dite « clause du grand-père » est l'expression du refus d'enfermer chacun dans son intérêt personnel et immédiat, au mépris de l'avenir de ses propres enfants, et de l'attachement à la solidarité.

Les propositions du NPA

Le NPA a exprimé des propositions concernant les retraites. Oui, le nombre de retraités va augmenter dans les années à venir et nous pouvons aller plus loin dans les conquis sociaux en exigeant une retraite à 60 ans avec 37,5 annuités de cotisations pour toucher une retraite complète : augmenter les salaires, établir l'égalité salariale hommes/femmes, supprimer les exonérations de cotisations patronales et autres CICE (mis en place par le gouvernement Hollande). 

Débattons aussi du salaire « continué » dès le début des études, conquête inachevée des ordonnances de 1945, de la diminution du temps de travail (temps pour la vie personnelle et pour la vie démocratique dans l'entreprise, la ville ou le quartier) et du sens du travail. De quel travail utile avons nous besoin pour satisfaire nos besoins et faire face aux défis écologiques ?

Les mobilisations actuelles des peuples dans le monde entier, les luttes écologiques, féministes, dénoncent un système à bout de souffle mais qui s'accroche au pouvoir. Le gouvernement, en France, utilise la force et une répression forcenée pour se maintenir. 

Ayons confiance dans nos forces et notre détermination pour gagner !

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Ci-dessous, le dernier tract national du NPA

Retraites : Et on ira jusqu’au retrait ! 

Cette nouvelle semaine de mobilisation prouve que le mouvement pour le retrait du projet de loi sur les retraites continue bel et bien. Aux journées de grève qui s’accumulent, dans différents secteurs professionnels, viennent s’ajouter occupations de lieux et autres blocages. Nous n’avons pas dit notre dernier mot !

Le gouvernement ment 

Après avoir fait le pari de la « trêve » de fin d’année il y a moins d’un mois, Macron et Philippe ont pensé que l’opération lancée autour de l’âge pivot, avec la complicité de la direction de la CFDT, produirait un effet de démobilisation. Il n’en a rien été, cette semaine l’a encore montré. D’abord parce que la CFDT pèse peu sur le mouvement réel, mais surtout parce que personne ne croit plus ce pouvoir. Et pour cause ! Le Premier ministre a précisé qu’il y aura dans tous les cas un « âge d’équilibre », et l’exigence du gouvernement est bien que les capitalistes n’augmentent pas leur part dans le financement (ce qu'ils appellent « coût du travail »), ce qui signifie que ce sont bien les salariéEs qui devront payer ! La « conférence sur le financement des retraites » ne peut donc aboutir qu’à une baisse des pensions et un allongement de la durée de cotisation.

Et comme on nous avait juré la main sur le cœur que l’objectif de la réforme n’est pas la mise en place des retraites par capitalisation, l’article 64 indique précisément que le gouvernement appelle le secteur de l’assurance à généraliser le recours à l’épargne-retraite. BlackRock, Axa et tous les assureurs privés peuvent se frotter les mains... 

La flamme ne s’éteint pas 

Un mois et demi de grève reconductible chez les cheminotEs et à la RATP, c’est exceptionnel, et en toute logique, les grévistes de ces secteurs attendent un second souffle du mouvement. Dans d’autres secteurs comme l’éducation, la culture ou l’énergie, les journées de mardi et/ou de jeudi ont permis une remobilisation, avec en particulier jeudi des manifestations certes moins massives que les précédentes (réunissant quand même plusieurs centaines de milliers de personnes dans tout le pays), mais dont le dynamisme et la variété ont étonné, preuve que le mouvement continue.

Et depuis quelques jours, se développent, souvent dans des cadres interprofessionnels, avec des jeunes, des actions montrant bien que l’« on ira jusqu’au retrait ! ». Opération « ports morts », occupations de rectorats et blocages de collèges ou lycées dans l’éducation, « interventions » collectives et bruyantes lors des vœux de représentants et amis de ce gouvernement, etc., le mouvement continue à se faire entendre.

Grèves, actions et blocages, continuer tou-TE-s ensemble ! 

À l’appel des organisations syndicales, une nouvelle séquence de mobilisations est programmée pour les mercredi 22 et jeudi 23 janvier, avec une nouvelle journée de grève nationale vendredi 24 janvier, jour de présentation du projet de loi au Conseil des ministres. Sans attendre ces journées, la grève continue et doit chercher à s’étendre le plus largement, tout en déployant l’ensemble de nos capacités de nuisances contre ce système comme cela a été fait cette semaine : grèves, blocages, manifestations, actions contre les membres ou représentantEs du gouvernement… Avec pourquoi pas en point d’orgue une grande manifestation nationale contre Macron et sa casse des retraites. 

Mettre un stop à plusieurs décennies de destruction de nos acquis sociaux, redonner à notre camp social la confiance dans la force qu’il représente, dans sa capacité à porter une alternative non seulement au macronisme mais aussi au système capitaliste, c’est l’enjeu de l’heure.

Vendredi 17 janvier 2020

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