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La police de Ménard a tué.

Communiqué du NPA34.

Mohamed Gabsi est mort

pour non-respect du couvre-feu !


La police municipale de Robert Ménard, maire de Béziers a désormais un mort sur la conscience.
Mercredi 8 avril, elle a procédé à l'arrestation violente de Mohamed Gabsi, 34 ans, dans le cadre du couvre-feu imposé par décret municipal. L'homme est mort en arrivant au commissariat, après avoir fait le trajet en voiture allongé sur le ventre avec un policier assis sur son dos.
Voila donc comment ce maire allié au Rassemblement National conçoit la lutte contre la pandémie de coronavirus: répression et violence policière. Rien d'étonnant quand on se rappelle le contenu des affiches qu'il avait placardées, représentant une arme à feu avec ce slogan :

"Désormais, la police municipale a un nouvel ami.
Armée 24h sur 24 7 jours sur 7 "


 Alors que rien n'est fait pour protéger la population la plus fragile contre la pandémie dont elle qui en est la première victime, elle est en plus la cible de la répression.


On peut trouver le récit de cette interpellation dans cet article de Midi-Libre qui reprend sans la moindre critique la version de la milice ménardienne : Couvre-feu à Béziers : un homme décède au commissariat
Un article du Poing : Interpellé pour non-respect du confinement, un homme meurt au commissariat de Béziers
Sur Nantes Révoltée : Béziers: Décès d’un homme au commissariat

Voici le communiqué de l'Association des Travailleurs Maghrébins de France :


Communiqué.

Ce mercredi 8 avril, Mohamed Helmi Gabsi, 33 ans,
a été arraché à ses trois enfants et à sa famille.

Il nous a quittés malgré lui, avec comme dernières images, des violences de policiers municipaux et ses appels de détresse.
Après un transport musclé, le poids d’un policier assis sur lui, face à terre, tout au long du trajet menant au commissariat, il expirera son dernier souffle. Pour qui allaient ses dernières pensées, alors qu’il sentait la vie l’abandonner ? Sans conteste à ses enfants. Ceux-là même qui auront pour unique lègue, l’histoire d’un père à qui une autorité publique a ôté la vie. Nous partageons profondément la douleur de sa famille.
  • Mohamed n’a pas mérité de mourir si jeune.
  • Mohamed n’a pas mérité de mourir de cette façon.
  • Mohamed n’a pas mérité de mourir pour cette raison, ne pas avoir respecté le confinement.
  • Mohamed n’a pas mérité de mourir, parce qu’il est pauvre, parce qu’il est SDF, parce qu’il a des antécédents.
  • Mohamed est un humain. Mohamed est un citoyen.
A ce titre, le respect de sa vie lui était dû.
« La sécurité, c'est la première preuve d'amour qu'on doit au peuple", a déclaré Robert Ménard, allié du Rassemblement National, Maire de Béziers, une des villes les plus pauvres de France. Il doit assumer la responsabilité d’avoir triplé et armé la police municipale.
Nous demandons justice, pour Mohamed, pour ses enfants et pour sa famille et amis.
Nous les assurons de notre soutien inconditionnel.
Nous demandons justice, pour tous ceux qui sont stigmatisés, mal traités, réprimés et jetés à la vindicte de la haine raciale, pendant cette pandémie.
Paris 12 avril 2020


Ses proches ont créé une cagnotte : https://www.leetchi.com/fr/c/lQNMRWkw
Voici leur texte diffusé par la page HKM pour lui rendre hommage :


Je m’appelle Mohamed Helmi Gabsi.
J’ai 34 ans à peine, je suis père de trois enfants.
Hier soir, j’ai rencontré la police municipale de Béziers…
Le couvre-feu avait déjà sonné…
J’en suis mort.
Comme à leur habitude, les policiers n’y sont pas allés de main tendre…
J’ai été violenté par plusieurs hommes, bien trop nombreux, puis porté comme un objet dans la voiture… Des vidéos insoutenables montrent mes derniers instants…
Une violence inouïe, j’appelais au secours, mais… J’étais seul.
Le policier municipal l’avouera plus tard : ils m’ont mis sur le ventre dans la voiture, et il s’est assis sur moi tout le long du trajet… Il dira tout simplement qu’il croyait “que je dormais”.
Arrivé au commissariat, la police nationale m’a récupéré inconscient de leurs mains, eux et les pompiers ont essayé de me prodiguer les premiers soins pour sauver ce qu’il restait de ma vie…
Trop tard.
Ces mêmes policiers savent que la municipale est violente, qu’elle ne sait pas gérer les situations, qu’elle excite et provoque au lieu de calmer, qu’elle n’est pas formée pour maîtriser les dangers… Je le savais déjà mais aujourd’hui : j’en suis mort.
J’ai fait des erreurs dans ma vie, car elle n’était pas aussi simple que la vôtre… Mais malgré ça : j’étais très aimé dans ma ville.
J’ai perdu ma mère jeune, j’ai perdu un frère, j’ai vécu des choses atroces que vous ne pouvez pas connaître, loin de mon environnement et pourtant si proches. J’ai vécu des choses qui vous auraient fait sombrer dans la folie… Mais les médias ne vous le diront pas.
Pour justifier l’horreur, pour minimiser l’injustifiable :
ils feront tout pour me salir…
Ils feront tout pour noircir ma vie plus qu’elle ne l’était déjà…
Et comme d’habitude : vous les croirez…
Mais aucun de vous n’a porté mes chaussures, aucun de vous n’a vécu ce que j’ai vécu et ça… Ils ne vous le diront pas.
Il est peut-être normal pour eux qu’un homme soit mort dans les mains de la police municipale, sans avocat ni jugement, sans foi ni loi, condamné à une violence mortelle…
Juste parce qu’il était dehors…
Plus jeune, je jouais tout le temps au foot avec tout le monde, j’étais heureux, plein d’ambition, toujours souriant…
C’est comme ça que je me suis fait connaître des plus jeunes et des moins jeunes.
C’est comme ça qu’on m’a aimé.
Puis la noirceur de la vie a eu raison de moi, les malheurs, la difficulté, des épreuves insurmontables, même pour vous…
Les policiers municipaux n’ont jamais été tendres avec moi…
Lors de leur dernière interpellation violente envers moi il y a quelques jours, je l’annonçais déjà comme une prémonition : “aidez-moi, ils vont me tuer”…
Quelques jours plus tard… Hier soir… C’était chose faite.
S’en souviendront-ils ? Penseront-ils à ma famille ? S’occuperont-ils de ceux que j’aime ? De mes enfants ?
Je ne les verrai pas grandir…
Je le répète, ils font tout pour me salir, se protègent les uns les autres…
Ils iront jusqu’à mentir et utiliser les termes les plus déshumanisants contre moi, pour vous faire oublier que moi aussi… J’avais une âme.
Moi aussi, j’avais un cœur…
Moi aussi, j’avais le droit de vivre…
Oui… Ils font tout pour me salir, comme pour faire oublier l’horreur de leurs propres actes, comme pour détourner l’attention de ce qu’ils m’ont fait… Ils font tout pour me salir…
Mais ils ne connaissent rien de ma vie, ils ne savent rien des mes épreuves rencontrées et endurées, ils ne savent rien de l’amour que j’ai reçu et que j’ai donné…
S’ils sont toujours heureux au même âge que moi : c’est juste que leur vie a été beaucoup plus rose que la mienne. Pensez-vous réellement que je l’ai choisi ?
Qu’est ce qui méritait que je sois mort à même la rue, sans aucun jugement, sans la moindre loi ?
Qu’est ce qui méritait que je sois traité bien pire que la manière dont ils traitent les meurtriers et les pires criminels ?
Je n’ai jamais enlevé la vie, et mes amis vous le diront:
j’étais un homme bon, j’avais du cœur, et j’aimais aussi.
Mes enfants seront sans père… Car hier… J’ai rencontré la police municipale.

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