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L'horreur et son instrumentalisation.


 La barbarie qui s'est manifestée à travers l'assassinat par décapitation de Samuel Paty ne peut laisser personne indifférent-e. Elle questionne bien évidemment sur la place et la capacité de nuisance de l'intégrisme islamiste dans notre société, sur les horreurs qu'elles peuvent engendrer.
 Impossible d'évoquer ce phénomène sans évoquer aussi la stigmatisation systématique de toute une partie de la population assimilée à la religion musulmane et donc (!)... à l'intégrisme ! C'est bien sûr dans ce créneau que se sont engouffrés l'ensemble de nos politicien-nes à travers des appels incessants à l' "unité nationale" qui permet d'oublier au moins l'espace d'un instant la violence imposée par les politiques répressives et anti-sociales du pouvoir en place, tout en désignant (plus ou moins explicitement selon la proximité avec les thèses du R.N) un bouc-émissaire. De quoi renforcer à la fois l'islamophobie et le repli identitaire.
 Voici ci-dessous le communiqué du NPA,celui de la FSU, celui de l'Union Juive Française pour la Paix, et celui du NPA et de l'UCL de Pantin à propos de la fermeture de la Mosquée.
 Voir aussi l'article de la rédaction de notre hebdo L'Anticapitaliste .

Claude NPA34

 

Communiqué du NPA.

Après le drame de Conflans-Sainte-Honorine :
colère, solidarités, refus des amalgames.

Le NPA a reçu avec effroi la nouvelle de l'assassinat par décapitation d'un enseignant de collège à Conflans-Sainte-Honorine, ce vendredi 16 octobre. Toutes nos pensées vont à sa famille, ses amiEs, ses élèves et ses collègues, et plus largement à l'ensemble des personnels de l'éducation, évidemment ébranlés par ce crime atroce.
Le NPA condamne cet acte ignoble. Quelles que soient les conclusions de l'enquête, rien ne peut justifier un tel assassinat. Nous rappelons notre attachement indéfectible à la liberté d'expression et à la liberté pédagogique des enseignantEs.

Depuis le drame, Emmanuel Macron et Jean-Michel Blanquer jouent la surenchère, multipliant les déclarations d’amour aux enseignantEs, pour lesquels ils n’ont que mépris le reste du temps, et vantant le rôle essentiel de l’école, qu’ils n’ont cessé de détruire ces dernières années.
Difficile, en outre, de ne pas s’indigner de l’hypocrisie d’un Blanquer défendant la liberté d’expression des enseignantEs lorsque l’on sait à quel point la chasse aux récalcitrants est organisée dans l’Éducation nationale, à l’image des quatre enseignantEs de Melle sanctionnés pour s’être mobilisés contre la réforme du bac.

Le gouvernement participe, de surcroît, à la surenchère islamophobe, établissant un lien entre la tragédie de Conflans-Sainte-Honorine et son projet de loi sur le « séparatisme », dont la logique est de renforcer encore un peu plus l’amalgame entre musulmanEs, intégristes et terroristes.
Loin d’aller à l’encontre du déchaînement de haine islamophobe auquel nous assistons depuis hier soir, le pouvoir y contribue, renforçant les fractures sur lesquelles prospèrent les fauteurs de haine, les idéologies mortifères et les fanatismes religieux, ennemis des travailleurEs et des peuples.

Notre solidarité est totale avec les proches, les amiEs et les collègues de Samuel Paty, et plus généralement avec l’ensemble du corps enseignant, éprouvé par cet assassinat. Le NPA se joindra aux initiatives permettant d’exprimer deuil, colère et solidarités suite à ce drame, tout en refusant toute logique d’union nationale avec les faux-amis des enseignantEs et les tenants d’une fuite en avant répressive et d’une stigmatisation accrue des musulmanEs.

Montreuil, le 17 octobre 2020

 



 

Communiqué de l’UJFP :

De l’art d’utiliser le fanatisme religieux

pour légitimer le racisme d’État

L’assassinat atroce d’un enseignant par un jeune fanatique nous émeut et nous bouleverse tous. Les enseignants, en général méprisés par le pouvoir, s’interrogent sur les conditions d’exercice de leur métier et sur la liberté d’enseigner.

Le jeune terroriste a agi avec les motivations d’un fanatique religieux, qui prétend se revendiquer de l’islam. Il faudra dire un jour les ravages psychologiques qu’auront fait guerres et répressions génocidaires en Tchétchénie.

Ce crime atroce se double désormais d’une exploitation sans vergogne.

Autrefois, le pouvoir protestait contre l’idée qu’il y aurait un racisme d’État et niait l’existence d’une islamophobie. À présent, ce même pouvoir veut interdire de lutter contre l’islamophobie, en s’en prenant à des associations musulmanes, dont le CCIF, calomnié, sali, injurié parce qu’il veut faire respecter les droits des citoyens musulmans en France et lutter contre les discriminations.

Il y a quelque chose de totalitaire dans la nouvelle étape du discours raciste et islamophobe d’État qui vient d’être franchie avec l’introduction frauduleuse dans le débat national du concept du « séparatisme » supposé qu’entretiendraient nos concitoyens de culture musulmane, croyants ou non, avec la Nation.

De quelques fanatiques, on passe à des groupes entiers qualifiés d’islamistes, puis à toute organisation indépendante s’appuyant sur l’Islam comme le Secours catholique s’appuie sur le christianisme, des ONG comme Baraka City, une organisation antiraciste comme le CCIF.

D’ennemis intérieurs hier, les voilà aujourd’hui accusés d’entretenir dans leurs rangs un projet de séparatisme avec, à terme, une volonté de créer des espaces de non-droit où seules des lois prétendument inspirées du Coran remplaceraient les lois de la République. Vieux discours de l’extrême droite parés de nouveaux oripeaux...

Le véritable séparatisme, c’est la désignation assumée à la vindicte générale de pans entiers de notre société au seul motif qu’ils sont musulmanes et musulmans.

L’utilisation de la notion de « liberté d’expression » jusqu’à la nausée par un pouvoir qui la brime depuis des années, en instaurant des lois d’exception, en interdisant ou en réprimant les manifestations populaires, et désormais en appelant à l’interdiction d’organisations humanitaires ou militantes, a quelque chose d’obscène.

Nous connaissons les effets de cet engrenage criminel du racisme pour en avoir nous mêmes subi les conséquences. La généralisation des discours antimusulmans à chaque fois que se produit un acte criminel d’un jeune égaré, constitue en quelque sorte une victoire des auteurs de ces actes contre la démocratie. L’atmosphère empoisonnée d’aujourd’hui peut permettre de comprendre ce qui a dû se passer en France et en Allemagne pendant les années 1930. Comment une société entière a pu être petit à petit contaminée par des discours politiques et la presse antijuive, pour se retrouver embrigadée dans une croisade exterminatrice.

Plus qu’à tous autres, il nous appartient d’alerter nos concitoyens sur les dangers qui menacent nos sœurs et nos frères musulmans, et plus largement notre société toute entière.

Le temps nous est compté si nous ne voulons pas que se produise à nouveau une catastrophe.

Nous appelons les femmes et les hommes de bonne volonté, épris de justice et de respect mutuel, à refuser ce discours islamophobe – ce discours de haine raciste gros de dangers – à faire front, toutes et tous ensemble contre le racisme qui risque de submerger notre société et de l’emporter très loin des valeurs démocratiques et républicaines qu’elle prétend défendre.


La Commission Antiracisme Politique, pour la Coordination nationale de l’UJFP, le 19 octobre 2020.

Communiqué du NPA et de l'UCL de Pantin

Fermeture de la Grande mosquée de Pantin :
une décision brutale et arbitraire.

Lundi 19 octobre, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin annonçait qu’il avait pris la décision de faire fermer la Grande mosquée de Pantin à partir du mercredi 21, pour une durée de six mois. En cause ? Le fait que la mosquée ait relayé, sur les réseaux sociaux, la vidéo du père de famille qui s’en était pris à Samuel Paty, l’enseignant de collège à Conflans-Sainte-Honorine assassiné par la suite dans des conditions abjectes.
Nous avons touTes été particulièrement choqués, avons ressenti une profonde émotion face à ce crime odieux, et l’avons fermement condamné, affirmant notre solidarité avec la famille de Samuel Paty, ses proches, ses collègues et ses élèves. Nous avons par ailleurs constaté que le responsable de la Grande mosquée de Pantin en avait fait de même, affirmant en outre « regretter » la publication de la vidéo incriminée.

Avec la décision de Gérald Darmanin, ce sont 1300 musulman·e·s qui vont être privés de leur lieu habituel de culte pendant une durée de 6 mois. Cette mesure est particulièrement brutale et totalement arbitraire : elle s’inscrit en réalité dans une campagne plus vaste, menée par le gouvernement, reposant sur des amalgames entre islam, intégrisme et terrorisme, dont les conséquences ne peuvent être qu’un renforcement des fractures déjà existantes et un approfondissement des rancœurs, voire des haines.

Nul besoin d’être musulman·e, ni de partager l’ensemble des points de vue des responsables de la Grande mosquée de Pantin, pour s’indigner de cette fermeture. Nous sommes bien sûr en total désaccord avec le contenu de la vidéo relayée et sommes attachés à la non intervention du religieux dans les contenus scolaires. Mais nous tenons à affirmer notre soutien aux musulman·e·s frappés par cette décision, et demandons instamment aux autorités, locales et nationales, de refuser cette fuite en avant vers le pire et d’agir pour que la Grande mosquée de Pantin rouvre dans les plus brefs délais.

NPA Pantin - UCL Pantin

 

 

 


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