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De crise en crise à EÉLV


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 DE CRISE EN CRISE À EÉLV

Au plan national, et depuis longtemps, EÉLV a multiplié les crises et les changements de crèmerie parmi ses responsables. 


Dans ce parti qui ne fait aucune analyse de classe de la société, sans remonter très avant, on a pu assister à de multiples défections ou ralliements à droite parmi les responsables nationaux. Ne citons que les plus connu·e·s et les plus récents : Jean-François Placé, François de Rugy, Stéphane Gattignon, Emmanuelle Cosse, Denis Baupin, sans oublier celle qui participe actuellement pleinement au macronisme comme ministre de l'Environnement et cède aux lobbies anti-écolos : Barbara Pompili.
Des "figures" qui ne sont pas entrées dans le moule libéral comme Éva Joly et Noël Mamère sont marginalisées. De nombreux départs ont entrainé aussi des pertes d'adhérent·e·s, de voix aux élections, d'élu·e·s et des difficultés financières.

Qu'en est-il localement ?

À Montpellier et dans l'ex-région Languedoc-Roussillon, suivant les variations de la pensée de Big Georges, seigneur de la Septimanie, on a alterné les alliances et les non-alliances avec le PS. En 2012, Jean-Louis Roumégas fut élu député de la première circonscription de l'Hérault par accord avec le PS.
Aux élections régionales de 2015 pour la nouvelle Région Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées, EÉLV fit liste commune avec le Front de Gauche avec comme tête de liste Gérard Onesta, vice-président de Martin Malvy, le président sortant (PS) de Midi-Pyrénées. Pour le deuxième tour, cette liste fusionne sans surprise avec la liste "de gauche" de Carole Delga pour mener une politique libérale. Localement, les alliances d'EÉLV avec le PS ont été fréquentes et lui ont permis de s'assoir institutionnellement en ne pesant que de manière très marginale dans les institutions.

Récemment à Montpellier

Après les mobilisations pour le climat et après de bons résultats aux élections européennes, EÉLV Montpellier a tenté de progresser à Montpellier à l'occasion des élections municipales. Avec un plein accord général en son sein, des "primaires ouvertes" ont été organisées pour choisir la tête de liste d'une liste autonome. 

La brochette montpelliéraine avant la zizanie
 

Se sont présenté·e·s Clothilde Ollier, ex-maire d'un petit village près de Montpellier, infirmière, militante syndicale, jeune et dynamique et qui avait représenté EÉLV avec un certain succès dans une élection départementale partielle dans le lodévois. Elle avait acquis une certaine notoriété en décrétant sa commune en zone sans pesticides. Lui était opposé le politicien Jean-Louis Roumégas ex-député élu par accord avec le PS. Au cours de la campagne de ces primaires, il n'a quasiment pas été question de programmes politiques qui auraient été différents. Ce sont donc la personnalité des candidat·e·s, leur parcours personnel, leur capacité à gagner l'élection qui ont été décisifs dans le résultat. Plusieurs centaines de personnes se sont exprimées et, par surprise, ce fut la candidate qui l'a emporté. Après un temps de flottement, le candidat battu a contesté le résultat du vote, affirmant que c'étaient des adhérents du PS qui auraient voté Ollier et que l'élection n'était pas valide, oubliant ainsi le risque de manœuvre que ce type de "primaire ouverte" rend possible. JL Roumégas décide alors de présenter sa propre liste.

Du côté de la direction locale d'EÉLV, on s'inquiète ensuite que la candidate élue à la primaire, pourtant en possibilité de battre le maire macronien Saurel d'après un sondage, est un peu trop courtisée par les antilibéraux de Confluence qui voyaient en elle une opportunité de peser dans l'institution montpelliéraine. La direction d'EÉLV invalide la candidate issue de la primaire avec l'appui de la direction nationale et une nouvelle tête de liste est élue en la personne de Coralie Mantion. Clothilde Ollier ne désarme pas et reste candidate avec l'appui d'une partie de LFI. Pour être élue à la municipalité, pour le deuxième tour, elle fait une alliance avec NousSommes et un fantaisiste apolitique qui tire sa popularité des réseaux sociaux. Puis, elle désarçonne ses soutiens antilibéraux en fusionnant avec le patron de choc milliardaire Altrad. Ces derniers ne s'en sont pas encore remis.

Finalement, la liste "officielle" EÉLV fusionne avec la liste Delafosse et obtient des élu·e·s. Clothilde Ollier est aussi élue à Montpellier et à la métropole, en opposition écologiste relativement radicale tandis que les élu·e·s EÉLV sur la liste ne jouent que les faire-valoir du PS. En matière "écologique", elles/ils sont parfois doublés par le PS qui a mené campagne sur la gratuité des transports en commun alors qu'elle/ils y étaient opposé·e·s. En fusionnant avec Delafosse, elle/ils ont obtenu que la première étape d'une gratuité partielle soit restreinte au week-end pour favoriser les commerces du centre ville (qui pour la plupart n'ouvrent pas le dimanche, d'ailleurs). Avec les écolos officiels à la mairie, on continue tous les projets urbanistiques sauréliens, mais une grande victoire est obtenue puisque les blocs de béton bleus de la place de la Comédie ont été remplacés par des arbres en pot dont la survie n'est pas assurée. Autre grande victoire : ce ne sont pas les montpelliérains qui paieraient le Contournement Ouest de Montpellier, mais la société Vinci (avec nos deniers). Voilà qui rassure nos écologistes de façade.

Élections régionales 2021

Se sentant le vent en poupe électoralement, au niveau de la Région Occitanie, EÉLV a décidé de se présenter seule au premier tour, refusant les alliances de premier tour que lui proposaient tant LFI que le PS, leurs organisations colistières en 2015. Une décision qui a fortement contrarié Agnès Langevine, vice-présidente sortante, qui est favorable à une alliance de premier tour avec l'ex-ministre de Valls, Carole Delga.



France 3 Occitanie : Agnès Langevine "abasourdie" par sa suspension d'Europe Écologie Les Verts

Malgré l'embrouillamini  de la campagne municipale à Montpellier en n'ayant pas tiré les leçons de l'inconvénient de voter pour des personnes et non pour un ou des programmes pour aller aux élections, EÉLV renoue avec le passage en force par les directions pour la désignation de la liste de l'Hérault des élections régionales de 2021. Une candidate a été portée en tête pour la liste héraultaise par les adhérent·e·s du département. Elle avait pourtant commis un écart lors de la campagne municipale en proposant, après l'éviction de Clothide Ollier comme candidate EÉLV, de soutenir la liste NousSommes. Ça ne pouvait pas convenir à l'appareil qui tient impérativement à avoir des élus. La candidate élue en tête a alors été rétrogradée au profit d'une écologiste bien intégrée dans les institutions


et candidate sortante, la melgorienne Zina Bourguet. Le média local Le D'Oc a publié un article sur le sujet (Régionales : dans l’Hérault, EELV désavoue le vote des militants et ouvre une nouvelle crise) dont voici l'introduction : 

De scrutin en scrutin, les écologistes héraultais s’enfoncent dans les querelles intestines. Cette fois-ci, la commission inter-régionale électorale d’Europe écologie – Les verts reconsidère l’ordonnancement de la liste départementale pour les régionales. Elle déboute ainsi les adhérents dont le vote avait permis de classer une nouvelle encartée, Julia Mignacca, en tête de liste du collège des femmes. Cette jeune militante, hors des guerres d’appareil, se retrouve désormais reléguée vers l’arrière banc. Une manœuvre qui permet à la sortante Zina Bourguet d’assurer sa réélection, tout en sauvant la face des élus montpelliérains proches de Jacqueline Markovic.

Une action essentiellement institutionnelle
Un facteur important de ces crises et confusions à répétition dans EÉLV, tant nationalement que localement, semble être due à leur vision essentiellement institutionnelle, électoraliste et gestionnaire de la politique dans les cadres actuels. Certes, elles et ils sont peu nombreu/ses/x, mais on ne les voit pas ou quasiment pas dans les luttes sur le terrain et ce sont d'autres organisations qui y sont. Même si elles/ils mettent en avant leurs notables ou élu·e·s à certaines occasions comme par exemple les marches pour le climat, on ne les voit pas dans la mobilisation nationale contre le développement du transport aérien, ou dans les luttes locales contre l'invasion publicitaire, pour décrocher les portraits de Macron, contre le Contournement Ouest de Montpellier, contre le prolongement du LIEN, dans les manifestations anti-nucléaires, contre le projet Oxylane, contre l'aménagement touristique du Domaine de Bayssan, pas plus que dans les luttes sociétales ou de salarié·e·s, ... et tant d'autres. C'est pourtant par le développement des luttes populaires contre la loi du profit maximum que les habitant·e·s pourront améliorer leurs conditions de vie et sauvegarder ce qui vit encore sur terre.

Ça ne veut pas dire qu'EÉLV et anticapitalistes ne peuvent jamais agir ensemble, mais que les possibilités sont assez limitées.

Séraphin Langlois (NPA34)




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