Ciblé·e·s
Hier au soir avait lieu le vernissage de l’exposition Ciblé·e·s à la Carmagnole. Cette belle exposition réunit l’œuvre de plusieurs artistes qui les ont chacun⸱e⸱s conduit⸱e⸱s à intercepter la question des violences policières dans l’usage d’armes désignées à tort comme « sublétales ».
En 2019, à Santiago du Chili,
éclate l’estallido social, un soulèvement
populaire parti de la jeunesse. Les photographies acérées
de Carlos Osorio Fuentes témoignent des scènes
de guerre qui font irruption dans le centre-ville de la capitale
chilienne. Les couleurs éclatent et on est saisi par l’immersion
au coeur de la bataille.
Le travail d’Ana-tole,
artiste virtuelle, fait écho à ses premières expériences de
militantisme. C’est à l’École des Beaux-Arts de Montpellier que
son travail artistique est devenu politique. Son détournement de
figurines Playmobil, jouet symbole du capitalisme et de la
mondialisation, pour dénoncer la multiplication des violences
policières est à la fois ludique et grave.
L’installation au sol de munitions
collectées après une manifestation de gilets jaunes, à la manière
d’un inventaire de saisie d’armes par la police nous laisse sans
voix.
Aurélie Piau interpelle avec
humour les forces de police pour proposer un renversement d’autorité
; là, elle propose une arborescence de caméras de vidéosurveillance
flanquée des termes « business plan ». Elles sont des surfaces de
dénonciation, des messages adressés à un pouvoir politique —
mais pas que — qui organise la répression indispensable au
maintien de l’ordre néolibéral actuel.
Les affiches du média Contre Attaque, média indépendant basé à Nantes (prolongement de Nantes Révoltée), qui propose les affiches de l’artiste Le chant du cygne, et celles de l’initiative Formes des Luttes, né en 2019 dans le cadre du mouvement de lutte contre la réforme des retraites, viennent illustrer combien le combat culturel et artistique est une composante essentielle de la contestation sociale.
« Tout⸱e⸱s choisissent
de sublimer à travers leurs travaux les actes de résistance et les
formes de luttes multiples contre ce projet de société qui ne tient
que par le recours aux armes mutilantes. «
Bravo au collectif Stop Armes Mutilantes d’avoir réuni ces œuvres et de continuer à nous interpeler. N’hésitez pas à passer. Cette exposition vaut le détour.
Une exposition de Ana-tole, Carlos Osorio Fuentes et Aurélie Piau. Avec les affiches du média Contre Attaque et de l’initiative Formes des luttes.
À La Carmagnole, 10 rue Haguenot, Montpellier, jusqu’au 28 février 2023, (ouvert pendant les événements de la Carmagnole voir ici et sur demande les samedis après midi)
Curateur·rice·s : Lisa Combettes, Jean François Mazeran et Isabelle Quaglia.
Une exposition faisant suite au colloque intitulé « Armes policières mutilantes Analyses et combats » organisé par le collectif SAM https://www.stoparmesmutilantes.org/
Correspondante NPA 34
