Vrai travail. "L’expression a une petite odeur rance. D’où vient-elle ? Le NPA a mis les pieds dans le plat, pointant des « accents de Pétain ». Une époque où il fallait être un « vrai Français », où la devise nationale commençait par le mot « travail ». Ou le vrai travail était le travail de la terre, vraie elle aussi (elle ne « mentait pas »)." (Rue 89)
Affiche placardée en France pour le 1er mai 1941
« Vrai travail » and co. Au secours, Pétain revient ! (Rue 89)
Après la « France qui se lève tôt » de 2007, voici donc le « vrai travail » de 2012. Nicolas Sarkozy entend le fêter le 1er mai, à l’occasion d’un très grand rassemblement :
Le NPA est-il coupable d’une facile « reductio ad petainum » du débat ?
Le maréchal Pétain est le premier dirigeant politique de droite qui ait tenté de récupérer le 1er mai. Ce jour-là était aussi la saint-Philippe ... Le 24 avril ( !) 1941, il a décidé de rendre férié cette journée-là, espérant rallier les ouvriers. Le 1er mai de cette année, il déclarait à ceux de Commentry (Allier) :
Depuis, chaque année, le FN organise ce rassemblement directement inspiré du pétainisme, donc. Marine Le Pen a repris la tradition : elle était l’an dernier la star de la fête, sur le podium installé au pied de la statue de la Pucelle, rue des Tuileries.
Vrai travail » and co. Au secours, Pétain revient
« Le 1er mai, nous allons organiser la fête du travail, mais la fête du vrai travail. »L’idée est à peu près la même qu’avec la France qui se lève tôt : trier le bon grain de l’ivraie, les bons Français de ceux qui se lèvent tard, ou qui sont payés sans travailler (les « assistés ») ou qui font semblant de travailler (le « faux » travail, donc).
L’époque où il fallait être un « vrai Français »
L’expression a une petite odeur rance. D’où vient-elle ? Le NPA a mis les pieds dans le plat, pointant des « accents de Pétain ». Une époque où il fallait être un « vrai Français », où la devise nationale commençait par le mot « travail ». Ou le vrai travail était le travail de la terre, vraie elle aussi (elle ne « mentait pas »).
Appel aux travailleurs, discours du maréchal Pétain à Saint-Etienne, le 1er mars 1941
Le maréchal Pétain est le premier dirigeant politique de droite qui ait tenté de récupérer le 1er mai. Ce jour-là était aussi la saint-Philippe ... Le 24 avril ( !) 1941, il a décidé de rendre férié cette journée-là, espérant rallier les ouvriers. Le 1er mai de cette année, il déclarait à ceux de Commentry (Allier) :
« Le 1er mai a été, jusqu’ici, un symbole de division et de haine. Il sera désormais un symbole d’union et d’amitié, parce qu’il sera la fête du travail et des travailleurs. Le travail est le moyen le plus noble et le plus digne que nous ayons de devenir maître de notre sort. »L’églantine (rouge comme le sang des révolutionnaires et ouvriers) est alors remplacée par le muguet (blanc comme le lys).
Une fête de gauche tordue par l’extrême droite
Après la guerre, la fête est redevenue « républicaine » – le muguet a réussi à survivre, cependant. Mais le 24 avril ( ! !) 1988, au soir du premier tour de la présidentielle, Jean-Marie Le Pen a annoncé qu’il allait célébrer à sa façon le 1er mai, décrété « fête du travail et de Jeanne d’Arc », celle-ci étant dans la mystique de l’extrême droite, depuis toujours, l’incarnation de la résistance à l’étranger (Robert Brasillach, auteur apprécié par Jean-Marie Le Pen, écrivait dans Je suis partout, le 12 mai 1944 : « Jeanne appartient au nationalisme français dans ce qu’il a de plus réaliste, de plus profond et de plus attaché à la terre. »)Depuis, chaque année, le FN organise ce rassemblement directement inspiré du pétainisme, donc. Marine Le Pen a repris la tradition : elle était l’an dernier la star de la fête, sur le podium installé au pied de la statue de la Pucelle, rue des Tuileries.
Une campagne qui empeste les années 40
L’odeur des années 40 est là, bien présente ; elle ne cesse d’empester cette campagne.- en février, un député a accusé le ministère de l’intérieur Claude Guéant de s’appuyer sur des idéologies qui ont conduit aux camps de concentration ;
- le même mois, Claude Guéant a qualifié le FN de « nationaliste » et « socialiste », histoire de monter qu’il n’était pas le vrai méchant ;
- puis Arno Klarsfeld, soutien de Sarkozy, a pris la défense de Guéant en accusant le FN d’avoir pour programme une réhabilitation du Maréchal.
Vrai travail » and co. Au secours, Pétain revient
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