17-19 mai. Francfort capitale de la résistance aux politiques d’austérité de la Troïka (UE, FMI, BCE)
À peine la passation de pouvoir effectuée, Hollande doit
rencontrer Merkel dans le cadre de l’Europe et Obama pour l’Otan. Il
devra alors décider quelle politique il compte mettre en œuvre.
Cette
fois, il n’y aura pas d’état de grâce, les événements se précipitent.
Dès avant sa prise de fonction le 15 mai, Hollande a déjà reçu Van
Rompuy, le président de l’UE et Juncker, le président de l’Eurogroupe
et le soir même du 15 mai, il sera à Berlin avec Merkel.
Puis le 18, il sera à Washington avec Obama, et le 20 à Chicago au
sommet de l’Otan. Cela devrait amener des clarifications nécessaires sur
la politique, économique et internationale, étroitement liées, que son
gouvernement va conduire et permettra de sortir des discours abstraits
sur austérité et croissance ainsi que de la comparaison hasardeuse
entre l’élection de François Hollande et l’arrivée de Roosevelt et du
New Deal.
Règle d’or
Règle d’or
Tout le monde sait
qu’en Europe l’année 2012 va être très difficile en ce qui concerne la
croissance et donc l’emploi et les revenus de la majorité des
populations. Par exemple, pour la France, l’Insee a publié le 15 mai la
croissance trimestrielle du PIB : +0, 9 % au 1er trimestre 2011, puis
+0, 0 +0, 3, +0, 1 et +0, 0 au 1er trimestre 2012. Mais malgré cela,
les libéraux qui dirigent l’UE ont sermonné Hollande : une seule
politique possible, l’austérité, symbolisée par le pacte budgétaire et
la prétendue « règle d’or ». D’abord Merkel, puis la commission, puis
le président de la BCE et même celui de la banque centrale allemande,
la BundesBank. Ce dernier a argumenté contre les quelques augmentations
de dépenses publiques annoncées dans le programme électoral de
François Hollande :« combattre les dettes par les dettes, cela ne
marche pas », mais on peut lui répondre facilement que « combattre
l’austérité par l’austérité, cela ne marche pas non plus », comme on le
voit depuis deux ans.
La pression de marchés
La pression de marchés
Car
la crise est loin de s’apaiser. Après l’annulation d’une partie de la
dette grecque, les « marchés financiers » maintiennent la pression. Et
«on » envisage une sortie de l’euro, ce qui ne serait une solution ni
pour la Grèce ni pour l’Europe. Après la Grèce, l’Espagne est
maintenant en première ligne. Malgré un gouvernement conservateur qui
accentue les programmes d’austérité et malgré les 1 000 milliards
accordés par la BCE aux banques européennes (notamment espagnoles),
plusieurs de ces dernières sont au bord de la faillite et une vient
d’être « nationalisée » (puisqu’elle a subi les plus grosses pertes !).
Luttes contre l’austérité
Luttes contre l’austérité
Face à ces
politiques menées par des fanatiques, pour la plupart non élus, de
l’austérité et des « réformes », quelles sont les forces disponibles ?
Elles s’expriment déjà par les défaites électorales récentes des
gouvernements pro-austérité en France et en Grèce, et le recul sévère
dimanche 13 mai de la CDU de Merkel en Rhénanie-Westphalie. De même les
peuples islandais et irlandais continuent de refuser de payer la crise
dans les référendums qui leur sont proposés. Mais les bulletins de
vote seront certainement insuffisants s’ils se tournent vers les
sociaux-libéraux. Rappelons-nous que dans les années 1980, dans
l’Europe des quinze, il y avait douze gouvernements « socialistes » qui
ont mis en place les politiques européennes actuelles.
Pour mettre fin à ces politiques d’austérité et imposer l’annulation
de la dette publique, la seule façon de gagner, ce sera par les
mouvements sociaux et leur convergence. Depuis plus d’un an, les
Indignés manifestent en Grèce, en Espagne, en Italie. Il faut que les
électeurs de « la gauche de la gauche », notamment en France et en
Grèce, se transforment en manifestants. Il faut que le mouvement
syndical européen, qui il y a plus d’un an avait produit une belle
déclaration antiaustérité, s’engage effectivement dans une vraie
bataille. Une première échéance européenne de rassemblement pour cette
lutte aura lieu les 18 et 19 mai avec les diverses interventions
(conférences et ateliers) contre les politiques d’austérité de la
Troïka (UE, FMI, BCE), et surtout une manifestation le samedi 19 mai à
Francfort, siège de la BCE (voir Tout est à nous ! du 26 avril et du 10
mai).
Nous sommes les 99 % !
Jacques Cherbourg
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