Béziers. Colère après l'arrestation d’un mineur de 15 ans : "Il a été frappé comme un chien" (Midi Libre)
"On accepte que nos jeunes soient arrêtés, ce ne sont pas des saints,
mais il y a des façons de le faire et ce qui s’est passé hier est
inadmissible" : une demi-douzaine de mamans criaient leur révolte, hier, rue Albert-Arnaud, dans le quartier de l’Iranget, devant une barricade de fortune faite de poubelles, à la suite de l’interpellation d’un mineur de 15 ans qui a dégénéré.
L'interpellation dérape...
Il est environ 21 h 30, jeudi soir. La Brigade anticriminalité arrive
sur place pour enquêter sur un vol de deux-roues. Il fait encore très
chaud, les gamins et les parents prennent l’air au pied des immeubles.
Les policiers interpellent un mineur de 15 ans, bien connu de leurs
services, et deux autres jeunes. Un attroupement se forme. Des renforts
sont appelés.
"Tout se passait calmement, jusqu’à l’arrivée des policiers en uniforme,
témoigne Sabrina. Ils ont arrêté deux garçons, on n’a rien dit mais ils
s’en sont pris ensuite au fils de Fatima. Tout le monde sait qu’il est
malade, qu’il souffre d’hydrocéphalie, a un tuyau dans la tête et que le
moindre coup peut lui être fatal".
Alertés par les cris des jeunes, les adultes s’approchent. "On a vu ce
gamin de 15 ans poussé dans une voiture, il hurlait que ses menottes lui
faisaient mal, il a commencé à se débattre, les policiers le
brutalisaient lui coinçaient la tête entre les fauteuils", continuent
les mamans.
Selon elles, les coups de matraque ont commencé à
pleuvoir sur la petite foule formée autour des véhicules des forces de
l’ordre. "J’ai arraché la matraque des mains d’un policier pour protéger
mon petit-fils de 16 ans qui était à terre, j’ai même pris un coup",
s’indigne Brigitte. Moise, 14 ans, s’approche, un œil au beurre noir :
"J’ai reçu un coup-de-poing mais je ne porterai pas plainte, cela ne
sert à rien".
"On ne frappe pas ainsi des enfants"
Les témoins dénoncent une réponse policière inadaptée à la situation :
"On ne les empêche pas de faire leur travail, d’interpeller les
voleurs, mais ce n’est pas à eux de faire justice. On ne frappe pas
ainsi des enfants, même nous les parents, on n’a pas le droit".
Fatima et Abdellah, les parents du garçon de 15 ans, reviennent du
tribunal. Leur fils a été placé sous contrôle judiciaire et placé en
centre éducatif fermé à Nîmes : "Le juge nous a dit que
c’était pour éviter qu’il revienne faire le caïd dans le quartier. Mon
fils avait le visage enflé, des griffures, mais le docteur qui l’a
examiné n’a rien signalé. Je lui ai ramené ses médicaments, il est
soigné pour hyperactivité".
Fatima n’a pas dormi de la nuit : "Je ne laisserai pas passer ça, il a été frappé comme un chien".
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