Tiré de l'entrevue de Rémi Lefebvre, politologue spécialiste du PS (Libération)
«Ce qui guette les socialistes, c’est le syndrome de l’hyperpuissance» (Libération)
«Ce qui guette les socialistes, c’est le syndrome de l’hyperpuissance» (Libération)
Professeur de science politique à l’université Lille-II, Rémi Lefebvre note que «jamais un parti n’a été aussi puissant sous la Ve République».
Extraits (nous soulignons)
Ce qui guette les socialistes, c’est ce qu’en relations internationales, on appelle «le syndrome de l’hyperpuissance».
Une vulnérabilité liée à la force qu’il représente. L’objectif
d’obtenir la majorité absolue va avoir des revers : le PS ne peut que
perdre les prochaines élections ! Les élus locaux savent très bien que
les scrutins intermédiaires de 2014 seront très difficiles à négocier.
Les socialistes vont concentrer toutes les critiques et ne pourront pas
diluer les coups de l’impopularité. Mais François Hollande est
suffisamment habile… C’est pour cela qu’il va essayer de débaucher les
communistes, dont Mélenchon n’a pas réussi à enrayer l’érosion
parlementaire. [...]
L’intérêt était aussi d’affaiblir le Front de gauche sans trop en
parler. Le cauchemar de Hollande - bien pire que les problèmes liés à
l’hégémonisme - était d’avoir une majorité relative avec un groupe Front
de gauche charnière. Maintenant, tout va dépendre de l’attitude du PCF.
Mélenchon sait que la tendance du PCF est d’être absorbé par le PS pour
des postes. Sans être à l’Assemblée, l’ex-socialiste a encore une carte
à jouer, notamment avec les débats dans les médias. Le Front de gauche
compte s’appuyer sur le mouvement social. (1) [...]
Pour avoir la majorité absolue, le PS va devoir faire avec ses dissidents…
Pour avoir la majorité absolue, le PS va devoir faire avec ses dissidents…
C’est un grand classique. Le PS est rompu à cet exercice. Ils seront
réintégrés après une période probatoire. Je fais confiance à la
camaraderie parlementaire.
(1) un point de vue sur le rapport du Front de Gauche au mouvement social :
L'itinéraire mélenchonien du mouvement social : Bastille-République, pas République-Bastille
Le fond du problème est bien dans le fait que le Front de
Gauche, par ce positionnement sur la motion de censure [que Mélenchon déclare ne jamais voter contre un gouvernement de gauche], révèle ce qu’est
sa conception de la transformation sociale : un pur jeu parlementaire
où tout se joue et se déjoue dans l’enceinte incontournablement feutrée
du Parlement. Sans nul recours à une motion de censure, on peut parier
que si on s’attelle à construire une mobilisation sociale calée sur ses
propres exigences et non a priori autolimitée dans son développement
comme font les directions syndicales que le FdG suit bovinement, la
question de la motion de censure devient un épouvantail sans vraie
utilité. Le FdG agite la question de la motion de censure pour laisser
entendre, par-delà ce qu’il reste de rhétorique type prise de la
Bastille, qu’il ne sera pas d’une baston sociale qui mettrait en péril
un Hollandréou !
Le FdG est dès maintenant la première victime, consentante, du coup de l’édredon fait par Hollande : elle met l’éteignoir sur les discours enflammés de la présidentielle qui, en bonne logique électoraliste, étaient avant tout destinés à faire des voix avant que les choses sérieuses ne commencent dans l’enceinte du Parlement, voire de Matignon... Loin de la Bastille !
La révolution par les urnes, citoyenne, etc., c’est laisser, dans le meilleur des cas, comme pour les retraites, le mouvement social s’épuiser pour qu’ensuite la délégation aux parlementaires prenne le relais pour, pour quoi au juste ? Pour faire des moulinets révolutionnairement citoyens qui n’empêcheront pas les contre-réformes d’avancer ! En attendant d’obtenir, par de nouvelles élections, un rapport de force qui, blabla, permettra de faire pression et de pousser à gauche un PS qui mange à droite depuis longtemps, etc. Bref la politique assurée de l’impuissance qui laisse l’ordre capitaliste avancer car, lui, fait les choses sérieusement...
Alors, on peut continuer à s’obnubiler sur la motion de censure qui permet d’éviter de poser que la seule motion de censure qui vaille, même si, bien évidemment, elle ne se décrète pas, c’est celle de la rue ; celle de la rue à laquelle des parlementaires "citoyens" dignes de ce nom doivent se plier ! Et là, pas de danger que cette motion de censure soit votée par la droite... Mais pour le FdG, le mouvement social tellement monté en épingle dans les discours, n’a de place dans sa stratégie que pour autant qu’il ne va pas jusqu’au bout. Mélenchon lui a placé le balisage du chemin : "tourner à la première impasse à gauche et, une fois salués les députés de la révolution citoyenne, faire demi-tour, revenir à la maison et regarder à la télé le combat héroïque mené pour la révolution par les urnes !"
Avec le FdG le mouvement social ne peut faire que Bastille-République, pas République-Bastille : le terminus de toutes les prises de la Bastille citoyennes, c’est immanquablement République où le drapeau rouge cède la place au bleu-blanc-rouge. C’est ainsi que va le républicaniste FdG et son enfumage sur la motion de censure !
Antoine (comité NPA du Pic-Saint-Loup)
Le FdG est dès maintenant la première victime, consentante, du coup de l’édredon fait par Hollande : elle met l’éteignoir sur les discours enflammés de la présidentielle qui, en bonne logique électoraliste, étaient avant tout destinés à faire des voix avant que les choses sérieuses ne commencent dans l’enceinte du Parlement, voire de Matignon... Loin de la Bastille !
La révolution par les urnes, citoyenne, etc., c’est laisser, dans le meilleur des cas, comme pour les retraites, le mouvement social s’épuiser pour qu’ensuite la délégation aux parlementaires prenne le relais pour, pour quoi au juste ? Pour faire des moulinets révolutionnairement citoyens qui n’empêcheront pas les contre-réformes d’avancer ! En attendant d’obtenir, par de nouvelles élections, un rapport de force qui, blabla, permettra de faire pression et de pousser à gauche un PS qui mange à droite depuis longtemps, etc. Bref la politique assurée de l’impuissance qui laisse l’ordre capitaliste avancer car, lui, fait les choses sérieusement...
Alors, on peut continuer à s’obnubiler sur la motion de censure qui permet d’éviter de poser que la seule motion de censure qui vaille, même si, bien évidemment, elle ne se décrète pas, c’est celle de la rue ; celle de la rue à laquelle des parlementaires "citoyens" dignes de ce nom doivent se plier ! Et là, pas de danger que cette motion de censure soit votée par la droite... Mais pour le FdG, le mouvement social tellement monté en épingle dans les discours, n’a de place dans sa stratégie que pour autant qu’il ne va pas jusqu’au bout. Mélenchon lui a placé le balisage du chemin : "tourner à la première impasse à gauche et, une fois salués les députés de la révolution citoyenne, faire demi-tour, revenir à la maison et regarder à la télé le combat héroïque mené pour la révolution par les urnes !"
Avec le FdG le mouvement social ne peut faire que Bastille-République, pas République-Bastille : le terminus de toutes les prises de la Bastille citoyennes, c’est immanquablement République où le drapeau rouge cède la place au bleu-blanc-rouge. C’est ainsi que va le républicaniste FdG et son enfumage sur la motion de censure !
Antoine (comité NPA du Pic-Saint-Loup)
Illustration : Petit‑Poing‑et‑la‑rose‑a‑l‑en
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