Nous avions publié cet article à l'occasion du 14 juillet de l'an passé. Il nous semble avoir conservé son actualité !
Le 25 février 1848, à Paris, le peuple se présente en masse devant
l'Hôtel de Ville, où siège le Gouvernement provisoire, pour réclamer le
remplacement du drapeau tricolore par le drapeau rouge comme symbole du
caractère social de la nouvelle révolution.
Il faudra les talents
d'orateur du "poète" Lamartine pour repousser provisoirement le drapeau
rouge... puis ceux du boucher Cavaignac (appelé à la rescousse par
Lamartine !), lors du carnage de juin, pour mâter sévèrement le
mouvement populaire pour la république sociale.
Tiré de L'Agonie d'une Gloire
Daniel Bensaïd, la république et la révolution
Derrière la mythologie consensuelle républicaine, ses monuments
aux morts, ses taxis de la Marne, ses cours d’instruction civique, ses
leçons de morale calligraphiées au tableau noir par des maîtres austères
et vertueux, ses plumes gauloises et sergent-major, ses saints et ses
martyrs laïques, s’affrontent des républiques opposées et querelleuses.
Réputée « une et indivisible », la république est plurielle et divisée.
Elle n’est pas un spectre sans corps, elle est historique et charnelle.
A ses débuts, elle fit corps avec la Révolution. Ce furent deux
sœurs jumelles, nées sous le signe de la vierge, séparées et brouillées
par Thermidor. Débraillée, dépoitraillée, échevelée, la Révolution
devint alors infréquentable pour les gens comme il faut, les gens
d’ordre et de propriété. Elle fut condamnée à la vie souterraine des
taupes, à leur patient travail de creusement et de fouissement. La
République commença au contraire à s’étourdir dans les mondanités. A
fréquenter incroyables et muscadins, agioteurs et trafiquants de biens
nationaux, elle s’est embourgeoisée, bureaucratisée, conformisée.
Juliette et Justine : les prospérités du vice et les infortunes de la
vertu.
Elle a cependant continué à entretenir des rapports discrets avec
sa sœur rebelle. Déjà mise à l’épreuve des journées de Juin 1848, leur
relation ambiguë a connu une tumultueuse rupture sous la Commune. Péguy
datait précisément de 1871 le début de la plaine sans reliefs
historiques, dans laquelle s’est installée la République parvenue, avec
son rituel positiviste, son école publique et ses expéditions
coloniales. Ferry Jules - le vrai Ferry, l’original, pas la copie -
c’est bien sûr l’enseignement obligatoire et gratuit, mais c’est aussi
Ferry-Tonkin. C’est le début de la République affairiste. Qui marche au
pas. Qui anti-dreyfuse. Qui zéro-de-conduite. Et qui fusillera pour
l’exemple.
Cette République cynique et sénile n’a pourtant pas réussi à faire
disparaître son double, sa part maudite, la générosité juvénile de ses
débuts, lorsqu’avec la révolution, elles faisaient la paire, rêvant de
liberté, d’égalité, de solidarité. Ce rêve s’est bien vite brisé : avec
l’exclusion des pauvres du suffrage et la répression du mouvement
populaire, avec l’exclusion des femmes de l’espace public et de la
citoyenneté, avec les tergiversations à abolir l’esclavage et
l’empressement à le rétablir, avec la guillotine de Thermidor. Depuis,
il y a leur République, thermidorienne et chauvine, et la nôtre, sociale
et universelle. C’est une affaire sur laquelle, à moins de n’y plus
rien comprendre, on ne se réconciliera plus.
Tiré de Chevènement renonce, Mélenchon et Hollande lui font les yeux doux
Illustration : logo de nos camarades espagnols de Izquierda Anticapitalista (IA)
Depuis la fin du XIXe siècle, le mauve est la couleur traditionnelle des
féministes. Avant d’être la couleur des féministes des années 70, le
violet était déjà arboré par les suffragettes.
« Faites l’amour, pas la guerre » Mauve, (...) (Le mauve, couleur des féministes ? - 8mars-online.fr)
Tiré de logo‑féministes‑Paris‑3eme.pn
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