Communiqué du NPA. Ratification du pacte budgétaire européen fin août, une précipitation qui en dit long !
vendredi 10 août 2012
[A lire également : Adieu Keynes ! Vive Raymond Barre !]
[A lire également : Adieu Keynes ! Vive Raymond Barre !]
Le Conseil constitutionnel a décidé jeudi qu'une
révision de la constitution n'était pas nécessaire pour adopter le
traité budgétaire européen. Il permet ainsi à François Hollande
d'imposer la règle d'or de l'austérité sans même devoir convoquer
l'Assemblée et le Sénat en congrès. En proposant fin août un projet de
loi de ratification, François Hollande démontre son empressement à faire
passer son mauvais coup en évitant au maximum le débat public. Il avait
promis de renégocier ce traité, il n'en est rien, il se fait
l’exécuteur de la politique mise en œuvre par Sarkozy et Merkel.
Cette politique d'austérité imposée aux
travailleurs et aux peuples d'Europe n'a d'autre objectif que de
permettre aux États de payer leur dette auprès des banques qu'ils ont
subventionnées et qu'ils continuent de subventionner tout en leur
empruntant ! Elle est au seul service de la finance et ruine l'économie.
La Banque de France vient d'annoncer elle-même que la France entrait en
récession. Les plans de licenciements se multiplient, le chômage
augmente. Et puisque le gouvernement Hollande-Ayrault ne veut pas
connaître l'avis de la population, il faudra que les travailleurs se
donnent les moyens de se faire entendre par leurs luttes et
mobilisations.
Nous proposons à tous et notamment aux forces du
NON de gauche qui s’étaient mobilisées en 2005 contre le TCE, de se
rencontrer vite pour préparer une grande initiative publique durant le
vote pour dire NON au TSCG !
Montreuil, le 10 août 2012
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Dès juillet 2011 le journaliste économique de Mediapart, Laurent Mauduit, épinglait, dans un article au titre éloquent (Adieu Keynes ! Vive Raymond Barre !), Aubry et Hollande, les deux principaux candidats en lice pour la primaire du PS, sur leur reniement du programme socialiste en matière de réduction des déficits et de la dette, reniement qui anticipait la plate acceptation aujourd'hui de la règle d'or, ce sésame de l'austérité qu' Hollande va désormais valider sans modifier la Constitution grâce au feu vert du Conseil Constitutionnel et donc sans convoquer le Congrès ! Tous les discours de campagne du candidat Hollande comme les déclarations du ministre de l'économie, Pierre Moscovici, sur le refus du gouvernement de "ratifier en l'état" le "traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance" (TSCG) qui "porte" la règle d'or, se révèlent pour ce qu'ils sont : le traditionnel et structurel opportunisme du social-libéralisme tel qu'affirmé de Mitterrand à Jospin ! Nous avons devant nous la tâche immense de déjouer cette répétition des continuités libérales (y compris musclées façon Sarkozy) et social-libérales façon Hollande-Ayrault. Il en va de l'intérêt des travailleurs et de toutes les couches opprimées par les choix économiques des classes dominantes de la France comme de l'Union Européenne. Cela passe par un non sans bavure au Pacte budgétaire comme par un refus des licenciements et des agressions sur les salaires ! Seule une mobilisation unitaire, décidée et fondée sur le contrôle des actions par les travailleurs eux-mêmes, pourra mettre un coup d'arrêt aux mauvais coups du capitalisme et de ses fourriers de gauche comme de droite !
....................................
Le texte de Laurent Mauduit (extraits)
C'est un bien curieux début de campagne dans lequel se sont lancés
plusieurs dirigeants socialistes en lice pour la primaire de leur parti.
Alors que nombre de hiérarques du Parti socialiste ont fait chorus ces
derniers jours avec la droite pour dénoncer les déclarations d'Eva Joly
en faveur d'une démilitarisation du 14-Juillet (lire le point de vue d'Edwy Plenel), les mêmes, ou presque, se sont maintenant lancés dans une surenchère en faveur de l'austérité.
François Hollande et Martine Aubry viennent en effet, l'un après
l'autre, de prendre position en faveur du plan de réduction des déficits
et de la dette publics arrêté par le gouvernement, et d'écorner au
passage les engagements contenus dans le projet arrêté par leur propre
parti pour 2012.
C'est François Hollande qui, le premier, a donné le ton. Alors que le
projet socialiste, refusant la politique d'austérité du gouvernement et
la réduction à marche forcée des déficits publics, préconise un retour
des déficits publics français sous la barre des 3% du produit intérieur
brut (PIB) seulement à l'horizon de 2014, et non en 2013 comme s'y est
engagé Nicolas Sarkozy, le dirigeant socialiste a pris ses distances
avec les priorités de son propre parti pour applaudir celles de la
droite. Sous le titre « François Hollande : la dette est l'ennemie de la gauche et de la France », c'est à la faveur d'un entretien au Monde (daté du 16 juillet) qu'il s'est livré à cet exercice.
–« Dans le projet socialiste, il est question de ramener les déficits à 3 % du PIB en 2014. N'est-ce pas trop tard ? », interroge le quotidien.
– « Il faut rééquilibrer nos comptes publics dès 2013 », répond François Hollande.
– « Dès 2013 ? », insiste le journal.
– « Oui. Je ne le dis pas pour céder à je ne sais quelle pression
des marchés ou des agences de notation mais parce que c'est la condition
pour que notre pays retrouve confiance en lui. Nous ne pouvons pas
laisser gonfler la dette publique au risque de faire de la charge de nos
intérêts le premier budget du pays, ce qui altérerait toutes nos marges
de manœuvre. La dette est l'ennemie de la gauche et de la France. Si je
suis élu, la première réforme du quinquennat sera la réforme fiscale.
Le candidat qui annonce qu'il n'y aura pas d'effort supplémentaire après
2012 sera un président qui se parjurera », confirme François Hollande. [...]
La campagne de la primaire socialiste commence à peine que déjà deux
des candidats, dans une logique présidentialiste, prennent sur eux de
remettre en cause le projet élaboré collectivement. Et de le remettre en
cause non pas sur un point marginal mais sur un point majeur : sur la
philosophie même de la politique économique et sociale qui serait menée.
Car c'est bien la philosophie même d'une politique économique de gauche qu'affectent ces amendements majeurs. [...]
François Hollande et Martine Aubry suggèrent au « peuple de gauche »
qu'il n'y a pas de véritable politique économique alternative, qu'il y a
qu'une seule politique économique possible. L'austérité, encore et
toujours ; l'austérité, à perte de vue... Car quelle priorité la gauche
pourra-t-elle financer si, dès 2013, les deux tiers des marges de
manœuvre disponibles servent à réduire la dette. Quelles dépenses
sociales pourront-elles être épargnées par une norme aussi sévère ?
Et
puis, dans les milieux populaires, que la gauche a malheureusement trop
souvent malmenés et qui le 21 avril 2002 en a payé le terrible prix,
qui les socialistes espèrent-ils mobiliser avec cette invitation à une
rigueur sans fin ? Comment les socialistes pensent-ils se réconcilier
avec les milieux ouvriers, s'ils se livrent à une semblable surenchère ?
La campagne des primaires commence à peine, et c'est déjà la douche
froide. A défaut de désespérer Billancourt, dont l'usine a été rayée de
la carte, la gauche semble s'appliquer à désespérer ceux qui aspirent à
un changement, un vrai changement.
Certes, dans un numéro habituel de grand écart, le porte-parole du PS,
Benoît Hamon a essayé, lundi 18 juillet, d'arrondir les angles, et de
rassurer l'opinion en même temps que son propre courant qui se veut
ancré à gauche. Le Parti socialiste entend bien respecter les
engagements pris auprès de Bruxelles de ramener le déficit à 3% du PIB
d'ici 2013, mais veut en modifier le mode de calcul s'il prend le
pouvoir en 2012, a-t-il essayé de plaider. « Nous disons que ces
règles, dès lors que la France s'est engagée, nous les prenons, mais
nous mettrons tout en œuvre pour les changer », a-t-il déclaré au micro de RTL.
[...] La campagne économique de la primaire socialiste commence sur un ton
très droitier. Comme si François Hollande et Martine Aubry avaient
d'abord une idée en tête pour se distinguer : occuper le créneau
néo-libéral qui aurait été celui de Dominique Strauss-Kahn, s'il était
entré en lice.
En quelque sorte, les vœux du conseiller occulte de Nicolas Sarkozy,
Alain Minc, qui est aussi un ami de longue date de Martine Aubry, ont
été exaucés. Voilà quelques jours, dans un entretien au Parisien, il faisait au projet du PS un reproche majeur, celui d'être «inadapté à la situation économique ». « On
ne peut pas, avec le couperet de la dette si près de notre nuque, avoir
un programme keynésien. Si les socialistes avaient un programme
économique raisonnable, ils seraient irrésistibles. »
Or, l'entremetteur du capitalisme parisien n'a pas eu longtemps à
attendre : deux des principaux ténors du Parti socialiste lui ont donné
implicitement raison et sont rentrés dans ce qu'il a coutume d'appeler
« le cercle de la raison ». Terrible référence ! Faisant campagne
en 1994 pour Edouard Balladur, Alain Minc a usé la première fois de
cette formule pour chanter les louanges de son mentor et disqualifier à
l'époque Jacques Chirac. Ce dernier avait trouvé à l'époque la bonne
repartie : il y avait vu une manifestation de la « pensée unique ».
Voici donc « la pensée unique »
qui fait à nouveau des ravages : il faut réduire les déficits en
priorité pour relancer la croissance, assurent nos deux socialistes, et
non pas, relancer la croissance pour parvenir à réduire les déficits.
Ce
triste renoncement est d'ailleurs assumé de longue date. Par Martine
Aubry, qui suit, même si c'est involontaire, la voie recommandée par
Alain Minc. Mais tout autant par François Hollande. C'est si vrai que
l'intéressé ne s'offusque même pas quand on lui demande s'il se voit en
une sorte de Raymond Barre de gauche. Ce n'est, certes, qu'une anecdote
mais elle est révélatrice. « On vous qualifie parfois de Raymond Barre de gauche. Est-ce un compliment à vos yeux? », lui a ainsi demandé il y a quelque temps le journal Les Echos.
François Hollande a partiellement accepté cette filiation, à la
manière d'un Pierre Bérégovoy qui ne détestait pas qu'on voie en lui un
« Pinay de gauche ». « Je le prends avec précaution, car on ne
peut pas dire que sa réussite à l'élection présidentielle ait été
totale ! On ne peut dire non plus que sa gestion ait été parfaite. Mais
il a eu le souci de remettre nos finances publiques à flot », a simplement répondu François Hollande.
Inquiétante
filiation ! En 1981, Raymond Barre est, avec Valéry Giscard d'Estaing,
le symbole de la politique réactionnaire qu'il faut mettre en échec, le
premier ministre des injustices sociales, du chômage et des premiers
petits boulots. Trente ans après le 10 mai 1981 (on trouvera ici les
références du livre que Mediapart a écrit pour commémorer à sa façon l'anniversaire et là celles d'un débat sur le même sujet, en présence de François Hollande et de Arnaud Montebourg,
organisé par Mediapart), le voici en partie réhabilité par les
héritiers de ceux qui l'ont battu. C'est à l'évidence de très mauvais
augure pour la gauche. Et plus encore pour ceux qui rêvent toujours de
« changer la vie » et qui assistent, attristés, à ce spectacle
désolant d'une gauche qui perd tous ses repères. Adieu Keynes ! Vive
Raymond Barre...
Tiré de Adieu Keynes ! Vive Raymond Barre ! (attention, article réservé aux abonnés de Mediapart)
Illustration : hollande‑merkel‑afp.jpg
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