Des extrémistes sionistes traquent les maisons palestiniennes à raser (Rue 89)
(De Cisjordanie) Un travail feutré : arriver sans
préavis dans une ville ou un village palestinien, prendre des photos,
boire un café avec les familles, et partir presque aussi vite qu’arrivé.
« Je ne mens pas. Quand ils me demandent ce que je fais, je leur
explique que je mène une recherche dans la région. J’essaie de ne pas
aller trop dans les détails. Je finis et je suis loin », résume Ovad
Arad, assis dans sa voiture climatisée, le long de la Route 60, en plein
cœur de la Cisjordanie. Toutefois, il ne révèle jamais pour qui il
opère et les vraies raisons de ses prises de vue.
Ovad Arad est à la tête de la division Judée-Samarie (Cisjordanie) de l’organisation d’extrême droite israélienne Regavim,
dont le travail se concentre sur l’utilisation de moyens légaux pour
obtenir des ordres de démolition des bâtisses palestiniennes. Des
remords sur son travail ? « Pas du tout », rétorque le résident de la
colonie de Mevo Horon.
Tout autre réaction quand on aborde la destruction de maisons de colons israéliens :
« Cela me fait du mal de voir des juifs être jetés hors de chez eux. Mais c’est vrai que je n’ai jamais vu des Palestiniens être expulsés de leur maison, que des juifs pour l’instant. »
La traque numérique de Regavim
« Cela me fait du mal de voir des juifs être jetés hors de chez eux. Mais c’est vrai que je n’ai jamais vu des Palestiniens être expulsés de leur maison, que des juifs pour l’instant. »
La traque numérique de Regavim
L’ONG de surveillance officie principalement dans le désert du Néguev, au sud d’Israël, et dans la zone C. Une zone qui couvre près de 60% de la Cisjordanie, sous contrôle total d’Israël selon les accords d’Oslo de 1993. Environ 150 000 Palestiniens et 300 000 colons israéliens y résident actuellement.
Selon la Quatrième Convention de Genève,
les colonies israéliennes sont illégales et, même en vertu des propres
lois d’Israël, les colonies de peuplement sont illicites. Ari Briggs,
directeur du département international de l’organisation, explique :
« Pour nous, il n’y a pas d’occupation israélienne. Nous nous appuyons sur le cadre légal des accords d’Oslo pour faire notre travail en Cisjordanie. »
« Pour nous, il n’y a pas d’occupation israélienne. Nous nous appuyons sur le cadre légal des accords d’Oslo pour faire notre travail en Cisjordanie. »
L’organisation obtient la plupart de ses données grâce à la liberté
d’information, en demandant simplement à l’administration civile de
fournir des informations. A l’aide de photographies aériennes et du
logiciel informatique SIG (Système d’information géographique),
le groupe de colons quadrille au centimètre près Israël et la zone C à
la recherche de bâtiments palestiniens illicites. Ari Briggs ajoute :
« 100% des constructions juives illégales vont recevoir un ordre de démolition, mais seulement un tiers des constructions arabes illégales vont en recevoir un. »
Accélérateur d’expulsions
« 100% des constructions juives illégales vont recevoir un ordre de démolition, mais seulement un tiers des constructions arabes illégales vont en recevoir un. »
Accélérateur d’expulsions
« Nous sommes très inquiets des agissements de Regavim, car nous les
considérons comme une organisation ultrapolitisée », s’inquiète l’avocat
Tamar Feldman, directeur de l’Association pour les droits civils en
Israël (Acri). « Ils ne sont pas soucieux des droits humains, ni du droit international. »
Une vision démentie par Briggs : « Nous n’utilisons pas la loi à des
fins politiques. Nous utilisons la loi pour essayer de faire respecter
le droit », se défend le natif d’Australie qui vit en Israël depuis
dix-huit ans.
Pour Feldman, les actions de Regavim ont accéléré les processus
juridiques de destruction, en particulier dans les collines du sud
d’Hébron, l’une des régions les plus pauvres et les plus défavorisées de
Cisjordanie. Mais pour l’avocat, impossible de fournir des données
exactes sur le nombre de démolitions qui résultent du travail de l’ONG.
Encore récemment toutefois, Regavim a fait appel à la Cour suprême
israélienne pour maintenir la suspension de 162 constructions
palestiniennes, gelées depuis 2008.
Fin juin, Richard Falk, rapporteur spécial de l’ONU sur la situation
des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés,
dénonçait :
« Les colons israéliens développent leurs implantations illégales à proximité de Susiya, sans aucun effort du gouvernement d’Israël pour les en empêcher. En même temps, la Cour suprême israélienne facilite la démolition de maisons palestiniennes dans la zone. »
« Les colons israéliens développent leurs implantations illégales à proximité de Susiya, sans aucun effort du gouvernement d’Israël pour les en empêcher. En même temps, la Cour suprême israélienne facilite la démolition de maisons palestiniennes dans la zone. »
Un des coups de force de l’organisation : suite à un appel de
Regavim, la Cour avait donné l’ordre de démolir 52 bâtiments
palestiniennes dans les collines du sud d’Hébron.
Illustration : jpg_Israel_Palestine.jpg
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