"En inscrivant ses pas dans les traces du funeste discours de
Grenoble, le ministre de l’Intérieur alimente une dangereuse mécanique
des propos et des actes." (Ligue des Droits de l'homme, voir communiqué
ci-dessous)
Une cinquantaine de Roms expulsés d'un squat à Lyon (Libération)
Les forces de l'ordre sont intervenues vers 7 heures ce mardi. Parmi les expulsés figurent 25 enfants selon les militants associatifs.
Une cinquantaine de Roms dont 25 enfants ont été expulsés mardi matin d’un immeuble qu’ils squattaient dans le VIIe arrondissement de Lyon, a-t-on après auprès de la préfecture et du collectif Rom.
La police est intervenue vers 7 heures du matin pour déloger selon la préfecture 46 personnes dont 25 enfants d’un immeuble, rue Montesquieu.
«Le 63 rue Montesquieu à été expulsé ce matin, malgré les
différents entretiens avec la préfecture et malgré la mobilisation des
riverains et des associations de quartiers», a déploré le collectif
Rom. Les expulsés stationnent depuis sur une place du quartier a
indiqué le collectif qui organise une marche jusqu'à la préfecture.
Selon Jean-Philippe, un autre militant associatif, «l’expulsion devait avoir lieu vendredi dernier, on s'était mobilisés et ils l’ont fait aujourd’hui!», a-t-il déploré.
«En plus on n’est pas du tout dans le cadre d’un campement
insalubre, c’est vraiment la chasse aux Roms. Ils vivaient dans un
immeuble d’habitation avec eau et électricité, ils étaient intégrés dans
leur environnement avec des soutiens des voisins qui ont fait une
pétition», a-t-il encore déploré.
Par ailleurs, plusieurs dizaines de Roms expulsés la semaine dernière
à Villeurbanne étaient toujours en errance dans la commune. Une
cinquantaine d’entre eux sont installés depuis 4 jours au parc de la
Feyssine, selon le militant.
Dans une tribune publiée mardi dans Libération, le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, estime qu’en matière de camps illicites, le «laisser-faire ne résout rien», et que la fermeté est «nécessaire».
L'article sur le site de Libération
Illustration : 2107314606.png
Expulsion de Roms : la LDH s’inquiète et proteste (Bellaciao)
La tribune intégrale
L'article sur le site de Libération
Illustration : 2107314606.png
Expulsion de Roms : la LDH s’inquiète et proteste
mardi 14 août 2012
mardi 14 août 2012
La Ligue des droits de l’Homme proteste contre les expulsions des
camps de Roms qui ont eu lieu en France. Elle s’inquiète face à une
continuité de l’action des pouvoirs publics qui s’inscrit en faux avec
les engagements du candidat François Hollande. Dans un courrier adressé à
la Ligue des droits de l’Homme, celui- ci s’engageait dans les termes
suivants : « Je souhaite que lorsque des campements insalubres sont
démantelés, des solutions alternatives soient proposées. On ne peut pas
continuer à accepter que des familles soient chassées d’un endroit sans
solution. Cela les conduit à aller s’installer ailleurs dans des
conditions qui ne sont pas meilleures. »
De fait, aujourd’hui comme hier, les expulsions sèches, loin de
régler les problèmes posés, ne font que les exacerber et leur
exploitation médiatique renforce une stigmatisation nauséabonde. En
inscrivant ses pas dans les traces du funeste discours de Grenoble, le
ministre de l’Intérieur alimente une dangereuse mécanique des propos et
des actes. Non, il n’y a pas de « problème Roms » en France, mais
quelques dizaines de milliers de personnes qui sont visibles parce que
victimes de stigmatisation par la précédente majorité.
La Ligue de droits de l’Homme s’inquiète du peu d’empressement du
ministre Manuel Valls à recevoir les associations qui œuvrent sur le
terrain aux cotés des populations résidentes et Roms ; elle réaffirme
qu’il y a urgence à réunir les préfets, les collectivités locales
(région, département, commune) avec les associations pour trouver des
solutions sur chaque terrain, pour envisager des réponses qui
s’inscrivent certes dans les décisions de justice mais respectent le
droit au logement, à l’accompagnement social, notamment des mineurs, et
protègent les personnes en précarité.
Expulsion de Roms : la LDH s’inquiète et proteste (Bellaciao)
La politique d'expulsion des Roms est une honte pour un pouvoir de gauche (Le Monde)
Par Christophe Deltombe, président d'Emmaüs France et Christophe Auger, délégué général d'Emmaüs-Coup de main
Extraits : Les droits de l'homme ne sont pas respectés lorsque des forces de
l'ordre investissent des campements dans lesquels résident des familles
et des enfants et les forcent à quitter inlassablement les lieux où ils s'installent, sans proposition de logement ou d'hébergement, empêchant toute stabilisation et par conséquent la scolarisation des enfants, l'accès au travail...
La dignité des personnes est bafouée lorsque des familles sont forcées de quitter des terrains insalubres, sans eau ni sanitaires, pour en rejoindre d'autres, dans le même état d'insalubrité, ce qui est la réalité des évacuations. [...]
Attitude hypocrite, car, européens, leur droit à la libre circulation leur permet de revenir en France une fois les aides au retour perçues et le voyage au pays payé par l'Etat ! Le coût direct (aide
au retour) et indirect (frais de gestion, recours judiciaires, escortes
policières, etc.) de cette politique avoisine les 100 millions d'euros
par an. Ces fonds auraient été mieux utilisés à des actions d'insertion,
en commençant par des opérations visant à l'hébergement et au logement,
dont ces populations sont privées.
Sait-on que des fonds européens gérés par la France ne sont pas
consommés ? Pour 2012, des dizaines de millions d'euros du Feder (Fonds
européen de développement régional) risquent d'être rendus à l'Europe ! L'Etat a péniblement utilisé 1 million d'euros de cet argent pour créer de l'habitat
spécifique pour les plus démunis. En abondant de manière conséquente
cette ligne du Feder pour le financement des logements des populations
marginalisées, un premier pas serait franchi. (...]
Oui, des mesures sont à prendre d'urgence concernant les Roms en errance, mais certainement pas commencer par annoncer des expulsions. C'est reporter les problèmes sur les territoires voisins et envoyer un message d'opprobre aggravant l'exclusion. Il faut abroger les mesures transitoires touchant les Roumains et les Bulgares, porter un nouveau regard sur ces Européens et adopter des politiques visant à leur donner une place digne dans nos sociétés.
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