Déplacement de l'A9. Autoroutes du Sud de France (Vinci) exproprie "au nom et pour le compte de l’État"
A savoir : Autoroutes du Sud de la France est
le résultat de la privatisation d'ASF opérée sous Chirac en 2005 au
profit du groupe Vinci
Montpellier. Propriétaires expropriés : pluie de contentieux sur le déplacement de l’A9 (Midi Libre du 19 septembre 2012)
Après l’intérêt général, place à la défense des intérêts privés. Le nombre de contentieux augmente considérablement dans le dossier du déplacement de l’A9 au droit de Montpellier. Car les procédures de rachat des terrains expropriés ont commencé.
"Ce n’est jamais agréable d’être exproprié"
Rude coup pour les propriétaires concernés. Les prix proposés par
Autoroutes du Sud de la France (ASF), qui exploitera la future portion
d’A9 à construire entre Saint-Aunès et Saint-Jean-de-Védas, démarrent à 3
€, voire 4 € le m2 de terrain, dénonce le Collectif Mas Rouge. "Ce
n’est jamais agréable d’être exproprié", rappellent Aurélie Mexandeau et
Olivier Gounon-Ascain, deux de ses membres actifs.
Ça l’est d’autant moins qu’ils étaient déjà farouchement opposés au
déplacement de l’A9 pour des raisons idéologiques. Aurélie Mexandeau est
suppléante du député héraultais Jean-Louis Roumégas, le chef de file
d’Europe Écologie Les Verts à Montpellier. Or, son parti combat ce
projet depuis le début, affirmant qu’il ne résoudra pas le problème
d’engorgement autoroutier et rajoutera à la pollution.
"Nous, nous œuvrons au nom et pour le compte de l’État"
En attendant, ces propriétaires tentent, comme tous les autres, de
défendre leurs intérêts. Car leurs propriétés ont été estimées au prix
de terres agricoles. "Nous, nous œuvrons au nom et pour le compte de
l’État. Ce sont les Domaines qui ont fixé la valeur de ces terrains",
répond Salvador Nunez, le responsable du projet de déplacement de l’A9
chez ASF.
Quoi qu’il en soit, l’explication passe mal. Car le secteur va
considérablement s’urbaniser et prendre de la valeur. Un nouveau
quartier de Montpellier, voué aux affaires prendra place dans le
secteur, avec de nombreux logements et une gare TGV. En effet, outre la
nouvelle portion d’autoroute, la zone accueillera aussi le futur
contournement ferroviaire de Nîmes et de Montpellier.
"Les dossiers affluent"
Guillaume Boillot, avocat
Les propriétaires du Mas Rouge ne sont pas les seuls à se défendre. "Les
dossiers affluent dans nos cabinets", confirme Guillaume Boillot, un
avocat montpelliérain, spécialisé dans le droit public. Même constat du
côté d’un de ses confrères montpelliérains, Jérôme Jeanjean. "Moi, j’en
ai déjà une soixantaine. C’est beaucoup", admet-il.
Un deuxième juge titulaire vient d’ailleurs d’être nommé au tribunal de
grande instance (TGI) de Montpellier, pour épauler ses confrères, en
matière d’expropriations. Les dossiers, dont le nombre a augmenté de 900
% cette année sur le ressort de cette juridiction, vont en effet encore
se multiplier. Notamment parce que suivra le dossier du contournement
ferroviaire de Nîmes et de Montpellier, même si de nombreux terrains ont
déjà été acquis à l’amiable. Enfin, viendra dans son prolongement la
ligne Montpellier-Perpignan. "J’ai déjà des dossiers qui concernent
cette ligne", confie Jérôme Jeanjean.
En matière d’expropriations sur le projet de déplacement de l’A9, la
justice sera rapidement saisie. Une audience est déjà fixée au 10
octobre au TGI de Montpellier.
SONDAGE : Les résultats demain
TNS Sofres a réalisé du 3 au 4 septembre un sondage
auprès d’un échantillon de résidents de 12 communes de l’Hérault qui
seraient concernées par un « déplacement de l’A9 ». Midi Libre dévoilera
demain les résultats de cette enquête d’opinion.
Illustration : gpii.jpg
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