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Europe Ecologie au gouvernement, l'écologie politique muselée


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Hervé Kempf: Tout va bien

 

C’est la fin des vacances, il faut reprendre le collier. Mais tout va bien : pendant notre absence, on a pris soin de l’environnement comme jamais, les questions écologiques sont presque résolues. Le Monde 01 09 2012



José Bové a jugé qu’il fallait ” tuer les loups “ - une suggestion suivie par les préfets des Hautes-Alpes, du Var et des Alpes-de-Haute-Provence, qui ont ordonné des ” tirs de prélèvement “ contre le dangereux prédateur. Arnaud Montebourg, le ministre du redressement productif, a jugé que le ” nucléaire est une filière d’avenir “

Le problème des déchets radioactifs confirme la sagacité du ministre, puisqu’il va falloir s’en occuper pendant des milliers d’années, ce qui assure l’avenir. D’ailleurs, assure la presse japonaise, l’industrie nucléaire du pays du Soleil-Levant dispose maintenant d’un avantage commercial puisqu’elle peut arguer de sa compétence en matière de catastrophe nucléaire – Mitsubishi, Hitachi et Toshiba proposent ainsi la construction de centrales accompagnée d’un service après-vente incluant la ” gestion des dégâts “ et ” l’expérience de la catastrophe “.

La ministre de l’écologie, Delphine Batho, ne voulant pas être en reste, a observé que la France ” a durablement besoin du nucléaire “ le jour même où l’on apprenait que les Etats-Unis recalent le réacteur du futur, l’EPR. Celui-ci est aussi populaire à l’exportation que l’avion Rafale : il semble qu’il n’y ait qu’en France qu’on en ait besoin. La même ministre, réinterprétant l’approche écologique du ” besoin “, a affirmé que le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes (à 30 kilomètres au nord de Nantes) est ” une infrastructure dont nous avons besoin “. On murmure qu’elle a un plan secret pour faire pousser le blé sur le ciment et éviter que les avions n’émettent des gaz à effet de serre.

L’été a été marqué aux quatre coins de la planète par diverses sécheresses, tempêtes, retards de mousson, inondations, et l’on a vu les scientifiques se départir de leur légendaire prudence pour dire que oui, cela pouvait être associé au changement climatique. Mais une large majorité des Américains ne les croit pas, et M. Obama s’est félicité qu’il y ait eu plus de forages pétroliers sous sa présidence que jamais.

Ah, il paraît aussi qu’existe un parti écologiste, il s’appellerait EELV, aurait des ministres et des parlementaires. Mais les problèmes écologiques sont si bien pris en charge qu’il ne dit plus mot. On murmure qu’il prépare sa dissolution.

par Hervé Kempf
kempf@lemonde.fr

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