L'emploi attaqué en région. Sanofi, Pilpa, Jalatte, Salins du Midi, face aux gesticulations du gouvernement, travaillons à la riposte coordonnée des salariés !
Languedoc-Roussillon. Perspectives moroses pour la rentrée économique (Midi Libre, le 3 septembre 2012)
Par PIERRE BRUYNOOGHE
Plans de suppressions d’emplois et moral des entreprises dans les chaussettes... Du rarement vu dans le Midi.
Une rentrée terriblement morose. Alors que le chômage ne cesse d’augmenter en Languedoc- Roussillon, le moral des chefs d’entreprise ne laisse guère espérer une sortie rapide de crise.
"Il est au plus bas", assure Laurent Boissonade, le président régional
délégué du Medef, qui ajoute : "Je suis pessimiste sur le nombre
d’entreprises qui seront mises en redressement judiciaire ou en
liquidation dans les six prochains mois."
"Pour Pilpa, il n’y a plus beaucoup d’espoir" Laurent Boissonade, Medef
Les perspectives, vues de cette rentrée, ne sont en effet pas bonnes.
"Investissements en net repli", "ralentissement des embauches",
"dégradation attendue à court terme"... Dans sa 55e enquête de
conjoncture, parue en juillet, Oseo le dit tout net :
en Languedoc-Roussillon, l’année 2012 est "très difficile" et 2013 sera
"en grisaille". L’an prochain, pronostique cet organisme national chargé
de financer l’innovation et la croissance des PME, il y aura "peu de créations de postes" et de "faibles perspectives de reprise" dans la région.
En attendant, plusieurs dossiers sociaux sortiront très vite. Celui de Sanofi,
d’abord. Mercredi 5 septembre, les salariés du centre de recherches de
Montpellier seront fixés sur leur sort. Ils se sont encore mobilisés
jeudi dernier. Les syndicats tablaient en juillet sur 120 à 200
suppressions de postes.
D’autres entreprises feront aussi parler d’elles rapidement, comme le fabricant de glaces Pilpa,
à Carcassonne, (124 salariés), condamné par son groupe à fermer ses
portes. "Malgré les pressions, il n’y a presque plus d’espoir", se
désole Laurent Boissonade. Mais d’autres sociétés, et pas des moindres,
pourraient, à leur tour, être touchées. Jallatte, un
grand fabricant de chaussures de sécurité et de bottes à
Saint-Hippolyte-du- Fort (Gard) serait de celles-là. L’entreprise qui
emploie 130 personnes pourrait ainsi faire les frais des difficultés de
sa maison mère, redoutent les services de l’État. Ils regardent de près
l’évolution de la situation. Mais ils ont aussi un œil sur les Salins du Midi* à
Aigues- Mortes (Gard) où un bras de fer est engagé entre les syndicats
et la direction. "Ce site vit un long déclin", lâche Pierre Levi, le
président de ce groupe qui produit le sel La Baleine...
En fait, plusieurs secteurs d’activité, qui pèsent lourd dans la région,
souffrent beaucoup. Ainsi le bâtiment (53 000 salariés permanents), qui
s’attend à des mois "très durs". "On nous annonce une baisse d’activité
de 6 % d’ici la fin de l’année. Du côté de la promotion immobilière, on
nous parle d’une chute de 20 % à 30 % et 2013 risque de ne pas être
mieux", prévient Patrick Ceccotti, vice-président de la fédération
régionale du secteur. Alors, quand le bâtiment ne va plus...
*Guillaume Garot, le ministre délégué chargé de
l’Agroalimentaire, se rend aujourd’hui dans le Gard, pour se pencher sur
les dossiers des Salins du Midi et de Belvédère Moncigale.
Les offres en chute
Pessimisme des chefs d’entreprise oblige, les offres d’emploi sont en
très forte baisse en Languedoc-Roussillon. En matière de contrats de
plus de six mois, le recul était de 18,1 % entre juillet dernier et le
même mois de 2011, selon les derniers chiffres de Pôle Emploi. C’est
huit points de plus qu’en France ! En matière d’emploi de moins de six
mois, le recul était sur la même période de 7,7 %, soit trois points de
moins qu’en France. Ce qui était normal en juillet, pour une région
touristique.
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