Pasqua, Baroin, Estrosi… : Manuel Valls très hospitalier avec les figures de l'UMP
Midi Libre CHRISTOPHE GREUET
18/10/2012, 11 h 04
Manuel Valls et le logo de l'UMP.
(Photomontage : GERARD JULIEN - LIONEL BONAVENTURE / AFP)
Sa popularité ne cesse de croître dans les sondages, pour atteindre 75% et le première place du classement Ifop.
Pourtant, ce n'est pas un affront de dire que Valls est le moins
"Hollandais" des ministres de Jean-Marc Ayrault. Et l'hebdomadaire
L'Express enfonce le clou en dévoilant que le ministre de l'Intérieur
continue de recevoir élus et anciens ministres UMP, qu'il consulte
principalement sur les questions de sécurité.
Ces rencontres ne sont pas une première pour Manuel Valls. Le 6 septembre, Le Figaro révélait que le ministre avait déjeuné deux fois avec Brice Hortefeux,
dont une fois quelques heures à peine avant une réunion
interministérielle sur la sécurité à Marseille. Il aurait depuis
rencontré deux autres de ses prédécesseurs UMP, Charles Pasqua –qu'il
l'a encensé récemment dans Le Point), et François Baroin, premier
ministre de l'Intérieur du quinquennat Sarkozy.
Des rencontres dont il est convenu "de ne pas parler"
Selon L'Express,
Manuel Valls "n'oublie pas les parlementaires UMP spécialistes des
questions de sécurité". Il aurait ainsi vu Christian Estrosi, mais aussi
le secrétaire national chargé des questions de sécurité à l'UMP, Eric
Ciotti Interrogé par L'Express sur cet entretien, ce dernier commente la
rencontre d'un bien commode "Nous sommes convenus de ne pas en parler".
Enfin, le "premier flic de France" aurait aussi consulté, afin de
"préparer la loi contre le terrorisme", le centriste Michel Mercier,
dernier garde des Sceaux de Nicolas Sarkozy. Des rencontres toutes
intervenues après la consultation par Manuel Valls de "ses prédécesseurs
de gauche".
Et pendant ce temps-là...
Un camp de Roms évacué à Noisy-le-Grand
Selon les associations, l'évacuation de ce campement très insalubre de
la banlieue parisienne n'a été précédée d'aucun travail d'anticipation.
Les roms auraient demandé a être reçus à la mairie, selon les associations. (assoturbulences/Twitter)
"C'est d'autant plus choquant qu'on a eu une réunion à la préfecture
la semaine dernière où on a évoqué la nécessité de proposer des
solutions préalablement à toute expulsion comme le prévoit la circulaire
du gouvernement [publiée cet été, NDLR], or rien n'a été fait", rapporte Didier Cusserne, du Collectif de soutien aux roms de Noisy-le-Grand.
Ce n'est pas la première fois que les associations dénoncent
l'absence de travail d'anticipation avant une évacuation, alors que la
circulaire prévoit d’accompagner ces opérations par un "diagnostic de la
situation de chacune des familles", "une attention particulière au
repérage des personnes les plus fragiles, malades, jeunes enfants…".
Elle souligne aussi la nécessité d'un suivi en matière d’hébergement et
de prise en charge scolaire.
Expulsés de leur camp, les Roms de Noisy livrés à eux-mêmes (Libération 17 octobre 2012)
Reportage Deux jours après l'évacuation,
les pouvoirs publics n'ont apporté aucune solution de relogement. En
urgence, 22 personnes ont été accueillies dans le jardin d'un
particulier.
Le scénario est immuable. Au petit matin, les cars de CRS entourent le
campement rom. Les occupants ont quelques dizaines de minutes pour
rassembler leurs affaires, avant d'être évacués. Les pelleteuses
arrivent enfin, pour détruire les baraques de tôle et de bois. Depuis
l’arrivée de la gauche au pouvoir, les opérations n’ont pas cessé.
Dernier exemple en date : lundi matin,
à Noisy-le-Grand, en Seine-Saint-Denis. Une centaine de personnes
occupant un bidonville insalubre, en contrebas de l’autoroute A4, ont
été expulsées. «C’est le résultat d’une décision de justice, justifie la préfecture de Seine-Saint-Denis. Il s’agissait d’un terrain privé.»
Deux jours après l'évacuation, la situation n’est pourtant pas réglée.
Faute d’offres de relogement des pouvoirs publics, les Roms ont été pris
en charge par la solidarité citoyenne. [...]
Toute la matinée de mardi, les Roms ont été «escortés» par les forces de
l’ordre dans les rues de la ville, parfois sous les insultes des
passants. [...]
«Cela fait deux ans qu’on fait des demandes de scolarisation des
enfants. La mairie s’y est toujours opposée. C’est une violation du
droit, dénonce Gérard Bureau. C’est normal que les gens
n’aillent pas vers les Roms, puisque les pouvoirs publics eux-mêmes
n’adoptent qu’une posture de rejet.» [...]
La liste des récriminations envers l'édile socialiste de Noisy-le-Grand, Michel Pajon, est longue. «On
ne s’opposait pas à l'évacuation du bidonville, qui était vraiment
insalubre, mais on voulait examiner les solutions pour l’avenir, explique Gérard Bureau. Le
maire a refusé toutes nos demandes de rendez-vous. Forcément, si on
n’assure pas le ramassage des ordures ou l’installation de l’eau
courante sur les terrains, le bidonville devient un dépotoir, un lieu de
descente aux enfers.» [...]
La nouvelle circulaire sur l'évacuation des campements illicites, publiée au mois d’août, est pourtant claire : en amont de chaque évacuation, «dans une logique d’anticipation et d’individualisation», les préfets devront établir «un
diagnostic et la recherche de solutions d’accompagnement, dans les
différents domaines concourant à l’insertion des personnes
(scolarisation, santé, emploi, logement/mise à l’abri...)».
Le contrat a-t-il été rempli à Noisy-le-Grand ? «Absolument pas, fulmine Didier Cusserne.
La réunion d’il y a dix jours à la préfecture a été un simulacre de
concertation. Le représentant du préfet n’avait qu’un mot à la bouche :
exécuter la décision de justice. On n’a rien obtenu dans la recherche
d’hébergement ou l’accompagnement social.» Seul conseil préfectoral : s’adresser aux services d’hébergement d’urgence. «C’est
se foutre de la gueule du monde. Le 115 de Seine-Saint-Denis est
surchargé, il y a déjà plus de 150 personnes sur liste d’attente !»
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