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Olivier Duhamel crache le morceau... Avec le rapport Gallois les socialistes font du ...social-libéralisme !
Nous avons eu l'occasion, sur ce blog, de souligner l'intérêt politique qu'il y a à lire Olivier Duhamel, dont on n'oubliera pas pourtant qu'il se définit lui-même comme un libéral de gauche.
A
ce titre il tient une chronique singulière dans l'Hérault
du jour, dont le moins que l'on puisse dire est qu'il ne porte pas dans
son coeur le libéralisme. L'explication de ce mariage politique à première vue contre-nature est peut-être à chercher dans les sept ans de députation européenne qu'Olivier Duhamel a passés à représenter le PS et ce que ce quotidien de politique politicienne, avec ses arrangements tacticiens, en coûtaient sur le terrain de l'exigence intellectuelle qui caractérise le personnage. Pure spéculation ? Toujours est-il que ce libéral de gauche écrit dans un journal antilibéral pour y dire ce que le social-libéralisme ne peut ni ne veut dire. Justement sa nature social-libérale.
Suivons-le dans son "parler vrai" sur les récentes mesures
gouvernementales ...et laissons-le à son basculement angélique de la fin, idéologiquement plus convenu que ce qui précède, sur le
résultat à en attendre...
Dans la chronique de ce jour, notre homme a l'honnêteté de conviction, l'honnêteté de celui qui croit dans les vertus de la vérité, y
compris la plus douloureuse (...pour les couches populaires, merci pour elles !), persuadé qu'il est que la lumière est au
bout du tunnel de l'austérité qu'il soutient et que, comme il conclut un peu facilement,
cette lumière répondra à la "nouvelle espérance". D'où le titre sans
fard sur "le tournant social-libéral" que vient de prendre le
gouvernement en adoptant le rapport Gallois. Social-libéral ne valant pas
ici stigmatisation, bien au contraire, les socialistes sont de fait invités, assez
naïvement, faut-il le dire, à assumer ouvertement le mot puisqu'il dit ce qu'ils font. Ce qu'ils sont. Ce dire le non-dit d'un tournant social-libéral du PS depuis un positionnement libéral de gauche dans un quotidien antilibéral est ce qui fait l'intérêt et la saveur de ces lignes qui, par ce subtil jeu de porte-à-faux, mettent au clair d'autres lignes, celles, politiques, que la com' officielle voudrait brouiller.
On discutera volontiers l'idée que le tournant en question se produise
maintenant; pour notre part nous le situons en 1983 quand le
gouvernement socialiste de Mauroy avait pris ce qui, déjà par la trituration des mots, s'était appelé le "tournant de la rigueur". On ne
niera certes pas qu'il y ait du nouveau autour de ce rapport Gallois en termes
d'accentuation de l'intégration du PS aux rouages du capital mais il
serait plus approprié de parler d'un tournant dans le tournant
social-libéral autour de cette compétitivité qui fut déjà à l'oeuvre dans
ces années 80 mais aussi 90 sous la modalité de "la désinflation
compétitive"avec des résultats catastrophiques
sur la demande et sur l'emploi. D'où l'on conclura, au risque de faire de la
peine à notre libéral de gauche, que ce double tournant tourne historiquement en rond dans le cercle vicieux de
l'austérité antipopulaire en signant de manière probablement définitive que le PS
est au mieux un social-capitalisme, expression où le premier terme tend cependant vers le
degré zéro de la gauchitude. Nous verrons bien d'ailleurs si, au bout du
compte, mariage gay oblige (mais à vérifier), "sociétal-libéralisme" ou
"sociétal-capitalisme" ne cibleraient pas plus juste pour faire
référence à une politique structurellement, foncièrement, antisociale dans son consensus
avec la droite (Olivier Duhamel confirme ledit consensus) sur les grands choix économiques prosystème. En attendant laissons Libération bâcler sa une avec le "réalisme" supposé de Hollande; le réalisme, cette tarte à la crème social-libérale et dépolitisante! Olivier Duhamel a décidément, malgré tout, plus de tenue politique !
L'Hérault du jour du 9 novembre 2012
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