Menacés de licenciements, les Pilpa passent les fêtes dans leur usine
L'Humanité, 26 décembre 2013
Les 122 salariés du glacier carcassonnais Pilpa ont mis
en place une surveillance non-stop de leur usine pendant les fêtes pour
empêcher le propriétaire, le géant européen de la glace R&R, de
profiter des circonstances et de déménager les machines, a déclaré
mercredi le secrétaire CGT du comité d'entreprise.
Comme ils l'ont fait depuis le 22 décembre et à Noël, les employés se
relaieront le 31 décembre et le 1er janvier pour effectuer un tour de
garde devant les accès du site, traditionnellement fermé pendant les
fêtes de fin d'année, a indiqué Christophe Barbier, de la CGT. Pour la
nuit, ils ont engagé un vigile. Une alerte téléphonique est instituée
et sur un coup de fil, une trentaine de personnes pourraient se
retrouver devant l'usine en moins d'une heure, dans l'éventualité où
le propriétaire, le géant européen de la glace R&R, entreprendrait de déménager ou de démonter les machines, a-t-il dit. "On est vigilant: ces gens-là sont capables de déménager le matériel en plein PSE"
(plan de sauvegarde de l’emploi), que ce soit pour le réinstaller
ailleurs ou pour l'empêcher de resservir à un éventuel repreneur ou au
personnel actuel dans une autre configuration, a expliqué le délégué
syndical.
"Pilpa est rentable"
Les Pilpa se battent depuis des mois pour empêcher la fermeture de leur usine, annoncée par la direction en juillet 2012.
Pilpa avait été rachetée quelques mois auparavant, en septembre 2011,
par R&R, entreprise de droit anglais détenue par le fonds
d'investissement américain Oaktree Capital Management. Les salariés soutiennent que Pilpa est non seulement rentable, mais d'une profitabilité supérieure à R&R en France.
Pour eux, leur rachat par R&R avait pour seuls objectifs de
récupérer les licences pour les glaces Oasis et Disney et de se
débarrasser d'un concurrent. Sans machines, le personnel ne pourrait
espérer être repris ou mener à bien le projet actuellement à l'étude de
se constituer en coopérative, a-t-il dit.
La justice annule le plan social
R&R a vu la justice retoquer le 11 décembre le plan de sauvegarde
de l'emploi (PSE) qu'elle présentait pour Pilpa. Le juge des référés a
trouvé "manifestement" insuffisants les huit reclassements offerts en
France aux 122 employés carcassonnais. La décision du juge avait
représenté une « bulle d’oxygène » avant les fêtes, selon Christophe
Barbier. Cette décision offrait du temps aux salariés pour lancer une Scop ou trouver un repreneur.
Depuis lors, R&R a élaboré une nouvelle version du PSE et propose
63 reclassements supplémentaires en France, à Vayres (Gironde),
Plouédern (Finistère) et Toulouse, mais il ne s'agit que d'emplois de
manutentionnaires, a dit le secrétaire CGT du CE. Le personnel a de
nouveau attaqué le PSE devant le juge des référés.
L'article sur le site de L'Humanité
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