Grèce. Syriza bientôt au gouvernement ? Sur quelle orientation ? Avec quelle position vis-à-vis du Pasok?
Solidarité avec le peuple grec...et débat sur les orientations à gauche
Syriza en Grèce : Le pouvoir et la rupture
lundi 24 décembre 2012
Signe des temps : le Pasok, aujourd'hui à 8 % dans les sondages
est actuellement partisan de la proportionnelle intégrale aux élections
législatives, pour éviter comme il le dit sérieusement le risque du
bipartisme… Lui qui, depuis 1981, a tout fait pour entretenir les
procédures antidémocratiques favorisant le partage du pouvoir entre lui
et la droite ! La raison d'un tel réveil est très simple : les derniers
sondages placent en tête le rassemblement de la gauche radicale Syriza,
avec environ 30, 5 %, contre 26 % à la droite (et 10, 5 % aux nazis).
C'est un fait : Syriza a aujourd'hui le vent en poupe.
La
loi actuelle, qui donne au premier parti un bonus de 50 députés
supplémentaires, permettrait peut-être à Syriza de former un
gouvernement, ce qui est un cauchemar pour la bourgeoisie grecque !
Une majorité renforcée
Il y a deux semaines, ce regroupement du parti réformiste Synaspismos et de forces de la gauche radicale ou révolutionnaire a tenu une conférence nationale de presque 4 000 déléguéEs visant à dépasser le stade de regroupement de différentes composantes pour unifier son fonctionnement dans le sens d'une organisation autonome. Résultats : le courant autour de la majorité de Synaspismos et de son dirigeant Alexis Tsipras a obtenu 75 % des votes, la gauche autour de Lafazanis obtenant 25 %.
Ce résultat appelle de nombreux commentaires, que seule une partie de la presse a émis. Le courant gauche de Synaspismos obtenait auparavant 31 % . Alors que Syriza était présentée comme passant à une phase plus à gauche, c'est à un recul de ces positions auquel on assiste en interne, et cela alors que Syriza comprend des groupes révolutionnaires prétendant jouer un rôle clé dans son évolution à gauche, comme DEA, KOE ou le petit groupe Kokkino. En même temps, il est clair que ces données ne suffisent pas à figer l'analyse, mais elles sont pourtant têtues…
Une situation politique complexe
Et ce ne sont pas les contacts que veut maintenir Syriza avec le Pasok qui vont clarifier sa volonté de rupture, comme ce dîner récent de l'un des députés connu de Syriza avec des dirigeants du Pasok dont Anna Diamantopoulou, ex-ministre social-libérale de l'Université favorable à sa transformation en entreprise… Quoi qu'en dise le Premier ministre Samaras, qui fait de Syriza l'équivalent « extrémiste » de gauche des nazis de l'Aube dorée, qui ont par ailleurs violemment agressé la semaine dernière un député de Syriza…
Comme en France, tout cela est donc assez compliqué. Évidemment il s'agit de prendre en compte Syriza dans les batailles communes et y compris comme futur parti de gouvernement contre les logiques de la droite et du Pasok. Et il n'est donc pas question, comme le fait le KKE (PC grec) de tirer un trait d'égalité avec les partis au service de la bourgeoisie. Mais en même temps, l'objectif reste bien de construire un parti anticapitaliste indépendant de masse, et il est important de rappeler que bien souvent, dans la rue, le regroupement anticapitaliste Antarsya – qui revient dans les sondages – est plus gros que les forces de Syriza !
A. Sartzekis
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