Les Languedociens ne sont pas des fainéants !
La population s’est accrue ces dernières années, la main-d’œuvre est motivée mais ce sont les emplois qui manquent.
(Photo D. CRESPIN)
C’est principalement la pénurie d’emplois qui pèse sur la production de richesse par habitant dans la région.
Voilà qui bat en brèche une puissante idée reçue : "Non, les chômeurs ne
viennent pas bronzer ici en nombre", formule le directeur régional de
l’Insee, Francis Vennat. Autrement dit, les Languedociens ne sont pas
des fainéants ! Démonstration en a été faite hier lors d’un point presse
à l’occasion d’une étude sur la richesse (le PIB, produit intérieur
brut) par habitant.
90 000 emplois manquant dans la région
"Les gens ne sont pas moins productifs qu’ailleurs, au contraire ; il
n’y a pas plus d’absentéisme qu’ailleurs ; les âges extrêmes de la vie,
les moins de 25 ans et les plus de 75 ans, n’expliquent pas la faiblesse
du PIB. C’est le manque d’emplois qui est à l’origine d’une faible
richesse régionale par habitant", détaille Roger Rabier. Chargé de
l’étude à l’Insee, il a même calculé qu’il manque "90 000 emplois pour
que la région ait un taux d’emploi similaire à celui de la moyenne
française, hors Ile-de-France. Dans ce cas, le taux de chômage passerait de 13,6 % à 6,5 %
si tous les emplois étaient occupés par des chômeurs. Actuellement, la
différence entre le taux d’emploi régional - l’un des plus faibles en
Europe - et celui du pays, hors Ile-de-France, est de cinq points, de
57,2 % à 62,2 % (*).
Mieux, au cours de son étude, la première du genre dans la région, Roger
Rabier a noté une meilleure productivité des Languedociens ! Le chargé
d’étude avance une explication : "Compte tenu du fort taux de chômage,
la main-d’œuvre est très motivée et veut garder son emploi." Pour
autant, le Languedoc-Roussillon se classe au 10e rang national sur 22 régions pour sa création de richesse, 9 e en terme de démographie et avant-dernière pour le nombre d’emplois par habitant (361 pour 1 000).
Elle fait partie des cinq régions du Sud avec Aquitaine, Midi-Pyrénées,
Paca et Corse qui n’ont pas connu de baisse de PIB entre le début de la
crise en 2008 et fin 2010. Toutes ont vu leur population croître. "Notre
région a aussi mieux résisté car faiblement industrialisée. Or, c’est
justement l’industrie qui a perdu le plus d’emplois."
Pénurie d'emplois
Mais le Languedoc-Roussillon se classe seulement au 18e rang national
pour le PIB par habitant "en raison d’une pénurie d’emplois",
rappelle-t-il. Par ailleurs, les emplois existants sont plus "concentrés dans des secteurs à faible productivité (administration)", même s’il en existe à haute valeur ajoutée comme chez Ubisoft, IBM, le nucléaire ou dans l’agroalimentaire.
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