Faut-il invoquer la France face à une intervention militaire en Françafrique ?
C'est la question qui vient à l'esprit quand nous lisons les
prises de position de Hollande, Villepin et Mélenchon. Le premier, dans la
pleine logique de soumission du social-libéralisme au système,
fonce sur les mêmes autoroutes militaristes que son prédécesseur à l'Elysée et reçoit l'appui de la droite ! Pour la forme, une nouvelle
fois, dans un cas d'intervention militaire à l'étranger, le Parlement sera invité à déployer les effets de tribune accréditant que
la démocratie ça fonctionne en France, mais après que l'armée a déclenché
l'offensive !
Le second adopte, dans la lignée de sa célèbre prise de position à l'ONU du temps de la guerre d'Irak, la pose du démocrate qui n'a pas un cheveu sur la langue et énonce au fouet de quoi bousculer, mais juste ce qu'il faut, le consensus droite-gauche sur les grandes questions d'Etat, comme disent les démocrates-technocrates qui conseillent les politiques... En faisant référence à la nécessaire reconstruction de l'Etat malien, il confirme bien qu'il est un homme de droite mais il a recours à des formules telles que "Comment le virus néoconservateur a-t-il pu gagner ainsi tous les
esprits? Non, la guerre ce n’est pas la France. Il est temps d’en finir
avec une décennie de guerres perdues." et une envolée sur "les aspirations des peuples".
Cette rhétorique antibelliciste ne clignote médiatiquement que parce qu'à gauche tout le monde la joue profil bas, en bémol : au Parti Communiste tout n'est qu'"inquiétude", crainte des "risques de guerre et d'enlisement", "angoisse", " périls dramatiques et limites de ces opérations militaires" et une référence à la nécessité d'un parapluie de l'ONU qui veut oublier que cette institution internationale est, avec l'OTAN, un des vecteurs des interventions impérialistes contre les peuples derrière le rideau de fumée du respect du droit international et de l'opposition à des dictateurs soutenus jusque là.
Mélenchon, quant à lui, n'hésite pas à invoquer les "intérêts fondamentaux de la France", certes pour dire qu'ils ne sont pas en jeu et que donc il était "discutable" (sic) d'intervenir comme il a été procédé. On retiendra pourtant que la défense des intérêts de la France, cette belle entité homogène transcendant une lutte des classes, dont, à ses moments médiatiques perdus, notre homme se dit un fervent partisan, est un des critères de son positionnement sur la scène internationale ! Ce qui expose notre promoteur intransigeant de l'alternative de gauche a être pris de court, sur sa droite, par le bien plus cinglant slogan villepinesque "Non, la guerre ce n’est pas la France" ! Cette désertion du terrain de l'internationalisme et du refus offensif qu'il induit des militarismes d'Etat défenseurs de l'ordre mondial capitaliste, favorise les brouillages politiciens d'un Villepin, donnent de la marge guerrièreà Hollande, cultivent l'idéologie bourgeoise de la France grande nation porteuse d'universalité - par là appelée à apporter ses "valeurs" révolutionnaires aux peuples du monde - et contribue à fractionner encore plus le monde du travail sur les questions clé du nationalisme, du chauvinisme, des droits des étrangers et des peuples. En faisant oublier, last but not least, que les intérêts fondamentaux de la France, c'est-à-dire ceux du capital
français (en concurrence ou en lien avec les multinationales
internationales), sont bien impliqués dans l'intervention de "notre" armée au Mali. Et que c'est une raison de poids supplémentaire de faire plus que trouver "discutable" une action de guerre comme celle qui est lancée en ce moment :
RESSOURCES MINIERES AU MALI : Un potentiel non négligeable
Ouestaf News | Mercredi 19 Novembre 2008
Les Echos (Mali)- Le sous-sol malien fait partie des plus riches du continent noir. Selon la direction nationale de la géologie et des mines (DNGM), notre sous-sol regorge d'une importante variété de pierres précieuses et de matières fossiles.
Selon le projet d’assistance technique au secteur minier du Mali, la dernière carte des gîtes et indices minéraux du Mali est celle préparée par Traoré, Méloux et Bassot dans le cadre du Plan minéral en 1978. Aussi le sous-sol malien fait-il partie des plus riches du continent noir. Un jeu de dépliants publié récemment par la DNGM confirme que notre sous-sol regorge d'une importante variété de pierres précieuses et de matières fossiles.
Dans la carte géologique de notre pays,
il apparaît que les cercles de Nioro et Bafoulabé (1re région) sont
riches en grenats et en minéraux de métamorphisme de contact. Dans le
cercle de Bougouni et le bassin de la Falémé, il y a les minéraux liés
aux pegmatites. On retrouve les fossiles dans le Tilemsi à Bourem
(région de Gao), les grenats et corindons dans le Gourma (Nord du Mali).
L'Adrar des Iforas et ses environs sont riches en bois silicifiés et en
minéraux liés aux pegmatites et aux métamorphismes. Dans la zone de
Hombori-Douentza, il y a le quartz, les carbonates.
Parmi ces pierres et fossiles, les
grenats ont fait l'objet d'un projet d'exploitation industrielle par la
DNGM ; les fossiles du Tilemsi ont été exploités par l'Usine de
phosphate de Bourem qui n’est plus fonctionnelle depuis plus d'une
décennie. « L'exploitation des autres matières est encore au stade
artisanal. Certains ne sont même pas exploités », témoigne Waly Diawara,
directeur adjoint de la géologie et des mines.
Quatre autres régions minières sont
répertoriées dans la carte établie par la DNGM. Dans la région de Kayes,
il y a le Guidimaka au nord, les environs de Nioro au nord-est, Kéniéba
au sud et Bafoulabé au sud-est. « Les investigations dans le Guidimaka
ont permis de mettre en évidence des indices d'or qui sont actuellement
en cours d'études par différentes sociétés minières étrangères »,
souligne le document.
En plus de l’or, qui est exploité, des
indices de pétrole sont localisés dans le bassin de Nara (région de
Koulikoro). Ils se prolongent jusqu’à Gao, la bauxite dans la région de
Kayes, les phosphates identifiés dans la vallée du Tillant. Selon le
département des Mines, de l’Energie et de l’Eau « le seul qui a été
suffisamment étudié, le gisement de Tamaguilelt, dispose de réserves
d'environ 20 millions de tonnes. Il est exploité de façon
semi-industrielle depuis 1986 et a produit en moyenne 15 000 tonnes par
an. Ses activités ont été interrompues pendant la rébellion et
actuellement sont arrêtées depuis 1996 ».
En ce qui concerne le calcaire, on
trouve des gisements à Goundam (Bad el Héré) et à Bafoulabé (Gangontéry
Diamou). Ils sont exploités pour la production de carreaux et de ciment.
« Les réserves sont évaluées à plus de 122 millions de tonnes reparties
dans plusieurs zones. Les potentialités existent, mais les difficultés
sont liées au développement des infrastructures et aux besoins du Mali
dans le secteur du bâtiment et des travaux publics ».
Le marbre (plus de 11 millions de
tonnes), le granit et la dolérite sont exploités par deux entreprises
européennes et quelques artisans maliens. « Il y a d'autres minéraux
importants tels que le kaolin, l'argile réfractaire, le gypse, le sel
gemme, le manganèse, le lithium, le fer, les schistes bitumeux, le
lignite, le nickel, l'étain, le zinc, le plomb et l'uranium ».
Les perspectives actuelles pour le
développement d'une industrie minière basée sur l'exploitation de l'or
sont très prometteuses comme le témoignent les accords conclus pour
l'exploitation des mines d'or de Syama-II, Loulo et Sadiola. Le secteur
des mines est l'un des moteurs de la stratégie actuelle de développement
du Mali.
Conformément aux orientations du
programme gouvernemental, la politique minière s'articulera autour des
principaux axes suivants : la poursuite et l'intensification des travaux
de prospection et d'évaluation des indices (notamment l'or) et leur
mise en exploitation, la mobilisation des moyens matériels et financiers
et leur utilisation à travers des structures adaptées, l'élaboration
d'un cadre législatif, réglementaire et institutionnel adéquat
définissant, entre autres, le rôle de l'Etat, ses formes d'intervention,
la place du secteur privé et ses relations avec l'Etat, le
développement d'infrastructures de base adéquates (énergie et voies de
transport).
(Dossier réalisé par Idrissa Sako)
La visite des sites de forage sur la commune de Falea est édifiante. La
société française Foraco, basée à Marseille et cotée en bourse à
Toronto, qui effectue les forages pour le compte de Rockgate, travaille
dans un mépris total des populations et de l’environnement : absence
d’information donnée aux riverains, forages faits à quelques mètres des
habitations ou dans les champs des agriculteurs, pollution de puits par
les boues issues du forage, rejets de carottes de forage dans le lit de
la rivière... [...]
Pour l’ARACF, il ne fait nul doute que Rockgate ne sera pas la société
exploitante le cas échéant : cette société créée en 2004 n’a ni
expérience ni expertise dans l’extraction et la production de l’uranium,
toutes ses activités concernent l’exploration, et, fait étonnant, elle
enregistre, année après année, des comptes déficitaires à tel point
qu’elle aurait perdu 80% de sa cotation en bourse mais parvient pourtant
à être recapitalisée. Aussi, l’ARACF ne s’est pas étonnée que
l’ambassadeur de France en poste en 2011 au Mali, déclare à mesdames
Joly et Rivasi qu’Areva serait le futur exploitant de la mine d’uranium à
Falea.
Voir aussi La France au Mali et Un gouvernement au service des entreprises françaises en Afrique
Dessin d'illustration : François Hollande chef de guerre en Afrique
Dessin d'illustration : François Hollande chef de guerre en Afrique
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NON à l’intervention militaire française au Mali
Qui a dit que la Françafrique c’était fini ?
Hollande n’avait pas de mots assez durs lors de sa campagne pour
dénoncer la politique de domination de l’Afrique par la France.
A lire aussi
Le bulletin Afrique du NPA (numéro de décembre)