Montpellier. Jeunesse en colère des quartiers populaires cherche désespérément "changement maintenant" !
Ils ont entre 18 et 25 ans, une formation mais pas de travail ou si peu.
Ils assurent avoir voté François Hollande mais, depuis, ne voient rien
venir.
Mercredi 2 janvier, dans le hall d’un gymnase des Hauts de La Paillade :
venus de plusieurs immeubles du quartier, ils sont une vingtaine de
garçons désireux de s’exprimer. Ils disent qu’ils auraient pu être cent à
tenir les mêmes propos, que les filles aussi vivent la même situation.
Âgés de 18 à 25 ans, titulaires de CAP BEP pour certains, du bac pro
pour d’autres, ils sont tous en recherche d’emploi, d’une véritable insertion sur le marché du travail.
Leurs paroles traduisent la colère, la rage parfois, la détresse aussi.
En ce début d’année, alors que la lutte contre le chômage est classée
priorité des priorités par le gouvernement, ils enragent de ne rien voir
venir. "On a fait des CV, on les a déposés dans les agences d’intérim,
on fait toutes les démarches, il n’y a rien, jamais on ne nous rappelle.
On ne trouve même pas de formation", témoignent-ils.
Mourad, Amin, Bilal, Mohamed, Karim ou Walid décrivent le même quotidien
marqué par l’attente d’un appel, les rendez-vous qui s’achèvent en
impasse.
Seulement trois fiches de paie
"Moi, ma mère me lève à 6 h du matin. Mais à 6 h, je n’ai déjà plus rien
à faire, lâche l’un d’eux. Les seuls emplois que j’ai trouvés c’est
tout seul et souvent ce n’est déclaré qu’une partie du temps." Ces
expériences de travail au gris sont fréquentes mais sans lendemain.
"J’ai 21 ans et seulement trois fiches de paie, ce n’est pas normal. On
entend parfois “Y’en a ras le bol des jeunes des cités” mais on veut
travailler, on a faim."
40 % de chômage à La Paillade
"On se bouge", insiste le groupe mais les efforts se concluent
régulièrement par des échecs. "On est allé voir pour la sécurité du
stade, y’a rien. Chez Nicollin, on n’a pas de réponse. À la ville, cela
fait deux mois que j’ai déposé un CV, je n’ai pas de réponse." À La
Paillade, le taux de chômage dépasse les 40 % de la population active et
s’avère particulièrement élevé chez les jeunes demandeurs d’emploi. "Je
veux juste qu’on me mette le pied à l’étrier. Je ne veux rien,
seulement parler à quelqu’un", explique gravement Walid.
Trop de piston
Au fil des mois, des années, la défiance vis-à-vis des associations, des
structures intermédiaires, des initiatives institutionnelles s’est
installée et apparaît définitive. "Il y a quelques jours, il y a eu un
forum pour l’emploi organisé ici. Ils y sont allés. Résultat, zéro",
déplore un père de famille. "Ce n’est que du bluff. On se sent
abandonné. Les administrations locales ne font rentrer que les gens
qu’elles connaissent. Il y a trop de piston", assurent-ils. Le lien avec
les élus locaux, "absents ou impossibles à rencontrer",
semble aussi cassé. En mai dernier, des adultes assurent que l’élection
de François Hollande a toutefois redonné de l’espoir avec la promesse
de créer 150 000 emplois d’avenir.
Le candidat socialiste a recueilli sur le canton 73,31 % des voix au
second tour, le meilleur score dans l’Hérault. Mais les retombées de son
action tardent à se concrétiser et les jeunes mettent en garde contre
une nouvelle désillusion. "Ça ne va plus. Si ça continue, ça va péter.
On va faire une émeute, on fera un blocus. On va mobiliser, on peut être
mille, assurent-ils. Ce sont des menaces, vous pouvez le dire."
1 735 CONTRATS DANS L’HÉRAULT
Selon le gouvernement, les emplois d’avenir devraient permettre de
répondre aux problèmes posés par les jeunes chômeurs. 30 % du dispositif
est réservé aux jeunes issus des zones urbaines sensibles. Il s’adresse
aux 16-25 ans sans emplois. Dans l’Hérault 1 735 emplois d’avenir ont
été octroyés et plusieurs collectivités territoriales - Département,
Agglo - ont déjà indiqué qu’elles étaient candidates pour en
accueillir.
Une centaine d’emplois d’avenir ont été contractualisés
À Montpellier, la mise en œuvre de ce dispositif a été confiée à la
mission locale d’insertion, chargée de collecter les offres des
employeurs et de leur proposer des jeunes candidats. « Pour l’instant,
le secteur marchand n’est pas concerné. Pour qu’il le soit, il faut un
arrêté spécifique du préfet qui va cibler les métiers pouvant être
éligibles. Dans l’Hérault c’est en réflexion », explique-t-on à la Dirrecte.
À terme, 10 % du quota départemental pourraient être affectés au
secteur marchand. Jusqu’à présent, une centaine d’emplois d’avenir ont
été contractualisés. La Dirrecte précise qu’elle sera vigilante « afin
que ce dispositif bénéficie aux jeunes qui en ont le plus besoin. Le
rôle des missions sera de s’assurer que les jeunes soient bien éligibles
et correspondent à l’objectif fixé ».
Pour contacter le NPA 34 : contact@npa34.org
Premiers emplois d’avenir : des jeunes déjà remerciés
C’est l’une des rares mesures du gouvernement pour lutter contre le chômage. Les emplois d’avenir doivent
permettre aux services publics et à certaines entreprises du privé de
recruter 150 000 jeunes à l’horizon 2014, dont 100 000 d’ici la fin
2013.
Mais dans le Var, déjà, six jeunes de moins de 26 ans ont vu leur
emploi d’avenir rompu par la Caisse d’allocations familiales (CAF) trois
semaines après leur prise de fonction en tant que téléconseillers,
révèle le quotidien Var Matin.
« Un sentiment d’amertume et d’injustice », pour eux. Comme Lydia, 25 ans, interrogée par RMC :
« J’ai quitté un CDI pour cet emploi. Lors de la signature des contrats, le directeur nous a fait un très beau discours, il nous a dit qu’on allait être une grande famille, qu’on était dix-huit, et qu’on serait dix-huit au bout des trois ans. Il nous a parlé des possibilités de faire des formations complémentaires, pour progresser, et ce n’est pas le cas du tout. »
Des jeunes jugés pas assez compétents
Dix-huit jeunes ont été embauchés pour répondre aux usagers sur la
plateforme téléphonique de la CAF. Mais, pour six d’entre eux,
l’employeur a décidé de rompre la période d’essai, qui devait durer un
mois.
Motif : pas suffisamment compétents. Un problème de « marge de
progression » et de « potentiel », avance la direction de la CAF Var,
contactée par Rue89 :
« C’est un métier qui requiert des compétences spécifiques : savoir-faire relationnel et rédactionnel, maîtrise d’outils informationnels et aisance orale. Ce métier nécessite également une connaissance générique de 15 000 règles de droits. »
Un dispositif pourtant pour les peu qualifiés
Problème : les emplois d’avenir sont destinés aux jeunes peu qualifiés, « éloignés de l’emploi, en raison de leur défaut de formation ou de leur origine géographique ».
Et le contrat s’accompagne de l’obligation, pour l’employeur, de former le jeune salarié :
« Le jeune est placé en capacité d’effectuer un parcours de formation permettant d’acquérir des compétences professionnelles. »
Une formation suffisante ?
La CAF estime avoir tenu l’engagement :
« Durant trois semaines, les dix-huit personnes recrutées ont été épaulées pour leur prise de fonction. »
Pour la direction de la CAF du Var, il était difficile de poursuivre la formation au-delà :
« Le dispositif ne propose qu’un mois de période d’essai. Après, c’est un pari que vous faites. Si vous vous apercevez que le salarié n’a pas les compétences, malgré la formation, vous ne vous pouvez plus vous en séparer. »
Or, pour Michel Abhervé, qui enseigne l’économie sociale et les
politiques publiques, c’est un accompagnement beaucoup plus long qu’il
faut envisager pour les emplois d’avenir : leur progression « n’est pas
une affaire de semaines, mais de mois et peut-être d’années », estime-t-il sur son blog.
Pour recruter des plus diplômés ?
La CAF compte maintenant leur trouver des remplaçants. Avec quel niveau de formation ?
Pour le chercheur Michel Abhervé, il convient de voir si, « dans le
fonctionnement actuel et futur des CAF, il existe des besoins qui
pourraient être pourvus par des jeunes de faible qualification ». Ce
dont il doute :
« Cette démarche s’inscrirait à l’opposé exact du mouvement continu d’élévation du niveau de formation des personnes embauchées dans le réseau CAF, où le niveau bac est maintenant considéré comme le minimum et le Bac+2 devient de plus en plus la norme minimale pour les recrutements. »
Un risque de perversion du dispositif
Au-delà du cas des CAF, Michel Abhervé s’inquiète donc pour le dispositif dans son ensemble :
« Le pire serait que, pour répondre à des besoins indéniables, on pervertisse la logique fondatrice des emplois d’avenir en élevant massivement le niveau des jeunes concernés. »
Il n’y aucune inquiétude à avoir, répond la direction de la CAF du Var :
« Ce n’est pas une question de dispositif, il nous a satisfait dans les deux tiers des recrutements et, nous l’espérons, pour les remplaçants. Mais nous allons retravailler les critères de sélection. »
Un dialogue de sourds.
Le NPA et les emplois "ciblés" pour les jeunes
La critique des "emplois d'avenir" faite par le NPA : Contrat « emploi d’avenir » : Première attaque contre la jeunesse ! Voir aussi Fiches Emplois d’avenir (NPA Jeunes)
Sur les Emplois d'avenir Professeurs : Déclaration de la fédération SUD Éducation - Union Syndicale Solidaires
Voir aussi cet extrait de la Résolution adoptée par l’Assemblée Générale étudiante de Lille 3 le 9 octobre 2012 :"Refusons que les jeunes soient le moyen, comme le prévoient les emplois d’avenir ou les contrats de génération, de faire baisser le « coût du travail », c’est à dire nos salaires, par le biais des exonérations de cotisations sociales ou des subventions publiques aux entreprises."
Sur les Emplois d'avenir Professeurs : Déclaration de la fédération SUD Éducation - Union Syndicale Solidaires
Voir aussi cet extrait de la Résolution adoptée par l’Assemblée Générale étudiante de Lille 3 le 9 octobre 2012 :"Refusons que les jeunes soient le moyen, comme le prévoient les emplois d’avenir ou les contrats de génération, de faire baisser le « coût du travail », c’est à dire nos salaires, par le biais des exonérations de cotisations sociales ou des subventions publiques aux entreprises."
Et aussi
Communiqué du NPA
Pour les quartiers populaires, les ZSP c'est le changement dans la continuité des politiques répressives de la droite !
Manuel Valls a annoncé en septembre
dernier la création des premières Zones de Sécurité Prioritaire (ZSP) :
15 en 2012, 50 en 2013. Un projet qui prend pour cible policière les
quartiers populaires, cohérent en cela avec toute la politique d’un
ministre qui assume la sale besogne d’expulser, à la manière
d’Hortefeux-Guéant, les Roms et les sans papiers!
La toute nouvelle vague de création de ZSP
coïncide, en un mauvais plan com’ du Ministère de l’Intérieur, avec la
publication du rapport annuel de l’Observatoire National des Zones
Urbaines Sensibles (ONZUS). Les chiffres sont sans appel : en 2010, 36,
1% des habitants de ces zones (contre 12, 6 hors ZUS) vivaient en
dessous du seuil de pauvreté. Ils étaient 30, 5% quatre ans auparavant.