La souffrance au travail objet d'analyse et de débat
Jeudi soir une trentaine de personnes ont répondu présent à
l'invitation de la
Société Louise Michel 34 à écouter, au Dôme de Montpellier,
les exposés de Fatema Safy et de Angelina Abella sur la souffrance au travail.
La première, dans une démarche théorique précise, a éclairé
les processus complexes reliant, d'une part, le cadre organisationnel (l’entreprise) et, d'autre part, le
sujet (le travailleur) porteur à la fois de son identité propre (son statut
d’individu) et de son rôle professionnel (lié au métier). Les développements de
Fatema ont mis en avant les interactions entre ces pôles, eux-mêmes travaillés
par l’idéologie dominante (libérale – néolibérale), décomplexée, celle de
l'éternelle concurrence, de la rentabilité, de la loi du profit. Une idéologie
qui appelle « évidemment » une perpétuelle adaptation du sujet (le
travailleur). La pression induite place celui-ci dans des situations de tension
(schizoïde) entre ce qu’il est (l'individu), ce qu’il pense devoir accomplir
(le métier) et ce qu’il peut réellement faire.
Angelina, plus concrète, plus lutte des classes, a qualifié
les situations dans lesquelles se trouvent les travailleurs comme une
oppression qui est le résultat concret du management tel qu’il est depuis
une vingtaine d’années. Ce situations débouchent parfois, dans leur phase ultime, sur
le suicide des travailleurs, précédée de phases de mal-être, de
dévalorisation de soi, de dépression, etc.
A l'écoute studieuse des présents a succédé un échange pour cerner de plus près comment cette souffrance était prise en compte par les organisations syndicales : le constat a été établi que celles-ci ont du mal à se saisir du problème par la complexité de ses manifestations. D'où la pertinence de l’action d'associations relais comme ACHM (Association Contre le Harcèlement Moral) qui évoluent hors du cadre organisationnel (l'entreprise)…
Cette soirée riche d'informations et d'analyses sur un sujet pesant dans le contexte du travail en appelle d'autres en prolongement ou portant sur d'autres thèmes se situant au croisement de la diffusion de la pensée critique et de la compréhension des évolutions du capitalisme et de l’Etat aujourd’hui : c'est dans cet esprit que le comité
organisateur se réunira prochainement pour préciser la programmation de l'
année.Gérard
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