Karak solidaire des Virgin !
vendredi 18 janvier 2013
Quelques
semaines de répit ? Les magasins ne sont plus livrés depuis une
semaine, Virgin ne paie plus ses loyers ni ses cotisations sociales
patronales depuis plusieurs mois. Lundi 14 janvier a eu lieu l’audience
au tribunal sur la mise en cessation de paiement de Virgin :
l’entreprise va connaître 4 mois d’« observation », la prochaine
audience au tribunal est le 21 mars. Si le groupe est liquidé, les
salariéEs seront mis à la porte avec un 1/5 de salaire brut par année
d’ancienneté…
La direction a de nouveau évoqué l’éventualité d’une restructuration (avec – 50 % d’emplois), c’est ce que pourrait vouloir faire subir un repreneur à l’enseigne. C’est ce qui s’est passé récemment à Surcouf dans l’indifférence générale : un premier PSE qui liquide au passage les équipes les plus combatives, puis une liquidation tout court. Comment utiliser les jours et les semaines qui viennent pour éviter la liquidation de la boîte... et des emplois ?
Prise de conscience
Dans
la conscience des salariés, on était passé en quelques jours du « c’est
la faute au téléchargement » à « c’est de la faute à la mauvaise
gestion de l’entreprise », et désormais l’idée que les actionnaires
doivent payer commence à progresser. C’est l’axe défendu prioritairement
par SUD, la CGT penchant jusqu’ici pour bagarrer pour un repreneur.
On a d’ailleurs tendance à oublier qu’en plus du fond d’investissement Butler, prototype du prédateur financier, qui possède 74 % de Virgin, on a aussi Lagardère (20 %) et le PDG de Virgin mobile (6 %). Toute la question est maintenant de tenir sur l’opposition à toute suppression d’emploi.
Vers une nouvelle mobilisation nationale
Jusqu’à
maintenant, la stratégie adoptée a été celle de grèves ponctuelles et
d’actions d’ampleur croissante. Après la réussite de mercredi 9 janvier,
l’idée d’une manifestation le 29 janvier avec montée nationale au siège
de Butler a été adoptée. Deux questions se posent donc : comment
rythmer la mobilisation jusqu’au 29... et quelle sera la prochaine étape
qui permettra à la bagarre de prendre encore plus d’ampleur ?
Il n’a pas été pour l’instant envisagé de grève reconductible. Mais l’idée d’une extension aux autres boîtes du secteur ou surtout d’un lien avec les autres boîtes en lutte sur l’emploi pourrait se développer : un délégué CGT Virgin participera aux côtés de Sanofi, Air France, PSA et autres à un meeting des boîtes en lutte à Sciences Po le 24 janvier. Une mobilisation conjointe de ces entreprises est la clé pour que l’interdiction des licenciements devienne un objectif crédible.
La réussite de la mobilisation du 29 serait un encouragement aux autres bagarres sur l’emploi. Pour cela, il ne faut pas hésiter à aller au contact des salariés des magasins, proposer des tracts pour populariser leur lutte, des collectes de soutien…
Correspondant
Visitez la page facebook : http://www.facebook.com/soutiensalariesvirgin
AUDIO
17.01.2013 - Les Pieds sur terre
Sous les gilets rouges, des êtres humains, en partenariat avec Mediapart
27 minutes
Du fond et du son Deux jeudis par mois, Les Pieds
sur Terre et Mediapart mettent en commun leurs histoires et leurs idées
et proposent sur un même sujet d’actualité une analyse écrite et un
reportage sonore. Le magasin Virgin des Champs-Elysées est menacé de
fermeture : la crise, la vente en ligne et les loyers délirants de la
plus belle avenue du monde auront-ils raison du mégastore ...
Virgin Megastore : la fin d’une époque
Mediapart 17 janvier 2013 |
Le dépôt de bilan de l’entreprise sanctionne autant la mauvaise gestion
du financier Walter Butler qu’elle incarne la fin d’une époque : celle
des mégastores. [...]
La méthode de cost killer de WButler lui a permis de remettre sur pied
quelques entreprises revendues ensuite à bon prix, comme France
Champignon, cédée en 2010 à Bonduelle. Mais lorsque le « retournement »
d’une entreprise en difficulté en structure florissante lui semble
impossible, même en taillant drastiquement dans les coûts et les
effectifs, Walter Butler n’hésite pas à laisser tomber, comme cela avait
été le cas pour la Sernam, et ce quelles qu’en soient les conséquences
sociales.
Il
est donc peu probable que Walter Butler se démène pour conserver Virgin
Megastore, d’autant que ce dépôt de bilan lui laisse quand même
quelques jolies perspectives de rentrée d’argent frais. D’après le JDD,
l’homme est propriétaire d’une licence perpétuelle sur le célèbre logo
rouge et blanc, estimée à 20 millions d’euros, auxquels il faudrait
ajouter le bail du Megastore des Champs-Élysées pour 20 millions
d’euros, des autres magasins Virgin pour 20 millions également, et une
trésorerie de 35 millions d’euros.
Ce qui expliquerait notamment l’intérêt, annoncé par le journal dominical, du spécialiste des loisirs créatifs Cultura pour une reprise, totale ou partielle, des magasins Virgin. [...]
Ce qui expliquerait notamment l’intérêt, annoncé par le journal dominical, du spécialiste des loisirs créatifs Cultura pour une reprise, totale ou partielle, des magasins Virgin. [...]
L’affirmation de la ministre de la culture, qui a rendu les « géants de l’e-commerce » responsables du dépôt de bilan des magasins Virgin Megastore est au mieux réductrice, au pire erronée. [...]
Pour Philippe Aigrain, co-fondateur de la Quadrature du net, « Virgin n’a investi que très tardivement et timidement dans la distribution numérique. Il est donc difficile d’accuser Amazon de lui avoir volé le marché ». En outre, les contradictions du gouvernement sont, en la matière, flagrantes, puisqu’au moment même où certains de ses membres ne cessent du pointer du doigt Amazon, la firme installe à Chalon-sur-Saône un nouveau centre de dépôt, aidé par des subventions publiques.[...]
Le site Numerama rappelle que, dès 2005, Virgin Megastore reconnaissait que son modèle économique en matière de numérique n’était pas réaliste, puisque, sur un morceau vendu 0,99 euro TTC, il ne recevait qu’un centime, tandis que 70 centimes allaient aux majors du disque. Depuis déjà longtemps, la vente de musique en ligne ne lui rapportait donc rien, écrit le site spécialisé dans les questions numériques, « non pas à cause du piratage, mais à cause des majors de l’industrie musicale qui ont imposé des conditions tarifaires que seuls Amazon, Apple ou quelques autres arrivaient à encaisser, parce que la vente de musique n’était qu’un service accessoire à une offre beaucoup plus globale », notamment les appareils de type Ipod.
La FNAC, qui a pris plus rapidement et énergiquement que Virgin le tournant de la vente en ligne, s’en tire d’ailleurs un peu mieux, même si elle reste à la remorque des grandes firmes comme Amazon et Apple, et devrait être bientôt vendue par le groupe Pinault-Printemps-Redoute (voir l’article Fnac : la fin d’une exception culturelle, de Martine Orange).
« On ne peut pas »
L’affaire Virgin témoigne donc aussi d’un changement d’époque qui bat en brèche le modèle du magasin en général et du supermarché en particulier, puisque le téléchargement de la musique, des films ou des livres permet d’éviter de se déplacer. Le paradoxe étant que les mégastores, aujourd’hui fragilisés, avaient eux-mêmes entraîné la disparition de très nombreux petits magasins. [...]
La concentration de la distribution entre les mains de quelques grandes entreprises de vente sur internet n’est pas, pour autant, synonyme d’accroissement de la diversité des produits culturels mis à la disposition des consommateurs. « Je comprends l’émotion suscitée par la menace sur l’emploi, poursuit Philippe Aigrain, mais le monopole de distribution croissant d’Amazon sur les livres numériques, d’Apple sur la musique ou de Netflix sur les films devrait alerter sur autre chose que les effets que cela peut avoir sur les Virgin Megastore. Ces entreprises atteignent des taux de contrôle sur un marché où, normalement, les autorités de concurrence s’émeuvent. Mais les pouvoirs publics ne font rien, même pas réfléchir à des politiques d’interopérabilité, qui permettraient, par exemple, de faire tourner des logiciels libres sur le kindle d’Amazon. »
En réalité, le ratage de Virgin sur la distribution en ligne ou le retard pris par la Fnac dans le même domaine montrent que ces magasins continuent trop souvent à penser la révolution numérique touchant les biens de consommation culturels comme la simple dématérialisation de ce qu’ils faisaient en rayon. « Ces entreprises reproduisent trop sur le web ce qu’elles font dans le monde physique », juge Patrick Waelbroeck.
Alors que, notamment du fait des nouvelles pratiques liées à internet, les biens culturels doivent réinventer entièrement leur modèle de diffusion. C’est ce qu’ont réussi des entreprises de vente de produits culturels, comme Deezer ou Spotify. C’est aussi, sur un mode non marchand, ce pour quoi militent les activistes du net.
Ainsi, pour Philippe Aigrain, « les majors du disque, comme les
gros éditeurs, protégés par un droit d’auteur transformé en droit des
éditeurs, sont dans une logique de vendre cher les titres phare, avec
des moyens de promotion traditionnels. Internet offre pourtant des
possibilités différentes, avec un rôle de détection, de recommandation
et de distribution du public, y compris par le partage de fichiers entre
individus. Au lieu de le reconnaître, on laisse s’installer une
intégration verticale entre les grands producteurs de contenus et les
grandes structures de distribution. Les objectifs de diversité cultuelle
réelle sont donc menacés. Malgré la croissance du nombre de titres
créés, il y a toujours plus de concentration de l’accès à ces titres,
puisque les majors contrôlent les circuits de distribution et de
promotion. »
En somme, le mouvement de standardisation culturelle produit par les mégastores type Virgin il y a quelques années pourrait bien se poursuivre avec les mégastores virtuels que sont les grandes enseignes de la vente en ligne, même si ces dernières ont été plus habiles et rapides pour monétiser les nouvelles pratiques de consommation culturelle engendrées par internet.
Heureusement, pour réconforter les salariés de Virgin, il y aura toujours les pensées de Richard Branson : « Je ne crois pas que ces petits mots, “on ne peut pas” doivent vous arrêter. Si rien dans ce que vous avez déjà vécu ne vous montre comment atteindre votre but, trouvez un moyen inédit. »
En somme, le mouvement de standardisation culturelle produit par les mégastores type Virgin il y a quelques années pourrait bien se poursuivre avec les mégastores virtuels que sont les grandes enseignes de la vente en ligne, même si ces dernières ont été plus habiles et rapides pour monétiser les nouvelles pratiques de consommation culturelle engendrées par internet.
Heureusement, pour réconforter les salariés de Virgin, il y aura toujours les pensées de Richard Branson : « Je ne crois pas que ces petits mots, “on ne peut pas” doivent vous arrêter. Si rien dans ce que vous avez déjà vécu ne vous montre comment atteindre votre but, trouvez un moyen inédit. »
A lire aussi
Virgin Montpellier, ce
mercredi 9 janvier…jour de soldes mais surtout de liquidation !
(correspondance NPA 34)
11h ce matin, effervescence des jours de solde au Virgin de Montpellier…rien ne transpire du dépôt de bilan annoncé qui signe la fermeture des magasins Virgin et laisse sur le carreau 1000 salariés. Au rayon librairie, je rencontre deux salariées et m’étonne de l’activité qui règne alors que partout était annoncé un mouvement de grève ce jour.