Aude. Pollution : "Si les hommes perdent la mémoire de Salsigne, la terre et les eaux la conserveront."
Un béal d’arrosage coloré d’orange... Voilà ce qu’ont découvert en
janvier, les adhérents de l’association de défense des riverains de
Salsigne et de Terres d’Orbiel, juste au pied du site de... Lassac. Des
prélèvements démontrent aujourd'hui un taux d’arsenic 150 fois trop
élevé.
Un "phénomène naturel et très courant", à "relativiser". Une "pollution qui n’est pas inquiétante". Le 25 janvier, le préfet de l’Aude, Éric Freysselinard, balayait ainsi l’éventuelle gravité d’un phénomène observé par les riverains de l’Orbiel dans un béal d’arrosage, à proximité de Conques (Midi Libre du 12 janvier). Et avait livré, le 8 février, le résultat d’analyses qui n’avaient "pas mis en évidence une teneur importante en arsenic dans l’eau".
Un "phénomène naturel et très courant", à "relativiser". Une "pollution qui n’est pas inquiétante". Le 25 janvier, le préfet de l’Aude, Éric Freysselinard, balayait ainsi l’éventuelle gravité d’un phénomène observé par les riverains de l’Orbiel dans un béal d’arrosage, à proximité de Conques (Midi Libre du 12 janvier). Et avait livré, le 8 février, le résultat d’analyses qui n’avaient "pas mis en évidence une teneur importante en arsenic dans l’eau".
Plus de 150 fois la norme de potabilité !
Ce taux, la rédaction de Midi Libre est aujourd’hui en mesure de le livrer. Et de le chiffrer à 1,526 milligramme d’arsenic par litre d’eau. Plus de 150 fois la norme de potabilité ! Un chiffre qui résulte d’un prélèvement opéré dans le fameux béal, le mercredi 6 février. Un jour particulièrement pluvieux, susceptible d’amener dilution d’une éventuelle présence d’arsenic.
"C’est complètement anormal de faire de l’AOC là-dessus..."
Cette eau, nous l’avons confiée en mains propres, dès le lendemain, à un laboratoire toulousain. Le résultat est tombé hier. Avec une teneur susceptible de déclencher la curiosité du laboratoire : "Mais où habitez-vous ?" Réponse : "Dans l’Aude." Précision amenant une réplique sans équivoque : "Ce doit être vers Salsigne, alors... Nous avions déjà eu à faire des analyses sur des feuilles de vigne dans le même secteur. Avec des taux en arsenic extraordinaires. C’est complètement anormal de faire de l’AOC là-dessus..."
De quoi voir sous un tout autre jour les résultats avancés par la préfecture
Dans le communiqué daté du 8 février, le taux dans les eaux de l’Orbiel, à Conques, était chiffré par les services de l’État aux alentours de 30 à 45 microgrammes par litre. Au-delà, déjà, de la norme de potabilité.
Un communiqué qui ne disait mot, en revanche, du taux dans les eaux du béal du Sindilla, qui avait déclenché l’inquiétude de l’association des Riverains de Salsigne et Terres d’Orbiel, auteur d’une plainte contre “X” déposée à la gendarmerie de Conques-sur-Orbiel.
Une eau de couleur rouge-orangée dont la préfecture résumait l’origine à "la formation d’hydroxydes de fer et d’arsenic par précipitation". Sans s’appesantir sur la destination de ce béal, allant jusqu’à nier son influence sur la "qualité des eaux de l’Orbiel".
Tendance têtue à la minoration des faits
Mais le site fournit bien une eau utilisée par le syndicat d’arrosage de Vic au pont d’Elgua. Une eau qui alimente la nappe phréatique. De quoi inviter à ne surtout pas oublier que, des années après la fin de l’activité de la mine d’or de Salsigne, les riverains en font encore les frais.
Le 14 décembre 2001, un membre du conseil départemental d’hygiène, réuni en préfecture, énonçait une évidence bonne à rappeler : "Si les hommes perdent la mémoire de Salsigne, la terre et les eaux la conserveront."
L'article sur le site de Midi Libre
Taux d’arsenic dans l'eau du béal de l’Orbiel : les demi-réponses du préfet
Midi Libre 13/02/2013
Extrait
"On ne s’improvise pas analyste", nous rappelait le préfet Eric
Freysselinard lundi soir. Certes. Mais revient-il à l’instance chargée
de la surveillance d’un ancien site minier et de la prévention des
pollutions de dire si des eaux ou un sol sont bien pollués ? La question
se pose pour cet établissement public placé sous la tutelle de trois
ministères. Un BRGM directement impliqué dans la gestion des mines d’or
de Salsigne. Point qu’avait rappelé la Cour des comptes, à l’heure où
s’achevait l’activité : "Depuis l’intervention du BRGM en 1980, l’État
(...) a joué un rôle majeur à Salsigne : de garant de la législation
minière et environnementale, il est devenu exploitant puis maître
d’ouvrage et principal financeur de la réhabilitation du site." Et de
pointer "la difficulté d’arbitrer entre impératifs de soutien à l’emploi
et nécessaire prise en compte du coût environnemental associé à la
poursuite d’une activité polluante". [...]
Pour l’arsenic dissous, la norme de qualité environnementale (NQE) est
fixée à 4,2 microgrammes par litre : cinq fois moins que la teneur
relevée au béal 1.
Quant aux 75 300 mg/kg relevés dans les sédiments, il est utile de
préciser qu’aucune norme pour les sols n’existe. Fin 2008, l’institut
national de veille sanitaire (INVS) livrait l’étude Cassiopée, consacrée
à l’impact sur une population exposée à de l’arsenic dans les sols.
Avec, sur un site industriel, une concentration maximale de 11
020 mg/kg. L’étude concluant que "la pollution des sols était
susceptible d’engendrer l’apparition d’atteintes cutanées bénignes et de
cancers de la peau dans la population exposée, tout particulièrement
lorsqu’elle autoconsommait des légumes". Des légumes dont l’arrosage,
dans la Vallée de l’Orbiel, dépend, qu’on le veuille ou non, de ces
fameux béals. Et s’il n’y a pas, insiste la préfecture, de "normes pour
les eaux d’arrosage", il semble a minima pertinent de s’interroger sur
leur qualité.
Les sites de prélèvements du BRGM
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